Sauf que ces limites relèvent de la vie des êtres. Ces protagonistes évoluent, souvent, dans un processus qui renvoie aux rites initiatiques. L'illustration par excellence n'est autre que la vie de Siddhartha, dans le roman, sorti en 1922, qui porte le même nom. Un jeune homme qui quitte le nid parental pour se lancer dans la quête de soi. Une quête où le cheminement est plein d'embûches, d'obstacles, de découvertes, de plaisirs, de mésaventures, de dégoûts. Bref, la vie dans toutes ses facettes y est dépeinte dans un style où le lyrisme dispute la vedette au dépit. Mais, au-delà où le flanc se prête, facilement, à des formes subtiles d'identification. Or, quand on prend en compte la période historique de l'expérience romanesque de Hermann Hesse, on se rend très vite à l'évidence de son ancrage par rapport à un monde qui, sous l'effet de la guerre, a perdu tous les repères objectifs, en s'inscrivant dans cette quête existentielle de la profondeur de l'être en soi, pour reprendre une formule paraphrasée de Kant.
Or, cette recherche ontologique commence toujours par une rupture. Ce qui, en définitive, ne fait que renvoyer au caractère ô combien rebelle de l'écrivain lui-même. Turbulent, l'auteur allemand le plus lu se fait un honneur de remettre en cause les «autorités de fait ». La révolte transparaît, d'ailleurs, dans son tout premier roman, « Peter Camenzind ». Cet opus, sorti en 1902, traite justement de la révolte d'un enfant contre sa propre famille et raconte la difficulté de la recherche de soi face à l'évolution d'un monde en décadence. Avec une sensibilité extrême, Hesse ne se prive guère de poser un regard grave sur le monde dans son ensemble. Un monde qui opprime, qui refuse à l'être d'être, qui asphyxie toute velléité de liberté. Ce n'est pas que son ?uvre, forte de dizaines de romans, est le miroir de sa vie, mais Hermann Hesse a tout également vécu les affres que subissent ses personnages. Le natif de Calw, dans la région allemande du Wurtemberg un 2 juillet de l'année 1877, devra accompagner ses parents à Bâle en Suisse où le père a trouvé un poste.
Il fera son premier faux bond à l'autorité parentale en 1892. Ses parents, protestants et extrêmement pratiquants, le voyaient bien vêtu de l'habit du théologien d'où la décision de l'envoyer à un séminaire de Maulbron en 1890. Il ne supportera pas la situation au bout de deux années. L'auteur n'avait qu'une quinzaine d'années et malgré les nombreuses tentatives de ses parents de le ramener aux cours de théologie, il persistera dans son refus. Au point qu'il tentera de se suicider pour se débarrasser une bonne fois pour toutes des exigences de son entourage. L'année d'après, et après des mois dans la maison de santé, il rejoint les pupitres du lycée Cannstatt ; et en 1894, il goûte à l'argent de son propre effort chez un horloger. La bougeotte dans le sang, il sera, l'année d'après, en apprenti chez un libraire. Et, probablement, c'est là où les sirènes de la littérature le séduisent puisqu'il s'inscrira dans un cours du soir de littérature justement. Il s'essaie déjà à l'écrit et publie des poèmes et quelques créations dans des revues. Hermann aura tout vu et connu dans ses multiples voyages qui vont le reconduire, en 1901, à son pays natal.
Voire au village qui l'a vu naître. Et c'est cette même année qu'il se décide de ne vivre que pour et par la rédaction de ses écrits. Les lecteurs le découvriront dans une première vraie création lorsqu'il publia, en 1902 son premier recueil de poèmes. Livre après livre, sa notoriété s'installe et, cinq années durant à partir de 1910 il publie un livre chaque année. Et la guerre arriva ! Le pacifiste en lui laisse libre cours à ses positions contre les spectacles horribles de la mort en masse. Ce qui ne passera pas sans lui créer des problèmes avec les autorités allemandes. Sans surprise, ses écrits seront considérés entre 1939 et 1943, comme produits indésirables en Allemagne. Sur ce point, il fallut attendre l'année 1946 pour que l'interdiction soit levée.
Et c'est cette même année qu'il sera couronné du prix Nobel de littérature. Mais, avant la reconnaissance, il a bien dû galérer et survivre aux vicissitudes de la vie. La mort de son père, la schizophrénie de son épouse mais aussi la maladie de son premier enfant le jettent dans un état de désespoir et de perturbation totale à telle enseigne qu'il a dû recourir à un traitement psychothérapeutique. Ce qui ne l'empêchera pas de continuer à écrire. D'ailleurs, il reviendra, en 1919, avec un autre roman non moins exquis : « Demian » et « Le dernier été de Klingsor » suivra l'année d'après. Son grand opus, « Le loup des steppes » sera publié, lui, en 1927. Il s'éteint à l'âge de 85 ans dans son pays d'adoption.
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Son œuvre semble, en tout cas, exclure l'indifférence. Cela tient avant tout aux critiques de Hesse lui-même, dirigées à la fois contre la société industrielle et contre sa propre personne. Cette disposition à se mettre toujours en question l'a conduit de crise en crise et l'a rendu apte à exprimer la crise européenne, qu'il représente sous sa double face : processus de destruction, mais aussi promesse d'une renaissance. L'?uvre de Hesse illustre dans une large mesure ce « principe de l'espérance » qui, selon le philosophe Ernst Bloch, caractérise l'utopie des créations artistiques.»
