Là aussi, comme pour tout ce qui se rapporte à la prostitution, à la traite des femmes, à l'exploitation sexuelle sous toutes ses formes et autres maux sociétaux à caractère sexuel, le dénuement revêt l'aspect de facteur accablant et déterminant. Sauf que l'on est loin de traiter de la traite des femmes, puisque la définition de la formule parle d'exploitation sexuelle d'une personne dans un pays autre que le sien. Ce qui n'est pas le cas de ce phénomène, qui ne date pas d'hier, et qui peut aisément figurer dans la liste des déviations sexuelle ou, pour faire plus soft, dans celle des fantasmes ayant franchi le seuil de l'acceptable. Des individus en quête de «virginité» ont toujours existé. La psychologie a son mot à dire là-dessus, puisque les adeptes des choses qui n'ont encore été employées à aucun usage, qui n'ont pas été exploitées par l'homme, nous ont toujours côtoyés. La différence est rapidement établie entre les uns et les autres, une fois défini l'objet de la convoitise. Celui qui insiste pour disposer d'un ordinateur flambant neuf n'a rien d'anormal, contrairement à un autre qui vit avec cette terrible obsession d'être le premier à «user» du corps d'une femme.
Car, in fine, les deux parleront «d'objet» à exploiter, à s'approprier, le premier étant dans la raison, tandis que le second ne peut être que dans le tort. Cependant, cela étant du ressort de la psychologie, il serait importun d'empiéter sur son domaine et passer à côté du constat, de ce qui se passe dans le réel, sur le terrain, à travers une plongée dans les abysses des hydres sexolâtres. Au début des années 80, la nouvelle circulait telle une traînée de poudre à travers tout le pays et avait pour épicentre la ville de Casablanca. La capitale économique était soudainement devenue le pôle d'attraction de richissimes ressortissants des pays du Golfe. Les voyages d'affaires n'étant pas leur fort, ces derniers nourrissaient des ambitions autres, celles de faire du tourisme à caractère sexuel, sans plus. Les gros billets de banque persuadant les plus irréductibles des jeunes filles, sous la pression du besoin, le degré de la débauche allait monter crescendo jusqu'à ouvrir aux bourreaux de nouveaux fronts. C'est ainsi que la diversité du choix et la disponibilité en liquidités allaient enfanter ce qu'on croyait n'être qu'un phénomène, éphémère, mais qui allait malencontreusement s'inscrire dans la durée.
En effet, le vice trouvant un terrain favorable à son épanouissement, ces clients venus d'ailleurs grossissaient leurs «cachets» afin de disposer d'une fille vierge, pour une nuit, pour assouvir cette obsession profonde citée précédemment. À l'époque, des sommes comprises entre 20.000 et 30.000 DH étaient promises aux «candidates». Une petite fortune à une époque où les smigards rêvaient de pouvoir toucher, un jour, le salaire de 1.000 DH. Les années 90 connurent une certaine accalmie quant à la «chasse à l'hymen». Une période, semble-t-il, de vaches maigres pour les rabatteurs (des deux sexes) qui mangeaient de ce pain-là. Il faut cependant reconnaître que c'était une pseudo accalmie, puisque la pratique n'a jamais cessé, elle était juste embusquée derrière le sceau de la discrétion. Aussi, faut-il le souligner, l'adoucissement des mœurs, l'ouverture sur l'occident et les profondes mutations des systèmes des valeurs ont fait que les choses passaient presque inaperçues, pour ne pas dire occultées. De nos jours, les choses n'ont vraisemblablement pas changé. Elles ont cependant bénéficié d'une série de restructurations qui font que, aujourd'hui, l'on se retrouve avec des sortes de bandes organisées et qui font les choses dans les règles de l'art.
