Faut-il perdre tout espoir et ne croire en rien ? Toujours maudire son destin? Se méfier dès que quelqu'un affiche un peu de sympathie ou de la bonne volonté ?
Serions-nous arrivés au comble de la méfiance pour ne voir derrière n'importe quel beau geste qu'un appât qui prépare le terrain pour une magouille ou un guet-apens? Serions-nous si profondément «formatés» pour ne plus croire en l'amour de nos semblables, de peur d'être choqués par la suite et d'être pris pour des naïfs, pour ne pas dire des cons? Et si nous revenions à notre vraie nature et on voit les choses sans mauvais préjugés, sans parti pris, sans notre armure de pessimistes inconditionnels et d'éternels insatisfaits. Et si on croit vraiment en la bonté des gens ? Plusieurs expériences, grandes ou petites, spectaculaires ou inaperçues, viennent parfois nous rappeler que le décor n'est pas toujours aussi sombre. Ceci est une histoire parmi tant d'autres. Une vraie mignonne chambre de bambins: des lits propres avec des matelas bien fermes, des placards bien faits, une décoration murale inspirée des féeriques dessins animés à la Walt Disney (Bamby, Mickey, le Roi lion…) et de jolis rideaux aux couleurs chatoyantes. Le tout bien propre et bien entretenu. Cerise sur le gâteau, un post de télévision trône dans un coin de la chambre.
Et ce n'est pas fini… Dans certaines chambres, le confort atteint encore un degré supérieur. «Du cinq étoiles», lance un visiteur, amusé. En effet, pour que les patients et leurs accompagnateurs ne soient pas contraints de manger sur les lits, les chambres sont meublées d'une table, d'un canapé trois places et d'une chaise. C'est le coin salon où les occupants de la chambre peuvent manger, jouer aux cartes ou tout simplement s'asseoir tranquillement pour papoter. A côté de chaque chambre se trouve une salle de bains bien entretenue. Non, nous ne sommes pas dans une clinique privée, mais bel et bien à l'hôpital d'enfants de Rabat qui accueille chaque jour des centaines d'enfants malades, souvent des indigents venant de toutes les régions du Maroc et nécessitant une hospitalisation avec une prise en charge le plus souvent conséquente. Un établissement public qui ressemblait, il y a près d'une année, à tous les autres hôpitaux publics du Maroc. «La situation a été catastrophique !», lance la maman de Bilal, un petit garçon de quatre ans, hospitalisé pour la deuxième fois. «Les cafards vivaient parmi nous ou nous vivons parmi eux. Des lits dans la cuisine.
Les toilettes en panne et les douches n'existaient tout simplement pas», témoigne la maman de Bilal. De son côté, la maman de Mohamed Amine, trois ans et demi et considéré comme le plus ancien patient de l'hôpital, ne cache pas sa satisfaction quant à l'amélioration des conditions d'hospitalisation. «Avant, les locaux étaient crasseux, les vitres cassées, les odeurs nauséabondes, les matelas et les couvertures trop vieux. Maintenant, c'est comme si nous sommes dans une vraie clinique», reconnaît, ravie, la maman de M. Amine. Toutefois, l'amélioration des conditions d'hébergement n'est pas le seul changement remarqué à l'hôpital d'enfants. Pour oublier leurs souffrances et leur lutte quotidienne contre la maladie, les petits chérubins bénéficient de salles de jeux dans chaque étage de l'hôpital. Propres, spacieux et bien ensoleillés, ces espaces de loisirs, équipés de jouets, bicyclettes, peluches, bandes dessinées et matériel pour dessin sont à la disposition des petits patients. «Grâce au changement, les enfants préfèrent venir ici plutôt que de rester à la maison.
