Rien de plus difficile pour eux que de faire le deuil de la vie passée avec leur mère/père délaissé(e) et de voir un «intrus» prendre leur place (chose à laquelle renvoie automatiquement la désignation de nouveau père ou de nouvelle mère). L'ambiance est envenimée dès que le beau parent met les pieds dans la résidence familiale. Tenu pour responsable de la séparation, il est décrété sur le champ persona non grata. Vite, le mouvement de révolte s'organise et les gamins n'en ratent pas une pour «envoyer se promener» le nouveau venu.
La situation prend une tournure dramatique lorsque ce dernier essaye, en toute légitimité mais à mauvais escient, d'imposer son autorité sur ses beaux enfants ou, du moins, à se faire respecter par eux. Pris en tenaille entre son conjoint et sa progéniture, le parent qui a la garde des enfants ne sait pas où donner de la tête. C'est l'éclatement assuré du nouveau ménage. Il est vrai qu'il existe bien de cas où l'on a pu éluder ce scénario funèbre, grâce notamment à la forte cohésion du couple. Une chose est pourtant sûre: pour le cas des enfants, leur accompagnement est nécessaire pour qu'ils puissent se rétablir de l'épreuve de la recomposition. Il ne faut jamais se dire que le temps fera son affaire, que l'amertume laissée par la séparation va être apaisée au fur et à mesure que les enfants s'adaptent à la nouvelle situation. C'est archi-faux. Même si l'enfant garde, vraisemblablement, son sang-froid et se montre aimable et respectueux à l'égard de son beau parent, on ne doit pas se laisser leurrer par cette sérénité apparente : n'oublions pas que les enfants excellent dans l'art de la simulation.
Ainsi, derrière le sourire imprimé sur son visage, il peut être proie à de violentes émotions qu'il n'ose pas déclarer: en particulier, il y a cette ambivalence, ô combien difficile à vivre, entre l'amour filial instinctif qu'il voue à l'autre parent biologique, et le respect et l'obéissance qu'il doit témoigner au beau parent qui s'est imposé, de facto, comme le nouveau chef de la famille.
D'où l'importance de bien préparer psychiquement le gamin à cet état de fait, au lieu de le mettre brusquement devant le fait accompli. Cette préparation passe d'abord par lui expliquer les raisons qui ont présidé à cette deuxième union (on ne peut pas vivre seul le restant de ses jours), et de le rassurer sur son statut au sein de la nouvelle famille. Il serait aussi de bon ton de lui expliquer qu'il n'est pas tenu, en vertu de la nouvelle situation, à se détacher de son parent originel. Loin de là, il peut toujours le fréquenter et entretenir de bonnes relations avec lui. Mais en parallèle, il faut lui faire reconnaître l'emprise qu'a le beau parent sur lui, du fait de sa position dans la famille, sans que cela signifie qu'il va se substituer au parent biologique. La clé de la problématique des familles recomposées peut être résumée en deux mots : trouver l'harmonie.
Entre les enfants et leur beau-père ou leur belle-mère, mais aussi à l'intérieur du couple lui-même. Le pédopsychiatre Bouchaib Karoumi est catégorique : « la bonne marche d'une famille recomposée dépend de la solidité des liens entre les conjoints. C'est en fonction de cela que l'ambiance familiale va être apaisante, rassurante ou, au contraire, source de tensions et de malaises permanents. Quand il y a une parfaite harmonie entre les adultes et une véritable envie de bâtir une nouvelle famille sur de bonnes bases, cela aidera les petits à intégrer le beau parent ».
Somme toute, former une famille recomposée c'est refaire toute une vie, intégrer de nouveaux partenaires et trouver de nouveaux équilibres.
Le défi c'est surtout de savoir se projeter dans l'avenir sans pour autant dénigrer le passé, pour aménager un espace familial et affectif où chacun trouve son compte et où il fait bon vivre.
