Y a-t-il quelqu'un qui peut, mieux que Sa Majesté le Roi Mohammed VI, exprimer l'amertume de ce qu'il convient d'appeler la désaffection arabe face au drame de nos frères palestiniens ? Y a-t-il, en effet, un projet cohérent et mobilisateur qui réponde au défi de ce début d'année, que le gouvernement d'Israël a jeté aux pays arabes avec l'insolence et la puissance de feu que l'on sait ? Y a-t-il enfin une infime cohésion sur laquelle, décantée des calculs opportunistes, s'articulerait avec un tant soit peu de succès une action concertée du Golfe à l'Atlantique ? A-t-on été en mesure, pendant les vingt-deux jours écoulés, de mettre fin aux massacres par Israël des populations civiles et innocentes, et surtout de mettre une sourdine aux dissensions interarabes et un terme à la cacophonie ?
Sa Majesté le Roi Mohammed VI a pris la décision personnelle de ne pas prendre part personnellement aux travaux du Sommet arabe extraordinaire de Doha, ni non plus à celui organisé à Koweït. Le premier était consacré exclusivement à la situation en Palestine et le second à la situation économique arabe, avec un examen en plus de la tragédie de la Palestine.
La décision royale a été exposée longuement dans le cadre d'un communiqué officiel rendu public par le Cabinet Royal. Il traduit la position personnelle de Sa Majesté le Roi, de la même manière et avec la même pédagogie que lors de la crise avec l'Espagne, lorsqu'il y a un an le Roi Juan Carlos avait pris la décision de se rendre à Sebta et Mellilia. La position de S.M. Mohammed VI procède, comme le souligne le communiqué, de « motivations objectives et de considérations regrettables, face à une situation arabe affligeante ayant atteint un stade de dégradation sans précédent dans l'histoire de l'action arabe commune ».
D'emblée, le ton est donné. Un ton de lucidité et de cohérence. Dans le grand mercato des leaderships qui se bousculent au portillon arabe, c'est une valse de manœuvres et de retournements. Elle relève du pathétique et, on l'a vu, le gouvernement israélien – tout à son arrogance – n'a pas attendu que les Arabes rattrapent leur retard en cohésion, enterrent leurs graves dissensions pour décider de la fin des frappes, comme il l'a fait pour décider des opérations le 27 décembre dernier. L'agression israélienne, qui a constitué une véritable guerre contre un peuple démuni, a illustré non seulement la perplexité des pays arabes, mais leur division profonde.
Ce sont davantage les rues arabes que les gouvernements, notamment qui se prévalent de la proximité de la Palestine et n'ont de cesse de téléguider ses choix, qui semblent apporter le soutien inestimable, parfois symbolique, à mains nues mais avec des voix porteuses à la cause palestinienne. Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Président du Comité Al Qods, a été le tout premier chef d'Etat arabe a réagir le lendemain des premiers bombardements israéliens contre Gaza. Non content de dénoncer les violences ainsi perpétrées, il en a appelé aux Nations unies, aux dirigeants arabes pour y mettre fin. Et dans le même mouvement de condamnation, il a demandé l'arrêt immédiat des bombardements, l'ouverture des points de passage et, surtout, ordonné au gouvernement de mobiliser notre diplomatie au niveau des instances, arabes d'une part, internationales de l'autre.
Le Souverain ne s'est pas limité à cette forme d'action.
Il a donné ses hautes instructions afin que le Maroc accueille immédiatement les blessés palestiniens, à l'hôpital militaire et le CHU Avicenne de Rabat notamment, il a ensuite continué à suivre, pas à pas, plus près que n'importe quel autre, l'évolution des événements en Palestine, ordonné que des médicaments, des vivres et un soutien constant soient apportés aux populations de la Palestine. Une vaste entreprise de mobilisation s'est déployée à partir du Royaume du Maroc, mettant en place un véritable pont aérien, témoignage d'une solidarité agissante officielle, décrétée par Sa Majesté Mohammed VI, digne du Maroc, inscrite dans notre culture et dans notre tradition. C'est peu dire qu'elle est spontanée parce qu'enracinée dans le credo de notre attachement et notre identité arabe et islamique. Elle n'obéit à aucun calcul politique.
