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Grandeur et décadence d'une civilisation

C'est un peu l'histoire d'Al-Andalus, racontée par ses propres acteurs, que ce livre de Kenza Homman Loudiyi et Abdellah El Ghazouani écrit sous le titre : Al-Andalus, ombres et lumière.

Grandeur et décadence d'une civilisation
Une histoire qui se situe entre le roman et le récit, dont l'un des auteurs-El Ghazouani- loin d'être historien est en fait professeur de littérature. On en sait pas plus malheureusement ni sur lui ni sur Kenza Homman Loudiyi.
«Je me nomme Abderrahman l'Immigré, premier Emir d'al-Andalus.
Oui, je vien de Syrie, traqué et pourchassé par les fils de Abbas, qui ont exterminé les enfants d'Omayya et occupé le trône du Calife dans la maison de l'islam », raconte le premier des protagonistes, connu sous le nom de Abderrahman Addakhil ou le Faucon de Qoraïch. C'est le véritable fondateur de l'Emirat d'al-Andalus en 755, après de longues années de luttes intestines entre les différentes factions des armées musulmanes composées de berbères du Maroc et d'Arabes yémenites et Qaysites qui ont franchi le détroit de Gibraltar dès 711. C'est au prix d'une terrible guerre fratricide que le nouveau prétendant a pu enfin unifier les nouveaux territoires conquis par les musulmans à l'apogée de leur puissance. D'où le sous-titre de ce livre : Ombres et lumière. Al-Andalus est synonyme de raffinement et de culture ouverte et tolérante. Elle est également synonyme de raffinement en matière d'urbanisme et d'art architectural dont l'Alambra est l'une de ses multiples joyaux.

C'est la face lumineuse de cette immense civilisation qu'est l'Andalus du moyen-âge. Il y a aussi des zones d'obscurité que constituent les guerres fratricides, les complots, les intrigues de palais, la violence inouïe avec laquelle les conflits sont résolus. Nous en avons rendu compte dans un précédent article sur le livre de Patrick Gérard dont le seul titre "Abdellah le Cruel" est déjà tout un programme en la matière. Le présent ouvrage survient comme une confirmation: «Nous attaquâmes l'ennemi, nous enfonçâmes ses rangs et Ibn Moughit tomba entre nos mains. Je fis envoyer sa tête embaumée, enroulée dans le drapeau noir des Abbassides, et son brevet d'investiture (...) par un marchand de Kairouan qui s'en débarrassa sur le marché de la ville ». « Mais le plus amer, ne fut-ce pas la révolte de ceux des miens que j'avais fait venir d'Orient, que j'ai accueillis avec honneur, en hommage au nom que nous portons-apprend-t-on de la bouche de Abderrahman. Abd Assalam ibn ‘Abbas et mon propre neveu complotèrent contre moi, rêvèrent de monter sur mon trône, tout comme plus tard, mon autre neveu al Moughira, le fils de mon frère al-Walid. Tous durent être chatiés.» Il faut lire :mis à mort de la façon la plus atroce. Parmi les narrateurs qui font le récit d'al Andalus, on trouve le grand musicien Ziryab dont l'influence sur la musique andaluse est déterminante. Né à Bagdad en 789, Abou l'Hassan Nafi', dit Ziryab, en référence à un oiseau au chant divin, arrive en Andalousie en 822.

Le pays connaît une période de stabilité après de longues années de trouble. Abderrahman II, le quatrième Emir est décidé à faire de Cordoue une émule de Bagdad. D'où son choix pour Ziryab, fraîchement débarqué de la capitale abbasside où il a été disciple des grands maîtres de musique, Ibrahim al Mossouli et son fil Ishaq. « l'Emir se montra curieux du perfectionnement que j'ai apporté au luth, avec la cinquième corde.(…) raconte Ziryab. « J'ai eu l'honneur d'être invité par l'Emir à présenter mes idées sur la musique devant sa cour. La musique arabe, comme l'architecture, est devenue l'un des éléments les plus caractéristiques de l'Islam ». Ibn Hazm, le troisième narrateur, homme de lettre, auteur de « Le collier de la colombe », nous fait le récit des intrigues de palais, notamment la fulgurante ascension de Ibn Abi ‘Amir al Mansour, qui de connivence avec la propre mère de l'Emir, devient, de simple intendant, le maître à bord en qualité de hajib qui fait et défait les monarques. Il parvient même à édifier toute une cité, Madinat az-Zahira, qu'il transforme en cité palatine, en lieu et place de Madinat Az-zahra, édifiée par l'Emir. Les autres narrateurs sont Ibn Tofayl (1110-1185), qui fait le récit de la prise du pouvoir des Almoravides ; Lissan Din ibn al Khatib (1314-1374). Cinq voix, cinq récits, autant de chroniques de la grandeur et de la chute d'une grande civilisation qui a duré plus de sept siècles.
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Ibn Tofaïl raconte

«L'architecture almohade d'al-Andalus, de composition harmonieuse et savante, a été marquée d'abord par l'humilité et la simplicité, ensuite par la recherche de la grandeur, mais sans jamais tomber dans l'emphase ou la surcharge. Dans l'histoire des arts de terre d'Islam, l'apport almohade a été considérable. Bou Yacoub Youssef permettra également le ravitaillement en eau potable de la ville par la construction d'un grand réservoir alimenté par un aqueduc, à une quinzaine de kilomètres à l'est. Jusque-là, les porteurs d'eau venaient puiser l'eau, un peu en amont, là où le flux et le reflux ne se font plus sentir. La pente du Guadalquivir est très faible et les effets de la marée montante sont perceptibles à près de 90 kilomètres de la mer...»
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