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Enfant maladroit : et si c'était la dyspraxie ?

Zut, mon plat! Mince, le vase de maman ! Aïe, la marche… décidément, votre enfant enchaîne les maladresses.

Enfant maladroit : et si c'était la dyspraxie ?
Ces signes peuvent annoncer un petit retard au niveau de son développement psychomoteur. «Il a deux mains gauches», voilà une expression que vous entendez souvent à propos de votre enfant. Il fait tomber la vaisselle par terre, renverse systématiquement tout sur son passage, se cogne partout, rate souvent les marches des escaliers et n'est pas très habile lorsqu'il s'agit d'enfiler son blouson ou nouer ses lacets de chaussures…D'abord ne dramatisez pas, son corps est encore en développement et il est un peu tôt pour dramatiser ses gestes malhabiles, surtout si vous êtes seuls à les remarquer. Il est possible que ses maladresses vous sautent aux yeux et que vous soyez fatigués de toujours passer derrière lui pour les réparer. Votre attitude n'est peut-être pas anodine. Interrogez-vous sur ce que vous appelez «maladresse». Comment réagissez-vous quand il casse un plat ? En faites-vous tout un drame ou, au contraire, prenez-vous l'incident à la légère ? Se tromper, faire tomber un objet, c'est aussi une façon d'apprendre. Ne soyez pas trop sévères et laissez-le faire des expériences qui vont l'aider à contrôler ses gestes. Sa maladresse est peut-être passagère.

Elle peut manifester une anxiété liée à une situation qui lui fait perdre ses repères pendant une certaine période: un déménagement, un décès, une naissance…
N'hésitez pas à prendre l'avis d'un spécialiste Votre enfant est-il maladroit dans toutes les circonstances? Discutez de ce que vous observez avec votre pédiatre ou votre médecin généraliste. Précisez-lui les situations dans lesquelles il est particulièrement peu adroit : le soir quand il est fatigué, le matin au moment de partir à l'école, dans des moments d'inquiétude ou de grande émotion…
Quelles ont été les étapes de son développement moteur (position assise, marche…)? Dans la famille, renseignez-vous sur d'éventuelles anomalies : son frère a-t-il eu des difficultés liées à la motricité par exemple ?
Le médecin vérifiera sa vue car, si votre enfant voit mal, ses gestes sont forcément moins précis. Il vous orientera peut-être vers un ophtalmologue ou un orthoptiste, spécialiste de la rééducation de l'œil, pour effectuer un diagnostic plus précis.
Une éventuelle consultation chez le neurologue ou un neuropédiatre permettra de dépister une éventuelle dyspraxie. Cette dernière est un trouble du développement, une difficulté à acquérir un comportement qui est normalement présent chez les personnes du même âge. Ce comportement difficile à acquérir, c'est celui des gestes, et particulièrement de la motricité fine.

L'enfant n'a pas de mal à apprendre à marcher ou à nager. Car c'est au niveau des gestes plus fins qu'il est en difficulté. Pourquoi? C'est que s'il comprend très bien ce qu'il faudrait faire, son esprit n'arrive pas à commander son corps de manière bien coordonnée. En effet, quand vous réalisez un geste, il s'agit d'une suite de mouvements programmés. Vous devez commencer par apprendre ce geste puis l'intégrer dans votre répertoire mental de manière quasi-automatique.
A ce moment-là, vous n'avez plus besoin de penser à ce mouvement, puisqu'un pilote automatique interne le fait à votre place. Prenons un exemple : se servir de baguettes chinoises, ce n'est pas facile au début. Cela s'apprend. Si vous les utilisez souvent, vous finissez par connaître ce geste et vous pouvez manger tranquillement, sans penser à tous les mouvements que vous êtes en train de coordonner. Le problème de l'enfant dyspraxique, c'est que, même s'il comprend, même s'il est capable de le faire, il ne parvient pas à rendre cet apprentissage automatique. Son cerveau a un problème à intégrer cela. Pour avoir des gestes fluides, il faudrait qu'il soit sans cesse dans le contrôle, qu'il y pense en continu, ce qui est impossible.

Aussi pour s'habiller, il faudrait qu'il pense : "Je commence par mettre mes vêtements à l'endroit, dans le bon sens, puis j'enfile ma tête dans l'ouverture du pull, puis je mets une main dans la première manche…" Il se trouve qu'à chaque matin c'est comme si c'était la première fois qu'il devait faire ce mouvement, quand les autres s'habillent sans y penser en passant déjà en revue dans leur tête le programme de la journée. Du coup, cet enfant est ralenti dans beaucoup de domaines, même si son intelligence est tout à fait normale. Il n'aime pas les jeux de construction comme le Lego, car il est totalement malhabile en ce domaine. Empiler les cubes, ce n'est pas sa tasse de thé.

Gêne
La dyspraxie est très gênante car le geste qui va finir par poser un problème crucial, c'est celui de l'écriture. En maternelle, les dessins de votre petit sont déjà très brouillons par rapport à ceux des enfants de sa classe. Mais son écriture est une catastrophe. Il n'arrive pas à rendre automatique le geste de la main et du stylo. Il aura aussi des difficultés en géométrie, car, s'il comprend très bien les concepts, il a du mal à tenir une règle, un compas, un crayon et à inscrire ce qu'il comprend dans l'espace. Le résultat, c'est que votre petit ange, brillant à l'oral, avec une importante capacité d'abstraction, est un mauvais élève parce qu'il ne parvient pas à s'exprimer par écrit à cause de cette barrière dans l'expression corporelle.
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Dépistage

Afin de ne pas accabler un enfant de reproches alors qu'il est le premier à souffrir d'un problème qu'il ne comprend pas, le dépistage de la dyspraxie est obligatoire. C'est aussi utile pour réagir en conséquence et ne pas aggraver son problème. Apprendre à écrire, s'appliquer en continu pour un résultat très faible, cela coûte à l'enfant une énergie folle en concentration. Or, les parents tentent incessamment de lui faire écrire des lignes à la maison pour qu'il s'applique et s'améliore. C'est exactement l'inverse de ce qui peut l'aider.
En effet, un enfant dyspraxique ne peut pas acquérir un automatisme par l'entraînement. Son cerveau n'a pas cette capacité, alors le faire écrire pendant des heures le fait souffrir, mais en aucun cas progresser. A partir du moment où les parents et les enseignants comprennent cette difficulté, ils vont le soutenir, et non lui tenir la tête sous l'eau !
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