Leur état s'améliore dès qu'ils arrivent à l'hôpital», lance la maman de M. Amine. Selon une infirmière, il est vrai que cela a un effet très bénéfique dans le processus de guérison des enfants malades. Un autre espace, dédié également aux petits patients, mérite les ovations. Au cinquième étage, un grand cyber-espace, aux tables, chaises et matériel informatique flambant neuf, accueille les jeunes de 10h à midi et de 14h à 18h. Cet espace, aménagé grâce à un partenariat avec l'association française «Docteur Souris», est géré par Brahim, un jeune handicapé de 18 ans, et qui a passé une partie de sa vie dans l'hôpital à cause de sa maladie. «Une façon d'encourager cet ancien habitué de cet hôpital», nous explique-t-on.
Les enfants qui ne “sont pas très à l'aise avec Internet et les ordinateurs'' peuvent se régaler en suivant des films projetés sur le grand «home cinéma» installé dans la même salle. Ils peuvent choisir entre “Tom et Jerry'', le “Roi de la jungle'' ou autres longs- métrages américains. «Cela fait 17 jours que je suis hospitalisé. Les heures passent très lentement et afin de tuer le temps, je viens dans cet espace où je me sens très heureux», indique Oussama, un Tangérois âgé de 11 ans. Mohamed de Salé, quant à lui, est arrivé à l'hôpital il y a onze jours et c'est dans ce cyber qu'il a appris à surfer sur la Toile et à manipuler le clavier de l'ordinateur qu'il n'avait jamais touché auparavant. Selon lui, et comme par enchantement, il oublie sa maladie quand il se trouve dans cet espace.
Comment on en est arrivé à ce niveau d'équipement dans un hôpital public ? La réponse ne relève ni de l'irréel ni de l'utopique.
Elle se résume tout simplement en peu de choses: l'esprit de solidarité des bienfaiteurs et l'implication profonde et sincère des gestionnaires.
Deux qualités qui ne coûtent ni un grand budget, ni une grande somme, ni d'interminables stratégies aussi compliquées qu'inefficaces.
Selon Mouna Hajouji, présidente de l'Association des amis de l'hôpital d'enfants de Rabat (AAHER), l'histoire a commencé en août 2006 à l'occasion d'une visite d'exploration de l'hôpital. «Les lieux ont été dans un état désastreux, voire alarmant. Les chambres ont été très vétustes. Nous avons alors décidé de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour sauver la situation et permettre aux enfants, généralement démunis et gravement malades, d'être hospitalisés dans des conditions décentes et un environnement humain», raconte cette femme au tempérament jovial, mais qui ne cache pas une importante dose de volonté et de bon sens. «C'était simple.
On s'est dit que le ministère fait ce dont il est capable, et nous, on fait le reste. En l'occurrence, la rénovation totale de l'hôpital. Le pari était certes grand, mais notre volonté l'était aussi», ajoute Mouna Hajouji, toujours aussi enthousiaste et déterminée quand il s'agit de bien faire. Aussitôt, il a été décidé d'initier une formule qui permet à des bienfaiteurs de différentes conditions économiques de participer à la rénovation des chambres. En contrepartie de leur générosité, les parraineurs ont la possibilité de dédier l'unité (ou les unités) qu'ils ont rénovée à une personne de leur choix. Le travail commencé, «toutes les astuces étaient bonnes pour drainer des fonds et faire des économies», avoue la présidente, le regard espiègle. «Nous avons commencé avant même d'avoir de l'argent dans notre caisse. Pris de sympathie pour notre cause, un fournisseur nous donnait de la marchandise en attendant l'arrivée des fonds. Constatant que la facture qu'on lui devait devenait de plus en plus salée, il nous a un jour fait la remarque. Nous lui avons répondu, “ne vous inquiétez pas''. Alors que nous-mêmes, nous étions morts de trouille», se remémore-t-elle, presque aux anges, mais sans perdre son sérieux.
Pour convaincre les bienfaiteurs du bien-fondé de notre action, les membres de l'association ne ménageaient aucun effort, frappaient à toutes les portes et ne reculaient devant rien, raconte Asmaâ Sebbar, membre de l'AAHER.
