LE MATIN : Le public a été habitué à voir Fatéma Ifriqi dans des émission artistiques conçues par elle. Pendant le mois de Ramadan, nous avons été un peu surpris de vous voir animer le programme «Foutour Al Oula » aux côtés du comédien Abdellah Didane. Pouvez-vous nous dire comment vous avez reçu cette proposition au départ et quelle a été votre réaction ?
FATEMA IFRIQI : Au départ, il y avait une sorte d'hésitation chez moi et de recul. Mais après avoir consulté mon entourage proche, dont mon mari, ma famille et mes amis, j'ai été encouragée pour foncer et faire cette expérience.
Moi aussi je me suis dit pourquoi ne pas m'aventurer dans une nouvelle expérience qui peut avoir un côté positif dans ma carrière.Surtout après m'être éclipsée, durant deux années, du petit écran, c'était une occasion pour être en contact avec le public et rétablir ma relation avec lu i. Mais, je le répète toujours : c'était une aventure pleine de risques, à travers laquelle j'ai acquis certaines idées.
Comment s'est déroulée cette aventure, comme vous dites, sur le plan exécution et tournage avec les invités, le staff technique,…?
Le public s'est habitué à me voir dans des émissions artistiques plus consistantes avec des reportages, des nouveautés et autres, alors que dans « Foutour Al Oula », j‘ai eu le rôle de coordinatrice entre les programmes et d'interlocutrice avec les artistes invités de différentes générations. Mais je suis sortie indemne de cette expérience, c'est-à-dire qu'elle ne m'a pas apporté ce que je voulais comme elle ne m'a pas fait de mal.Donc, il a fallu me renouveler chaque jour dans mes entretiens avec les artistes et créer une harmonie avec mon coéquipier Abdellah Didane que j'ai découvert lui aussi durant tout ce voyage ramadanesque.Comme vous le savez, dans mes propres émissions je suis maîtresse de la situation. Je suis à cheval sur le décor, les artistes invités, les sujets, le staff technique, entre autres. Alors que là c'est une Commission qui dirige tout. Didane et moi, nous devons suivre une ligne déjà tracée par les concepteurs. Cette expérience m'a permis de tester mes capacités de pouvoir collaborer avec une grande équipe et respecter une stratégie sans toucher à mes principes dans le travail.Quant au déroulement des tournages, il y avait une bonne ambiance avec le staff technique, les concepteurs, les invités,…. Nous avons constitué une famille où chacun respectait le travail de l'autre et sa spécialité. J'ai été étonnée de voir pour la première fois une grande équipe passer tout ce temps-là ensemble sans aucun incident.
Aimeriez-vous refaire cette expérience dans d'autres conditions ?
Je ne crois pas. D'abord c'est une idée un peu difficile tant qu'elle ne se fait pas en direct. On ne peut pas ressentir la même chaleur aussi bien dans nos paroles que dans celles de nos interlocuteurs. C'est cette diffusion directe et ce commentaire direct
qui pourront lui procurer du charme auprès du public. Après deux années, je crois que ses organisateurs doivent penser au direct s'ils veulent la refaire, sinon ce sera une répétition des années précédentes. Mais, moi personnellement je préfère pour le Ramadan une émission quotidienne d'une heure consacrée entièrement à un artiste pour lui donner le temps de s'exprimer et s'expliquer sur beaucoup de choses concernant son art et sa créativité, et dont la diffusion se fera à un moment où le téléspectateur pourra la voir avec plus de concentration et d'affection.
Est-ce que ce programme de « Foutour Al Oula » ne vous a pas inspiré une émission, durant toute l'année, où vous pouvez convier toutes les branches artistiques ?
Je rêve toujours d'une émission de ce genre qui doit rassembler toutes les potentialités artistiques et où ils peuvent s'exprimer librement. C'est un projet très réalisable si toutes les conditions nécessaires sont présentes. Et là, on peut donner l'occasion à ces artistes de communiquer leur art, leurs idées et leur point de vue sur la scène artistique au Maroc. Je crois que ce sera très enrichissant pour le public qui est assoiffé de connaître ses artistes marocains, leur côté humain, leur comportement devant certaines situations de la vie artistique et familiale, entre autres. C'est un projet qui pourra réussir parce que nous avons des artistes de taille qui ont énormément de choses à dire, ainsi que des talents qui voient le jour chaque jour et qu'on doit soutenir pour leur permettre de percer. Nous devons, donc, penser à satisfaire tous les goûts et être conscients qu'il ne faut pas retenir uniquement des programmes qui réalisent une grande audience publique, mais aussi ceux qui apportent le côté culturel au spectateur. Nous devons donner la chance à toutes les créativités artistiques. Notre devoir en tant que télévision publique est de satisfaire tous les goûts et toutes les tendances dans le respect des règles.