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La demi fratrie : le bellicisme s'installe
La situation prend une tournure dramatique lorsque ce dernier essaye, en toute légitimité mais à mauvais escient, d'imposer son autorité sur ses beaux enfants ou, du moins, à se faire respecter par eux. Pris en tenaille entre son conjoint et sa progéniture, le parent qui a la garde des enfants ne sait pas où donner de la tête. C'est l'éclatement assuré du nouveau ménage. Il est vrai qu'il existe bien de cas où l'on a pu éluder ce scénario funèbre, grâce notamment à la forte cohésion du couple. Une chose est pourtant sûre: pour le cas des enfants, leur accompagnement est nécessaire pour qu'ils puissent se rétablir de l'épreuve de la recomposition. Il ne faut jamais se dire que le temps fera son affaire, que l'amertume laissée par la séparation va être apaisée au fur et à mesure que les enfants s'adaptent à la nouvelle situation. C'est archi-faux. Même si l'enfant garde, vraisemblablement, son sang-froid et se montre aimable et respectueux à l'égard de son beau parent, on ne doit pas se laisser leurrer par cette sérénité apparente : n'oublions pas que les enfants excellent dans l'art de la simulation.
Ainsi, derrière le sourire imprimé sur son visage, il peut être proie à de violentes émotions qu'il n'ose pas déclarer: en particulier, il y a cette ambivalence, ô combien difficile à vivre, entre l'amour filial instinctif qu'il voue à l'autre parent biologique, et le respect et l'obéissance qu'il doit témoigner au beau parent qui s'est imposé, de facto, comme le nouveau chef de la famille.
D'où l'importance de bien préparer psychiquement le gamin à cet état de fait, au lieu de le mettre brusquement devant le fait accompli. Cette préparation passe d'abord par lui expliquer les raisons qui ont présidé à cette deuxième union (on ne peut pas vivre seul le restant de ses jours), et de le rassurer sur son statut au sein de la nouvelle famille. Il serait aussi de bon ton de lui expliquer qu'il n'est pas tenu, en vertu de la nouvelle situation, à se détacher de son parent originel. Loin de là, il peut toujours le fréquenter et entretenir de bonnes relations avec lui. Mais en parallèle, il faut lui faire reconnaître l'emprise qu'a le beau parent sur lui, du fait de sa position dans la famille, sans que cela signifie qu'il va se substituer au parent biologique. La clé de la problématique des familles recomposées peut être résumée en deux mots : trouver l'harmonie.
Entre les enfants et leur beau-père ou leur belle-mère, mais aussi à l'intérieur du couple lui-même. Le pédopsychiatre Bouchaib Karoumi est catégorique : « la bonne marche d'une famille recomposée dépend de la solidité des liens entre les conjoints. C'est en fonction de cela que l'ambiance familiale va être apaisante, rassurante ou, au contraire, source de tensions et de malaises permanents. Quand il y a une parfaite harmonie entre les adultes et une véritable envie de bâtir une nouvelle famille sur de bonnes bases, cela aidera les petits à intégrer le beau parent ».
Somme toute, former une famille recomposée c'est refaire toute une vie, intégrer de nouveaux partenaires et trouver de nouveaux équilibres.
Le défi c'est surtout de savoir se projeter dans l'avenir sans pour autant dénigrer le passé, pour aménager un espace familial et affectif où chacun trouve son compte et où il fait bon vivre.
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La demi fratrie : le bellicisme s'installeEn règle générale, la relation avec les demi-frères et les demi-sœurs est moins difficile à gérer que la relation avec le beau parent, étant donné le lien de sang qui les unit. Mais cela n'empêche que l'étiquette «enfants de l'autre» soit collée à la fratrie issue d'un autre mariage. Vite, les disputes vont surgir et la maison familiale va se transformer en une scène de combat divisée en deux camps. De telles frictions sont particulièrement déroutantes pour le parent «commun»: il est amené à prendre parti pour ou contre l'un de ses enfants, auxquels il voue un amour équitable. Il importe, dans ce cas de figure, d'instaurer un modus vivendi au sein de la famille où chacun est conscient de cette réalité: malgré nos différences, nous formons une famille soudée où chacun est traité sur un même pied d'égalité, et qu'on a tous intérêt à préserver. Bien entendu, le nouveau conjoint doit se montrer à la hauteur de ce projet familial et faire preuve d'équité envers ses beaux enfants.
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ExplicationDocteur Bouchaib Karoumi • pédopsychiatre
«Le succès dépend de la solidité des liens des familles»
La situation de la famille recomposée, est-elle toujours une source de problèmes ?
Non, pas forcément. Il est vrai que la situation d'une famille recomposée est un peu particulière puisqu'elle suppose une cohabitation difficile entre des enfants issus de couples différents. Mais particulière ne veut pas dire source de problèmes ou de tensions. Grosso modo, le succès d'un tel ménage dépend de la solidité des liens entre les adultes qui est le ciment de la nouvelle famille. C'est en fonction de ces données que l'ambiance familiale va être soit apaisante, soit génératrice de tensions et de malaises. Il faut aussi penser à laisser un certain temps entre la séparation et la recomposition, afin de pouvoir évaluer l'importance de la blessure chez chaque enfant, voir comment il la vit et comment il y réagit.