Pour donner l'exemple, plusieurs d'entre eux n'hésitent pas à mettre la main à la poche pour colmater une brèche dans le budget. «Pour réussir un tel objectif, il n'y a pas de secret. Il faut travailler dur, avoir beaucoup de courage, de patience et d'abnégation. Parfois, on oublie notre vie privée et celle de nos familles. Mais quand vous touchez au but, rien ne peut vous arrêter. C'est un sentiment merveilleux que de pouvoir aider ses semblables», s'accordent à dire les membres de l'association.
Suite au succès des premières chambres rénovées, le bouche-à-oreille a bien fonctionné et les bienfaiteurs se sont intéressés de plus en plus à notre action. Certains, qui avaient l'attention de parrainer une seule chambre moyennant une somme de 100.000 DH, ont finalement décidé d'en rénover toute une aile, soit treize chambres, à hauteur de 500.000 DH. C'est le cas de ce bienfaiteur qui consacrait quotidiennement une heure et demie de son temps de travail pendant quatre mois pour superviser lui-même le travail. «Grâce à Dieu, et croyez-moi, le Maroc regorge de bienfaiteurs solidaires prêts à investir dans l'action sociale dès qu'ils sont convaincus du sérieux du projet ainsi que de la sincérité de ses gestionnaires», affirme Hajouji, en connaissance de cause. Pour elle, croire en la sincérité de certains actes est la porte de la réussite. Au grand bonheur des jeunes patients de l'hôpital des enfants de Rabat.
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45 autres chambres (le reste) seront prochainement réaménagées. Le coût de cette prochaine opération est estimé à un million DH. Que ferait l'AAHER une fois la rénovation de l'hôpital terminée ? «Notre ambition est d'arriver à assurer la prise en charge totale des malades indigents. Les frais d'hospitalisation sont très chers. Entre analyses, radios, médicaments, frais de transport, parfois nourritures… les malades sont dépassés et toute amélioration des conditions d'hospitalisation reste insuffisante», avance Amina Boukdir, assistante sociale au sein de l'hôpital et membre de l'AAHER. Cette prise en charge totale des malades indigents nécessiterait la somme d'un million DH annuellement.
Dans ce sens, l'association ambitionne de réaliser un autre projet. Il s'agit de la construction d'un centre de consultations pour les enfants malades qui va intégrer un service de chirurgie cardiologique et qui sera d'une grande aide pour les patients, vu que l'opération de ce genre coûte entre 60.000 et 70.000 DH.
«Nous avons un terrain de 1.200 mètres carrés pour le centre de consultations. Pour le service de chirurgie cardiologique, nous avons même un bienfaiteur prêt à financer son équipement à hauteur de 10 millions DH. Le staff est également prêt. Ce qui nous reste c'est des fonds pour la construction du bâtiment», indique la présidente de l'AAHER. A bon entendeur, salut.
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Grosso modo, tout ce qui se trouve dans ce vieux service est à changer, réparer ou carrément acheter. Comble du surréalisme, ce service est l'un des mieux lotis de l'hôpital, affirment plusieurs membres du personnel soignant ou de l'association. Chose difficile à admettre après un petit tour dans les lieux. En effet, les locaux sont sales et lugubres, les poubelles pleines à craquer et puent dans un coin du couloir et une seule toilette est utilisable pour une vingtaine de chambres. A l'intérieur de ces dernières, la situation n'est pas plus reluisante. Des vitres sont bel et bien cassées, la robinetterie laisse à désirer et des odeurs infectes se dégagent de certains lavabos. Décidément, les amis de l'hôpital des enfants ont du pain sur la planche et les bienfaiteurs sont priés de bien mettre la main à la poche.
