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Grandeur et mystère du Sahara marocain

Depuis des siècles déjà, le désert était une passion ancienne pour les Européens. De nombreux explorateurs, aventuriers passionnés du Sahara, se rendent au Sahara pour la découverte de ce monde immense, mystérieux et infini.

Grandeur et mystère du Sahara marocain
Les passionnés du désert, chercheurs et autres… ont commencé leur découverte de ce milieu non seulement au 15e siècle mais depuis des dizaines de siècles auparavant en provenance de toutes les civilisations méditerranéennes anciennes. Des populations ibériques, phéniciennes, italiennes, troyennes, israélites et autres… fuyant les guerres, ou à la recherche d'un nouvel espace de vie sont allées vivre dans le désert suivies par les Romains, les Vandales et les Arabes, etc. Ce mélange d'ethnies donna naissance au peuple des Imazighens.
Puis ont suivi d'autres explorateurs comme Théodore Monod, Michel Vieuchange, St Exupéry, Mermoz et d'autres célèbres écrivains, aviateurs, amoureux du désert, qui nous ont largement commenté leurs expressions sur le désert, de l'homme du désert, la coutume, la tradition et la culture sahraouie au Sud du Royaume, dans leurs carnets, livres, visites, romans et divers écrits.

La culture sahraouie complémente et enrichit le patrimoine culturel national à l'instar des autres régions du Royaume d'une histoire qui date
de 10.000 ans, comme le prouvent plusieurs documentations historiques.
La population sahraouie est composée de nombreuses tribus qui ont marqué la zone par leurs spécificités et leurs origines. Ces populations nomades dont la survie était tributaire de l'eau et des points d'eau avaient développé une stratégie de vie particulière pour survivre dans un désert aride et impitoyable d'où émergent des traditions et coutumes qui leur sont particulières, dans les domaines vestimentaires, linguistiques, gastronomiques, intellectuels, culturels et sociaux.

Dépendante donc de l'eau, la population sahraouie au Sud du pays était astreinte à de permanents déplacements à la recherche de nouveaux points d'eau pour ses troupeaux de dromadaires et de caprins. A cause de ces déplacements, elle a créé la tente comme logement facile et transportable. La tente traditionnelle exige un travail minutieux, requérant le temps et la patience. La fabrication d'une tente peut durer de 7 à 12 mois et ce sont les femmes qui s'en occupent. Après avoir ramassé, lavé la laine des caprins, les femmes tissent des morceaux, longs de 9 à 12 m, qu'elles cousent ensemble pour avoir la tente en une unique pièce et ce dans une ambiance de joie, de chants et de chaleur familiale. La tente est tenue par de grands piliers de l'intérieur. C'étaient aussi les femmes qui s'occupaient du dressage des tentes, ce qui prouvait aussi la force physique de la femme sahraouie.

La tente traditionnelle offre un cadre de vie luxueux, frais et relaxant, puis encore plus hospitalier. Elle est ouverte en permanence sur le désert, sur l'espace immense, offrant la possibilité d'admirer à perte de vue les paysages du Sahara. Elle est ouverte aux visiteurs imprévus qui trouvent accueil, nourriture et thé. L'hospitalité est de rigueur, sinon la critique est fort gênante pour tout acte d'inhospitalité exprimée surtout en poésie hassanie.
La tente se transforme le soir en plusieurs chambres à coucher, séparées par de grands morceaux de tissu, où dorment le couple, les enfants et les invités. Au fond de la tente sont rangés les «Dabchs» (les draps, les vêtements etc.) souvent dans de grandes caisses fabriquées par les «maâlmines» (artisans). Des tapis et des oreillers constituent l'ameublement de la tente au milieu de laquelle règne la théière et les petits verres dans un plat fabriqué en argile.