Agadir, qui a bien fait parler d'elle et qui continue de si bien le faire en matière de prostitution, est devenue le nouveau terreau de cette dépravation à la particularité psychosociologique. En effet, les scandales à caractère sexuel ayant entaché la réputation de la capitale du Souss se sont fait échos ces dernières années. Dans le lot, le commerce de la virginité n'a pas manqué de se faire une place au soleil. Les protagonistes sont les mêmes que ceux ayant sévi à Casablanca vingt ans auparavant : des rabatteurs marocains et des clients issus du Golfe. En effet, plusieurs proxénètes se font des petites fortunes moyennant une mise à disposition de chair toute fraîche. Un véritable travail de prospection a été mis en place et selon un dispositif bien ficelé. L'un des rabatteurs, bien connu dans toute la région puisqu'il travaille principalement avec un nabab dont les allers-retours entre son pays et Agadir ne se comptent pas, a son modus operandi qui ne diffère pas de ce qui prévaut. La quête de nouvelles recrues se fait particulièrement au niveau de certains salons de coiffure, dans des night-clubs « étiquetés », voire dans des cafés. Il s'agit de dénicher la perle rare et de lui faire miroiter la coquette somme de 70.000 DH.
Toujours faut-il que la cible ait préservé l'objet de la convoitise. Une fois que toutes les conditions sont réunies, la procédure prend forme et, aussi hallucinant que cela puisse paraître, celle-ci a tout d'une démarche administrative. En effet, la candidate à la défloration à coup de milliers de DH se doit de fournir, dans un premier temps, une photo bien posée et, bien entendu, un certificat de virginité. Ces documents sont par la suite présentés au client avec preuve à l'appui quant à la « fraîcheur » de la « marchandise ». Après « acceptation » du dossier, le rabatteur contacte la candidate et la soumet à un médecin qui, semble-t-il, est « assermenté » auprès du client, pour vérification de ce qu'elle couve entre les jambes. Et ce n'est qu'une fois établi ce certificat de virginité définitif (et fiable surtout) que la jeune fille est présentée au client souffrant, visiblement, de déviation sociopathique.
Et comme chaque histoire est inéluctablement ponctuée d'anecdotes, celle relative au commerce de la virginité n'en manque pas. En effet, certaines candidates, ne disposant plus du sésame des appartements luxueux de ces clients exigeants, ces dernières recourent à la chirurgie réparatrice de l'hymen afin de décrocher la fameuse cagnotte. Il va sans dire que l'investissement en vaut largement la chandelle, puisque les retombées peuvent se chiffrer à plus de 1000%, sous réserve que le médecin « assermenté » ne découvre pas le pot aux roses.
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LE MATIN : Comment expliquer cette obsession de «disposer» de la virginité d'une fille moyennant de grosses sommes d'argent ?
ABDELKARIM BELHAJ : Compte tenu de l'imbrication de facteurs psychologiques et sociaux qui sont en jeu dans ce phénomène ayant trait à un intérêt excentrique pour disposer de la virginité d'une fille, notamment les adolescentes et les jeunes, on soupçonne que l'idée traverse l'esprit de beaucoup de mâles, autant les jeunes que les adultes ou même des vieux jusqu'à en devenir une obsession pour certains : le désir «d'être le premier» à jouir de cette possibilité, de bénéficier du privilège de visiter la chasteté. Toujours dans une logique considérant que c'est ce qu'il y a de plus précieux qu'une femme peut donner à un homme. Cette obsession qui peut prendre la forme d'une obnubilation, avec toutes les angoisses qu'elle puisse engendrer dans la perspective et la sphère du mariage. Car, la virginité, en plus de ce qu'elle représente pour la fille et le milieu social, symbolise un certain nombre de valeurs allant de la pureté, la vertu, la fertilité, l'honneur… Cependant, une telle obsession devient une véritable manie chez certains individus, et peut s'exprimer par la violence (le viol) ou le marchandage qui s'opère par «l'achat» du libre acte de «déchirer» l'hymen. Il s'agit d'une opération qui n'est pas tributaire d'engagement social comme le mariage ou psychologique comme la culpabilisation. C'est une tendance qui considère que l'argent, du moment qu'il permet, dans une perspective de pratique sexuelle irrégulière, de posséder un corps (de femme, voire aussi d'enfants), il peut permettre, aussi, tout ce qu'il y'a d'intime et de sensible. C'est une logique marchande qui commande la gestion et la pratique de la vie chez ce type d'individus, et ce, contre toute morale ou conscience qui préside l'existence humaine en société et avec ce penchant à enfreindre les règles culturelles. Par de tels actes, ces individus symbolisent une forme de prédation qui exploite la faiblesse (économique, sociale ou culturelle) de filles, abuse de leur naïveté et détruit leur innocence.
Peut-on dès lors parler de déviation sexuelle ?
