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«La clé de voûte de mes albums, c'est le respect»

Hussain El Jasmi, une des plus belles voix de la chanson khalijia, a confessé son grand amour pour la chanson marocaine lors de son passage à Mawazine.

«La clé de voûte de mes albums, c'est le respect»
Le Matin : Vous devez le secret de votre réussite à cette voix si particulière qui vous caractérise ?

Hussain El Jasmi :
Ma voix est un atout mais c'est surtout un don de Dieu. Je dirais donc que mon succès je le dois à mon amour pour Dieu, mon amour pour mon public mais également à la dimension de respect dans laquelle je m'inscrit et qui sous-tend toutes mes relations aux autres. La clé de voûte de tous mes albums, c'est ce sentiment de respect.

Votre transformation physique ne risque-t-elle pas de nuire à votre image ?

Je ne crois pas. Je souffrais d'obésité. C'est un véritable problème de santé. C'est même devenu chez moi une pathologie. J'avais atteint 114 kg. Il était urgent que je me reprenne en main pour continuer à mener à bien ma carrière artistique mais aussi ma vie privée. Et puis, selon moi, ça participe d'un respect pour mon public. Aujourd'hui, je me sens mieux dans mon corps et forcément dans ma tête et je suis plus en mesure de servir mon art.

Vous appréciez particulièrement la musique marocaine dont vous vous inspirez dans vos chansons...

Je suis membre du Syndicat des artistes marocains et à ce titre je me dois de participer à la défense de la chanson marocaine. De plus, c'est un honneur pour moi de représenter l'art et la chanson marocains car j'en suis particulièrement féru. Je passe mon temps à chanter les standards marocains comme Najat Aatabou même si je ne comprends pas les paroles (il se met à entonner magnifiquement «A loulid a loulid» devant un auditoire subjugué). Les voix marocaines ont un timbre et une couleur uniques. J'ai d'ailleurs interprété «Wadlali», «Rejee liya», «Djewej magalha liya»... Malheureusement, je n'ai pas encore réalisé de duo avec des artistes marocains mais ça ne saurait tarder.

Les artistes du Moyen-Orient se produisent sans difficulté chez nous mais l'inverse est moins vrai. Qu'en pensez-vous ?

Détrompez-vous ! Nous recevons beaucoup d'artistes marocains dans le Golfe car on adore la chanson marocaine. Nous recevons aussi beaucoup de jeunes lors de festivals ou d'événements artistiques. Toutefois, on peut s'interroger sur le fait que certains artistes marocains adoptent le rythme et la langue égyptiens ou libanais auquel cas, ce sont ces artistes qu'il faudrait interroger. La défaillance vient de ces mêmes artistes et non des pays du Golfe. En tout état de cause, je ne m'explique pas ce parti pris car la musique marocaine a une valeur inestimable. Votre patrimoine doit impérativement être préservé pour les générations futures et les artistes doivent être conscients de leur rôle dans ce sens.
La chanson marocaine doit également bénéficier d'un plan marketing pour être mieux exportée.

Allez-vous composer pour les artistes qui vous l'ont demandé ?

Je suis très honoré de cette demande mais je ne suis pas sûr de pouvoir composer pour les autres. Je n'ai composé que pour deux artistes au tout début de ma carrière. Je suis plus à l'aise dans mon rôle d'interprète et de joueur d'orgue. Je sais que Shirine est sur les rangs. Elle m'a demandé de composer pour elle. C'est une amie en plus d'être une artiste accomplie. Et je suis plus que flatté qu'elle place sa confiance en moi mais je ne suis pas sûr de pouvoir être à la hauteur de sa demande et de celle des autres artistes, car pour écrire des chansons, il faut épouser véritablement la tessiture de voix.

Que nous réserve votre dernier album et quand sort-il ?

Le dernier album est en phase de finition. J'ai énormément travaillé dessus car j'apporte beaucoup de nouveautés. Je continue dans le style hadrami que mon public apprécie beaucoup et qui est, comme vous le savez, une musique populaire, traditionnelle à l'origine chantée par les bédouins mais qui conserve un caractère très poétique. J'ai décidé de marier ce style à des tonalités musicales d'autres régions comme le flammenco. Cela donne quelque chose d'inattendu mais de particulièrement réussi que mon public appréciera, j'en suis sûr.

Comment peut-on conserver sa spécificité d'artiste dans cette profusion de talents à laquelle on assiste aujourd'hui ?

En ce qui me concerne, j'essaie de chanter vrai. Je ne retranscris que ce que je connais et toujours dans le cadre du respect et de l'amour de mon public. Ce qui fait la qualité d'un artiste, c'est sa longévité. On aspire tous à cette consécration suprême car c'est la marque de l'estime que peut vous porter votre public mais aussi vos pairs. Aussi, le choix du répertoire, l'art de se renouveler, d'intégrer d'autres influences et le rapprochement avec les autres artistes sont autant de «matières précieuses» qui participent de cette longévité.
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Itinéraire d'un enfant gâté

Superstar de la variété orientale, cet Emirati est entré dans l'univers de la chanson en poussant la porte du concours «Layali Dubaï» à la fin des années 90, raflant le premier prix du Golfe. S'en suit une glorieuse décennie riche de trois albums et deux vidéo-clips co-signés par le réalisateur Ahmad Al Mehdi pour les titres «Bouaâdak» et «Wasseghr Alfarah». Les titres «Bawadaâk» et «Walla ma Yesswa» ont été érigés au rang de chansons éternelles par la Bibliothèque musicale de Tunis. Son répertoire, souvent romantique avec des accents jazzy, reprend aussi parfois des standards de chaâbi marocain.
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