Le Liban se considère comme un des pays les plus avancés du Moyen-Orient. Mais sur la scène politique, l'absence des femmes fait tache. On voit, certes, des femmes cadres dans le privé, mais le pouvoir politique leur échappe encore. Les Libanaises jouissent du droit de vote depuis 1953. À ce jour, dans un pays où règnent les dynasties politiques et le patriarcat, elles peinent encore à entrer en politique. Et si malgré tout elles y accèdent, c'est “en noir”, c'est-à-dire pour reprendre une place laissée vacante par un parent (homme) décédé. Il en est ainsi de Myrna Boustani, devenue à la mort de son père la première députée, et de Nayla Mouawad, entrée à l'assemblée, après être devenue la veuve d'un ancien président. Mais ce n'est pas tout. Lorsqu'une femme politique est élue à l'assemblée sans le secours de la tragédie - comme ce fut le cas de Bahia Hariri en 1992, bien avant l'assassinat de son frère Rafic, qui fut cinq fois Premier ministre — encore faut-il qu'elle soit d'une famille riche et traditionnellement ancrée dans la vie politique. Autant dire qu'il est impossible à une self-made woman, indépendante, d'entrer dans l'arène politique.
Malheureusement, le problème de la participation des femmes à la vie politique n'a été qu'effleuré lors des élections du 7 juin. Ce scrutin, le plus chèrement disputé depuis des années, a vu la victoire de l'Alliance du 14 mars sur une opposition conduite par le Hezbollah. Mais, sur les 587 candidats, 12 seulement étaient des femmes, soit un maigre 2 %. Pire encore : de ces 12 candidates, quatre seulement - Nayla Tueni, Bahia Hariri, Strida Geagea et Gilberte Zwein — ont trouvé une place parmi les 128 membres de l'assemblée. Il faut en outre préciser qu'elles viennent toutes les quatre de grandes familles politiques. L'instabilité du pays dans le passé a beaucoup fait pour étouffer les voix appelant à la parité. Cependant, sur les douze derniers mois, qui ont été plus calmes, ces voix sont devenues plus fortes et plus insistantes, notamment lors d'une campagne visant à modifier la législation sur la nationalité, notoirement discriminatoire, qui interdit aux Libanaises mariées à des non Libanais de transmettre leur nationalité à leur mari et à leurs enfants. De fortes pressions se sont également exercées sur Beyrouth pour modifier les lois sur le statut de la personne, elles aussi discriminatoires, et pour prendre en main le problème de la violence contre les femmes.
Mais, pendant cette dernière campagne électorale, jamais le pays n'a été plus proche d'un débat national sur le rôle des femmes en politique que lors de la guerre des maximes. Le Courant Patriotique Libre (opposition), parodiant la maxime “Sois belle et tais-toi”, a sorti une affiche “Sois belle et vote”, tandis que l'Alliance du 14 mars réagissait par une autre affiche “Sois égale et vote”. Il est clair que les partis voulaient attirer les électrices, mais la façon dont ils entendent faire avancer la cause des femmes est beaucoup moins évidente. Les femmes ne pourront véritablement accéder à la gouvernance du Liban que si le pays renonce à son système actuel, figé et sectaire, pour passer à une méritocratie laïque. La commission nationale chargée en 2005 de rédiger la nouvelle loi électorale avait lancé l'idée d'un quota de 30 % de femmes, proposition qui fut rejetée. Si les partis voulaient sincèrement que la parité devienne réalité, ils pourraient aisément imposer des quotas volontaires dans leurs propres structures, pour assurer une présence minimum de femmes tant dans les élections internes aux partis que dans les scrutins nationaux.