Serions-nous arrivés au comble de la méfiance pour ne voir derrière n'importe quel beau geste qu'un appât qui prépare le terrain pour une magouille ou un guet-apens? Serions-nous si profondément «formatés» pour ne plus croire en l'amour de nos semblables, de peur d'être choqués par la suite et d'être pris pour des naïfs, pour ne pas dire des cons? Et si nous revenions à notre vraie nature et on voit les choses sans mauvais préjugés, sans parti pris, sans notre armure de pessimistes inconditionnels et d'éternels insatisfaits. Et si on croit vraiment en la bonté des gens ? Plusieurs expériences, grandes ou petites, spectaculaires ou inaperçues, viennent parfois nous rappeler que le décor n'est pas toujours aussi sombre. Ceci est une histoire parmi tant d'autres. Une vraie mignonne chambre de bambins: des lits propres avec des matelas bien fermes, des placards bien faits, une décoration murale inspirée des féeriques dessins animés à la Walt Disney (Bamby, Mickey, le Roi lion…) et de jolis rideaux aux couleurs chatoyantes. Le tout bien propre et bien entretenu. Cerise sur le gâteau, un post de télévision trône dans un coin de la chambre.
Et ce n'est pas fini… Dans certaines chambres, le confort atteint encore un degré supérieur. «Du cinq étoiles», lance un visiteur, amusé. En effet, pour que les patients et leurs accompagnateurs ne soient pas contraints de manger sur les lits, les chambres sont meublées d'une table, d'un canapé trois places et d'une chaise. C'est le coin salon où les occupants de la chambre peuvent manger, jouer aux cartes ou tout simplement s'asseoir tranquillement pour papoter. A côté de chaque chambre se trouve une salle de bains bien entretenue. Non, nous ne sommes pas dans une clinique privée, mais bel et bien à l'hôpital d'enfants de Rabat qui accueille chaque jour des centaines d'enfants malades, souvent des indigents venant de toutes les régions du Maroc et nécessitant une hospitalisation avec une prise en charge le plus souvent conséquente. Un établissement public qui ressemblait, il y a près d'une année, à tous les autres hôpitaux publics du Maroc. «La situation a été catastrophique !», lance la maman de Bilal, un petit garçon de quatre ans, hospitalisé pour la deuxième fois. «Les cafards vivaient parmi nous ou nous vivons parmi eux. Des lits dans la cuisine.
Les toilettes en panne et les douches n'existaient tout simplement pas», témoigne la maman de Bilal. De son côté, la maman de Mohamed Amine, trois ans et demi et considéré comme le plus ancien patient de l'hôpital, ne cache pas sa satisfaction quant à l'amélioration des conditions d'hospitalisation. «Avant, les locaux étaient crasseux, les vitres cassées, les odeurs nauséabondes, les matelas et les couvertures trop vieux. Maintenant, c'est comme si nous sommes dans une vraie clinique», reconnaît, ravie, la maman de M. Amine. Toutefois, l'amélioration des conditions d'hébergement n'est pas le seul changement remarqué à l'hôpital d'enfants. Pour oublier leurs souffrances et leur lutte quotidienne contre la maladie, les petits chérubins bénéficient de salles de jeux dans chaque étage de l'hôpital. Propres, spacieux et bien ensoleillés, ces espaces de loisirs, équipés de jouets, bicyclettes, peluches, bandes dessinées et matériel pour dessin sont à la disposition des petits patients. «Grâce au changement, les enfants préfèrent venir ici plutôt que de rester à la maison.
Leur état s'améliore dès qu'ils arrivent à l'hôpital», lance la maman de M. Amine. Selon une infirmière, il est vrai que cela a un effet très bénéfique dans le processus de guérison des enfants malades. Un autre espace, dédié également aux petits patients, mérite les ovations. Au cinquième étage, un grand cyber-espace, aux tables, chaises et matériel informatique flambant neuf, accueille les jeunes de 10h à midi et de 14h à 18h. Cet espace, aménagé grâce à un partenariat avec l'association française «Docteur Souris», est géré par Brahim, un jeune handicapé de 18 ans, et qui a passé une partie de sa vie dans l'hôpital à cause de sa maladie. «Une façon d'encourager cet ancien habitué de cet hôpital», nous explique-t-on.