« Foutour Al Oula » a donné l'occasion au public de faire une comparaison entre le théâtre de l'ancienne génération et celui de la nouvelle vague ?
En effet, les 3 à 5 minutes de « Dahk Louala » a posé cette problématique de comparaison entre hier et aujourd'hui. Je crois que c'est plutôt psychologique, car on s'est habitué à dire que l'ancien est meilleur que le nouveau. On ne peut reconnaître un travail qu'après le passage de plusieurs années. Ceci est une hypothèse en réponse à des déclarations d'artistes faisant partie de l'ancienne génération qui affirment que ce même projet qui a du succès, aujourd'hui, auprès du public, ne l'avait pas quand il a été présenté dans ses débuts, avec des preuves à l'appui dans des articles de presse. Peut-être aussi que la vision après plusieurs années nous donne une autre dimension plus nostalgique de la chose. Ceci pour dire que ce qu'on nous présente au cours du mois sacré n'est pas totalement médiocre, il y a quelques éclaircissements qu'on peut revoir avec un peu de recul pour mieux les apprécier. Mais, il y a aussi des travaux qui ont un niveau très bas et qu'il a fallu écarter depuis le départ, parce qu'ils ne respectent même pas le téléspectateur et le prennent pour un idiot. C'est une attaque à la dignité du public et à la société marocaine, en général. J'espère que cette hémorragie, qui a trop duré, puisse s'arrêter dans l'avenir, car une télévision est faite pour éduquer un peuple et le respecter. Il faut se mettre dans la tête qu'au moment de la rupture du jeûne, toute la famille se retrouve autour de la table, c'est-à-dire parents, enfants et même grands-parents. Donc, il faut une langue respectable que nous pouvons tous accepter et comprendre. La responsabilité revient en premier lieu aux Commissions de lecture qui doivent prendre en considération tous ces facteurs. Et si on n'a rien à présenter, il vaut mieux s'abstenir.
Il faut aussi penser au fait que le public est blasé de voir les mêmes visages, alors qu'il y a sûrement d'autres talents qui n'ont pas eu la chance de participer à la course pour certaines raisons, mais qui peuvent apporter un nouveau souffle
et une nouvelle vague avec d'autres idées et d'autres écritures.
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FATEMA IFRIQI : Au départ, il y avait une sorte d'hésitation chez moi et de recul. Mais après avoir consulté mon entourage proche, dont mon mari, ma famille et mes amis, j'ai été encouragée pour foncer et faire cette expérience.
Moi aussi je me suis dit pourquoi ne pas m'aventurer dans une nouvelle expérience qui peut avoir un côté positif dans ma carrière.Surtout après m'être éclipsée, durant deux années, du petit écran, c'était une occasion pour être en contact avec le public et rétablir ma relation avec lu i. Mais, je le répète toujours : c'était une aventure pleine de risques, à travers laquelle j'ai acquis certaines idées.
Comment s'est déroulée cette aventure, comme vous dites, sur le plan exécution et tournage avec les invités, le staff technique,…?
Le public s'est habitué à me voir dans des émissions artistiques plus consistantes avec des reportages, des nouveautés et autres, alors que dans « Foutour Al Oula », j‘ai eu le rôle de coordinatrice entre les programmes et d'interlocutrice avec les artistes invités de différentes générations. Mais je suis sortie indemne de cette expérience, c'est-à-dire qu'elle ne m'a pas apporté ce que je voulais comme elle ne m'a pas fait de mal.Donc, il a fallu me renouveler chaque jour dans mes entretiens avec les artistes et créer une harmonie avec mon coéquipier Abdellah Didane que j'ai découvert lui aussi durant tout ce voyage ramadanesque.Comme vous le savez, dans mes propres émissions je suis maîtresse de la situation. Je suis à cheval sur le décor, les artistes invités, les sujets, le staff technique, entre autres. Alors que là c'est une Commission qui dirige tout. Didane et moi, nous devons suivre une ligne déjà tracée par les concepteurs. Cette expérience m'a permis de tester mes capacités de pouvoir collaborer avec une grande équipe et respecter une stratégie sans toucher à mes principes dans le travail.Quant au déroulement des tournages, il y avait une bonne ambiance avec le staff technique, les concepteurs, les invités,…. Nous avons constitué une famille où chacun respectait le travail de l'autre et sa spécialité. J'ai été étonnée de voir pour la première fois une grande équipe passer tout ce temps-là ensemble sans aucun incident.