De fait, le Liban a l'obligation d'éliminer la discrimination fondée sur le sexe. Ayant en 1990 amendé sa constitution pour intégrer la Déclaration universelle des droits de l'homme, Beyrouth doit transposer ces droits dans sa législation. C'est trop tard pour les législatives de cette année, mais avec un peu de bonne volonté une participation accrue des femmes libanaises pourrait devenir réalité, d'ici les municipales de 2010. Tant que le Liban continuera de bafouer les droits des femmes et de les empêcher de prendre leur part au processus politique, le pays ne connaîtra pas de véritable démocratie. Hommes et femmes doivent travailler ensemble pour favoriser l'accès des femmes à l'assemblée. Si, depuis 18 ans, les Libanaises ont le droit de mourir dans l'armée de leur pays, elles ont aussi sans doute le droit de participer à l'élaboration des lois qui gouvernent tous les citoyens libanais, hommes et femmes.
Source: Service de Presse de Common Ground (CGNews),
Malheureusement, le problème de la participation des femmes à la vie politique n'a été qu'effleuré lors des élections du 7 juin. Ce scrutin, le plus chèrement disputé depuis des années, a vu la victoire de l'Alliance du 14 mars sur une opposition conduite par le Hezbollah. Mais, sur les 587 candidats, 12 seulement étaient des femmes, soit un maigre 2 %. Pire encore : de ces 12 candidates, quatre seulement - Nayla Tueni, Bahia Hariri, Strida Geagea et Gilberte Zwein — ont trouvé une place parmi les 128 membres de l'assemblée. Il faut en outre préciser qu'elles viennent toutes les quatre de grandes familles politiques. L'instabilité du pays dans le passé a beaucoup fait pour étouffer les voix appelant à la parité. Cependant, sur les douze derniers mois, qui ont été plus calmes, ces voix sont devenues plus fortes et plus insistantes, notamment lors d'une campagne visant à modifier la législation sur la nationalité, notoirement discriminatoire, qui interdit aux Libanaises mariées à des non Libanais de transmettre leur nationalité à leur mari et à leurs enfants. De fortes pressions se sont également exercées sur Beyrouth pour modifier les lois sur le statut de la personne, elles aussi discriminatoires, et pour prendre en main le problème de la violence contre les femmes.
Mais, pendant cette dernière campagne électorale, jamais le pays n'a été plus proche d'un débat national sur le rôle des femmes en politique que lors de la guerre des maximes. Le Courant Patriotique Libre (opposition), parodiant la maxime “Sois belle et tais-toi”, a sorti une affiche “Sois belle et vote”, tandis que l'Alliance du 14 mars réagissait par une autre affiche “Sois égale et vote”. Il est clair que les partis voulaient attirer les électrices, mais la façon dont ils entendent faire avancer la cause des femmes est beaucoup moins évidente. Les femmes ne pourront véritablement accéder à la gouvernance du Liban que si le pays renonce à son système actuel, figé et sectaire, pour passer à une méritocratie laïque. La commission nationale chargée en 2005 de rédiger la nouvelle loi électorale avait lancé l'idée d'un quota de 30 % de femmes, proposition qui fut rejetée. Si les partis voulaient sincèrement que la parité devienne réalité, ils pourraient aisément imposer des quotas volontaires dans leurs propres structures, pour assurer une présence minimum de femmes tant dans les élections internes aux partis que dans les scrutins nationaux.
De fait, le Liban a l'obligation d'éliminer la discrimination fondée sur le sexe. Ayant en 1990 amendé sa constitution pour intégrer la Déclaration universelle des droits de l'homme, Beyrouth doit transposer ces droits dans sa législation. C'est trop tard pour les législatives de cette année, mais avec un peu de bonne volonté une participation accrue des femmes libanaises pourrait devenir réalité, d'ici les municipales de 2010. Tant que le Liban continuera de bafouer les droits des femmes et de les empêcher de prendre leur part au processus politique, le pays ne connaîtra pas de véritable démocratie. Hommes et femmes doivent travailler ensemble pour favoriser l'accès des femmes à l'assemblée. Si, depuis 18 ans, les Libanaises ont le droit de mourir dans l'armée de leur pays, elles ont aussi sans doute le droit de participer à l'élaboration des lois qui gouvernent tous les citoyens libanais, hommes et femmes.
Source: Service de Presse de Common Ground (CGNews),