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«La sagesse qu'un sage a à communiquer a toujours un air de folie.», Siddharta
« L'amour n'est pas fait pour nous rendre heureux. Je crois qu'il est fait pour nous révéler dans quelle mesure nous avons la force de souffrir et de supporter.», Peter Camenzind « Que tu deviennes professeur, savant ou musicien, aie le respect du « sens », mais ne t'imagine pas qu'il s'enseigne.», Le jeu des perles de verre
« Sur les chemins sans risques on n'envoie que les faibles.», Le jeu des perles de verre.
Or, cette recherche ontologique commence toujours par une rupture. Ce qui, en définitive, ne fait que renvoyer au caractère ô combien rebelle de l'écrivain lui-même. Turbulent, l'auteur allemand le plus lu se fait un honneur de remettre en cause les «autorités de fait ». La révolte transparaît, d'ailleurs, dans son tout premier roman, « Peter Camenzind ». Cet opus, sorti en 1902, traite justement de la révolte d'un enfant contre sa propre famille et raconte la difficulté de la recherche de soi face à l'évolution d'un monde en décadence. Avec une sensibilité extrême, Hesse ne se prive guère de poser un regard grave sur le monde dans son ensemble. Un monde qui opprime, qui refuse à l'être d'être, qui asphyxie toute velléité de liberté. Ce n'est pas que son ?uvre, forte de dizaines de romans, est le miroir de sa vie, mais Hermann Hesse a tout également vécu les affres que subissent ses personnages. Le natif de Calw, dans la région allemande du Wurtemberg un 2 juillet de l'année 1877, devra accompagner ses parents à Bâle en Suisse où le père a trouvé un poste.
Il fera son premier faux bond à l'autorité parentale en 1892. Ses parents, protestants et extrêmement pratiquants, le voyaient bien vêtu de l'habit du théologien d'où la décision de l'envoyer à un séminaire de Maulbron en 1890. Il ne supportera pas la situation au bout de deux années. L'auteur n'avait qu'une quinzaine d'années et malgré les nombreuses tentatives de ses parents de le ramener aux cours de théologie, il persistera dans son refus. Au point qu'il tentera de se suicider pour se débarrasser une bonne fois pour toutes des exigences de son entourage. L'année d'après, et après des mois dans la maison de santé, il rejoint les pupitres du lycée Cannstatt ; et en 1894, il goûte à l'argent de son propre effort chez un horloger. La bougeotte dans le sang, il sera, l'année d'après, en apprenti chez un libraire. Et, probablement, c'est là où les sirènes de la littérature le séduisent puisqu'il s'inscrira dans un cours du soir de littérature justement. Il s'essaie déjà à l'écrit et publie des poèmes et quelques créations dans des revues. Hermann aura tout vu et connu dans ses multiples voyages qui vont le reconduire, en 1901, à son pays natal.
Voire au village qui l'a vu naître. Et c'est cette même année qu'il se décide de ne vivre que pour et par la rédaction de ses écrits. Les lecteurs le découvriront dans une première vraie création lorsqu'il publia, en 1902 son premier recueil de poèmes. Livre après livre, sa notoriété s'installe et, cinq années durant à partir de 1910 il publie un livre chaque année. Et la guerre arriva ! Le pacifiste en lui laisse libre cours à ses positions contre les spectacles horribles de la mort en masse. Ce qui ne passera pas sans lui créer des problèmes avec les autorités allemandes. Sans surprise, ses écrits seront considérés entre 1939 et 1943, comme produits indésirables en Allemagne. Sur ce point, il fallut attendre l'année 1946 pour que l'interdiction soit levée.
Et c'est cette même année qu'il sera couronné du prix Nobel de littérature. Mais, avant la reconnaissance, il a bien dû galérer et survivre aux vicissitudes de la vie. La mort de son père, la schizophrénie de son épouse mais aussi la maladie de son premier enfant le jettent dans un état de désespoir et de perturbation totale à telle enseigne qu'il a dû recourir à un traitement psychothérapeutique. Ce qui ne l'empêchera pas de continuer à écrire. D'ailleurs, il reviendra, en 1919, avec un autre roman non moins exquis : « Demian » et « Le dernier été de Klingsor » suivra l'année d'après. Son grand opus, « Le loup des steppes » sera publié, lui, en 1927. Il s'éteint à l'âge de 85 ans dans son pays d'adoption.
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Hermann Hesse en bref
«Hermann Hesse, poète, romancier, critique et éditeur, appartient à cette famille d'auteurs qui étonnent, irritent et provoquent, mais suscitent également l'enchantement et l'enthousiasme.Son œuvre semble, en tout cas, exclure l'indifférence. Cela tient avant tout aux critiques de Hesse lui-même, dirigées à la fois contre la société industrielle et contre sa propre personne. Cette disposition à se mettre toujours en question l'a conduit de crise en crise et l'a rendu apte à exprimer la crise européenne, qu'il représente sous sa double face : processus de destruction, mais aussi promesse d'une renaissance. L'?uvre de Hesse illustre dans une large mesure ce « principe de l'espérance » qui, selon le philosophe Ernst Bloch, caractérise l'utopie des créations artistiques.»
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Citations
«Non, être aimé n'est pas le bonheur. Mais, aimer, ça c'est le bonheur», Klein et Wagner. «Vous devez apprendre à vivre, voilà ce qu'on veut. Vous devez concevoir l'humour de la vie.», Le loup des steppes.«La sagesse qu'un sage a à communiquer a toujours un air de folie.», Siddharta
« L'amour n'est pas fait pour nous rendre heureux. Je crois qu'il est fait pour nous révéler dans quelle mesure nous avons la force de souffrir et de supporter.», Peter Camenzind « Que tu deviennes professeur, savant ou musicien, aie le respect du « sens », mais ne t'imagine pas qu'il s'enseigne.», Le jeu des perles de verre
« Sur les chemins sans risques on n'envoie que les faibles.», Le jeu des perles de verre.
