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L'intelligence les rend-elle heureux ?

C'est avec beaucoup de fierté que Aïcha parle de son petit de 6 ans qui résout plusieurs opérations de calcul mental en un temps record. Sans étonnement, elle se souvient que son génie précoce avait commencé à s'exprimer comme un grand et à différencier les couleurs quand il était âgé d'à peine 8 mois.

L'intelligence les rend-elle heureux ?
Sans doute, ils sont rares mais ils existent. Surdoués, génies, précoces... autant de mots pour parler de la même catégorie d'enfants, à savoir celle de ces brillantissimes écoliers qui en étonnent plus d'un, et décrochent haut la main d'excellents résultats scolaires au grand dam de leurs concurrents. Et curieusement, ils peuvent être des cancres en classe et briller dans d'autres domaines qui «font bouger les neurones». Assurément, ces «cerveaux ambulants» totalisent, à eux seuls, un quotient intellectuel (QI) de 130, selon les dires des savants. Toutefois, concernant la catégorie des «brillants en classe, rêveur ailleurs», leur intelligence n'est pas chose anodine, car elle peut malheureusement être la cause de la jalousie de leurs camarades. Le plus souvent, ces jeunes écoliers sont solitaires ou ont peu d'amis vu qu'ils ne trouvent pas toujours chaussure à leur pied ou qu'ils cherchent encore à se retrouver. Ce constat est d'autant plus inquiétant que beaucoup de psychologues se demandent si l'intelligence rend-elle toujours heureux.

De ce fait, il faudrait «dépister» très tôt cette précocité et la développer pour en faire un atout, au lieu d'en faire un handicap qui risque de pousser le petit à se recroqueviller dans une bulle déconnectée du monde. Pour ainsi dire, l'avenir de ces enfants, a priori pas comme les autres, dépend de l'accompagnement de leurs parents et de la sympathie de leur environnement immédiat en général. Pour résumer la stratégie idéale en une devise : «Ne pas pousser le petit précoce à être la victime de la magie de ses neurones».Cependant, il importe de savoir, encore plus, pourquoi l'enfant surdoué n'est-il pas automatiquement brillant à l'école: «Les enfants qui présentent un QI dans la bonne moyenne ont certes beaucoup plus de facilité à l'école.

En ce qui concerne les enfants qui ont un QI supérieur à 130, dits surdoués ou précoces, ils accumulent des savoirs importants dans des domaines particuliers et impressionnent les adultes autour d'eux», explique le Docteur Ghizlane Benjelloun, responsable de l'unité de psychiatrie de l'enfant à l'hôpital CHU Ibn Rochd à Casablanca. Néanmoins, à force de vouloir ressembler aux élèves «ordinaires», la majorité de ces petits précoces finissent souvent par «descendre de leur piédestal», et c'est leur avenir qui en pâtit grandement. Cette manière de voir est chérie par la spécialiste : «Les écoliers précoces ont des stratégies cognitives différentes des autres enfants mais qui ne sont pas automatiquement synonymes de réussite scolaire, car ils finissent parfois par lâcher prise, et préfèrent s'intégrer au lieu de finir leurs jours solitaires.

Ce n'est donc pas un hasard si quasiment le tiers des enfants précoces seulement arrive au lycée!» Autrement dit, ces écoliers ne sont pas épargnés des dérapages et doivent créer à tout prix un équilibre entre l'école et leur vie quotidienne.
Décidément, la vie psycho-émotionnelle de ces prodiges n'est pas toujours facile à vivre, car en plus d'être victimes de leur propre savoir ils ont constamment besoin d'être épaulés et encouragés et non excessivement jalousés, voire haïs… «L'enfant surdoué présente souvent une instabilité émotionnelle et des troubles du comportement qui lui jouent de mauvais tours en cour de récréation à titre d'exemple. Ainsi, il a du mal à se faire des amis durables et est souvent perçu comme trop savant. Par conséquent, l'enfant-phénomène décide de discuter davantage avec les adultes, car justement, ceux-ci ont l'air d'être plus intéressants et plus instruits», affirme la pédopsychiatre Ghizlane Benjelloun.

En outre, il existe, favorablement, des génies altruistes. Ceux-ci ne prennent pas facilement «la grosse tête» face au moindre succès et savent gagner l'amitié et l'estime de leurs camarades de classe. Cette catégorie de précoces ont compris la recette idéale de toute intégration réussie: «parler de ses ressentis et s'intéresser à ses pairs et à leurs activités aide l'enfant précoce à s'intégrer», comme le dit si bien la spécialiste. Somme toute, pour répondre à la problématique "l'intelligence rend-elle heureux", les spécialistes insinuent que celle-ci ne peut contribuer au bien-être de cet enfant extrêmement sensible, que quand ce dernier se sent aimé.
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Chaque précoce est unique

Indubitablement, la prise en charge des enfants précoces est de loin une très grande polémique. Plusieurs questions se faufilent à l'horizon: Faut-il les placer dans des classes adaptées? Ont-ils des besoins affectifs particuliers? Doit-on se comporter avec eux d'une manière différente?... Et la liste des interrogations reste encore plus longue. Effectivement, beaucoup d'études se sont penchées sur le phénomène des génies en herbe, mais très peu de psychologues en connaissent l'origine. Tout ce que les spécialistes savent pour le moment c'est qu'elle est en partie génétique. D'ailleurs, les parents surdoués ont plus de chance d'avoir une progéniture qui leur ressemble. Un grand nombre de pédopsychiatres confirme que ces enfants sont hypersensibles et qu'il faut gérer leur émotionnel sans pour autant tomber dans les excès ni dans le favoritisme au sein de la famille. Somme toute, il importe d'ajouter que chaque enfant précoce est unique de par ses particularités et sa fragilité… inutile donc de vouloir mettre tous ces enfants-vedettes dans le même sac!
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