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L'Agence évalue l'efficience et l'impact des projets soutenus

L'Agence de développement social a tenu mardi à Rabat son Conseil d'administration sous la présidence de la ministre du Développement social, de la Famille et de la Solidarité, Nouzha Skalli.

L'Agence évalue l'efficience et l'impact des projets soutenus
Plusieurs points à l'ordre du jour dont la présentation du plan d'action pluriannuel de l'Agence, le projet de budget 2009 et surtout le rapport d'évaluation de l'impact des projets soutenus par l'ADS. Pour rappel, l'Agence de développement social est un établissement à caractère public dédié à la réduction de la pauvreté et à la promotion du développement social au Maroc. Son champ d'action s'effectue dans le domaine de la formation et du renforcement des capacités des acteurs de développement local, la promotion des activités génératrices de revenus et créatrices d'emploi, l'appui au développement humain et l'accès aux services sociaux de base. Son objectif, l'amélioration des conditions de vie des populations en situation de précarité aussi bien en milieu rural qu'urbain. Le Maroc, selon les dernières statistiques, occupe le 126e rang selon l'indice de développement humain. Le taux de pauvreté nationale est de 9% avec une nette disparité entre le milieu urbain qui représente 4,8% contre 14,5% pour le milieu rural.

On mesure l'importance de la stratégie de l'Agence qui œuvre pour assurer la mise en œuvre de la stratégie de l'Etat en matière de politique de cohésion sociale et de solidarité. Il ressort du Conseil d'administration que les projets menés par l'ADS sont pertinents d'une manière générale et que les effets générés par ces projets sont globalement positifs. Le directeur, Najib Guedira, fait remarquer que les actions menées par l'Agence sont en adéquation avec la mission de celle-ci à 94%. « Nos actions répondent aux besoins et aux priorités nationales ainsi qu'aux bénéficiaires et aux partenaires institutionnels. Ainsi, 85% des projets réalisés l'ont été par les populations visées. 64% des projets recensés visaient les populations pauvres ou très pauvres », précise Najib Guedira. Toutefois, le bilan est plus nuancé quant aux approches mises en œuvre.

Les projets soutenus ne sont pas toujours pérennes. Selon le bilan, l'Agence doit poursuivre ses efforts dans le domaine de la planification des ressources humaines, de la gestion financière et de la communication notamment par une approche transversale, en particulier en favorisant la formation continue et en apportant un appui financier, technique et temporel plus conséquent aux associations et aux bénéficiaires. Assurer une meilleure collaboration entre les bénéficiaires, les porteurs de projet, les organes d'encadrement et les services délégués permettrait entre autres de favoriser la pérennisation des résultats.
Le CA s'est ensuite attaché au Plan d'action pluriannuel qui a pour objet de mettre en œuvre les orientations stratégiques de l'Agence en conformité avec la politique économique et sociale de l'Etat et les axes prioritaires du ministère du Développement social, de la Famille et de la Solidarité.

Dans ce sens, l'Agence a adopté un nouveau programme pluriannuel de 4 ans (2009-2012) axé essentiellement sur le renforcement des capacités et les activités génératrices de revenus et d'emplois. L'Agence poursuit, donc, sa contribution à l'amélioration des niveaux de vie des populations dans le besoin à travers l'accroissement des revenus et l'augmentation d'opportunités d'emplois.
Elle appuie et accompagne les petits producteurs. Elle soutient la création des micro-entreprises individuelles à destination des jeunes, renforce les mécanismes de financement de proximité. Par ailleurs, l'action de l'Agence se focalise, depuis 2007, sur le renforcement des capacités des collectivités locales en matière de planification et de gestion, à travers le programme PADEST (Programme d'appui au développement stratégique territorial).

