C'est une fort petite ville, elle semble moins peuplée d'El Ksar.»
Ce n'est plus la ville qu'elle allait devenir moins de vingt ans après et que le beau livre d'Abdelkader Retnani nous offre à voir par photos interposées. Fervent adepte de la conservation de la mémoire du Maroc, Retnani en tant qu'éditeur a consacré une série de beaux-livres à des villes marocaines telles Marrakech, Fès, Rabat-Salé, Meknes et Casablanca. Oujda, la ville millénaire oubliée des chroniqueurs, prend sa revanche aujourd'hui, au moins partiellement, grâce à ce livre titré «Oujda année 20». On y trouve des textes de J-P Péroncel-Hugoz, l'ancien reporter du Monde, Mohamed Ben Brahim, Mohamed Choukri, Isabelle Eberhardt, Prosper Ricard entre autres. Mais on trouve surtout des photos. De superbes photos des années 20 en noir et blanc en grande majorité. On dit qu'une photo vaut mille mots. Elle peut en valoir parfois, tout un livre dans le cas elle raconterait une époque révolue. «Oujda Année 20», regorge de ces documents précieux qui racontent Oujda des premières années de son occupation par les Français sous le commandement de Lyautey en 1907. Occupation éternisée par une photo du maréchal avec ses troupes à cheval accompagné du gouverneur de la ville Benkerroum dépêché pour accueillir le conquérant.
D'après les historiens, c'est le sultan Moulay Abdelaziz qui demanda aux troupes françaises de s'installer à Oujda afin de la protéger des assauts de rogui Bouhmara en dissidence contre le Makhzen. Le prétendant au pouvoir était, en effet, le maître de tout l'oriental depuis les versants du Moyen-Atlas jusqu'aux frontières algériennes. Il réussit même à entrer à Oujda en 1903 et soumettre les tribus de la région à son autorité. Il en fut chassé la même année et se sont les troupes françaises installées en Algérie qui assurait l'autorité du Makhzen sur la ville. Ils finirent par la soumettre à leur autorité en s'y installant durablement en 1907. C'est le commencement d'une nouvelle histoire pour la capitale de l'oriental que ce recueil de photographie de l'époque éternise. Les premières constructions: Le cercle militaire et sa tour d'horloge, le premier jardin public, l'hôtel Figari du nom du premier colon à Oujda, le palais de justice, et bien sûr les premières écoles, le premier collège, la gare de la ville. Oujda n'est plus la « fort petite ville » décrite en 1885 par le père Foucault, mais désormais une métropole moderne, la première au Maroc.
«Les grandes lignes de l'architecture moderne ou contemporaine de la ville d'Oujda voient le jour à partir de 1920 », écrit Mohamed Ben Brahim. « Une des retombées de cette doctrine apparaît dès 1920 dans l'architecture « art déco » des bâtiments officiels qui ont structuré la ville nouvelle d'Oujda, et qu'on peut admirer encore aujourd'hui le long du boulevard Mohamed V et des quartiers proches de la gare ferroviaire, la poste, la banque du Maroc, la municipalité, l'école Charcot, la douane, l'église catholique, Dar el-Makhzen (..) » Les photos de ces monuments et bien d'autres figurent tous dans ce recueil y compris celles de la vie quotidienne des Marocains de la vieille médina.
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Mohamed Ben Brahim
Ce n'est plus la ville qu'elle allait devenir moins de vingt ans après et que le beau livre d'Abdelkader Retnani nous offre à voir par photos interposées. Fervent adepte de la conservation de la mémoire du Maroc, Retnani en tant qu'éditeur a consacré une série de beaux-livres à des villes marocaines telles Marrakech, Fès, Rabat-Salé, Meknes et Casablanca. Oujda, la ville millénaire oubliée des chroniqueurs, prend sa revanche aujourd'hui, au moins partiellement, grâce à ce livre titré «Oujda année 20». On y trouve des textes de J-P Péroncel-Hugoz, l'ancien reporter du Monde, Mohamed Ben Brahim, Mohamed Choukri, Isabelle Eberhardt, Prosper Ricard entre autres. Mais on trouve surtout des photos. De superbes photos des années 20 en noir et blanc en grande majorité. On dit qu'une photo vaut mille mots. Elle peut en valoir parfois, tout un livre dans le cas elle raconterait une époque révolue. «Oujda Année 20», regorge de ces documents précieux qui racontent Oujda des premières années de son occupation par les Français sous le commandement de Lyautey en 1907. Occupation éternisée par une photo du maréchal avec ses troupes à cheval accompagné du gouverneur de la ville Benkerroum dépêché pour accueillir le conquérant.
D'après les historiens, c'est le sultan Moulay Abdelaziz qui demanda aux troupes françaises de s'installer à Oujda afin de la protéger des assauts de rogui Bouhmara en dissidence contre le Makhzen. Le prétendant au pouvoir était, en effet, le maître de tout l'oriental depuis les versants du Moyen-Atlas jusqu'aux frontières algériennes. Il réussit même à entrer à Oujda en 1903 et soumettre les tribus de la région à son autorité. Il en fut chassé la même année et se sont les troupes françaises installées en Algérie qui assurait l'autorité du Makhzen sur la ville. Ils finirent par la soumettre à leur autorité en s'y installant durablement en 1907. C'est le commencement d'une nouvelle histoire pour la capitale de l'oriental que ce recueil de photographie de l'époque éternise. Les premières constructions: Le cercle militaire et sa tour d'horloge, le premier jardin public, l'hôtel Figari du nom du premier colon à Oujda, le palais de justice, et bien sûr les premières écoles, le premier collège, la gare de la ville. Oujda n'est plus la « fort petite ville » décrite en 1885 par le père Foucault, mais désormais une métropole moderne, la première au Maroc.
«Les grandes lignes de l'architecture moderne ou contemporaine de la ville d'Oujda voient le jour à partir de 1920 », écrit Mohamed Ben Brahim. « Une des retombées de cette doctrine apparaît dès 1920 dans l'architecture « art déco » des bâtiments officiels qui ont structuré la ville nouvelle d'Oujda, et qu'on peut admirer encore aujourd'hui le long du boulevard Mohamed V et des quartiers proches de la gare ferroviaire, la poste, la banque du Maroc, la municipalité, l'école Charcot, la douane, l'église catholique, Dar el-Makhzen (..) » Les photos de ces monuments et bien d'autres figurent tous dans ce recueil y compris celles de la vie quotidienne des Marocains de la vieille médina.
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La mue des années vingt
«Oujda s'est développée dès les années vingt autour d'un centre actif européen qui semble aujourd'hui avoir pris le pas sur le cœur de la médina d'hier. Mais c'est leur mixité, leur diversité qui ont construit le devenir de la ville. Ce centre actif extra-muros joue un rôle urbain majeur en matière de services, d'équipement et de commerce. L'architecture de la ville « moderne » des années vingt va peu à peu prendre forme à travers les plans d'ensemble, les arrêtés de voiries et de constructions qui fixent la hauteur des bâtiments, les matériaux, l'harmonisation de la décoration des façades sur les rues ou les jardins, les couleurs des revêtements extérieurs… L'arrivée de béton va permettre aux architectes de laisser libre cours à leur imagination.»Mohamed Ben Brahim
