Menu
Search
Dimanche 14 Décembre 2025
S'abonner
close
Dimanche 14 Décembre 2025
Menu
Search

Les anciens abattoirs, un lieu de mémoire

Un lieu haut en symboles, les anciens abattoirs de Casablanca abritent depuis leur réouverture officielle en avril dernier un nombre varié d'événements culturels et artistiques. « Ces manifestations essayent de faire de cet espace industriel une fabrique culturelle », selon les responsables de l'association Casamémoire.

Les anciens abattoirs, un lieu de mémoire
Ces derniers assurent que « la ville tente depuis sa désaffection de trouver une nouvelle fonction à ces lieux remarquables », à ce propos diverses expertises ont été réalisées. Parmi ces actions une étude en cours de production par une société hollandaise de reconversion des friches industrielles. Actuellement, à la suite d'ateliers de réflexion, un collectif s'est mis en place. Il s'agit de faire la promotion pour un lieu réunissant les arts et la culture. Depuis leur conversion, les anciens abattoirs de Casablanca représentent un espace culturel urbain. Le but étant d'ouvrir l'espace à tout le monde et permettre à toute la population d'avoir accès à la culture. Simultanément l'association chargée de la gestion du lieu, Casamémoire organise toute une palette d'événements culturels en collaboration avec d'autres associations et acteurs. Aujourd'hui, la fabrique compte à son effectif une douzaine d'événements culturels en l'intervalle de 5 mois.En effet, c'est dans ce sens que s'inscrivent des expositions qui tissent un fil conducteur entre l'urbanisation l'architecture et la moderne. Une modernité attachée à un passé récent. Le passé et l'histoire contemporaine d'une architecture modernité créatrice d'un mouvement urbain riche au début des années 20 du siècle précédent.

C'est, exactement, sur cette période que se penche l'exposition « Le désert de la modernité, planification coloniale et ses suites », qui se déroule jusqu'au 30 novembre aux anciens abattoirs de la métropole. De fait, un véritable musée ouvert, la ville blanche est la destinée favorable de plus d'un intéressé par l'architecture contemporaine. C'est le cas de figure d'un grand nombre de commissaires. En tête de liste on peut trouver Marion von Osten, artiste et chercheur, Tom Avermaete, architecte et historien de l'architecture, et Serhat Karakayali, sociologue. Réalisée par la Haus der Kulturen der Welt Berlin, l'Académie des Beaux Arts Vienne et la TU Delft et présentée pour la première fois à Berlin, en septembre 2008, sous l'intitulé « Le désert de la modernité, Planification coloniale et ses suites ». L'exposition retrace les conditions d'une nouvelle phase de développement d'une ville qui, depuis sa naissance fit l'objet de planifications inédites et servit de terrain d'expérimentation à l'urbanisme et à l'architecture du mouvement moderne. Les recherches des trois auteurs de l'exposition mettent en évidence que les concepts et les pratiques de construction de masse ont été développés en Afrique et exportés avec l'immigration dans les banlieues en Europe. Ces expériences ont également conduit les architectes à entreprendre la critique des concepts abstraits de l'architecture moderne.

Enfin, ces zones issues de la planification deviendront aussi des lieux de conflits ou se développeront les mouvements anticolonialistes menant à l'indépendance. D'ores et déjà, les auteurs montrent la corrélation entre un mode de gouvernance et d'occupation du territoire et la planification, qui donne lieu à un urbanisme de grande envergure. Dans ce même ordre d'idées et dans les années de l'après-guerre, Casablanca se trouvait confrontée à une nouvelle vague d'immigration.

Les populations en provenance des zones rurales, attirées par les usines et l'activité de la capitale économique, nourrissent une croissance urbaine incontrôlée. Des quartiers informels constitués de logements provisoires, qui ont donné dans les années 30 naissance au terme de « bidonvilles », en périphérie de la ville. L'administration du protectorat devait y faire face. En charge à partir de 1946 de la direction de l'urbanisme, créée au début du siècle par le Maréchal Lyautey (1854-1934) et Henri Prost (1874-1959), Michel Ecochard, disciple de Le Corbusier, prévoit un plan d'extension de la ville qui inclut un ambitieux programme de construction de logements. Après avoir construit une ville européenne pour les Européens. Il s'agit maintenant de répondre aux besoins d'une population locale, arrachée, sous la pression économique, à ses racines rurales.
---------------------------------------------------------------------

Zoom sur les abattoirs

Construits sur plus de 5 hectares, les bâtiments des abattoirs sont aujourd'hui en bon état, excepté le bâtiment frigorifique détruit par un incendie datant de quelques années et dont l'accès via l'esplanade est impossible.
Et c'est, grâce à de nouveaux murs érigés qui accueillent désormais les performances des graffiteurs de la ville de Casablanca que ses habitants se réconcilient avec leur passé, leur patrimoine, et un espace longtemps délaissé.
Lisez nos e-Papers