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Accueil next L'humain au centre de l'action future

Zakia Tahiri, talentueuse réalisatrice non féministe

«Je ne sais pas si c'est un bon film, mais ce que je peux vous assurer c'est que j'ai essayé de brosser un authentique tableau, révélateur de la relation compliquée qui peut unir un homme et une femme.

Zakia Tahiri, talentueuse réalisatrice non féministe
Cela sous une forme narrative d'une fable», explique Zakia Tahiri réalisatrice et scénariste du long métrage «Number One», une production tournée dans les rues bouillonnantes de la métropole et dont le tournage a nécessité un budget global de quelque 6 millions DH dont 2,5 millions de DH du Fonds d'aide à la production cinématographique. Une brochette d'acteurs marocains se partage l'affiche de ce film, notamment Khadija Assad, Abderrahim Berghach et Nezha Rahil, ainsi que la comédienne française Chantal Ladesou. Cette rencontre de dialogue et d'échange entre dans le cadre « des mardis de cinéma »initié par la fondation ONA. D'entrée de jeu, le «Number One» est désigné comédie populaire, il redessine la métamorphose d'un individu, le changement intégral d'un mari. La transmutation de ses agissements à l'égard de sa femme et de son entourage. C'est l'histoire d'un marocain longtemps enchaîné par le fardeau des traditions. Des habitudes sociales qui lui dictent des gestes quotidiens rudes et repoussants.

Ces mêmes attitudes qui ne manquent pas de dévoiler une souffrance lancinante à l'intérieur de Aziz, conséquence d'un dilemme qui le tient prisonnier d'une dureté répugnante. Satiriquement humoristique, le film barre la route au désespoir, il suggère la possibilité du changement. A travers les dédales du scénario, Zakia Tahiri a essayé de recréer le rapport entre Sourraya et Aziz, cette épouse soumise et ce mari «macho». «Mises à part les idées que le film défend, j'ai essayé de raconter la malchance qu'a Aziz de ne pas pouvoir exprimer son amour et d'être captif de certaines traditions». En effet, pour la réalisatrice ne pas pouvoir exprimer ses émotions relève de l'éducation qu'a reçue toute une génération. Pour elle, c'est l'éducation qui nous apprend à ne pas communiquer, à être dans la «ruse» quand il s'agit de la relation homme-femme. Contrairement à ce qui peut être imaginé, l'espoir est omniprésent dans le film.

La progression s'impose impérative au fur et à mesure, le rapprochement s'effectue graduellement. D'où la charge émotionnelle du film, le spectateur se sent impliqué dans la trame des événements, il s'approprie les scènes et les actes. Toutefois, le long métrage peut provoquer des éclats de rire comme il est capable d'émouvoir au point de faire couler des larmes. « Mon intérêt était de déclencher des rires sur un sujet qu'on a souvent traité avec misérabilisme. J'adore «Number One». Il existe désormais par lui-même le film appartient aux 480 mille personnes qui l'ont regardé, c'est sublime», confesse Zakia, et de poursuivre «Pour moi, le film est cruel, il met en évidence un personnage martyrisé par son patron, cet homme est tourmenté par son supérieur. La confusion s'installe en son esprit et il reproduit cette violence avec sa femme». Or, un brin d'espérance se faufile quand Aziz commence à perdre de sa rigueur.

Le personnage va se libérer des codes qui gouvernent la société. Comme solution et prétexte de résolution, Souraya décide de lui jeter un sort, puisqu'elle a été convaincue que son mari peut être également un prince charmant. Souraya prend, ainsi, son destin en main et reconstruit son bonheur. C'est un alibi pour provoquer le changement, comme solution et prétexte de résolution. «Mon rêve était depuis toujours de tourner un film sur le Maroc. Il faut être très courageux pour pouvoir réaliser des films, il faut savoir embrasser la folie de la création», c'est par ces mots assez touchants que Zakia Tahiri achève cette rencontre.
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Identification

Zakia Tahiri montre au public son premier long métrage et c'est l'occasion de révèler également son talent de réalisatrice. Les spectateurs marocains ont eu l'occasion de la voir dans les films "Badis" et "À la recherche du mari de ma femme" du cinéaste Abderahmane Tazi. Après une adolescence casablancaise sans histoire, elle apprend le métier d'actrice à Paris, successivement sur les bancs des cours Florent, des cours Simon et rue Blanche. En parallèle, elle s'installe définitivement en France avec sa famille, ne rentrant au Maroc que pour les vacances. Même si elle a commencé sa carrière dans l'assistanat auprès de Souheil Benbarka, c'est en tant que comédienne qu'elle sera révélée au grand public. Après son premier rôle dans Fort Saganne en 1983 aux côtés de Gérard Depardieu et Catherine Deneuve, le cinéma marocain lui offre ses plus beaux rôles.

En 1987, Farida Belyazid la choisit pour incarner son héroïne dans "Une porte sur le ciel". En 1993, elle rencontre Ahmed Bouchaala, son mari. Ils travaillent ensemble à la production de films publicitaires et de vidéo-clips. Elle participe en tant qu'actrice, co-scénariste et directrice de casting au premier long métrage de Ahmed Bouchaala intitulé "Krim". Leur complicité se poursuit, ils se marient et signent plusieurs courts métrages en commun dont "Le petit bonheur", "Le malin plaisir", "Le second souffle", "Sous la mosquée" et réalisent plusieurs films pour la télévision comme "Origine contrôlée", pour Canal+ "Belleville Tour" en 2008 pour France 2 et "Pour l'amour de Dieu" pour Arte en 2007.
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