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«Hollywood et les Arabes», une histoire de… haine!

«Il faut tuer tous ces enfoirés!», lance le héros Samuel Jackson pour conclure «en beauté» le film hollywoodien «Règles d'engagement».

«Hollywood et les Arabes», une histoire de… haine!
«Les enfoirés» en question sont les Arabes qu'ils soient enfants, femmes ou hommes. Aussi surprenants que choquants, ces propos ne sont pas la seule expression d'une haine tenace et d'un racisme séculaire que véhicule volontiers la production hollywoodienne. Et ceci depuis ses débuts muets et jusqu'à ses films les plus récents. C'est le professeur Jack Shaheen, bien épaulé par le réalisateur Sut Jhally, qui met à nu cette propagande historique à travers un documentaire bien étoffé. Ce film inédit a été présenté par la télévision canadienne dans le cadre de l'émission «Zone Doc» et il circule librement en ce moment sur Internet.
«Hollywood et les Arabes» est le fruit du visionnage averti de plus d'un millier de films américains: des films muets et jusqu'aux superproductions contemporaines en passant par les oeuvres d'animation essentiellement réservées aux enfants. Expert en Moyen-Orient, consultant et auteur réputé, J. Shaheen remonte l'histoire cinématographique américaine pour dévoiler, images à l'appui, l'un de ses aspects les plus calomnieux envers les Arabes en général. Du ''cheikh'' sinistre et mégalomane et son ''harem'' de danseuses du ventre, au terroriste sanguinaire en passant par l'obsédé sexuel et malfrat stupide et incompétent… l'image de l'Arabe n'a rien de valorisant.

Le Pr. Shaheen n'hésite pas à apporter la preuve de ses différentes analyses. Piochant dans plus d'un millier de films, il propose de visionner différentes séquences dégradantes et ouvertement anti-arabes. Pour expliquer un peu l'apparition de ces stéréotypes omniprésents dans les productions hollywoodiennes, le professeur d'université rappelle trois moments cruciaux dans l'histoire des relations arabo-américaines: la fin de la Seconde Guerre mondiale et la naissance du conflit israélo-palestinien, la révolution iranienne et la naissance de l'islamophobie, la crise du pétrole aux années 80 et enfin les événements du 11 septembre qui ont complété la ''diabolisation'' de la race arabe. L'évolution historique du stéréotype arabe dans le cinéma d'Hollywood démontre aux spectateurs comment l'Arabe passe du statut du bandit bédouin et bouffon à celui du ''cheikh'' manipulateur et avide de pouvoir pour se transformer en terroriste acharné, antisémite et souvent stupide et incapable. Les super- héros américains sont toujours là pour remettre cette «sale race» à sa place et pour lui donner une bonne leçon.

«Il faut tuer tous ces enfoirés», «des terroristes sans cœur», «Je viens d'Arabie, la-bas, on te coupe l'oreille pour un ''non'' ou pour un ''oui''»… sont autant de répliques qu'on peut entendre dans des films comme «Aladin» de Disney, «Le Bûcher des vanités», «Règles d'engagement», les «James Bond», «le Diamant du Nil", «Sahara», «Le père de la mariée 2», «Gladiateurs», «Jamais plus jamais», «Chapitre deux», «Retour vers le futur», «Cannonball run 2», «Vrais mensonges», « La mort avant le déshonneur» et bien d'autres... D'ailleurs, l'auteur du film se demande, incrédule, comment de tels propos et insanités peuvent passer au grand écran sans que personne n'intervienne. Que ça soit du côté des producteurs, des acteurs, de la critique et même des spectateurs bien trop confortés dans ces clichés haineux.

Il en arrive à démontrer qu'Hollywood se fait la porte-parole du gouvernement américain. Le documentaire cite Jack Valenti, ex-conseiller à la Maison-Blanche du temps de Lyndon Johnson et ex- président de la Motion Picture Association of America (MPAA), qui décrit cette anomalie en ces termes exacts: «Washington et Hollywood ont le même code génétique, le même ADN». C'est dire le lien étroit existant entre la politique américaine au Moyen-Orient et l'industrie cinématographique des USA. Un éclairage logique sur un dérapage qui a trop duré.
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La femme arabe aussi...

La femme arabe n'est pas épargnée, elle aussi, par la machine déshumanisante d'Hollywood. Après la danseuse du ventre légèrement vêtue et à la vertu légère et la femme du ''harem'' bien soumise, elle devient subitement une grande terroriste sans cœur n'hésitant pas à ''tuer'' qui que ce soit bloquant son chemin. Quand elle n'est pas une criminelle confirmée, elle met un voile «menaçant», cela si elle ne porte pas une ''moustache répugnante''! La femme arabe n'est pas mieux lotie que son compagnon et les exemples cités par Shaheen le démontrent. Du mythe à la phobie en passant par toutes les formes de racisme et de dénigrement, le cinéma d'Hollywood ne laisse qu'un petit espace aux films neutres qui montrent l'Arabe sur son meilleur jour ou plutôt sur sa vraie nature d'être humain. «Marrakech Express», «Paradise now» et quelques rares films ont montré à travers l'histoire les «seuls bons Arabes» comme les décrit le documentaire. Ce dernier préfère prendre fin sur une note positive en incitant les spectateurs à la réflexion active sur les fruits de la plus grande opération de propagande jamais vue dans l'histoire. D'après le professeur Shaheen, les manœuvres caricaturales d'Hollywood ont forcément des conséquences sociales, politiques et humaines. Il lance ainsi un appel à la nouvelle génération des cinéastes pour dépasser la paranoïa américaine et montrer l'Arabe sans avilissement ni dénigrement gratuits.
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