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Les moutons, le sacrifice nécessaire

La fièvre acheteuse du mouton bat son plein et les charges des ménages aux revenus modestes s'annoncent de plus en plus lourdes.

Les moutons, le sacrifice nécessaire
Faut-il attendre ou se précipiter pour acheter le mouton? Telle est la question posée par les citoyens qui respectent le rituel du sacrifice. Car le marché des moutons connaît une flambée des prix. Un constat confirmé par tous ceux qui ont visité les souks des moutons cette année. «Suite à une petite ballade au sein des souks et garages aménagés pour l'occasion à proximité de chez moi à Hay Hassani et Hay El Oulfa à Casablanca, j'ai remarqué que le prix sont hors de la portée des bourses modestes», précise Majid qui travaille au sein d'une compagnie de transport. Et d'ajouter: «Il y a une hausse par rapport à l'année précédente. Pourtant, la saison agricole a été excellente».

Des moutons, il en existe de toutes les couleurs pour toutes les bourses et tous les goûts. Il y a le "Sardi", la race la plus demandée, le "Bergui" ou celui de "Tamhdite". Les prix varient entre les 1.300 DH et 5.000 selon la qualité et le lieu d'élevage du bétail. «La qualité exige le prix. Il y a des moutons qui coûtent jusqu'à 7.000 DH, voire plus», soutient un curieux à l'entrée d'un garage à Hay Hassani. Et d'ajouter: «Des bêtes magnifiques, particulièrement des "Sardi" réservés aux aisés et ceux qui sont attirés par les moutons de grande taille».

L'abondance du choix répond au besoin de toutes les catégories sociales. Une abondance due, selon les explications de Bouâzza Kherati de l'Association marocaine de protection et d'orientation du consommateur (Ampoc), à deux éléments. «L'alimentation et l'état sanitaire sont les deux éléments qui ont favorisé cet état des lieux. La bonne récolte a garanti l'alimentation, et les services vétérinaires publics ont participé à lutter contre la peste et à réduire par-là, le taux de mortalité du cheptel», souligne-t-il. Et d'ajouter qu'il faut se méfier des spéculateurs “chennaka” qui sont la source de la hausse. «A mon avis, le marché est largement fourni et les prix sont abordables», soutient Kherati, avant de conclure que les gens ne perdent rien d'attendre car les prix vont baisser en raison de l'abondance et la richesse au niveau de l'offre. A noter qu'environ sept millions de bêtes entre ovins et caprins sont disponibles cette année sur le marché, consolidant ainsi une hausse par rapport à l'année 2008, ou cinq millions de tête ont été mises en vente.

Si l'offre est abondante qu'en est-il de la demande et de quelle manière les ménages se débrouillent-ils pour acheter le mouton de l'Aïd ? Il est opportun de rappeler que souvent le prix du mouton dépasse le Smig.
Comment résoudre alors cette équation? Que faut-il faire? Si les uns préfèrent vendre leur télévision ou leur mobilier pour pouvoir s'acheter un mouton (Les ‘Joutias' des Habous, Hay Hassani, entre autres, illustrent bel et bien cette vérité), d'autres contractent un crédit auprès d'un organisme de financement. Le recours aux banques et aux agences de crédits se présente comme la seule issue pour échapper aux regards méprisables des voisins.

Ainsi, comme à l'accoutumée, la course aux crédits est lancée. Les offres et les promotions des organismes de crédits mettent en vedette la bête à cornes. Le mouton devient acrobate ou joue à la star sur les affiches publicitaires, télévision, journaux et radio. Banques et agences de crédits lancent des offres diversifiées d'un organisme à l'autre. «A l'occasion de l'Aïd Al Adha, nous lançons un crédit de 3.500 DH, étalé sur 12 mois et dont les prélèvements mensuels sont fixés à 272 DH», indique une responsable au sein d'une agence de crédit. Tout en précisant qu'il est destiné aux fonctionnaires. Pour un autre organisme de financement, 6.000 DH est le montant du prêt. Le bénéficiaire va payer des mensualités de 195 DH sur une durée de 36 mois.
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Pression sociale

Nombreux sont ceux qui n'ont pas les moyens d'acheter un mouton et préfèrent s'endetter pour accomplir le rituel du sacrifice. Ils oublient que le sens de l'acte religieux n'oblige pas les familles modestes à l'accomplir. Pourtant, toutes les couches sociales veulent respecter la tradition. Les exceptions sont très rares. Ce qui est malheureux, c'est que les plus démunis empruntent pour acheter un mouton ou, à défaut, une chèvre. Répondant ainsi à une pression sociale, à un entourage qui inflige la honte et pointe du doigt les familles qui ne peuvent acheter la bête. Une attitude qui vide le rituel de son vrai sens. Que faire le jour de l'Aïd si la bête n'est pas prête à «lyncher» chez soi, et si nos narines reniflent les barbecues des voisins. Que sera nos émotions et que sera l'état d'esprit de nos enfants? Telles sont les questions que des ménages se posent.
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