Avec calme et nonchalance, les habitants de Smara entament leur journée, sous un ciel annonçant la chaleur estivale qui enveloppe la cité et engourdit la circulation. Les cafés, qui offrent un refuge sûr contre les rayons brûlants, se sont transformés pour la circonstance, en Agora pour discuter des élections communales qui viennent sortir la ville de cette torpeur. Les voitures qui défilent par les principales artères et même par les venelles s'arrêtent par moment pour lancer une liasse de tracts et d'affiches à l'effigie de tel ou tel candidat. Le vent du sud, qui semble être de la partie, souffle sur ces petits bouts de papier jusqu'aux tables des habitués des terrasses qui, tantôt agacés, tantôt curieux, y jettent tout de même un regard furtif. Et les pronostics fusent de toutes parts.
Le groupe s'enlise dans un débat passionnant et passionné sur le scrutin et la couleur de l'éventuel vainqueur. Mais, il y a toujours quelqu'un pour ramener tout le monde à la réalité. Les attentes de gens de la cité, dont l'infrastructure laisse à désirer, qui émettent le voeu de voir émerger une élite locale pour conférer une nouvelle dynamique pour l'essor de leur ville, constituent la trame de toutes les discussions sur les communales. L'ambiance générale n'échappe pas aux polémiques entre les «pour» et les «contre» tel ou tel candidat, les «neutres» tentant de maintenir l'équilibre et éviter les débordements indésirables. L'éloquence, la candeur ou la spontanéité du propos dépend de la qualité des animateurs de la séance.
La tiédeur diurne de la campagne est tangible, mais ce n'est qu'un trompe-l'oeil. Il est rarissime de croiser, pendant la journée, un cortège électoral ou de constater une mobilisation sur les places publiques. Car l'enthousiasme et la frénésie vont reprendre leurs droits dès les premiers signes du coucher du soleil. Pour ne pas perdre le temps précieux qui leur est accordé à cause de la canicule, les candidats vont à la rencontre de leurs électeurs potentiels. Le porte-à-porte demeure la seule voie efficace pour s'attirer de nouveaux sympathisants. Dans la cité de Cheikh Maoulaainine, l'héritage culturel et les moeurs de la région veulent que tout candidat trouve, coûte que coûte, le temps pour passer prendre un verre de thé chez un électeur précieux dont dépend l'avenir politique. Entre-temps, les QG des différents partis politiques se mettent en branle pour mieux négocier les soirées électorales jonchées de meetings, de rassemblements populaires, de défilés motorisés et de concerts de klaxons, bousculant la quiétude des habitants d'une ville où tout le monde connaît tout le monde.
Ce n'est pas un simple concours de circonstances qui a fait que toutes les formations politiques élisent domicile Avenue Hassan II, principale artère de la ville. Loin d'être l'émanation d'une action concertée, ce choix a été dicté par les exigences du marketing politique, au grand plaisir des propriétaires des locaux transformés en QG. On se frotte déjà les mains pour la plus-value apportée par les élections. La valeur de la location a été revue à la hausse, même si ce n'est que pour une courte période. Jusqu'au jour où les urnes livreront leurs secrets. Les autres bénéficiaires de l'opération électorale sont les imprimeurs, de plus en plus convoités en ces jours de campagne. Certes, cet engouement soudain ne va pas changer leur réalité, mais il les aidera à se refaire une santé, compte tenu de la rude concurrence qui caractérise ce secteur.
Pour ce qui est des grandes affiches et autres imprimés de haute facture, puisque cela va de l'image de marque de chaque parti, les candidats font appel à l'expertise des professionnels de Laâyoune, grande métropole du Sud du Royaume. En matière de promotion et de communication, c'est une lutte sans merci à laquelle se livre l'ensemble des partis qui ont fait des jeunes leur cible privilégiée, multipliant soirées musicales mêlant rythmes hassanis et airs d'outre-mer. L'euphorie des jeunes est vivement recommandée pour attirer l'attention des autres catégories d'âge, quoique la fougue des teen-agers peut donner à des frictions entre partisans des différents camps, sans pour autant transgresser les règles de bienséance.
