Menu
Search
Jeudi 25 Décembre 2025
S'abonner
close
Jeudi 25 Décembre 2025
Menu
Search

Achoura s'installe déjà à Derb Sultan

Coutume culturelle séculaire, Achoura est l'une des occasions propices pour offrir des jouets et des cadeaux aux enfants et de s'approvisionner délicieux fruits secs.

Achoura s'installe déjà à Derb Sultan
Fête des plaisirs enfantins, elle sera célébrée cette année le mercredi 8 janvier, le 10e jour de Moharram. Or, à Derb Sultan, quartier populaire de Casablanca tout semble indiquer comme si la fête se tiendra demain. Les sons des taarija et des bendirs envahissent les ruelles en signe d'accueil chaleureux de cette fiesta de l'enfance. Dans ce quartier, on observe toujours la tradition, «J'ai acheté tout le «matériel» qu'il me faut pour célébrer Achourra avec mes voisines. Nous avons pris l'habitude de saisir cette occasion pour nous réunir et nous amuser entre femmes », affirme Souad, femme au foyer, avec le sourire.

Le «matériel» dont parle Souad est constitué d'instruments de musique traditionnelle, « en particulier, la taârija et le bendir qui rythment le chant des femmes et des jeunes filles qui se réunissent les soirées qui précèdent la fête et la nuit même de Achoura», termine cette jeune maman. En effet, si Achoura est fêtée, également par les grands, elle est d'abord synonyme de satisfaction pour les enfants qui ne tardent pas à se préparer à l'événement une semaine avant. «J'ai insisté pour qu'on m'achète des jouets et des instruments de musique, je profite des vacances scolaires pour jouer avec mes amis, on se rencontre chaque après-midi pour faire le tour des ruelles avoisinantes, certains d'entre nous incarnent les policiers les autres les malfaiteurs.

C'est un moment que j'adore», confie Rayane, 13 ans. Si Rayane a choisi de déambuler dans les ruelles pour jouer au policier chasseur de malfaiteurs, Nissrine, quant à elle, a préféré rejoindre ses copines pour jouer avec ses poupées, «Achoura est une occasion, pour moi, pour m'offrir du bonheur en jouant avec mes copines. On se réunit devant la porte de notre maison, chacune avec ses jouets pour que l'on s'amuse ensemble. J'ai acheté une grande poupée et une cuisine miniaturisée, et ma meilleure copine a acheté une poupée avec son trousseau de maquillage».

Dès ses premières paroles, la maman de Nissrine, une Casablancaise de naissance ne manque pas d'attester que plusieurs habitudes particulières de cet événement religieux commencent à disparaître, « à Casablanca comme partout au Maroc les parents tenaient à assurer le bonheur parfait à leurs enfants. Lors de cette fête, on ne doit pas voir un enfant pleurer, parce que c'est un mauvais signe. Pour cela, je fais le maximum pour que ma fille soit heureuse ».
après une brève pause elle reprend, elle se souvient des jours de Achoura à Derb Sultan il y a une vingtaine d'années «d'abord nous achetons des Tareg, Darbouka, tout ce qui concerne le chant, des jouets, des poupées pour les filles et des voitures pour les garçons. On faisait un feu le soir de Achoura, et pendant la journée on allait au cimetière faire des prières pour nos morts.

On mangeait des dattes, des amandes, c'était extraordinaire». Avis que partage Hajja Rekia, dont le visage n'a pas résisté aux séquelles du temps, mais qui veille toujours à fêter Achoura dans les bonnes règles de l'art, rencontrée près d'un marchand de «Fakia» Hajja Rekia regrette cette tendance à l'oubli de certaines traditions, «Malencontreusement, on ne fête plus Achoura comme avant. Pour le moment, je me contente d'inviter mes enfants et mes petits-enfants autour d'un grand plat de couscous préparé avec du «Guedid» ou bien au tour d'un plat traditionnel. Je me rappelle que quand j'étais petite, ma mère préparait tout, même le couscous. Parce que Achoura est également un jour de repos pour les femmes qui sont dispensées du ménage pendant cette journée. Ma mère me réveillait très tôt, et, avant de sortir faire notre Nzaha (balade), on ouvrait toutes les fenêtres et les placards pour laisser entrer la joie et la «baraka» dans notre maison». Haja Rkia tient, aujourd'hui, à inculquer ces traditions à ses petits-fils en racontant certaines anecdotes liées à Achoura. Une des façons pour conserver cette tradition qui a tendance à disparaître.
-------------------------------------------------------

Danger des pétards

Les célébrations d'Achoura sont également accompagnées d'une utilisation irresponsable de pétards. La fête se transforme, dans certains cas, en galère. Les pétards se font de plus en plus entendre. Partout à Casablanca, les jeunes ont commencé, d'ores et déjà, à célébrer Achoura. Les détonations des pétards ont résonné depuis le début du nouvel an de l'Hégire. Il est à rappeler que plusieurs cas de brûlure et de graves accidents causés par des explosions de pétards ont été signalés lors de ces dernières années. La joie s'est terminée, quelques fois, en détresse et la fête en malheur. Par malheur, ces jeux tournent au drame. Des enfants perdent la vue en manipulant dangereusement des pétards, d'autres sont brûlés au premier degré sans parler du dérangement sonore perpétuel que ces explosions produisent.
Lisez nos e-Papers