LE MATIN : Vous êtes comédienne de formation, comment avez-vous entamé l'univers de l'adaptation et de l'écriture dramaturgique?
NORA SKALI : L'aventure de l'écriture a commencé avec la pièce «Bnat Lalla Mennana». Avec les membres de la troupe «Takoon», nous avons choisi le texte de Fédérico Garcia Lorca (La maison de Bernarda Alba) pour le mettre en scène. Mais comme nous voulions le marocaniser, nous avons eu recours au moyen que nous maitrisons en tant que comédiennes, à savoir l'improvisation. C'est ainsi que nous nous sommes mises à improviser en nous référant à notre vécu. Chacune, de nous creusait au fond d'elle même pour tirer un maximum de situations et de détails. D'une scène à l'autre, on s'est retrouvé avec le squelette de la pièce dont on s'est inspirée «La Casa de Bernarda Alba» avec des éléments purement marocains. C'est là que mon rôle a commencé. J'ai pris le squelette et commencé à écrire les dialogues pour obtenir un texte théâtral.
Dans la version adaptée de la pièce, on sent un travail fabuleux sur la langue. D'où est-ce que vous puisez votre inspiration ?
A partir de mon expérience de comédienne et en creusant dans ma propre mémoire affective. Etant originaire d'Asilah, j'ai vécu dans un quartier populaire avec mes grands parents, des « jabala » de souche. Ma grand-mère, que Dieu ait son âme, répétait beaucoup de proverbes et en faisait un grand usage dans la langue de tous les jours. Avec tout ce bagage linguistique que j'ai emmagasiné au fil des ans, j'avais assez de matière pour écrire dans la langue de nos grands-mères. Une fois que la charpente de « Bnat Lalla Mennana » était construite, c'était le moment de puiser dans cette réserve.
Comment s'est faite la transition entre votre métier de comédienne et celui d'adaptatrice appelée à écrire en plus de jouer ?
Pour vous dire la vérité, cela n'a pas été difficile. J'avais assez de cumul et de ressources pour passer à l'écriture. J'étais donc prête. Je remercie, à ce propos, les filles qui m'ont fait confiance en m'offrant cette opportunité.
Au sein de la troupe, je crois savoir que avez le pouvoir de trancher quand il s'agit d'arrêter le texte définitif. Comment vivez-vous cette responsabilité ?
En entamant la rédaction finale du texte, je procède à l'analyse dramaturgique de chaque personnage. Je veille à ce qu'il y ait une harmonie entre le langage et l'environnement dans lequel évoluent les personnages. Pour sauvegarder cette harmonie, je ne permets à aucune des filles de faire dire à ces derniers des choses qui ne rentrent pas dans la logique des faits. C'est grâce à mes études au sein de l'Institut Supérieur d'Art dramatique et d'Animation Culturelle (ISADAC) que j'ai ces impératifs toujours présents à l'esprit et que je fais attention à la manière dont le personnage s'exprime, pense et agit. Tout le monde n'est pas sensé s'exprimer de la même manière. C'est le milieu social qui détermine ces éléments.
Qu'en est-il de « Hennet yeddina » ?
C'est une autre expérience. Cette fois-ci, il ne s'agit pas d'une adaptation mais de la création d'un texte que nous avons écrit sur commande. Il a été rédigé sur la base d'improvisations autour d'un thème sur lequel les membres de la troupe se sont mis d'accord. Encore une fois, nous avons travaillé sur notre mémoire, à nous toutes, pour enfin choisir le thème des maisons traditionnelles et les riads qui sont en train de passer entre les mains des étrangers. Les vieilles villes du Maroc vivent une véritable hémorragie. Notre patrimoine architectural est en train de partir en miettes. Pour en parler, nous avons imaginé une maison où nous avons placé une propriétaire qui n'a plus de mari et dont le fils a émigré en Espagne. C'est comme ça que la fable a commencé. Autour de ce personnage central, d'autres ont été plantées, toutes des femmes dont les maris sont, soit décédés, soit partis loin d'elles. Ce sont des tranches de vie. Chaque femme représente un échantillon de la société marocaine et chacune a une histoire. Néanmoins, le thème principal reste la vente de la maison. La propriétaire étant dans une crise financière, décide de la vendre à un Espagnol pour que son fils parte en Espagne. Chacune des locatrices est menacée de se retrouver dans la rue…
Est-ce que toutes les pièces que vous allez jouer auront pour sujet principal la femme ? Est-ce un choix ?
On n'en sait rien. Mais ce qui est sûr c'est que ce n'est pas un choix en ce qui concerne la pièce Lorca qui est 100% femmes. Pour ce qui est de la deuxième expérience, on s'est dit pourquoi ne pas continuer sur cette lancée. Mais je ne peux pas affirmer qu'il n'y aura que des femmes dans la prochaine pièce. Si on voit la nécessité d'introduire des personnages masculins, on le fera.