Aimeriez-vous refaire cette expérience dans d'autres conditions ?
Je ne crois pas. D'abord c'est une idée un peu difficile tant qu'elle ne se fait pas en direct. On ne peut pas ressentir la même chaleur aussi bien dans nos paroles que dans celles de nos interlocuteurs. C'est cette diffusion directe et ce commentaire direct
qui pourront lui procurer du charme auprès du public. Après deux années, je crois que ses organisateurs doivent penser au direct s'ils veulent la refaire, sinon ce sera une répétition des années précédentes. Mais, moi personnellement je préfère pour le Ramadan une émission quotidienne d'une heure consacrée entièrement à un artiste pour lui donner le temps de s'exprimer et s'expliquer sur beaucoup de choses concernant son art et sa créativité, et dont la diffusion se fera à un moment où le téléspectateur pourra la voir avec plus de concentration et d'affection.
Est-ce que ce programme de « Foutour Al Oula » ne vous a pas inspiré une émission, durant toute l'année, où vous pouvez convier toutes les branches artistiques ?
Je rêve toujours d'une émission de ce genre qui doit rassembler toutes les potentialités artistiques et où ils peuvent s'exprimer librement. C'est un projet très réalisable si toutes les conditions nécessaires sont présentes. Et là, on peut donner l'occasion à ces artistes de communiquer leur art, leurs idées et leur point de vue sur la scène artistique au Maroc. Je crois que ce sera très enrichissant pour le public qui est assoiffé de connaître ses artistes marocains, leur côté humain, leur comportement devant certaines situations de la vie artistique et familiale, entre autres. C'est un projet qui pourra réussir parce que nous avons des artistes de taille qui ont énormément de choses à dire, ainsi que des talents qui voient le jour chaque jour et qu'on doit soutenir pour leur permettre de percer. Nous devons, donc, penser à satisfaire tous les goûts et être conscients qu'il ne faut pas retenir uniquement des programmes qui réalisent une grande audience publique, mais aussi ceux qui apportent le côté culturel au spectateur. Nous devons donner la chance à toutes les créativités artistiques. Notre devoir en tant que télévision publique est de satisfaire tous les goûts et toutes les tendances dans le respect des règles.
« Foutour Al Oula » a donné l'occasion au public de faire une comparaison entre le théâtre de l'ancienne génération et celui de la nouvelle vague ?
En effet, les 3 à 5 minutes de « Dahk Louala » a posé cette problématique de comparaison entre hier et aujourd'hui. Je crois que c'est plutôt psychologique, car on s'est habitué à dire que l'ancien est meilleur que le nouveau. On ne peut reconnaître un travail qu'après le passage de plusieurs années. Ceci est une hypothèse en réponse à des déclarations d'artistes faisant partie de l'ancienne génération qui affirment que ce même projet qui a du succès, aujourd'hui, auprès du public, ne l'avait pas quand il a été présenté dans ses débuts, avec des preuves à l'appui dans des articles de presse. Peut-être aussi que la vision après plusieurs années nous donne une autre dimension plus nostalgique de la chose. Ceci pour dire que ce qu'on nous présente au cours du mois sacré n'est pas totalement médiocre, il y a quelques éclaircissements qu'on peut revoir avec un peu de recul pour mieux les apprécier. Mais, il y a aussi des travaux qui ont un niveau très bas et qu'il a fallu écarter depuis le départ, parce qu'ils ne respectent même pas le téléspectateur et le prennent pour un idiot. C'est une attaque à la dignité du public et à la société marocaine, en général. J'espère que cette hémorragie, qui a trop duré, puisse s'arrêter dans l'avenir, car une télévision est faite pour éduquer un peuple et le respecter. Il faut se mettre dans la tête qu'au moment de la rupture du jeûne, toute la famille se retrouve autour de la table, c'est-à-dire parents, enfants et même grands-parents. Donc, il faut une langue respectable que nous pouvons tous accepter et comprendre. La responsabilité revient en premier lieu aux Commissions de lecture qui doivent prendre en considération tous ces facteurs. Et si on n'a rien à présenter, il vaut mieux s'abstenir.
Il faut aussi penser au fait que le public est blasé de voir les mêmes visages, alors qu'il y a sûrement d'autres talents qui n'ont pas eu la chance de participer à la course pour certaines raisons, mais qui peuvent apporter un nouveau souffle
et une nouvelle vague avec d'autres idées et d'autres écritures.
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