Il convient de rappeler que, parallèlement à cette mobilisation, une série de manifestations populaires sont venues relayer en quelque sorte l'action officielle. Des marches se sont déployées à Rabat, à Casablanca, dans toutes les villes du Royaume, en somme pour dénoncer l'agression israélienne, exiger le retrait immédiat de Gaza des armées d'occupation et l'instauration d'un Etat palestinien indépendant. Au niveau de toutes les composantes du pays, femmes, travailleurs, écoles et lycées, c'est un même mouvement de soutien multiforme. Il n'est pas jusqu'aux missions d'enseignement étranger- pourtant neutres-, comme le Lycée Descartes à Rabat dont les élèves, impliqués dans la même dénonciation, qui n'aient appelé, lors d'une marche, à l'arrêt des violences israéliennes et crié « ONU, où es-tu ? ». Il n'est pas non plus jusqu'aux Juifs marocains qui n'aient officiellement exprimé leur solidarité avec les victimes innocentes ainsi que « leur inquiétude pour la suite du processus indispensable qui devait depuis des années mener à la paix entre les enfants d'Abraham ».
Le Maroc porte depuis des lustres la douleur du peuple de Palestine, le soutien qu'il apporte à ce dernier ne souffre d'aucune ambiguïté. Il est constant et agissant. Sa Majesté le Roi Mohammed VI, monté en première ligne toujours, ne cesse d'en appeler régulièrement la communauté internationale à prendre ses responsabilités pour mettre en œuvre une solution juste et durable, équitable et basée sur la coexistence pacifique de deux Etats indépendants, reconnus et vivant en harmonie. Tant qu'une telle exigence, qui ne sacrifie ni à l'emphase ni à un tropisme quelconque, n'aura pas été assimilée dans les consciences des uns et des autres, la situation restera d'autant plus figée que le peuple palestinien demeurera doublement victime : des surenchères de dirigeants arabes enclins à instrumentaliser la question palestinienne et de l'agressivité d'Israël prompt à creuser les larges dissensions interarabes.
L'agression contre Gaza de janvier 2009 n'a pas son équivalent en violences, ni non plus en transgression manifeste de l'éthique humanitaire par un Etat militaire. Elle constitue également le pendant déplorable des turpitudes et des manœuvres dilatoires de gouvernements et de « leaders » arabes pathétiques. Jamais cacophonie n'a illustré l'incapacité des Etats et gouvernements arabes à donner d'eux- mêmes autre chose que l'image de divergences, de dissensions, d'opportunisme notoire pour certains qui, au prétexte d'agir en faveur de la Palestine, instrumentalisent ni plus ni moins sa tragédie à des fins de leadership régional, n'hésitant guère à jouer au « tout va ! », à exposer les populations, les enfants, les femmes et les vieillards aux chars israéliens…C'est, entre autres, ce que le Maroc, par la voix de son Roi, ne cesse de dénoncer.
Sa Majesté le Roi Mohammed VI a pris la décision personnelle de ne pas prendre part personnellement aux travaux du Sommet arabe extraordinaire de Doha, ni non plus à celui organisé à Koweït. Le premier était consacré exclusivement à la situation en Palestine et le second à la situation économique arabe, avec un examen en plus de la tragédie de la Palestine.
La décision royale a été exposée longuement dans le cadre d'un communiqué officiel rendu public par le Cabinet Royal. Il traduit la position personnelle de Sa Majesté le Roi, de la même manière et avec la même pédagogie que lors de la crise avec l'Espagne, lorsqu'il y a un an le Roi Juan Carlos avait pris la décision de se rendre à Sebta et Mellilia. La position de S.M. Mohammed VI procède, comme le souligne le communiqué, de « motivations objectives et de considérations regrettables, face à une situation arabe affligeante ayant atteint un stade de dégradation sans précédent dans l'histoire de l'action arabe commune ».
D'emblée, le ton est donné. Un ton de lucidité et de cohérence. Dans le grand mercato des leaderships qui se bousculent au portillon arabe, c'est une valse de manœuvres et de retournements. Elle relève du pathétique et, on l'a vu, le gouvernement israélien – tout à son arrogance – n'a pas attendu que les Arabes rattrapent leur retard en cohésion, enterrent leurs graves dissensions pour décider de la fin des frappes, comme il l'a fait pour décider des opérations le 27 décembre dernier. L'agression israélienne, qui a constitué une véritable guerre contre un peuple démuni, a illustré non seulement la perplexité des pays arabes, mais leur division profonde.