Les enfants qui ne “sont pas très à l'aise avec Internet et les ordinateurs'' peuvent se régaler en suivant des films projetés sur le grand «home cinéma» installé dans la même salle. Ils peuvent choisir entre “Tom et Jerry'', le “Roi de la jungle'' ou autres longs- métrages américains. «Cela fait 17 jours que je suis hospitalisé. Les heures passent très lentement et afin de tuer le temps, je viens dans cet espace où je me sens très heureux», indique Oussama, un Tangérois âgé de 11 ans. Mohamed de Salé, quant à lui, est arrivé à l'hôpital il y a onze jours et c'est dans ce cyber qu'il a appris à surfer sur la Toile et à manipuler le clavier de l'ordinateur qu'il n'avait jamais touché auparavant. Selon lui, et comme par enchantement, il oublie sa maladie quand il se trouve dans cet espace.
Comment on en est arrivé à ce niveau d'équipement dans un hôpital public ? La réponse ne relève ni de l'irréel ni de l'utopique.
Elle se résume tout simplement en peu de choses: l'esprit de solidarité des bienfaiteurs et l'implication profonde et sincère des gestionnaires.
Deux qualités qui ne coûtent ni un grand budget, ni une grande somme, ni d'interminables stratégies aussi compliquées qu'inefficaces.
Selon Mouna Hajouji, présidente de l'Association des amis de l'hôpital d'enfants de Rabat (AAHER), l'histoire a commencé en août 2006 à l'occasion d'une visite d'exploration de l'hôpital. «Les lieux ont été dans un état désastreux, voire alarmant. Les chambres ont été très vétustes. Nous avons alors décidé de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour sauver la situation et permettre aux enfants, généralement démunis et gravement malades, d'être hospitalisés dans des conditions décentes et un environnement humain», raconte cette femme au tempérament jovial, mais qui ne cache pas une importante dose de volonté et de bon sens. «C'était simple.
On s'est dit que le ministère fait ce dont il est capable, et nous, on fait le reste. En l'occurrence, la rénovation totale de l'hôpital. Le pari était certes grand, mais notre volonté l'était aussi», ajoute Mouna Hajouji, toujours aussi enthousiaste et déterminée quand il s'agit de bien faire. Aussitôt, il a été décidé d'initier une formule qui permet à des bienfaiteurs de différentes conditions économiques de participer à la rénovation des chambres. En contrepartie de leur générosité, les parraineurs ont la possibilité de dédier l'unité (ou les unités) qu'ils ont rénovée à une personne de leur choix. Le travail commencé, «toutes les astuces étaient bonnes pour drainer des fonds et faire des économies», avoue la présidente, le regard espiègle. «Nous avons commencé avant même d'avoir de l'argent dans notre caisse. Pris de sympathie pour notre cause, un fournisseur nous donnait de la marchandise en attendant l'arrivée des fonds. Constatant que la facture qu'on lui devait devenait de plus en plus salée, il nous a un jour fait la remarque. Nous lui avons répondu, “ne vous inquiétez pas''. Alors que nous-mêmes, nous étions morts de trouille», se remémore-t-elle, presque aux anges, mais sans perdre son sérieux.
Pour convaincre les bienfaiteurs du bien-fondé de notre action, les membres de l'association ne ménageaient aucun effort, frappaient à toutes les portes et ne reculaient devant rien, raconte Asmaâ Sebbar, membre de l'AAHER.
Pour donner l'exemple, plusieurs d'entre eux n'hésitent pas à mettre la main à la poche pour colmater une brèche dans le budget. «Pour réussir un tel objectif, il n'y a pas de secret. Il faut travailler dur, avoir beaucoup de courage, de patience et d'abnégation. Parfois, on oublie notre vie privée et celle de nos familles. Mais quand vous touchez au but, rien ne peut vous arrêter. C'est un sentiment merveilleux que de pouvoir aider ses semblables», s'accordent à dire les membres de l'association.
