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Interview : M'jid El Guerrab, candidat français d'origine marocaine

M'jid El Guerrab, originaire de Khénifra, chargé de la communication au Sénat français pour le compte des sénateurs socialistes, est l'un des candidats pour les élections du Parlement européen au nom du parti français, le Parti socialiste (PS). M'jid El Guerrab est l'un des signataires de l'appel adressé, il y a quelques semaines, au secrétaire général du PS, Martine Aubry. Il était également parmi les meneurs de la campagne de Ségolène Royal lors des dernières élections présidentielles françaises. Dans cet entretien, il nous parle de sa candidature, de son action politique et d'autres candidats aux élections d'origine marocaine.

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LE MATIN : Parlez-nous d'abord de M'jid El Guerrab. Qui est-il ?
M'JID EL GUERRAB :
Je n'aime pas me définir, m'emboîter, me catégoriser… Mais si je devrais absolument répondre, je dirais que je suis un « Franco-maroco-berbero-cantalou » ! En un mot, Mon identité est plurielle.
Mes parents ont immigré en France dans les années 70. Fils de bûcheron, petit-fils d'un porteur d'eau, je suis né à Aurillac, sur les hauteurs du Puy Courny, dans le Cantal. Je suis fier de porter en moi, simultanément, l'héritage de l'histoire de France, le tempérament des berbères du Moyen-Atlas et le sens auvergnat des choses durables. Chose étrange, je ne parle pas très bien l'arabe, mais maîtrise parfaitement le « tamazight ». Je travaille au Sénat où je m'occupe de la communication des sénateurs socialistes.

J'ai été membre de l'équipe de campagne de Ségolène Royal en 2006-2007. Je m'investis au Maroc autant que faire ce peut. Je suis consultant honoraire dans un nouveau cabinet marocain de conseil communication institutionnelle et politique qui s'appelle : Link World Vision. Par ailleurs, actuellement, je découvre la belle et tragique histoire de la région de Khénifra, particulièrement de la Zaouïa d'Aït Ishaq, par le biais de mon association Atlas Réseau Avenir. Nous œuvrons pour le développement des villages du Moyen-Atlas. A titre d'exemple, cet été, nous y organisons un festival du 6 au 8 août.
Donc voilà, M'jid El Guerrab, c'est plusieurs cultures qui cohabitent, c'est un jeune de 26 ans qui aspire à s'investir dans la «vie publique», c'est l'un des membres de cette nouvelle génération issue de l'immigration qui vit pleinement ses appartenances multiples.

les élections pour le Parlement européen ?

Le Parlement européen, c'est une utopie qui s'est réalisée. Il est le représentant des peuples de l'Union européenne. Quand on retrace l'histoire de cette Europe qui s'est entredéchirée pendant des siècles et qui est à l'origine des deux plus grandes guerres de tous les temps, on se dit : « c'est la plus belle œuvre du XXIe siècle ! ». Une œuvre de paix.
Un projet politique fabuleux.

Il y a quelques semaines, vous aviez été parmi les signataires de l'appel adressé à la première secrétaire du PS, Martine Aubry. Pourquoi cet appel ?

Nous avions estimé qu'avec tous les bouleversements politiques qui sont survenus récemment, un grand parti progressiste comme le Parti socialiste, ne peut être à la traîne. Cet appel concernait la diversité en politique.
Nous demandions à sortir des paroles pour passer aux actes. Au PS, la diversité est naturelle, nos sections locales sont pleines de jeunes de toutes les catégories sociales et de toutes les origines, le problème est qu'elle n'arrive pas à émerger. Beaucoup de jeunes abandonnent car ils estiment avoir été «arnaqués».
La campagne que nous avons menée avec Ségolène Royal était une campagne magnifique qui parlait de cette diversité comme d'une richesse. Nous avons créé un mouvement spectaculaire d'adhésion et d'espérance dans les banlieues et chez les jeunes, le PS se devait de leur montrer qu'il avait bien reçu le message… Voilà le sens de cet appel.

Aujourd'hui-vous êtes parmi les candidats du PS pour les prochaines élections. Expliquez-nous comment est venue votre candidature ?

Je vis ma candidature comme une reconnaissance et comme une fierté. J'ai toujours pensé que l'Europe avait un sens, aujourd'hui plus que jamais. Le mandat européen est à mon sens le mandat politique le plus noble.
Il transcende parfois les clivages partisans et nationaux pour penser l'intérêt collectif en terme global. C'était un rêve que de pouvoir être candidat.
J'ai déposé ma candidature. Elle a été retenue. J'en suis heureux et je mène actuellement une campagne dans la Région Grand Centre aux côtés d'Henri Weber.

Quelles sont vos chances ?

Mes chances personnelles d'être élu sont nulles.
Sur les cinq candidats, nous pouvons remporter 2 sièges.
Il ne s'agit pas de penser d'un point de vue personnel là encore, mais collectif.
L'objectif que nous nous fixons au niveau européen est ambitieux : envoyer une majorité de gauche au Parlement.

Vous êtes d'origine marocaine, cela signifie-t-il que vous allez bénéficier des voix de la communauté marocaine en France ?

Non, je ne pense pas que cela fonctionne ainsi. En France, nous vivons dans une République qui ne reconnaît pas les groupes communautaires. J'ai une identité propre et une culture dont je suis fier, mais je ne l'utiliserai jamais pour «gagner des voix».
C'est tellement réducteur. Regarder Obama aux Etats-Unis.
Il représente un peuple dans toute sa diversité et non une «race» parmi tant d'autres. Je crois que chaque citoyen doit pouvoir transcender ses origines, sa religion et ses appartenances identitaires pour penser à l'intérêt général. Se poser la question : «aujourd'hui, en pleine crise internationale, qu'est-ce qui est le mieux pour notre société ?»

Y a-t-il d'autres candidats d'origine marocaine ?

Oui, à droite comme à gauche. Je crois savoir qu'il y a une jeune ministre du gouvernement qui se présente à droite… Vous voyez de qui je veux parler, non ? Une certaine Rachida Dati… A gauche aussi, nous avons plusieurs candidats d'origine marocaine très talentueux comme mon proche et ami Kamel Chibli, dans la région Sud-Ouest.

Les jeunes d'origines marocaines commencent à s'investir politiquement. Fait extraordinaire, pendant la campagne présidentielle de 2007, nous étions 5 personnes d'origine marocaine au sein du cabinet de Ségolène Royal : Najat Vallaud-Belkacem, Brahim Abbou, Kamel Chibli, Aziz Ridouan et moi-même. Je crois que c'était une première. C'était une ambiance chaleureuse et fraternelle. A la fin de la campagne, spontanément, nous avons demandé un entretien avec Sa Majesté Mohammed VI qui nous a tous invité l'année passée à la fête du Trône.
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