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Prendre le mouton par les cornes

Au fil des générations, les coutumes culinaires marocaines, inhérentes au jour de l'Aïd, n'ont pas changé d'un iota.

Prendre le mouton par les cornes
Communément, la joie du sacro saint-Aïd n'a rien d'affriolant sans «grignotage» à longueur de journée et une fête de mouton sans viande, ce n'en est pas une, dirait-on. Cependant, si certains peuvent se permettre des petits excès ce jour-là, d'autres feraient mieux de «se tenir à carreaux» dame santé oblige. En effet, la première semaine est celle de tous les caprices. Des filets aux brochettes, en passant par les succulents ragouts, les foyers marocains ne se soucient presque aucunement du taux de cholestérol qui grimpe en flèche dans leur sang. Sans parler des innombrables invitations…

Pour Dr. Rajae Abdellaoui Maane, certains rituels marocains sont d'un archaïsme simple et doivent absolument disparaitre un jour. Selon les mots de Dr. Maane: «La viande de l'Aïd ne doit jamais être consommée le premier jour, c'est une très mauvaise habitude qui a du mal à disparaitre. Il faut coûte que coûte attendre le lendemain pour déguster les spécialités festives. C'est d'autant plus dangereux qu'il y a des bactéries qui sévissent une fois que le mouton est égorgé. Et puis un peu de patience, cela n'a jamais tué personne».

De même, ce médecin admet que ces immortelles habitudes finissent malheureusement par prendre le dessus. «Les coutumes sont invincibles. Toutefois, si l'on ne peut pas s'en passer, il faut au moins ne pas manger de viande le matin. C'est périlleux, même pour les personnes dont la santé est en béton». De plus, «il est fort recommandé à ces familles de ne pas se goinfrer de viande sans légumes, puisque ces derniers sont d'une grande aide digestive et évite les mauvais tours des microbes consommés. Quand la viande est très bien cuite, c'est encore mieux» ajoute Rajae Maane.

Du côté des personnes atteintes de maladies chroniques, telles l'hypertension, l'insuffisance rénale et le diabète, la vigilance est le mot d'ordre. La méfiance doit être également de mise. Décidément, ces personnes-là sont sujettes, plus que personne, à des crises pour le moins regrettables, à fortiori si elles se permettent des excès, voire des overdoses. La spécialiste renchérit cet avis:«Les diabétiques, les hypertendus, tout comme les personnes qui souffrent d'insuffisance rénale, doivent se méfier de la viande saignante ou pas très bien cuite. Aussi doivent-elles tâcher de bien griller leurs brochettes et de ne pas abuser des gourmandises de la fête, il ne faut pas s'oublier...».

Et d'ajouter: «Pareillement, il est impératif de se raisonner à table lors des invitations familiales qui fusent de partout ces jours-ci. Sinon bonjour les dégâts du cholestérol!». Néanmoins, les traditions de l'Aïd el Kébir changent d'une région à une autre. A titre d'exemple, les foyers fassis se jettent rarement becs et ongles sur les brochettes la matinée de la fête. A Marrakech, le délicieux couscous ne se mange qu'avec les pattes du mouton aux pois chiche. Pas très loin, A Béni Mellal le moment le plus important est incontestablement l'heure du diner. En effet, les Mellalis sont connus pour leur R'fissa à la viande du mouton depuis de nombreuses décennies.

Quant à la région de Chaouia les ragouts de viande se goûtent à toutes les sauces. Somme toute, si ces rituels sont dits régionaux, ils n'hésitent pas à se mixer, comme la modernité le veut et l'exige…Mais quoi qu'il en soit, la fête n'est pas uniquement celle des excès alimentaires. Elle est aussi et surtout celle de la modération, de la sagesse et la sobriété.
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