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L'humour au Maroc… sauve qui peut !

S'il est un mois où les Marocains consomment les productions télévisuelles d'une manière générale et celles locales tout particulièrement, c'est bien le mois sacré.

L'humour au Maroc… sauve qui peut !
Depuis longtemps, il est de coutume, on ne sait d'ailleurs pour quelle raison, de proposer à nos téléspectateurs des grilles ramadanesques « adaptées » au caractère sacré du mois, avec en prime des programmes humoristiques dont la diffusion coïncide avec la rupture du jeune. L'engouement pour ces émissions, fabriquées au Maroc, était considérable et nos concitoyens n'avaient pas alors l'embarras du choix des chaînes. La notion de « zapping » n'était pas encore installée et n'offrant aux plus récalcitrants qu'une seule alternative : éteindre le poste de télévision et vaquer à une autre occupation. Avec le temps, les choses ont changé. L'ouverture du ciel à toutes sortes d'antennes n'a pas été sans influence sur nos attitudes de consommation. Devant une offre plus diversifiée, le consommateur d'images est devenu plus averti et donc plus exigeant et plus sélectif. La qualité qu'il trouve dans les chaînes étrangères lui fait demander toujours mieux et lui ouvre les yeux sur les limites de ce qu'il a, jusque-là, été obligé de supporter.

Et c'est là qu'il touche du doigt la faiblesse de notre production locale, surtout en matière d'humour. Et c'est pendant le Ramadan que cette défaillance se fait le plus sentir puisque c'est la période où nos chaînes déversent sur l'antenne ce qu'elles ont engrangé toute l'année. Dans cette quantité plus ou moins importante, la qualité est rarement au rendez-vous. D'année en année, le téléspectateur caresse l'espoir de voir les choses changer ou du moins certaines têtes tomber. Il n'en est rien. A l'exception de quelques passages illuminés d'humoristes « respectables » (parce que tout le monde ne l'est pas dans ce métier), de l'étoffe de Hassan El Fad, de Hanane El Fadili (avant qu'elle ne sombre dans la répétition) et de quelques autres noms, les souvenirs que nous gardons des programmes humoristiques ne sont pas vraiment luisants. Et le calvaire continue avec une pelleté de saltimbanques effrontés qui ne mettent pas de limite à leurs bêtises.

Ces dernières années, des noms de personnes n'ont pas trouvé mieux que de s'approprier le titre de comédien et de s'imposer sur nos écrans. A coup de transaction et de clientélisme, leur pouvoir se renforçait jusqu'à ce qu'ils deviennent les incontournables de la grille ramadanesque. Ces dernières années, on n'ose plus rêver d'un Ramadan sans la présence impertinente d'un Abdelkhalek Fahid et autre Mohamed Lkhayari, qui s'incrustent chaque année sous une couleur différente mais toujours avec la même arrogance. Pour ce Ramadan, ils n'ont pas trouvé mieux que de se mettre dans la peau d'un couple de superstitieux qui portent les noms de M'barek et de Massoud. Ce qui donne à la série son titre « M'barek o Massoud » qui n'est enfin de compte qu'un autre intitulé pour une même série de constantes qui reviennent dans toutes séries « comiques » et autres sitcoms.

Et là, autant vous mettre en garde. Amateurs d'humour raffiné et intelligent, férus du jeu juste, sans fioriture ni démesure… sauve qui peut ! Le temps est à la facilité. Sans respect aucun pour le public, notre couple de «stars du rire» se déchaîne sur le plateau de tournage. Forts d'une bonne dose d'indécence, ils s'évertuent à infliger leurs pitreries, à répétition, aux téléspectateurs. Et c'est au plus bouffon des deux. La vérité, il est difficile de les départir. Tous deux ont l'art d'exceller dans la médiocrité. A en juger le résultat de ce qui se produit devant nos yeux, voilà comment on imagine le déroulement de cette « halka » sans queue ni tête. Ces pseudo-comédiens sont là, devant la caméra à attendre que le coup d'envoi leur soit donné par le metteur en scène. «ça tourne» et c'est là que commence un grand manège de clowneries avec des fonds sonores non identifiés : ça saute de partout et ça bouge dans tous les sens.

Des textes creux, des gestes sans signification et du bavardage agaçant, voilà ce à quoi se livrent nos vedettes. Le ton monte crescendo jusqu'à atteindre les plus hauts degrés de l'impertinence, assénant ainsi un coup mortel au sens de l'art et du divertissement. Ultime provocation, ces acteurs se croient tout permis. Ils oublient qu'en s'invitant dans les demeures de leurs téléspectateurs, ils leur empestent la vie. Vive la télécommande !
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La mauvaise graine

«Le jury et les candidats se valent », c'est la conclusion à laquelle arrive Malika, en regardant l'émission « Comédia», une émission sensée servir de tremplin pour les jeunes comédiens.
Durant la première semaine du Ramadan, le public a suivi pour ne pas dire subi les pitreries des jeunes candidats au titre du meilleur comédien. Les sketchs, sous forme de capsules, se sont succédé sur l'écran sans se ressembler sinon par leur manque de recherche. Confinés dans des modes de rire désuets et dépassés, ils sont tombés dans la facilité et n'ont fait que rabâcher et ressasser les situations déjà vues et revues. Mais franchement que faut-il attendre d'un jury qui compte en son sein M. Lkhiary qu'on qualifierait aisément de quelqu'un « qui veut avoir l'air mais qui n'a pas l'air du tout », comme dirait ce cher Brel.

En dépit de tous ses efforts pour jouer aux intellos et user et abuser de mots savants, il reste faux et superficiel. Quant à ses remarques, elles font ressortir son manque de connaissance en matière de comédie. Yassine zizi, un homme qui a prouvé par ses délicieuses chroniques qu'il était homme à apprécier l'humour intelligent a déçu par sa complaisance outrancière et par sa difficulté à communiquer. Alors qu'on attendait de lui des remarques pertinentes, il nous gratifie d'un grand sourire et de remarques creuses. Et comble de tout, quand la compétition se réduit à élire le moins mauvais, cela revient à encourager la facilité et à cautionner la médiocrité. Et ça, c'est pas vraiment rigolo !
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