La chaleur de la campagne n'a pas épargné non plus les réunions des femmes, un rite bien ancré dans les pratiques locales. C'est un haut lieu pour l'échange de potins sur le déroulement de la compétition électorale. Que ce soit sous une tente, jadis, ou accroupies sur le seuil d'une maison en béton, de nos jours, les femmes meublent leurs journées en se racontant des anecdotes sur les candidats et en devisant sur l'issue du scrutin. Ces cercles féminins constituent aussi une enceinte idéale pour exprimer le soutien à un prétendant ou lieu des griefs contre un autre.
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Le groupe s'enlise dans un débat passionnant et passionné sur le scrutin et la couleur de l'éventuel vainqueur. Mais, il y a toujours quelqu'un pour ramener tout le monde à la réalité. Les attentes de gens de la cité, dont l'infrastructure laisse à désirer, qui émettent le voeu de voir émerger une élite locale pour conférer une nouvelle dynamique pour l'essor de leur ville, constituent la trame de toutes les discussions sur les communales. L'ambiance générale n'échappe pas aux polémiques entre les «pour» et les «contre» tel ou tel candidat, les «neutres» tentant de maintenir l'équilibre et éviter les débordements indésirables. L'éloquence, la candeur ou la spontanéité du propos dépend de la qualité des animateurs de la séance.
La tiédeur diurne de la campagne est tangible, mais ce n'est qu'un trompe-l'oeil. Il est rarissime de croiser, pendant la journée, un cortège électoral ou de constater une mobilisation sur les places publiques. Car l'enthousiasme et la frénésie vont reprendre leurs droits dès les premiers signes du coucher du soleil. Pour ne pas perdre le temps précieux qui leur est accordé à cause de la canicule, les candidats vont à la rencontre de leurs électeurs potentiels. Le porte-à-porte demeure la seule voie efficace pour s'attirer de nouveaux sympathisants. Dans la cité de Cheikh Maoulaainine, l'héritage culturel et les moeurs de la région veulent que tout candidat trouve, coûte que coûte, le temps pour passer prendre un verre de thé chez un électeur précieux dont dépend l'avenir politique. Entre-temps, les QG des différents partis politiques se mettent en branle pour mieux négocier les soirées électorales jonchées de meetings, de rassemblements populaires, de défilés motorisés et de concerts de klaxons, bousculant la quiétude des habitants d'une ville où tout le monde connaît tout le monde.
Ce n'est pas un simple concours de circonstances qui a fait que toutes les formations politiques élisent domicile Avenue Hassan II, principale artère de la ville. Loin d'être l'émanation d'une action concertée, ce choix a été dicté par les exigences du marketing politique, au grand plaisir des propriétaires des locaux transformés en QG. On se frotte déjà les mains pour la plus-value apportée par les élections. La valeur de la location a été revue à la hausse, même si ce n'est que pour une courte période. Jusqu'au jour où les urnes livreront leurs secrets. Les autres bénéficiaires de l'opération électorale sont les imprimeurs, de plus en plus convoités en ces jours de campagne. Certes, cet engouement soudain ne va pas changer leur réalité, mais il les aidera à se refaire une santé, compte tenu de la rude concurrence qui caractérise ce secteur.
Pour ce qui est des grandes affiches et autres imprimés de haute facture, puisque cela va de l'image de marque de chaque parti, les candidats font appel à l'expertise des professionnels de Laâyoune, grande métropole du Sud du Royaume. En matière de promotion et de communication, c'est une lutte sans merci à laquelle se livre l'ensemble des partis qui ont fait des jeunes leur cible privilégiée, multipliant soirées musicales mêlant rythmes hassanis et airs d'outre-mer. L'euphorie des jeunes est vivement recommandée pour attirer l'attention des autres catégories d'âge, quoique la fougue des teen-agers peut donner à des frictions entre partisans des différents camps, sans pour autant transgresser les règles de bienséance.
La chaleur de la campagne n'a pas épargné non plus les réunions des femmes, un rite bien ancré dans les pratiques locales. C'est un haut lieu pour l'échange de potins sur le déroulement de la compétition électorale. Que ce soit sous une tente, jadis, ou accroupies sur le seuil d'une maison en béton, de nos jours, les femmes meublent leurs journées en se racontant des anecdotes sur les candidats et en devisant sur l'issue du scrutin. Ces cercles féminins constituent aussi une enceinte idéale pour exprimer le soutien à un prétendant ou lieu des griefs contre un autre.
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