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Les inondations du Gharb vues du ciel

Les inondations du Gharb vues du ciel
Du haut de l'hélicoptère « Puma » que le ministère de l'Intérieur a mobilisé pour la presse, mercredi 11 février afin de constater de visu les effets des inondations au Gharb, le spectacle est toujours désolant notamment pour les habitants des zones inondées. Des champs sont submergés par des eaux boueuses à perte de vue, des maisons encore au milieu des crues et des axes routiers coupés.
Si Rabat et sa région ont été épargnées grâce au barrage Moulay Mohamed Ben Abdellah, à Sidi Slimane et Machraâ Belkciri, la situation est très sensible.

Les terres sont saturées au point que quelques parcelles sont ensevelies entièrement sous l'eau. Le barrage d'El Kansra qui a dépassé un taux de remplissage de 114%, un niveau jamais atteint auparavant, a provoqué le débordement des oueds Sebou et Beht. Les affluents de ces deux fleuves ont, ainsi, quitté leur lit. Plusieurs sections du réseau routier ont été couvertes à Sidi Allal Tazi, Mograne, Machraâ Belkciri… Les routes provinciales relevant du cercle de Sidi Slimane ont été également coupées.

Les campagnes, désertées en grande partie par leurs habitants, ont été les plus endommagées. Quelques habitants tentent de reprendre le rythme de leur vie normale. En témoignent les fumées qui se dégagent de temps à autre des fours traditionnels et les troupeaux qui apparaissent dans quelques douars. Des enfants défient aussi la nature en jouant en toute innocence au milieu des flaques d'eau.

Quelques kilomètres plus loin, le barrage El Wahda, une source de souci pour les habitants d'El Mjaâra à Kénitra, est quasi-remplie et enregistre un important débit de déversement. Selon les chiffres du secrétariat d'Etat de l'eau et de l'environnement, il s'agit d'un déversement de 1.500 m3/s alors que le débit que reçoit le barrage est de 5.600 m3/S.
Un message rassurant est adressé à la population de la région : « La zone expropriée qui fait partie du domaine hydraulique est encore épargnée », signale le directeur de la recherche et de la planification de l'eau au secrétariat d'Etat de l'eau et de l'environnement, Majid BenBiba.

Celui-ci tient un discours tranquillisant. La situation est exceptionnelle et rappelle les années soixante. Mais, ce n'est pas pour autant que le Maroc baisse les bras. On intensifie, en effet, les préparatifs pour une autre éventuelle exception puisqu'on ne peut jamais confirmer que le risque est dépassé. Ce responsable explique que les dégâts ont été atténués grâce aux barrages mis en place : « Nous avons vécu une période éprouvante. Mais, je peux dire qu'il n'y a aucun indice d'inquiétude au niveau des barrages. Nous continuons de nous préparer».

Les manœuvres de gestion permettent de préserver les barrages. Cependant, il est y a lieu de signaler qu'on ne peut jamais prétendre à une protection totale. Le système mis en place permet de diminuer les effets de la catastrophe. L'absence de cas de décès en dépit de l'ampleur des inondations du Gharb prouve l'efficacité de la stratégie des barrages : « Cela nous a permis de prévenir les gens à temps pour évacuer leurs maisons. Combien d'habitations ont été détruites sans qu'il y ait aucun mort ? », Les images vues du ciel montrent qu'il reste encore du temps pour que la vie reprenne son cours normal. Imprévues, les inondations ont causé d'énormes dégâts à commencer par l'agriculture.

Connu pour son rendement agricole, la région du Gharb, notamment Sidi Slimane, devra cette année se contenter d'une campagne en deçà des prévisions du début de la saison. Selon le ministère de l'Agriculture, les débordements des oueds ainsi que les eaux stagnantes provenant des pluies ont engendré l'inondation de près de 80.000 hectares dont 20.000 par oued Beht et 60.000 hectares par oued Sebou. Les céréales sont les cultures les plus endommagés. Mais le département de tutelle se veut être rassurant en estimant que les cultures en place au niveau des parcelles touchées par les inondations ne sont pas totalement perdues. L'état végétatif de certaines cultures telles que la betterave à sucre, la canne à sucre, le bersim et les plantations fruitières sera redressé suite aux éclaircies actuelles et au ressuyage des sols ainsi que par une fertilisation adéquate. On invite également les agriculteurs à procéder à une culture de printemps,
notamment le maïs fourrager, le tournesol, la tomate industrielle et les cultures maraîchères.
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Protection

Le phénomène des inondations au Maroc a commencé à être ressenti plus fortement durant les deux dernières décennies. Selon le secrétariat d'Etat de l'eau et de l'environnement, en définitive, rares sont les cas où la prévention seule suffit, tandis que des espaces inondables ont été délibérément occupés.

Il est nécessaire de les protéger. Pour ce faire, le SEE a adopté une approche participative et concertée pour l'établissement du Plan national de protection contre les inondations (PNI). Le PNI a permis d'identifier 390 centres prioritaires dont le traitement sera réalisé avant l'échéance 2020. Son coût élevé (25 milliards de DH) et l'inexistence encore de financement approprié ne permettent guère d'aller plus vite. Ce plan traite de dispositions relatives à la protection de l'habitat, des infrastructures, des équipements industriels….

Il consacre une part non négligeable à la restauration des cours d'eau par curage et traitement des berges, à la sauvegarde des zones humides et des zones d'épandage, au stockage des apports à l'amont chaque fois que possible pour préserver la ressource ou pour soutenir l'étiage ou encore pour restaurer les écoulements originels.
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