L'Agence a également pour objectif l'amélioration des capacités du tissu associatif grâce au programme TAKWIA (programme de renforcement des capacités locales et d'appui aux initiatives communautaires), institué depuis 2008. L'implication de l'Université dans ce processus de développement des territoires fait aussi partie des actions stratégiques fortement soutenues par l'ADS. Il apparaît, à l'issue de ce CA que l'Agence a réorienté son action vers l'animation des territoires pour mieux répondre aux priorités de la stratégie sociale du gouvernement, aux besoins de la mise en œuvre de l'INDH, et à la volonté de convergence de l'action des opérateurs intervenant dans le développement social et l'INDH.
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«Travailler pour devenir inutile»

Interview • Najib Guedira,
Directeur de l'Agence de développement social

L'audit de l'ADS est globalement positif mais il apparaît que les projets ne sont pas toujours pérennes.

Ce n'est pas un constat de faillite de projets, c'est que nous ne disposions pas de suffisamment de moyens pour suivre les projets sur le long terme. Nous avons prévu cette étape dans notre manuel de procédure qui s'appelle la phase de mise en valeur. Malheureusement, jusqu'à présent, nous n'avions que 6 coordinations régionales et chaque coordinateur devait chapeauter 2 à 3 régions et gérer pas moins d'une centaine de projets sur le terrain. Aujourd'hui, nous comptons pallier ce problème par un travail de diagnostic et la réalisation d'une monographie pour étudier ce que sont devenus les projets soutenus par l'ADS. Pour ce faire, nous avons passé une convention de partenariat avec plusieurs universités dont celles de Rabat et d'Agadir qui seront chargées de cette étude. A partir de ce diagnostic, nous mettrons en place un plan d'accompagnement des partenaires dont les associations et les coopératives afin de rectifier le tir et de remettre des projets sur les rails, le cas échéant pour répondre au mieux à ce souci de pérennisation.

Vous développez l'approche filière, s'agissant des activités génératrices de revenus. Qu'entendez-vous par là ?

Les activités génératrices de revenus sont un des axes prioritaires de l'ADS. J'estime, pour ma part, qu'on ne peut pas lutter contre la pauvreté sans créer de richesses. De ce fait, on doit repenser les actions de développement. Les petits producteurs locaux sont souvent isolés en amont et en aval. Ils ne maîtrisent ni leur input, ni leur output. Plutôt que de travailler sur des projets éclatés, nous avons pris le parti de travailler sur des filières locales qui se positionnent sur une province ou une localité, comme pour le produit de l'arganier. La territorialisation des filières, c'est travailler sur des productions locales qui auront un impact direct et révèlent une compétence, une qualité et une plus-value qui profitera au petit producteur et qui lui fera sentir qu'il a la haute main sur son territoire et sur son devenir.

La mission de l'ADS a évolué vers l'animation du territoire. En quoi cela consiste-t-il ?

Au début, nous étions un organisme de financement de projet. Après l'avènement de l'INDH, l'argent était attribué aux projets tous azimuts qui n'apportaient pas la preuve de leur efficacité. Nous n'avons fait que répondre à un besoin. Le plus important en l'espèce était le renforcement des capacités des acteurs locaux (les élus, le acteurs communaux) par le programme Padest et l'accompagnement technique et de gestion des associations par le programme Takwia. Nous avons mené une expérience pilote à Aït Oula (près de Zagora). Nous leur avons appris à faire de la planification, à monter des projets qui répondent au développement communal. Aujourd'hui, cette commune réalise un excédent de 700 mille dirhams annuels. Nous apportons « cette bonne parole » sur 400 communes rurales. Ce chiffre devrait passer à 1.000 d'ici la fin de l'année et être élargi à toutes les communes d'ici 2011. Sur 12 provinces que nous couvrons, toutes devraient bénéficier de notre accompagnement technique et financier d'ici 2012. Nous menons une politique participative. Notre credo est de travailler pour devenir inutile. On doit enseigner aux autres un savoir-faire qui doit les rendre autosuffisants et vous rendre, in fine, inutile.
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