Une occasion de découvrir deux univers plastiques aussi originaux qu'impressionnants où une certaine affinité artistique rassemble ces deux jeunes femmes talentueuses. Tout semble lier ces deux artistes et pourtant chacune d'elles a su se forger un style à part, bien personnel. Contemporaines à souhait, profondément créatives et friandes de monochromie, Safaa Erruas et Jamila Lamrani savent conjuguer leur art au féminin.
Leur rencontre prend les allures d'une conversation intime, d'un échange livré sur le ton de la confidence. Chuchotement artistique, Safaa et Jamila dévoilent leurs secrets avec une délicatesse déroutante. Leurs œuvres respectives racontent leur histoire, leur évolution et leur quête picturale. Toutes deux construisent leurs univers sur la monochromie ou plutôt cette absence poétique de couleurs. Si Safaa sublime la virginité du blanc immaculé, Jamila, elle, est séduite par la charge émotionnelle du noir. Le beau contraste des deux œuvres a été à l'origine de cet intitulé original «Code/Barre» proposé par les artistes elles-mêmes.
Ni peinture, ni sculpture… le travail d'Erruas impressionne, déroute pour séduire enfin par son originalité. Cette fée de la toile ne manque pas d'idées pour exalter un blanc injustement traité de plat. Ses œuvres sont indéniablement habitées par une présence féminine. Son travail rappelle l'univers intime des femmes marocaines. Perles, fils, gazes, soie, aiguilles ou lames de rasoir…Erruas revalorise ses petits objets en leur inventant une nouvelle vie qui n'a rien d'ordinaire. On comprend alors que, pour cette artiste, la matière est au centre de la recherche artistique. Jeu de superpositions, couture, suspension, collages… les éléments dénichés par l'artiste se trouvent une autre signification, s'emboîtent pour broder le canevas d'une histoire à part que nous raconte Erruas avec beaucoup de grâce. Si son style reste assez indéfinissable, il n'est pas toutefois ordinaire. «Il ne s'agit pas pour moi de s'inscrire dans un style bien défini. Je fais de l'expression plastique sans me limiter à une seule technique (peinture, installation, photographie...). Je crée des œuvres par nécessité d'expression.
Je choisis mes éléments de travail et mes supports de présentation selon un besoin qui peut être formel ou esthétique ou purement émotionnel et instinctif», analyse-t-elle auparavant. Personnalisée à volonté, sa signature est désormais caractérisée et reconnaissable. Omniprésence du blanc, cohabitation d'éléments acérés (lames, rasoirs…) et tendres (coton, gaze…)… ce sont là les traits principaux de son œuvre et surtout ses outils de communication. «C'est mon langage !», résume-t-elle. Un langage qu'elle enrichit sans cesse en puisant dans les pratiques féminines de la culture marocaine, telles la broderie ou la couture. Jamila Lamrani serait l'alter ego de Safaa Erruas. Chez cette native d'Al Houceima, la féminité de son art s'exprime ouvertement et sans complexe. Perles fines, fils de soie, fibres de laine, teintures de satin… c'est un univers marqué par la douceur auquel des éléments audacieux viennent s'ajouter. Papiers d'aluminium, boules de papier, papillons apportent tous une touche bien fantaisiste au monde de représentation de Lamrani.
Si le noir et autre gris prédominent son œuvre, le blanc lui vient pour transcender cette bichromie courageusement assumée. Les fils noirs qui s'emmêlent expriment la complexité d'une œuvre et d'une histoire chargée de secrets. Les zones de lumière qui parsèment les travaux de Lamrani se présentent comme des clairières laissant entrevoir un bout de son âme et de sa féminité. Sa discrétion remarquable est trahie avec grâce par ces «lapsus» plastiques qui vont guider le spectateur à travers une œuvre parfois «broussailleuse». Pourtant, quelque chose d'indéfinissable dans le travail de Jamila laisse croire qu'elle veut jouer avec celui qui regarde son œuvre, qu'elle lui lance un petit défi sur un ton du badinage. Serait-il ce damier qu'on surprend en filigrane sur nombre de ses travaux ? Ou seraient-ce ces sortes de labyrinthes sous-jacentes ? En tout cas, impossible d'y échapper et de ne pas se laisser prendre dans son jeu si féminin.
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Safaa Erruas, elle, est née en 1976 à Tétouan. Diplômée de l'Institut des beaux-arts de Tétouan, elle entre de plein fouet dans le monde de l'art en développant une démarche originale. Son travail est marqué par le blanc qui symbolise, selon elle, absence, immatérialité, transparence, fragilité, voire lieu du possible. Elle expose au Maroc et à l'étranger. Ses dernières expositions ont eu lieu en Allemagne, en Egypte, en Belgique, en Angleterre, en Italie et en Espagne. Elle vit et travaille à Tétouan.
