Menu
Search
Mardi 30 Décembre 2025
S'abonner
close
Mardi 30 Décembre 2025
Menu
Search

Jouets, fruits secs, pétards et ... sorcellerie

Les préparatifs pour la fête de l'Achoura sont lancés. Les "pétards" constituent le signe avant- coureur de cet événement très attendu par les jeunes et les moins jeunes. Il suffit de faire un tour dans un souk pour se rendre compte de l'effervescence qui précéde le jour J. Jouets, poupées, pistolets, tambours, pianos…, tout ce qu'il faut pour faire plaisir aux rejetons lors de cette fête. Nombreux sont les marchands qui ont troqué leurs produits vendus d'habitude contre des jouets.

Jouets, fruits secs, pétards et ... sorcellerie
Ces derniers s'écoulent comme des petits pains en cette occasion. Les vendeurs occasionnels pullulent partout et étalent leur marchandise à même le sol. A quelques jours de la fête, Saïd se convertit en marchand de jouets. «Je me procure les articles auprès d'un grossiste de Derb Omar à Casablanca. J'achète différentes sortes :: tambours, ‘tâarj', épées, pistolets, masques, pianos… tous ceux appréciés, non seulement par les enfants, mais par les adultes aussi».
Et d'ajouter: «Mes produits sont à la portée de toutes les bourses. La fête est une occasion pour les autres jeunes de monter de petits commerces et de se faire un peu d'argent. Les enfants se précipitent pour acheter les pistolets afin d'imiter les héros des films policiers diffusés à la télé». Côté tarif, un pistolet chez Saïd coûte 25 DH; une épée 20 DH; les poupées coûtent entre 15 et 100 DH et les voitures avec télécommandes coûtent 150 DH. "Des jouets aux choix avec des prix abordables et une grande marge de négociation", souligne le jeune vendeur qui précise que cette année aussi, la vente des "pétards" et autres feux d'artifices est interdite pour des raisons de sécurité. «Oui comme à l'accoutumée, la vente des feux d'artifice est interdite. Mais, à Derb Omar, on peut trouver tout ce qu'on veut», ajoute-t-il.

De l'autre côté du souk, sur des étalages de fortune, plusieurs personnes vendent des "taârija" de toutes les tailles. Les prix se situent entre 2 et 35 DH. D'autres marchands occasionnels présentent des dattes et quelques fruits secs, des confiseries et des sucreries. Un peu plus loin, Houcine montre avec enthousiasme ses produits. Un parfum agréable se dégage de ses aromates de toutes les couleurs: safran, piment, gingembre et autres ingrédients de la cuisine marocaine. Les clients ont en plein les yeux et les narines. «Mon commerce prospère en cette période de l'année. Les familles préparent les délices de ‘Achoura'. Les épices, la semoule du couscous et les fruits secs sont mes principales ventes. Traditionnellement, les familles se réunissent autour d'un couscous préparé soit avec la viande séchée de l'Aïd El Kébir, soit avec la queue de mouton aux raisins secs. Mais il y a d'autres familles qui préfèrent le poulet ou la dinde. Le festin s'achève par un dessert au goût de miel, composé essentiellement de fruits secs, dattes, figues sèches et bien sûr l'incontournable thé. Le tout dans une ambiance de fête où la spiritualité du rituel est souvent agrémentée par le parfum de l'encens.

La tante de Driss est parmi ceux qui respectent la tradition de Achoura depuis son jeune âge. Selon lui, elle jeûne la veille et le jour de l'Achoura et se rend au cimetière pour se recueillir sur les tombes de sa sœur, de ses deux frères, de sa mère et son père. Lors de sa visite, elle distribue les dattes, les figues sèches et le pain aux mendiants qui pullulent dans les lieux. Le repas du soir est une tradition familiale héritée de génération en génération, le couscous avec la viande séchée, suivi d'un grand plateau de fruits secs. «Ma tante a gardé les mêmes habitudes que ma grand-mère.
Ma mère faisait pareil, je me rappelle quand je rentrais chez moi pour le dîner : un bon couscous et des fruits secs pour dessert», précise-t-il. Et d'ajouter: «Rien n'est comparable à un repas sucré après un spectacle de feu.
Nous avons l'habitude d'allumer un grand feu ‘chouâla'. Nous sautons, chantons, dansons autour comme des Indiens. Une festivité qui rappelle celle des tribus d'antan», commente-il.
Le lendemain est le grand jour de "Zemzem", se souvient-il. «Nous sortons légèrement habillés, munis de seaux, afin de nous asperger entre copains. Les passants n'échappent pas à la douche. Nous avions le droit de mouiller tout le monde».
-----------------------------------------------------

Achoura et commémorations

Le jour de l'Achoura a une signification socio-historique chez les chiites et les juifs. Ainsi, ils le célèbrent d'une manière très différente des sunnites. Les juifs commémorent la sortie des hébreux de l'Egypte des Pharaons. Cependant, si chez les sunnites ‘Achoura' est un jour de grande joie, pour les chiites c'est un jour de deuil. La date du 10 ‘moharram', premier mois du calendrier arabe, correspond en fait, pour eux, à la commémoration de la mort de Hussein, petit-fils du Prophète Sidna Mohammed et fils de Ali Ibn Abi Talib, gendre du Prophète, en l'an 61 de l'Hégire (680 après J.C). La tradition chiite rapporte que ce jour-là, Hussein a été décapité et mutilé à Kerbala, en Irak. Le tombeau de Hussein, situé à Kerbala, est, depuis, un lieu saint de pèlerinage. Tous les ans, en signe de deuil, les hommes appartenant à ce courant de l'Islam, en Irak, et en Iran, se mutilent en public, jusqu'au sang. Dans une scène sanglante accompagnée de cris et de larmes des fidèles. Un deuil qui se poursuit 40 jours. En Iran, cette commémoration est traduite par ‘Taâzieh', un genre théâtral qui rejoue le massacre de l'imam Hussein. Il est opportun de noter que ce fait de s'automutiler jusqu'au sang est interdit en islam puisque la personne, par la suite, peut se donner la mort.
Lisez nos e-Papers