Une telle manie chez des individus capables de débourser des sommes importantes d'argent est le signe d'une perversion connotée d'un sadisme camouflé. Elle est, aussi, l'objet de fantasmes sur la virginité qui l'animent jusqu'au passage à l'acte, sans que l'individu se soucie, dans un sens ou un autre, des conséquences de cet acte. Ce comportement qui a trait à un appétit démesuré pour les vierges, s'apparente à une déviation sociopathique. Ceci étant qu'elle ne se traduit pas nécessairement dans une pratique sexuelle particulière, mais qu'elle cible un acte de «dévirginisation» (si on peut s'exprimer ainsi) ou de dévirilisation. C'est-à-dire que l'importance est accordée à l'instant de prendre possession de ce qui fait la «fortune» de la jeune fille. Aussi, il y a lieu d'observer chez ces individus une attitude nourrie par une fascination pour les jeunes filles qui a trait à une forme de pédophilie, même si elle n'est pas manifeste ou déclarée, elle est dissimulée. C'est la recherche de la transgression des rites qui sont conférées à la virginité dans la société.
Pensez-vous que la chose soit propre aux seules sociétés culturellement conservatrices, ou bien le phénomène n'a-t-il pas d'identité culturelle, ethnique ou religieuse ?
On peut remarquer que c'est un phénomène qui a une certaine fréquence dans les sociétés où les traditions et la religion ont une prise sur le cours de la vie des gens. C'est en relation avec la culture du mariage, le rapport entre les sexes, les tabous qui sont réservés à la sexualité. Ce phénomène, comme bien d'autres (homosexualité, prostitution, pédophilie…), se fraie un chemin dans l'illégalité pour l'assouvissement de besoins et pour contourner les interdictions et les règles. Toutefois, ces individus porteurs de telles manies sévissent dans différentes parties de notre monde. D'autant qu'ils se déplacent vers d'autres pays qui ne sont pas les leurs, pour pouvoir exercer cette forme de commerce sexuel. Il faut dire que d'autres problèmes sont générés par ce phénomène, et qui ont donné lieu à des drames sociaux. Dans le pire des cas, on trouve des familles éclatées, des filles exclues, des candidates à la prostitution et, dans le meilleur des cas, des mariages arrangés, des opérations médicochirurgicales de réparations de l'hymen, avec tout ce que cela peut entraîner comme suspicion et mensonges. Il est très significatif le fait que la virginité soit associée au fondement de la famille et, donc, de la société. La conserver était pour beaucoup de sociétés un signe de pérennité, alors que la perdre représente une menace, voire un signe de destruction. Alors, quand on regarde de près cette manie de disposer de la virginité d'une fille, on se rend compte que les dégâts sont d'ordre multiple et qu'ils dépassent l'espace personnel de la fille en question.
Car, in fine, les deux parleront «d'objet» à exploiter, à s'approprier, le premier étant dans la raison, tandis que le second ne peut être que dans le tort. Cependant, cela étant du ressort de la psychologie, il serait importun d'empiéter sur son domaine et passer à côté du constat, de ce qui se passe dans le réel, sur le terrain, à travers une plongée dans les abysses des hydres sexolâtres. Au début des années 80, la nouvelle circulait telle une traînée de poudre à travers tout le pays et avait pour épicentre la ville de Casablanca. La capitale économique était soudainement devenue le pôle d'attraction de richissimes ressortissants des pays du Golfe. Les voyages d'affaires n'étant pas leur fort, ces derniers nourrissaient des ambitions autres, celles de faire du tourisme à caractère sexuel, sans plus. Les gros billets de banque persuadant les plus irréductibles des jeunes filles, sous la pression du besoin, le degré de la débauche allait monter crescendo jusqu'à ouvrir aux bourreaux de nouveaux fronts. C'est ainsi que la diversité du choix et la disponibilité en liquidités allaient enfanter ce qu'on croyait n'être qu'un phénomène, éphémère, mais qui allait malencontreusement s'inscrire dans la durée.