Le dialecte hassani est parlé dans la zone Sud du Royaume mais aussi au Sud-ouest de l'Algérie, en Mauritanie, au Mali et plusieurs autres régions de l'Afrique de l'Ouest. C'est un dialecte dominé par l'arabe classique à 85%, selon des centres spécialisés dans les études de langues et dialectes. Puis le dialecte hassani est poétique. La plupart des habitants sahraouis s'ils ne sont pas poètes, discutent en donnant l'exemple ou le conseil par un vers de poésie, voire improvisent une poésie.
Les Sahraouis apprécient et aiment la poésie hassanie, faite de mélodie et fruit d'une inspiration permanente imposée par une nature immense où l'attente, la méditation, l'extase de l'homme du Sahara en font de lui un poète inné.
Avant la création du Centre des recherches et des études hassanies, cette poésie restait orale et fut transmise d'un bled à un autre, rapidement d'ailleurs et use aussi de moyens d'informations, quand il n'y avait ni radio ni télévision.

Actuellement, quelques trois ou quatre poètes ont réussi à éditer leur «Diwane» (recueil de poésies).
Ce Centre des recherches s'occupe de plus en plus de rassembler les poèmes, afin de préserver ce patrimoine culturel important, constituant non seulement une partie de la culture marocaine, mais une référence relatant les liens solides qui unissent le Maroc à son Sahara. Puis cette poésie n'a pas manqué de rappeler l'histoire du pays depuis l'exil du feu S.M. le Roi Mohammed V jusqu'à la réintégration des provinces du Sud.
Cette poésie a également suivi les développements urbain, social, économique et culturel à nos jours. La poésie hassanie n'a même pas manqué de parler de la gastronomie sahraouie.

Si aujourd'hui dans les villes sahrariennes les tables de repas sont garnies, la nourriture dans le temps se composait de plats simples. Les Sahraouis se nourrissaient de la viande du dromadaire dans les grandes occasions. Cette viande était cuite dans l'eau et sans sel ou séchée pour la préserver pour une longue durée. Ils mangeaient du pain sans levure et buvaient le lait des chamelles et des chèvres et beaucoup de thé.
L'eau, étant trop salée, les Sahraouis la remplaçaient par le thé pour éviter les conséquences de la salinité. La viande des dromadaires et des caprins qui mangeaient ces plantes est automatiquement salée, raison qui explique l'abstention totale d'utiliser le sel dans la gastronomie sahraouie.
Pour les cérémonies, la naissance, le mariage, le décès, les traditions sont en partie différentes du reste du Royaume.

Dans la tradition sahraouie, alors que le couple attend son premier enfant, la femme quitte le foyer conjugal au début du 8e mois pour aller accoucher dans la maison de ses parents. Le 3e jour après la naissance du bébé, une cérémonie se déroule chez les parents. Le 7e jour est organisée une grande fête en l'honneur de l'enfant e présence de la famille et des amis. Ce jour-là, la mère choisira le nom de son enfant, tiré au sort, parmi trois noms proposés par les membres de la famille. Si dans l'entourage immédiat de l'enfant une personne rêve d'un nom pour ce dernier, le nom est adopté sans contestation. Quarante jours après la naissance, la femme rentrera avec son enfant au foyer conjugal.
Jusqu'aux années 70, c'étaient les familles qui arrangeaient le mariage. De nos jours, c'est l'homme qui choisit son épouse. Les femmes proches de la famille de l'époux se rendent chez la famille de la jeune promise, afin de faire connaissance et d'entamer les démarches du mariage. Après consentement, les fiançailles, voire le mariage peut être célébré le jour même.

Autrefois, les cérémonies de mariage duraient toute une semaine. Aujourd'hui, elles se prolongent seulement à 3 jours. La famille du marié se prépare. C'est elle qui va supporter
la totalité des frais de la cérémonie. La valeur de la dot et des victuailles de la fête est souvent proportionnelle aux moyens dont dispose la famille de l'époux.
De la “samsonite” remplie de bijoux, aux vêtements choisis par le mari pour sa future compagne, en passant par les tapis, les sacs de sucre, les dromadaires, tous ces présents seront transportés en fanfare au cours d'un long cortège, le premier jour du mariage chez la famille de l'épouse, après que l'acte mentionnant la dot faite à la femme, soit signé par les pères des époux et en présence de douze témoins. Après la signature de l'acte, le mari retourne chez lui et la jeune épouse s'installe pudiquement dans une chambre avec ses amies.