Suite au succès des premières chambres rénovées, le bouche-à-oreille a bien fonctionné et les bienfaiteurs se sont intéressés de plus en plus à notre action. Certains, qui avaient l'attention de parrainer une seule chambre moyennant une somme de 100.000 DH, ont finalement décidé d'en rénover toute une aile, soit treize chambres, à hauteur de 500.000 DH. C'est le cas de ce bienfaiteur qui consacrait quotidiennement une heure et demie de son temps de travail pendant quatre mois pour superviser lui-même le travail. «Grâce à Dieu, et croyez-moi, le Maroc regorge de bienfaiteurs solidaires prêts à investir dans l'action sociale dès qu'ils sont convaincus du sérieux du projet ainsi que de la sincérité de ses gestionnaires», affirme Hajouji, en connaissance de cause. Pour elle, croire en la sincérité de certains actes est la porte de la réussite. Au grand bonheur des jeunes patients de l'hôpital des enfants de Rabat.
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Prochaine étape : les malades indigents
Au total, ce sont 165 chambres qui ont été rénovées à l'hôpital des enfants de Rabat. Cette opération a nécessité une enveloppe budgétaire de 2 millions DH, dont 1,15 million financés directement par les bienfaiteurs, 200.000 DH par l'Initiative nationale de développement humain (INDH). Le reste est supporté par l'association grâce aux différentes manifestations qu'elle organise notamment des soirées de gala, spectacles ou courses.45 autres chambres (le reste) seront prochainement réaménagées. Le coût de cette prochaine opération est estimé à un million DH. Que ferait l'AAHER une fois la rénovation de l'hôpital terminée ? «Notre ambition est d'arriver à assurer la prise en charge totale des malades indigents. Les frais d'hospitalisation sont très chers. Entre analyses, radios, médicaments, frais de transport, parfois nourritures… les malades sont dépassés et toute amélioration des conditions d'hospitalisation reste insuffisante», avance Amina Boukdir, assistante sociale au sein de l'hôpital et membre de l'AAHER. Cette prise en charge totale des malades indigents nécessiterait la somme d'un million DH annuellement.
Dans ce sens, l'association ambitionne de réaliser un autre projet. Il s'agit de la construction d'un centre de consultations pour les enfants malades qui va intégrer un service de chirurgie cardiologique et qui sera d'une grande aide pour les patients, vu que l'opération de ce genre coûte entre 60.000 et 70.000 DH.
«Nous avons un terrain de 1.200 mètres carrés pour le centre de consultations. Pour le service de chirurgie cardiologique, nous avons même un bienfaiteur prêt à financer son équipement à hauteur de 10 millions DH. Le staff est également prêt. Ce qui nous reste c'est des fonds pour la construction du bâtiment», indique la présidente de l'AAHER. A bon entendeur, salut.
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Service du néant
Il faut changer la plupart des matelas, un grand nombre de sommiers, acheter de nouvelles couvertures et des rideaux pour les fenêtres, changer les vitres cassées, réparer la robinetterie, changer le sanitaire des toilettes et des douches, réparer les faux plafonds et les installations électriques, donner un coup de peinture… la liste des demandes d'un responsable du service de traumatologie à la présidente et aux membres de l'Association des amis de l'hôpital des enfants de Rabat, venus inspecter les lieux avant d'entamer les travaux de leur rénovation, est très longue, à ne pas en finir. Décidemment, ce responsable qui semble entrevoir le salut du service entre les mains de l'association ne veut rien oublier. «S'ils vous plaît, n'oubliez pas la machine à laver et le sèche-linge. N'oubliez pas les postes de télévisions, les chaises, les placards, les douches….Grosso modo, tout ce qui se trouve dans ce vieux service est à changer, réparer ou carrément acheter. Comble du surréalisme, ce service est l'un des mieux lotis de l'hôpital, affirment plusieurs membres du personnel soignant ou de l'association. Chose difficile à admettre après un petit tour dans les lieux. En effet, les locaux sont sales et lugubres, les poubelles pleines à craquer et puent dans un coin du couloir et une seule toilette est utilisable pour une vingtaine de chambres. A l'intérieur de ces dernières, la situation n'est pas plus reluisante. Des vitres sont bel et bien cassées, la robinetterie laisse à désirer et des odeurs infectes se dégagent de certains lavabos. Décidément, les amis de l'hôpital des enfants ont du pain sur la planche et les bienfaiteurs sont priés de bien mettre la main à la poche.
