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Stevie Wonder : «L'Afrique est le berceau de l'humanité»

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Quand on lui pose la question sur le secret de sa longévité sur la scène musicale, Stevie Wonder a, sans fioritures, le mot juste : « Ma longévité s'explique surtout par l'engagement que j'ai pris envers la musique et les gens. » Une belle expression qui résume, en fait, un état d'esprit qui a toujours été celui d'un artiste à part.

Stevie Wonder : «L'Afrique est le berceau de l'humanité»
Stevie Wonder
Enragé par moment, engagé tout le temps, il s'est toujours mis, à travers ses chansons, au service de l'humain en tout être.
D'ailleurs, ce n'est pas un hasard que le mythe vivant de la musique, d'une modernité à toute épreuve, a toujours chanté la paix, l'amour et la justice. En un mot, il a chanté la Vie.

Le sens de la petite phrase avérée, il condense : «L'amour, la paix et la justice sont, à mon sens, les plus belles expressions de la vie, celles qui permettent au monde d'avancer». Et c'est cet homme qui sera parmi nous à la clôture du festival Mawazine, le 23 mai. L'artiste aux 22 Grammy Awards, qui a chanté et enchanté avec des tubes inoubliables, dont «Happy Birthday», «I Just call you to say I love you» (Oscar de la meilleure chanson originale dans le film «The Woman in Red»), a surtout ce don unique d'être un homme-orchestre. Stevie, qui a accordé au Matin un entretien en exclusivité, est à la fois auteur, compositeur et interprète.

Depuis toujours. En fait, dès sa tendre enfance, il caressera les instruments. Cela commence par le piano, avant qu'il ne se mette à l'harmonica pour passer à d'autres instruments de percussions. En jeune prodige, Wonder, natif de Saginaw au Michigan en 1950, fera de la musique sa vie, dès l'âge de 11 ans, lorsqu'il signe chez Motown sous le nom de Little Stevie Wonder. Depuis, le petit a grandi, mais n'a pas vieilli pour autant.

C'est que Stevie, contrairement à certains artistes, a cette capacité, dont il parle lui-même d'ailleurs, d'être à l'aise avec toutes les générations. Le même plaisir, dit-il, qu'il a ressenti en jouant avec John Lee Hooker, les Beatles ou Beyoncé. Plus encore, le grand Stevie ne s'empêche pas de collaborer avec des artistes hip hop et autres rappeurs. Soul ou new soul, l'homme, qui ne se prive pas de prendre des positions politiques (son soutien à Obama ou encore, plus loin, sa lutte pour que l'anniversaire de Martin Luther King soit déclaré jour férié, en sont l'une des expressions), est un produit permanent de son temps. Et c'est ce temps, dans sa diversité, dans son unité, que l'on devra retrouver le 23 mai à Rabat.

E.B.S.
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Interview : Festival mawazine stevie wonder, chanteur américain

La clôture du festival Mawazine promet de rester dans les annales de l'événement. L'icône de la soul music, Stevie Wonder, couronné par vingt-deux Grammy Awards en cinq décennies de carrière, illuminera la scène de Olm Souissi. De “You're the sunshine of my life” à “Happy Birthday”, en hommage à Martin Luther King, Stevie Wonder a toujours communié à travers ses chansons avec la paix, l'amour et un engagement profond pour la justice entre les peuples. Cet artiste unique nous a accordé un entretien en avant-première d'une prestation certainement inoubliable.

Le Matin : Vous avez une carrière incroyable depuis près de 50 ans, marquée par des succès mondiaux indémodables…Quel est votre secret de longévité ?

Stevie Wonder :
Ma longévité s'explique surtout par l'engagement que j'ai pris envers la musique et les gens. Enfant, lorsque j'étais sous contrat avec la Motown, je n'avais aucune idée de la façon dont les choses allaient évoluer. En jouant ma musique et en chantant mes chansons, je sentais que j'existais véritablement. C'était un vrai amusement ! Je voulais absolument en faire mon métier, même si je n'ai jamais considéré la musique comme un travail ! Cela reste toujours un plaisir, une expression, une occasion de m'exprimer.

La paix, l'amour, la justice ont toujours été vos thèmes de prédilection depuis vos débuts. Pourquoi cela vous tient-il tellement à cœur ?

La vie et l'amour sont inséparables. Comment vivre l'un sans l'autre ? De la même manière, vivre en paix et subir en même temps une situation d'injustice sont incompatibles. L'injustice provoque la douleur et la haine. L'amour, la paix et la justice sont, à mon sens, les plus belles expressions de la vie, celles qui permettent au monde d'avancer.