En effet, le vice trouvant un terrain favorable à son épanouissement, ces clients venus d'ailleurs grossissaient leurs «cachets» afin de disposer d'une fille vierge, pour une nuit, pour assouvir cette obsession profonde citée précédemment. À l'époque, des sommes comprises entre 20.000 et 30.000 DH étaient promises aux «candidates». Une petite fortune à une époque où les smigards rêvaient de pouvoir toucher, un jour, le salaire de 1.000 DH. Les années 90 connurent une certaine accalmie quant à la «chasse à l'hymen». Une période, semble-t-il, de vaches maigres pour les rabatteurs (des deux sexes) qui mangeaient de ce pain-là. Il faut cependant reconnaître que c'était une pseudo accalmie, puisque la pratique n'a jamais cessé, elle était juste embusquée derrière le sceau de la discrétion. Aussi, faut-il le souligner, l'adoucissement des mœurs, l'ouverture sur l'occident et les profondes mutations des systèmes des valeurs ont fait que les choses passaient presque inaperçues, pour ne pas dire occultées. De nos jours, les choses n'ont vraisemblablement pas changé. Elles ont cependant bénéficié d'une série de restructurations qui font que, aujourd'hui, l'on se retrouve avec des sortes de bandes organisées et qui font les choses dans les règles de l'art.
Agadir, qui a bien fait parler d'elle et qui continue de si bien le faire en matière de prostitution, est devenue le nouveau terreau de cette dépravation à la particularité psychosociologique. En effet, les scandales à caractère sexuel ayant entaché la réputation de la capitale du Souss se sont fait échos ces dernières années. Dans le lot, le commerce de la virginité n'a pas manqué de se faire une place au soleil. Les protagonistes sont les mêmes que ceux ayant sévi à Casablanca vingt ans auparavant : des rabatteurs marocains et des clients issus du Golfe. En effet, plusieurs proxénètes se font des petites fortunes moyennant une mise à disposition de chair toute fraîche. Un véritable travail de prospection a été mis en place et selon un dispositif bien ficelé. L'un des rabatteurs, bien connu dans toute la région puisqu'il travaille principalement avec un nabab dont les allers-retours entre son pays et Agadir ne se comptent pas, a son modus operandi qui ne diffère pas de ce qui prévaut. La quête de nouvelles recrues se fait particulièrement au niveau de certains salons de coiffure, dans des night-clubs « étiquetés », voire dans des cafés. Il s'agit de dénicher la perle rare et de lui faire miroiter la coquette somme de 70.000 DH.
Toujours faut-il que la cible ait préservé l'objet de la convoitise. Une fois que toutes les conditions sont réunies, la procédure prend forme et, aussi hallucinant que cela puisse paraître, celle-ci a tout d'une démarche administrative. En effet, la candidate à la défloration à coup de milliers de DH se doit de fournir, dans un premier temps, une photo bien posée et, bien entendu, un certificat de virginité. Ces documents sont par la suite présentés au client avec preuve à l'appui quant à la « fraîcheur » de la « marchandise ». Après « acceptation » du dossier, le rabatteur contacte la candidate et la soumet à un médecin qui, semble-t-il, est « assermenté » auprès du client, pour vérification de ce qu'elle couve entre les jambes. Et ce n'est qu'une fois établi ce certificat de virginité définitif (et fiable surtout) que la jeune fille est présentée au client souffrant, visiblement, de déviation sociopathique.
Et comme chaque histoire est inéluctablement ponctuée d'anecdotes, celle relative au commerce de la virginité n'en manque pas. En effet, certaines candidates, ne disposant plus du sésame des appartements luxueux de ces clients exigeants, ces dernières recourent à la chirurgie réparatrice de l'hymen afin de décrocher la fameuse cagnotte. Il va sans dire que l'investissement en vaut largement la chandelle, puisque les retombées peuvent se chiffrer à plus de 1000%, sous réserve que le médecin « assermenté » ne découvre pas le pot aux roses.
«Une telle manie est le signe d'une perversion connotée d'un sadisme camouflé»
Interview • Abdelkarim Belhaj Un phénomène qui se fraie un chemin dans l'illégalitéLE MATIN : Comment expliquer cette obsession de «disposer» de la virginité d'une fille moyennant de grosses sommes d'argent ?
