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«Nous devons créer une télévision

Grille du mois sacré, problèmes de production, politique de la première chaîne… sont débattus par le directeur de la production et des programmes.

«Nous devons créer une télévision
Le Matin : Comment évaluez-vous la présence de la production nationale de cette année ?

El Alami Khallouqi :
Si vous passez en revue les programmes ramadanesques de ce mois sacré, vous allez constater que la présence nationale est massive et très variée.
En parallèle à cette gamme d'émissions, nous avons choisi les meilleurs castings que les Marocains préfèrent à travers des feuilletons arabes et des films internationaux de haute facture.

Pour notre production marocaine, ne croyez-vous pas qu'il y a à chaque fois des visages qui reviennent avec des thèmes aussi rabâchés poussant le spectateur à fuir sa chaîne pour aller vers d'autres horizons ?

Ce n'est pas de notre faute, car avant de décider quoique ce soit, nous faisons appel à toutes les compétences marocaines. Il y a une commission de lecture qui donne son avis. Mais, après plusieurs réunions te des discussions intenses, ce sont les meilleurs projets qui sont retenus. Honnêtement parlant, c'est ce que nous avons dans le terrain.
Pour le cas, par exemple, de « Sir hatta tji », diffusée en 2006, celle-ci est l'une des meilleures sitcom en terme de réalisation, de jeu d'acteurs et textes aussi. Elle a réalisé des scores importants. On ne change pas une équipe quand elle fait un travail bien élaboré. C'est pour cela qu'on la reprend cette année.
On ne trouve pas un bon concept tous les jours. Bien entendu, il y a des mécontents, mais, nous aussi, nous tenons compte de toutes les remarques et nous transmettons aux équipes de la production.

Pourquoi tant de retard dans l'annonce de la grille de Ramadan ?

On peut annoncer, même avant la fin de Ramadan, les grosses productions qui nécessitent du temps, comme le feuilleton qui demande 14 à 16 mois. Mais il serait chimérique de faire part de toute la programmation en détail. Ce n'est pas possible, car tout projet de production, qu'il soit de 13mn, 26mn ou de 1h30, est un travail compact qui nécessite l'intervention d'un réalisateur, d'une équipe technique complète. Donc, ce n'est pas aussi simple que cela. Et pour l'annonce officielle de la grille, nous attendons, bien sûr, nos concurrents, mais aussi de faire le choix sur les meilleurs programmes. Tout ceci prend le temps qu'il faut pour être fin prêt.

Et la commission spécialisée pour la lecture des textes ?

Dans un souci de transparence, d'objectivité et de professionnalisme, les membres de la commission de lecture n'appartiennent pas au personnel de la SNRT. Ils sont souverains et exercent d'une manière autonome, puis remettent les conclusions de leur sélection à la direction de production.
Mais, a priori, quand un projet nous est présenté, on voit d'abord son concept. Pour une sitcom, on cherche son angle d'attaque.
En général, les équipes professionnelles nous présentent des textes bien soignés.
Notre but à travers ces travaux est d'être la locomotive de la production nationale et de la faire pousser vers l'avant. Ce n'est pas un travail concernant un seul angle d'attaque, mais il y a énormément de composantes qu'il va falloir ramener et converger vers une production de qualité. C'est avec une production massive et soutenue que la qualité pourra émerger. Donc, les résultats seront palpables avec le temps et la persévérance.

Parlons un peu des budgets alloués à ces productions ?

C'est vrai que les budgets ne sont pas au niveau de nos ambitions, mais il faut dire que ces productions nous coûtent plus cher que l'achat de l'une des meilleures séries d'Hollywood (1400 à 1600 euros). Si on produit une série nationale, la SNRT doit payer cent fois plus. Il ne faut pas oublier que les cachets des acteurs, réalisateurs, techniciens et autres, ont beaucoup augmenté ces dernières années. Et pour avoir plus de qualité et plus d'exigence, il faut miser plus. C'est la règle du jeu.

Pourquoi ne pas penser à minimiser la quantité au profit de la qualité ?

Ce n'est pas aussi simple que cela, car nous avons un cahier de charge à remplir, nous avons des engagements à respecter, nous sommes un établissement de services publics. A travers cette équation, nous sommes devant les dilemmes suivants : nous devons créer une télévision « regardable » et en même temps traiter un éventail assez large de diverses thématiques, puisque c'est une chaîne généraliste qui doit obéir aux engagements pris vis-à-vis de la Haute autorité de la communication audiovisuelle et remplir son rôle de service public. Donc, pour avoir des recettes (même si nous ne courons pas derrière l'argent), il faut de la qualité. Et pour avoir de la qualité, il faut débourser plus. Il faut aussi que les programmes cadrent avec les cibles propres de la population. Donc, nous sommes devant une configuration assez difficile à remplir.
Dans tout cela, l'exigence qualité reste inscrite dans le temps et c'est à nous d'en demander toujours davantage. C'est un travail de longue haleine qui ne s'arrête jamais. Faut-il, dans tout cela, que la chaîne artistique et créative marocaine suit nos ambitions.

Que reprochez-vous à toutes les critiques qui vous tombent sur la tête pendant le mois de Ramadan ?

D'abord pour critiquer, il faut avoir les outils et les éléments nécessaires pour le faire, avoir une culture poussée dans le domaine abordé pour ne pas dire n'importe quoi. Quand on critique, on compose et on décompose, c'est-à-dire on doit prélever les points forts et les points faibles pour accéder à des analyses de fonds avec objectivité et une distance vis-à-vis des organismes et des personnes. Par exemple, il y a des gens qui critiquent les sitcoms sans avoir une idée sur ce que veut dire une sitcom. Normalement, quand on avance que c'est faible, il faut dire pourquoi et d'une manière professionnelle, pas uniquement pour le simple fait de critiquer. La critique n'est pas donnée à tout le monde.
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Production nationale

Pour le mois sacré, les responsables de la production de la SNRT ont préparé une grille spéciale où, d'après eux, la diversité prend le dessus pour satisfaire les différents goûts des spectateurs. «Il y a une grande concentration de la production nationale et des changements au niveau de la configuration du prime time».

Ainsi, sera reconduit pour la seconde année «Ftour Al Oula», avec une nouvelle animation de la part de Fatéma Ifriqi et Abdellah Didane, des invités de marque, tout en capitalisant les trésors de l'archive dont dispose la chaîne de la rue Brihi.
En parallèle à cette convivialité entre Al Oula et le spectateur seront introduits quatre nouveaux rendez-vous, dont «Barraq ou Qchaâ», «Sir Hatta tji» de Mohamed El Jem, «Comédia», puis «Dahk Louala». Avant ce menu qui caractérise la rupture du jeûne, la chaîne Une a programmé pour ses fidèles, la sit-com «Youm ma ychbeh youm» de Mohamed El Khiari.

D'autres nouveautés furent sélectionnées pour cette année comme la série «Une heure en enfer», le magazine «Quarante cinq minutes», sans oublier, bien sûr, la production marocaine en terme de films avec cinq projections produites par la SNRT, trois pièces théâtrales, puis la deuxième partie du feuilleton «Al Abriae».
Dans le domaine musical, «Naghma Watay» dédie quatre soirées pour le mois sacré présentant des artistes marocains de différents styles de la chanson. De toute évidence, les émissions religieuses ne manqueront pas d'être à l'écoute des questions des jeûneurs pour leur prodiguer les conseils nécessaires, en plus des autres rendez-vous habituels.
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