Vous avez activement soutenu Barack Obama pendant les élections ? Quelle est sa force ?

La force d'Obama réside dans la vérité qu'il exprime, mais aussi dans son engagement. C'est un président qui ne parle pas des choses, mais qui veut d'abord faire les choses. Je trouve cela exceptionnel chez lui. Il souhaite réaliser, dans la mesure du possible, les engagements qu'il a pris pour apporter le changement. C'est aussi ce que les jeunes du monde entier réclament aujourd'hui, et pas uniquement aux États-Unis. Car percevoir le réel, ce que chacun vit, est bien le plus important. Nous, les Afro-Américains, descendants des Africains, devons garder en mémoire que toute personne, qu'elle soit blanche, noire, jaune, appartient à une même civilisation qui a émané de l'Afrique, car l'Afrique est le berceau de l'humanité. L'élection d'Obama ne marque pas seulement l'histoire et l'image des Noirs, mais symbolise avant tout l'arrivée de nouvelles personnes avec un nouvel esprit. Pendant de longues périodes, les gens vivaient dans la peur, ils se demandaient ce qui se passerait si leur président n'était pas chrétien, s'il était contre le mariage de même sexe… pensant que cela les conduirait à la damnation ! En réalité, nous sommes d'abord des personnes individuelles, et chacun de nous doit rendre compte de ses actes devant Dieu, le Seigneur que nous servons. Lorsque nous parlons de l'espace et du temps dans lequel nous vivons, nous parlons d'abord des gens, appartenant à différentes ethnies et qui souhaitent tous voir le monde se réunir dans la paix et l'unité.

Vous êtes une icône du label Motown, une maison de disques mythique, qui, il y a 50 ans déjà, rêvait d'une nouvelle Amérique, à travers la musique noire…

Oui, au début, l'engagement du créateur [NDLR : Berry Gordy] était d'accomplir un rêve. Nous avions en quelque sorte le même. Barack Obama, lui aussi, a eu un rêve et une vision qui se sont réalisés.

Selon vous, à quel point le 11 septembre a-t-il brisé ce rêve et le mode de relations entre les gens, aux États-Unis comme dans le monde ?

À tout moment, des personnes peuvent détruire, dévaster, cela est souvent le résultat d'un certain manque de compréhension entre les gens. La haine envers quiconque, où que ce soit dans le monde, quelles que soient les origines ou la religion, est dans tous les cas fatale. Ceux qui prétendent accomplir des actes violents au nom de Dieu ou au nom d'Allah se trompent, car Dieu n'est ni haine ni destruction. Ils utilisent la religion de façon injustifiée. Toute personne qui dissémine la haine, qu'elle soit chrétienne, juive, hindouiste, bouddhiste ou musulmane, ne fait pas honneur à sa croyance.

Vos racines africaines ont toujours beaucoup compté dans votre musique. La diversité ethnique présente aujourd'hui en Afrique et les conflits qu'elle engendre sont-ils un frein au développement du continent ?

L'Afrique a énormément de potentiels, c'est un continent qui, à lui seul, est un berceau de civilisation. L'Afrique a tout pour devenir un continent leader !

Vous avez collaboré avec de nombreux et
prestigieux artistes, comment percevez-vous
la jeune génération ?


Effectivement, j'ai pris autant de plaisir à jouer avec John Lee Hoocker, les Beatles, ou encore Beyoncé, car tous les styles de musiques me rendent heureux. Je suis un amoureux de la musique, elle est au centre de ma vie depuis l'âge de 11 ans. J'apprécie beaucoup la musique actuelle, soul ou new soul. Je ressens une grande fraîcheur et une grande excitation. J'ai également collaboré avec des artistes hip hop et je le ferai encore sans hésitation.

Une nouvelle génération de musiques et de musiciens façonne aussi le Maroc d'aujourd'hui, le saviez-vous ?

Malheureusement, je n'ai encore aucune idée de ce qui se passe au Maroc, mais je suis très impatient de le découvrir.

C'est un grand honneur de vous recevoir sur le festival Mawazine. Est-ce votre premier concert en Afrique ?

Non, j'ai déjà joué au Nigeria, au Ghana, en Afrique du Sud, à l'occasion de la célébration de l'anniversaire de Nelson Mandela. Je me suis également produit lors du lancement de la radio et de la télévision africaine. Les choses se passent quand elles se passent et toute nouvelle expérience m'enrichit. En 2009, j'aurai le plaisir de visiter le Maroc pour la première fois et ce sera un grand moment.
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