Le premier jour est célébré dans la maison de la fille. La fête commence sans la présence des mariés. La mariée rejoindra la fête en début de soirée, quant au marié, il attendra minuit pour venir chercher son épouse et la ramener chez lui. Au petit matin du 2e jour, les amis des mariés constatent, à la vue des draps du lit nuptial, la virginité fraîchement immaculée de la jeune épouse.
La fille, devenue femme, reçoit sa famille venue lui offrir des cadeaux divers. Peu après, la fête reprend chez le marié avec l'aide matérielle de ses amis. Le 3e jour, la jeune femme repart chez ses parents avec des cadeaux reçus de la famille de l'époux pour célébrer le dernier jour de la cérémonie.

Certains cadeaux seront alors distribués aux chanteurs, poètes et musiciens venus animés l'événement. Lorsqu'il s'agit d'un décès, tous les amis du défunt viennent rendre une visite à la famille concernée qui peut durer plusieurs jours. Le défunt est enterré selon le rite religieux. La longue procession jusqu'au cimetière n'est faite que par les hommes. Pour une veuve, le deuil dure 4 mois et 12 jours.
Durant cette période, elle ne portera pas de «vêtements clairs», ne mettra pas de bijoux, ne se maquillera pas, ne se parfumera pas, ne devra pas sortir le soir et ne parlera qu'aux hommes de sa famille. Ce délai passé, elle reprendra le cours normal de sa vie.
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L'habit fait le Sahraoui

La culture sahraouie s'exprime aussi par le genre d'habits portés par l'homme et la femme et le choix des couleurs (le bleu et le blanc pour l'homme, le noir et le bleu pour la femme) n'est pas de tout hasard. Les couleurs, dit-on, protègent le corps des effets des rayons solaires et préserve la peau contre la chaleur.
L'homme porte la «deraâ», large et ouverte des deux côtés, avec un «saroual» (pantalon) large et aéré offrant une grande aisance de mouvement du corps. Il porte par ailleurs le chèche (turban) de couleur également bleue, noire ou blanche. Le turban protège la tête et le visage contre le soleil et les tempêtes de sable.

La femme, elle, porte un grand morceau de tissu appelé «melhfa», fait dans la coutume ancienne, en réalité de 3 morceaux de couleurs blanche, noire et bleue un peu foncées, tenu au milieu par une ceinture (hzam). La «melhfa» n'est pas cousue mais seulement tenue par deux nœuds au niveau des épaules. Aujourd'hui, le choix des couleurs est multiple, aussi bien que le prix qui varie pour la «deraâ» de 300 à 7.000 DH et pour la «melhfa» de 50 à 2.000 DH. La femme sahraouie préférait dans le temps des bijoux et des bracelets en argent, l'or était considéré comme porte-malheur.
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Le cérémonial du thé

Le thé est non seulement une boisson coutumière pour calmer la soif et éviter de boire de l'eau salée du désert, mais la cérémonie permanente qui évoque de longues discussions sur le cheptel, les informations sur les autres tentes lointaines rapportées par des visiteurs de passage et surtout l'occasion propice pour citer des “gaffes” (des verres de poésie hassanie improvisés) ou encore des poésies d'amour, sur la nature, la théologie etc. en dialecte hassani, mais aussi en arabe classique.

Le thé est préparé par l'eau de pluie ramassée en périodes de pluviométrie. Cette eau est précieuse et se vend plus cher que l'eau des puits. Un Sahraoui ne boirait jamais le thé préparé avec l'eau du puits. Celle-ci étant trop salée. Puis la tradition veut que la cérémonie dure de longues heures autour de la théière, pour permettre aux uns et aux autres de discuter et de parler en dialecte hassani.
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