ABDELKARIM BELHAJ : Compte tenu de l'imbrication de facteurs psychologiques et sociaux qui sont en jeu dans ce phénomène ayant trait à un intérêt excentrique pour disposer de la virginité d'une fille, notamment les adolescentes et les jeunes, on soupçonne que l'idée traverse l'esprit de beaucoup de mâles, autant les jeunes que les adultes ou même des vieux jusqu'à en devenir une obsession pour certains : le désir «d'être le premier» à jouir de cette possibilité, de bénéficier du privilège de visiter la chasteté. Toujours dans une logique considérant que c'est ce qu'il y a de plus précieux qu'une femme peut donner à un homme. Cette obsession qui peut prendre la forme d'une obnubilation, avec toutes les angoisses qu'elle puisse engendrer dans la perspective et la sphère du mariage. Car, la virginité, en plus de ce qu'elle représente pour la fille et le milieu social, symbolise un certain nombre de valeurs allant de la pureté, la vertu, la fertilité, l'honneur… Cependant, une telle obsession devient une véritable manie chez certains individus, et peut s'exprimer par la violence (le viol) ou le marchandage qui s'opère par «l'achat» du libre acte de «déchirer» l'hymen. Il s'agit d'une opération qui n'est pas tributaire d'engagement social comme le mariage ou psychologique comme la culpabilisation. C'est une tendance qui considère que l'argent, du moment qu'il permet, dans une perspective de pratique sexuelle irrégulière, de posséder un corps (de femme, voire aussi d'enfants), il peut permettre, aussi, tout ce qu'il y'a d'intime et de sensible. C'est une logique marchande qui commande la gestion et la pratique de la vie chez ce type d'individus, et ce, contre toute morale ou conscience qui préside l'existence humaine en société et avec ce penchant à enfreindre les règles culturelles. Par de tels actes, ces individus symbolisent une forme de prédation qui exploite la faiblesse (économique, sociale ou culturelle) de filles, abuse de leur naïveté et détruit leur innocence.
Peut-on dès lors parler de déviation sexuelle ?
Une telle manie chez des individus capables de débourser des sommes importantes d'argent est le signe d'une perversion connotée d'un sadisme camouflé. Elle est, aussi, l'objet de fantasmes sur la virginité qui l'animent jusqu'au passage à l'acte, sans que l'individu se soucie, dans un sens ou un autre, des conséquences de cet acte. Ce comportement qui a trait à un appétit démesuré pour les vierges, s'apparente à une déviation sociopathique. Ceci étant qu'elle ne se traduit pas nécessairement dans une pratique sexuelle particulière, mais qu'elle cible un acte de «dévirginisation» (si on peut s'exprimer ainsi) ou de dévirilisation. C'est-à-dire que l'importance est accordée à l'instant de prendre possession de ce qui fait la «fortune» de la jeune fille. Aussi, il y a lieu d'observer chez ces individus une attitude nourrie par une fascination pour les jeunes filles qui a trait à une forme de pédophilie, même si elle n'est pas manifeste ou déclarée, elle est dissimulée. C'est la recherche de la transgression des rites qui sont conférées à la virginité dans la société.
Pensez-vous que la chose soit propre aux seules sociétés culturellement conservatrices, ou bien le phénomène n'a-t-il pas d'identité culturelle, ethnique ou religieuse ?
On peut remarquer que c'est un phénomène qui a une certaine fréquence dans les sociétés où les traditions et la religion ont une prise sur le cours de la vie des gens. C'est en relation avec la culture du mariage, le rapport entre les sexes, les tabous qui sont réservés à la sexualité. Ce phénomène, comme bien d'autres (homosexualité, prostitution, pédophilie…), se fraie un chemin dans l'illégalité pour l'assouvissement de besoins et pour contourner les interdictions et les règles. Toutefois, ces individus porteurs de telles manies sévissent dans différentes parties de notre monde. D'autant qu'ils se déplacent vers d'autres pays qui ne sont pas les leurs, pour pouvoir exercer cette forme de commerce sexuel. Il faut dire que d'autres problèmes sont générés par ce phénomène, et qui ont donné lieu à des drames sociaux. Dans le pire des cas, on trouve des familles éclatées, des filles exclues, des candidates à la prostitution et, dans le meilleur des cas, des mariages arrangés, des opérations médicochirurgicales de réparations de l'hymen, avec tout ce que cela peut entraîner comme suspicion et mensonges. Il est très significatif le fait que la virginité soit associée au fondement de la famille et, donc, de la société. La conserver était pour beaucoup de sociétés un signe de pérennité, alors que la perdre représente une menace, voire un signe de destruction. Alors, quand on regarde de près cette manie de disposer de la virginité d'une fille, on se rend compte que les dégâts sont d'ordre multiple et qu'ils dépassent l'espace personnel de la fille en question.