Ce sont davantage les rues arabes que les gouvernements, notamment qui se prévalent de la proximité de la Palestine et n'ont de cesse de téléguider ses choix, qui semblent apporter le soutien inestimable, parfois symbolique, à mains nues mais avec des voix porteuses à la cause palestinienne. Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Président du Comité Al Qods, a été le tout premier chef d'Etat arabe a réagir le lendemain des premiers bombardements israéliens contre Gaza. Non content de dénoncer les violences ainsi perpétrées, il en a appelé aux Nations unies, aux dirigeants arabes pour y mettre fin. Et dans le même mouvement de condamnation, il a demandé l'arrêt immédiat des bombardements, l'ouverture des points de passage et, surtout, ordonné au gouvernement de mobiliser notre diplomatie au niveau des instances, arabes d'une part, internationales de l'autre.
Le Souverain ne s'est pas limité à cette forme d'action.
Il a donné ses hautes instructions afin que le Maroc accueille immédiatement les blessés palestiniens, à l'hôpital militaire et le CHU Avicenne de Rabat notamment, il a ensuite continué à suivre, pas à pas, plus près que n'importe quel autre, l'évolution des événements en Palestine, ordonné que des médicaments, des vivres et un soutien constant soient apportés aux populations de la Palestine. Une vaste entreprise de mobilisation s'est déployée à partir du Royaume du Maroc, mettant en place un véritable pont aérien, témoignage d'une solidarité agissante officielle, décrétée par Sa Majesté Mohammed VI, digne du Maroc, inscrite dans notre culture et dans notre tradition. C'est peu dire qu'elle est spontanée parce qu'enracinée dans le credo de notre attachement et notre identité arabe et islamique. Elle n'obéit à aucun calcul politique.
Il convient de rappeler que, parallèlement à cette mobilisation, une série de manifestations populaires sont venues relayer en quelque sorte l'action officielle. Des marches se sont déployées à Rabat, à Casablanca, dans toutes les villes du Royaume, en somme pour dénoncer l'agression israélienne, exiger le retrait immédiat de Gaza des armées d'occupation et l'instauration d'un Etat palestinien indépendant. Au niveau de toutes les composantes du pays, femmes, travailleurs, écoles et lycées, c'est un même mouvement de soutien multiforme. Il n'est pas jusqu'aux missions d'enseignement étranger- pourtant neutres-, comme le Lycée Descartes à Rabat dont les élèves, impliqués dans la même dénonciation, qui n'aient appelé, lors d'une marche, à l'arrêt des violences israéliennes et crié « ONU, où es-tu ? ». Il n'est pas non plus jusqu'aux Juifs marocains qui n'aient officiellement exprimé leur solidarité avec les victimes innocentes ainsi que « leur inquiétude pour la suite du processus indispensable qui devait depuis des années mener à la paix entre les enfants d'Abraham ».
Le Maroc porte depuis des lustres la douleur du peuple de Palestine, le soutien qu'il apporte à ce dernier ne souffre d'aucune ambiguïté. Il est constant et agissant. Sa Majesté le Roi Mohammed VI, monté en première ligne toujours, ne cesse d'en appeler régulièrement la communauté internationale à prendre ses responsabilités pour mettre en œuvre une solution juste et durable, équitable et basée sur la coexistence pacifique de deux Etats indépendants, reconnus et vivant en harmonie. Tant qu'une telle exigence, qui ne sacrifie ni à l'emphase ni à un tropisme quelconque, n'aura pas été assimilée dans les consciences des uns et des autres, la situation restera d'autant plus figée que le peuple palestinien demeurera doublement victime : des surenchères de dirigeants arabes enclins à instrumentaliser la question palestinienne et de l'agressivité d'Israël prompt à creuser les larges dissensions interarabes.
L'agression contre Gaza de janvier 2009 n'a pas son équivalent en violences, ni non plus en transgression manifeste de l'éthique humanitaire par un Etat militaire. Elle constitue également le pendant déplorable des turpitudes et des manœuvres dilatoires de gouvernements et de « leaders » arabes pathétiques. Jamais cacophonie n'a illustré l'incapacité des Etats et gouvernements arabes à donner d'eux- mêmes autre chose que l'image de divergences, de dissensions, d'opportunisme notoire pour certains qui, au prétexte d'agir en faveur de la Palestine, instrumentalisent ni plus ni moins sa tragédie à des fins de leadership régional, n'hésitant guère à jouer au « tout va ! », à exposer les populations, les enfants, les femmes et les vieillards aux chars israéliens…C'est, entre autres, ce que le Maroc, par la voix de son Roi, ne cesse de dénoncer.