Leur rencontre prend les allures d'une conversation intime, d'un échange livré sur le ton de la confidence. Chuchotement artistique, Safaa et Jamila dévoilent leurs secrets avec une délicatesse déroutante. Leurs œuvres respectives racontent leur histoire, leur évolution et leur quête picturale. Toutes deux construisent leurs univers sur la monochromie ou plutôt cette absence poétique de couleurs. Si Safaa sublime la virginité du blanc immaculé, Jamila, elle, est séduite par la charge émotionnelle du noir. Le beau contraste des deux œuvres a été à l'origine de cet intitulé original «Code/Barre» proposé par les artistes elles-mêmes.
Ni peinture, ni sculpture… le travail d'Erruas impressionne, déroute pour séduire enfin par son originalité. Cette fée de la toile ne manque pas d'idées pour exalter un blanc injustement traité de plat. Ses œuvres sont indéniablement habitées par une présence féminine. Son travail rappelle l'univers intime des femmes marocaines. Perles, fils, gazes, soie, aiguilles ou lames de rasoir…Erruas revalorise ses petits objets en leur inventant une nouvelle vie qui n'a rien d'ordinaire. On comprend alors que, pour cette artiste, la matière est au centre de la recherche artistique. Jeu de superpositions, couture, suspension, collages… les éléments dénichés par l'artiste se trouvent une autre signification, s'emboîtent pour broder le canevas d'une histoire à part que nous raconte Erruas avec beaucoup de grâce. Si son style reste assez indéfinissable, il n'est pas toutefois ordinaire. «Il ne s'agit pas pour moi de s'inscrire dans un style bien défini. Je fais de l'expression plastique sans me limiter à une seule technique (peinture, installation, photographie...). Je crée des œuvres par nécessité d'expression.
Je choisis mes éléments de travail et mes supports de présentation selon un besoin qui peut être formel ou esthétique ou purement émotionnel et instinctif», analyse-t-elle auparavant. Personnalisée à volonté, sa signature est désormais caractérisée et reconnaissable. Omniprésence du blanc, cohabitation d'éléments acérés (lames, rasoirs…) et tendres (coton, gaze…)… ce sont là les traits principaux de son œuvre et surtout ses outils de communication. «C'est mon langage !», résume-t-elle. Un langage qu'elle enrichit sans cesse en puisant dans les pratiques féminines de la culture marocaine, telles la broderie ou la couture. Jamila Lamrani serait l'alter ego de Safaa Erruas. Chez cette native d'Al Houceima, la féminité de son art s'exprime ouvertement et sans complexe. Perles fines, fils de soie, fibres de laine, teintures de satin… c'est un univers marqué par la douceur auquel des éléments audacieux viennent s'ajouter. Papiers d'aluminium, boules de papier, papillons apportent tous une touche bien fantaisiste au monde de représentation de Lamrani.
Si le noir et autre gris prédominent son œuvre, le blanc lui vient pour transcender cette bichromie courageusement assumée. Les fils noirs qui s'emmêlent expriment la complexité d'une œuvre et d'une histoire chargée de secrets. Les zones de lumière qui parsèment les travaux de Lamrani se présentent comme des clairières laissant entrevoir un bout de son âme et de sa féminité. Sa discrétion remarquable est trahie avec grâce par ces «lapsus» plastiques qui vont guider le spectateur à travers une œuvre parfois «broussailleuse». Pourtant, quelque chose d'indéfinissable dans le travail de Jamila laisse croire qu'elle veut jouer avec celui qui regarde son œuvre, qu'elle lui lance un petit défi sur un ton du badinage. Serait-il ce damier qu'on surprend en filigrane sur nombre de ses travaux ? Ou seraient-ce ces sortes de labyrinthes sous-jacentes ? En tout cas, impossible d'y échapper et de ne pas se laisser prendre dans son jeu si féminin.
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Bio croisée
Née en 1972 à Al Hociema, Jamila Lamrani obtient son diplôme à l'Institut des beaux-arts de Tétouan avant de se lancer dans des installations audacieuses, en disposant dans l'espace des matériaux simples et fragiles. Fils de soie, tissus et fibres en laine, papillons, abat-jour en soie, baguettes chinoises, teinture de satin, perles fines, papiers d'aluminium et boules de papiers constituent le monde de représentation de cette artiste. Jamila Lamrani a pris part à de nombreuses manifestations internationales, dont la prestigieuse biennale de l'art africain contemporain à Dakar. Elle vit et travaille à Rabat.Safaa Erruas, elle, est née en 1976 à Tétouan. Diplômée de l'Institut des beaux-arts de Tétouan, elle entre de plein fouet dans le monde de l'art en développant une démarche originale. Son travail est marqué par le blanc qui symbolise, selon elle, absence, immatérialité, transparence, fragilité, voire lieu du possible. Elle expose au Maroc et à l'étranger. Ses dernières expositions ont eu lieu en Allemagne, en Egypte, en Belgique, en Angleterre, en Italie et en Espagne. Elle vit et travaille à Tétouan.