Comment préparer le terrain à l'arrivée du beau-parent ?
Sans doute, l'arrivée du nouveau conjoint est un moment assez sensible qu'il faut préparer de manière appropriée. C'est en fonction de l'âge de l'enfant que l'introduction progressive du beau parent au sein de la famille doit se faire. A cet égard, le parent qui détient la garde a un rôle très important à jouer pour faciliter le contact et la relation entre les enfants et leur beau-parent. Celui-ci doit prendre sa place à part entière dans cette nouvelle configuration de la famille, il est appelé à s'impliquer positivement dans la vie de ses beaux-enfants. A vrai dire, c'est un processus qui prend du temps et qui s'avère douloureux : l'enfant reste toujours cramponné à l'espoir du retour de son parent biologique. Cet espoir est complètement anéanti lorsque son père ou sa mère s'allie à une autre personne.
Quelle place occupe le parent biologique dans une famille recomposée ?
Il faut savoir que lorsqu'on est parent, on l'est à vie. Un parent a toujours un rôle à jouer, quelles que soient les circonstances. Pour que ce rôle soit positif, il faut savoir séparer les conflits entre adultes de tout ce qui a trait aux enfants. En d'autres termes, savoir séparer son statut de parent de celui d'« ex ». Cela ne rend service à personne de dire du mal de l'ancien conjoint et d'essayer de souiller son image chez les petits. Au contraire, il faut songer à faciliter la tâche du parent qui vit avec les enfants, il est même souhaitable d'avoir un certain recul, sans pour autant prendre trop de distance par rapport aux enfants. Entre ingérence et démission, il faut trouver le juste milieu.
ExplicationDocteur Bouchaib Karoumi • pédopsychiatre
«Le succès dépend de la solidité des liens des familles»
La situation de la famille recomposée, est-elle toujours une source de problèmes ?Non, pas forcément. Il est vrai que la situation d'une famille recomposée est un peu particulière puisqu'elle suppose une cohabitation difficile entre des enfants issus de couples différents. Mais particulière ne veut pas dire source de problèmes ou de tensions. Grosso modo, le succès d'un tel ménage dépend de la solidité des liens entre les adultes qui est le ciment de la nouvelle famille. C'est en fonction de ces données que l'ambiance familiale va être soit apaisante, soit génératrice de tensions et de malaises. Il faut aussi penser à laisser un certain temps entre la séparation et la recomposition, afin de pouvoir évaluer l'importance de la blessure chez chaque enfant, voir comment il la vit et comment il y réagit.
Comment préparer le terrain à l'arrivée du beau-parent ?
Sans doute, l'arrivée du nouveau conjoint est un moment assez sensible qu'il faut préparer de manière appropriée. C'est en fonction de l'âge de l'enfant que l'introduction progressive du beau parent au sein de la famille doit se faire. A cet égard, le parent qui détient la garde a un rôle très important à jouer pour faciliter le contact et la relation entre les enfants et leur beau-parent. Celui-ci doit prendre sa place à part entière dans cette nouvelle configuration de la famille, il est appelé à s'impliquer positivement dans la vie de ses beaux-enfants. A vrai dire, c'est un processus qui prend du temps et qui s'avère douloureux : l'enfant reste toujours cramponné à l'espoir du retour de son parent biologique. Cet espoir est complètement anéanti lorsque son père ou sa mère s'allie à une autre personne.
Quelle place occupe le parent biologique dans une famille recomposée ?
Il faut savoir que lorsqu'on est parent, on l'est à vie. Un parent a toujours un rôle à jouer, quelles que soient les circonstances. Pour que ce rôle soit positif, il faut savoir séparer les conflits entre adultes de tout ce qui a trait aux enfants. En d'autres termes, savoir séparer son statut de parent de celui d'« ex ». Cela ne rend service à personne de dire du mal de l'ancien conjoint et d'essayer de souiller son image chez les petits. Au contraire, il faut songer à faciliter la tâche du parent qui vit avec les enfants, il est même souhaitable d'avoir un certain recul, sans pour autant prendre trop de distance par rapport aux enfants. Entre ingérence et démission, il faut trouver le juste milieu.