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NORA SKALI : L'aventure de l'écriture a commencé avec la pièce «Bnat Lalla Mennana». Avec les membres de la troupe «Takoon», nous avons choisi le texte de Fédérico Garcia Lorca (La maison de Bernarda Alba) pour le mettre en scène. Mais comme nous voulions le marocaniser, nous avons eu recours au moyen que nous maitrisons en tant que comédiennes, à savoir l'improvisation. C'est ainsi que nous nous sommes mises à improviser en nous référant à notre vécu. Chacune, de nous creusait au fond d'elle même pour tirer un maximum de situations et de détails. D'une scène à l'autre, on s'est retrouvé avec le squelette de la pièce dont on s'est inspirée «La Casa de Bernarda Alba» avec des éléments purement marocains. C'est là que mon rôle a commencé. J'ai pris le squelette et commencé à écrire les dialogues pour obtenir un texte théâtral.
Dans la version adaptée de la pièce, on sent un travail fabuleux sur la langue. D'où est-ce que vous puisez votre inspiration ?
A partir de mon expérience de comédienne et en creusant dans ma propre mémoire affective. Etant originaire d'Asilah, j'ai vécu dans un quartier populaire avec mes grands parents, des « jabala » de souche. Ma grand-mère, que Dieu ait son âme, répétait beaucoup de proverbes et en faisait un grand usage dans la langue de tous les jours. Avec tout ce bagage linguistique que j'ai emmagasiné au fil des ans, j'avais assez de matière pour écrire dans la langue de nos grands-mères. Une fois que la charpente de « Bnat Lalla Mennana » était construite, c'était le moment de puiser dans cette réserve.
Comment s'est faite la transition entre votre métier de comédienne et celui d'adaptatrice appelée à écrire en plus de jouer ?
Pour vous dire la vérité, cela n'a pas été difficile. J'avais assez de cumul et de ressources pour passer à l'écriture. J'étais donc prête. Je remercie, à ce propos, les filles qui m'ont fait confiance en m'offrant cette opportunité.
Au sein de la troupe, je crois savoir que avez le pouvoir de trancher quand il s'agit d'arrêter le texte définitif. Comment vivez-vous cette responsabilité ?
En entamant la rédaction finale du texte, je procède à l'analyse dramaturgique de chaque personnage. Je veille à ce qu'il y ait une harmonie entre le langage et l'environnement dans lequel évoluent les personnages. Pour sauvegarder cette harmonie, je ne permets à aucune des filles de faire dire à ces derniers des choses qui ne rentrent pas dans la logique des faits. C'est grâce à mes études au sein de l'Institut Supérieur d'Art dramatique et d'Animation Culturelle (ISADAC) que j'ai ces impératifs toujours présents à l'esprit et que je fais attention à la manière dont le personnage s'exprime, pense et agit. Tout le monde n'est pas sensé s'exprimer de la même manière. C'est le milieu social qui détermine ces éléments.
Qu'en est-il de « Hennet yeddina » ?
C'est une autre expérience. Cette fois-ci, il ne s'agit pas d'une adaptation mais de la création d'un texte que nous avons écrit sur commande. Il a été rédigé sur la base d'improvisations autour d'un thème sur lequel les membres de la troupe se sont mis d'accord. Encore une fois, nous avons travaillé sur notre mémoire, à nous toutes, pour enfin choisir le thème des maisons traditionnelles et les riads qui sont en train de passer entre les mains des étrangers. Les vieilles villes du Maroc vivent une véritable hémorragie. Notre patrimoine architectural est en train de partir en miettes. Pour en parler, nous avons imaginé une maison où nous avons placé une propriétaire qui n'a plus de mari et dont le fils a émigré en Espagne. C'est comme ça que la fable a commencé. Autour de ce personnage central, d'autres ont été plantées, toutes des femmes dont les maris sont, soit décédés, soit partis loin d'elles. Ce sont des tranches de vie. Chaque femme représente un échantillon de la société marocaine et chacune a une histoire. Néanmoins, le thème principal reste la vente de la maison. La propriétaire étant dans une crise financière, décide de la vendre à un Espagnol pour que son fils parte en Espagne. Chacune des locatrices est menacée de se retrouver dans la rue…
Est-ce que toutes les pièces que vous allez jouer auront pour sujet principal la femme ? Est-ce un choix ?
On n'en sait rien. Mais ce qui est sûr c'est que ce n'est pas un choix en ce qui concerne la pièce Lorca qui est 100% femmes. Pour ce qui est de la deuxième expérience, on s'est dit pourquoi ne pas continuer sur cette lancée. Mais je ne peux pas affirmer qu'il n'y aura que des femmes dans la prochaine pièce. Si on voit la nécessité d'introduire des personnages masculins, on le fera.
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