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Mariages via Internet : le désenchantement ?

«Je suis une jeune femme belle et souriante qui cherche sa moitié : un jeune homme instruit, charmant, mignon, sympa, ouvert d'esprit, compréhensif et sérieux. Si vous êtes la bonne personne, veuillez me laisser un message ».

Mariages via Internet : le désenchantement ?
Plusieurs femmes analphabètes dans le domaine de l'informatique ont appris à naviguer sur Internet rien que pour aller sur des sites de mariage ou de Chat.
C'est en ces termes qu'une internaute marocaine résume, sur un site d'annonces de mariage, les caractéristiques de son prince charmant. La toile regorge de millions d'annonces similaires, qui sont curieusement quasi-identiques.Au tout début de ce phénomène social, le « e- mariage » (que ce soit via les annonces de mariage ou les sites de discussion) faisait tabac dans la société marocaine. Les petites histoires romancées d'hommes et de femmes ayant trouvé l'âme sœur sur Internet faisaient fantasmer les jeunes filles et les femmes célibataires en quête du cavalier de leurs rêves. Plusieurs femmes analphabètes dans le domaine de l'informatique ont appris à naviguer sur Internet rien que pour aller sur des sites de mariage ou de Chat. Pour elles, l'Internet n'était bon qu'à chercher des maris.

C'était, en quelque sorte, la baguette magique capable de concrétiser leur aspiration à une vie conjugale stable et prospère. Côté hommes, pouvoir disposer d'un éventail de choix entre une pléiade de filles toutes « charmantes, souriantes, instruites et bien éduquées » était un pur bonheur. D'autre part, cette forme de mariage atypique faisait recette, surtout pour les agences matrimoniales offrant des services payants. Aujourd'hui, il paraît que ce phénomène n'a pas fait long feu et qu'une démystification générale commence à s'établir chez les femmes comme chez les hommes par rapport aux chances de succès de ces unions. Puisque « tout est bien qui finit bien », ce qui importe le plus aujourd'hui ce n'est pas de trouver un mari ou une épouse sur le net, mais plutôt de «tomber» sur la bonne personne avec laquelle on peut entretenir une liaison stable et durable. D'après Mustapha Naimi, professeur de sociologie et chercheur à l'Institut Universitaire de Recherche Scientifique à Rabat, «on ne peut pas porter de jugement sur la technique.

L'essentiel c'est la qualité de la relation elle-même qui est déterminée par une multitude de facteurs socio-économiques tels que les affinités, le travail, la capacité de s'entretenir…ce sont ces facteurs qui peuvent soit conforter le lien conjugal soit le fragiliser ». Mais force est de constater que, dans les cas de mariages «virtuels », il est fort difficile de s'assurer de la présence de ces critères chez le partenaire.
Pour Soraya, une femme approchant la trentaine, ce type de mariage a très peu de chances de réussir, et pour cause, l'échange par Internet ne permet pas une connaissance suffisante de l'autre partie. Ce constat, elle l'a puisé de ce qui se déroule dans son entourage. «Une amie à moi a fait la connaissance, via un site de rencontres, d'un ressortissant italien qui l'a épousée quelques mois après. Idem pour une autre qui s'est unie à un Espagnol.

A peine un an écoulé, les deux ont divorcé, parce qu'elles ont découvert que leurs maris n'étaient pas les hommes vertueux et irréprochables qu'ils prétendaient être », raconte Soraya. Même les plus jeunes ne se font plus d'illusions concernant les relations virtuelles.
Karim, un lycéen très averti malgré ses 18 printemps, se montre catégorique : « Pour moi, ce genre de mariage ne pourra jamais se couronner de succès puisqu'il est souvent entaché de mensonges et de promesses fallacieuses qui se volatilisent au contact de la réalité», soutient-il savamment. Et de renchérir que «Personnellement, j'entre de temps à l'autre sur des sites de Chat, mais c'est juste pour flirter ou pour tuer le temps. Si je devais un jour me marier, je n'aurais assurément pas recours à ces sites. Je prendrais pour femme une personne de mon entourage que je connais bien, par exemple une camarade d'études ou une collègue de travail, pour ne pas me faire piéger par une fille du net ».
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Connotations culturelles

Selon les statistiques d'un populaire site du mariage, la majorité écrasante des demandes de mariage publiées proviennent de femmes marocaines. On trouve là une révolution culturelle de taille, dans la mesure où les femmes sont devenues des « prétendantes » au mariage au même titre que les hommes qui avaient toujours l'habitude de prendre « le premier pas »! Une inversion des rôles qui ne peut être, pour certains, que «hchouma » et dégradante pour une femme, traditionnellement désirée et sollicitée par les hommes, et pas l'inverse. Un autre impact culturel de cette forme peu anodine de mariage consiste à la promotion, via le messenger et les annonces matrimoniales, du mariage mixte entre Marocaines et étrangers non musulmans. Les barrières de la religion, de la loi et de la société sont bravées par ces unions illicites.
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