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Un métier en perte de vitesse

Aucune pancarte ou affiche publicitaire n'informe sur l'activité de ce magasin discret au centre de la métropole, spécialisé dans la vente d'arme à feu.

Un métier en perte de vitesse
Le vendeur affirme qu'il n'en a pas besoin puisque son magasin est connu de tous les amateurs de la chasse à Casablanca et même dans d'autres villes dans la région. Des fusils, des carabines et des dizaines de cartouches, cette armurerie semble bien fournie. Sur les étalages, les armes à feu exposées proviennent de plusieurs pays notamment la France et l'Italie. En cette matinée de juillet, l'activité dans ce magasin est soutenue. Car quelques mois seulement nous sépare du début de la saison de la chasse prévue en automne prochain. Des armes de chasse au cartouche en passant par les laisses de chien et des gants, tous les accessoires nécessaires pour un chasseur sont proposés à la vente. Au total, ils sont quatre armuriers qui opèrent actuellement à Casablanca alors qu'ils étaient une dizaine dans les années 50. Essaid Mustapha est l'un des tous derniers armuriers opérant à la métropole. Ce dernier est devenu armurier à l'âge de 20 ans. Originaire de la ville d'Agadir, ce métier est transmis dans sa famille de père en fils. Son grand père et son père ont également pratiqué le même métier. «C'est plus qu'un gagne-pain pour moi, il s'agit d'une passion pour moi au point que je ne pourrait pas pratiquer un autre métier. Mon grand père était armurier à Agadir.

Mon père qui l'aidait décida de venir s'installer à Casablanca et ouvrir sa propre armurerie», explique Mustapha. Ce dernier connaît toutes les marques de carabines. «Les fusils Beretta italiens sont toujours très appréciés des amateurs de la chasse. Cette marque italienne est d'ailleurs très connue à l'échelle internationale. Des armes fabriquées en France et en Espagne, sont également demandées par nos clients. Globalement, on distingue entre deux grandes catégories d'armes de chasse. Des armes de tir aux plateaux, ensuite, on trouve les armes de chasses utilisées par les amateurs», ajoute Mustapha.
Une grande partie des fusils vendus au Maroc sont importés d'Italie mais également de Russie et de Belgique. Si les fusils à ressort ont été pendant longtemps les seules armes utilisées par les chasseurs, leur époque semble aujourd'hui bien révolue puisqu'ils ont été remplacés progressivement par des armes automatiques, plus puissantes et plus faciles à manier. Une carabine d'entrée de gamme peut coûter 6.000 DH mais les prix peuvent atteindre des sommes beaucoup plus importantes selon la marque et le modèle choisi par le client. Dans certains cas, "une arme de tir au plateaux'' atteint les 800.000 DH !

Réglementation stricte
Malgré les prix élevés des armes et des munitions, les armuriers affirment que leur activité continue à connaître une forte demande spécialement à la rentrée. Car au-delà des clichés autour de ce hobby, la chasse compte beaucoup de passionnés même dans les classes sociales moyennes. «Certes, la chasse est pratiquée souvent par des personnes fortunées mais il existe également des gens appartenant à des catégories sociales plus modestes et qui s'adonnent à ce sport. Ceux-là pratiquent cette activité fréquemment et viennent s'approvisionner régulièrement en munitions. Car quand on devient féru de la chasse, il est difficile de s'en passer», déclare cet armurier. Pourtant, la demande a connu une baisse par rapport aux années précédentes. Mais pour les vendeurs d'armes, la principale cause est le durcissement des procédures d'octroi des permis de port d'arme. La loi est formelle sur ce point : «Aucun débitant ne peut vendre des armes ou munitions sans la production par l'acheteur de son permis de port ou de détention d'armes».

La vente, l'introduction, le commerce et le port des armes de chasse et de luxe et de leurs munitions, sont régis par le dahir du 31 mars 1937. Ainsi, l'achat d'une arme de chasse ne peut donc se faire sans le fameux sésame. Mais les choses ne s'arrêtent pas à ce niveau. Les données sur l'identité de l'acheteur ainsi que sur l'arme sont rigoureusement consignées par l'armurier dans un registre. Pour recevoir le permis, la procédure est routinière mais peut prendre du temps. Outre les papiers qui doivent être fournis pour avoir le permis, d'autres paramètres sont également pris en considération, selon les témoignages d'un armurier, notamment les revenues mensuelles du demandeur qui doivent dépasser les 10.000 DH.
L'autorisation d'ouvrir une armurerie obéit par ailleurs, à une procédure particulière. Normal. La vente d'armes même de chasse, est une activité sensible. Le contrôle des autorités compétentes, qui peut se faire inopinément, est régulier. Le magasin est doté d'un système d'alarme pour parer à toutes tentative de cambriolage. Aussi, le stockage des cartouches et des armes se fait selon des règles bien précises.
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Conseil de la chasse

Le Conseil supérieur de la chasse (CSC) a été créé par le dahir du 2 juin 1950 dans le but de gérer cette activité. Composé des intervenants dans ce domaine, il donne son avis sur les moyens nécessaires à la préservation de la faune et au développement du patrimoine cynégétique, dans le but d'améliorer les conditions d'exercice de la chasse. En outre, le Conseil étudie tous les projets de lois proposés par l'Administration et donne son avis sur toutes les mesures législatives et réglementaires afférentes à la chasse. Il peut lui-même proposer des lois ou des règlements à l'instance chargée de la chasse. Le CSC se réunit au moins une fois par an, à la fin de la saison de chasse pour examiner le bilan de la saison écoulée et préparer l'arrêté annuel réglementant l'exercice de la chasse durant la saison suivante.
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