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Scènes de corruption

«Kahoua», «hlaoua», «bakchich», tous ces termes se ressemblent et signifient une seule chose: la corruption.

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Ainsi, pour dénoncer cette gangrène qui continue à ronger le corps social, la troupe «Théâtre Aquarium» a présenté dernièrement à la salle Bahnini à Rabat une pièce de théâtre pas comme les autres: «Hor Bel Ghamza». Une oeuvre présentée par de jeunes comédiens talentueux qui ont utilisé tous les dialectes marocains afin de souligner que ce fléau n'est pas seulement limité à une seule région, mais il est malheureusement répandu dans tous le pays. L'histoire commence par Karima Lahlou, jeune procureur, qui vient de prendre ses nouvelles fonctions. Lorsqu'elle arrive pour la première fois à son travail, elle découvre le «chaouch» (qui ne la connaît pas) assis à sa place. Ce personnage traite les dossiers et semble connaître toutes les affaires courantes. Mais à sa surprise, il découvre que la jeune femme qui est devant lui est en réalité son nouveau chef. Une fois plongée dans les dossiers, la jeune femme découvre les affaires des plus absurdes. «Il y a des dossiers qui sont bloqués depuis les années 70 parce que les intéressés n'ont pas voulu donner de l'argent», lui avoue ce «chaouch».

Vient après l'histoire du chat de Brigitte Bardot qui a été enlevé, égorgé et vendu pour de la viande de lapin par un célèbre boucher du quartier. Saadia, une cliente, achète cette viande et tombe donc malade. Dans cette situation, elle va en plus avoir des problèmes avec la justice, alors que le boucher, qui connaît bien les rouages des tribunaux, s'en sort avec merveille en proposant de financer le mariage de la fille du fonctionnaire pour le remercier de sa complicité. «Les restes du chat ont été trouvés dans le frigo de Saadia et non dans le vôtre», lance, sans scrupule, le fonctionnaire au boucher. Pour la deuxième affaire, c'est une citoyenne qui vient à la préfecture pour ras des pièces administratives afin de constituer son dossier pour aller accomplir son pèlerinage à La Mecque. Elle fait sa demande pour obtenir son passeport. A sa grande surprise, le fonctionnaire découvre que cette femme est décédée, ''administrativement'', depuis plusieurs années. L'attestation de décès a été falsifiée pour une question d'héritage. Pour lui régler sa situation, le fonctionnaire lui fait allusion au versement de l'argent par virement bancaire. «Qu'est-ce qu'ils diront les employés de la banque lorsque je leur demanderai de virer 50 DH», répond la dame.

La dernière scène relate l'histoire de Hayat, fille d'une mère pauvre. Hayat a été piquée par un scorpion. Mais avant que la mère ne trouve une ambulance pour l'emmener à l'hôpital, c'est tout un parcours du combattant qu'elle doit accomplir...
D'abord,son entourage lui conseille d'aller voir le maire. Après des heures de recherche, elle trouve le responsable de la ville dans un état d'ébriété. Ce dernier lui donne les clés de l'ambulance et lui demande de chercher le chauffeur mais ce dernier lui annonce qu'il n'y a pas une goutte d'essence dans le réservoir de l'ambulance. Pour pouvoir acheter le carburant, ce chauffeur lui demande si elle a quelques pièces d'or. «Je suis pauvre et je n'ai rien», lui répond-elle. «Mais vous pouvez me donner vos dents en or», réplique-t-il. Il y a donc une morale qu'on peut tirer de ces histoires: ''ne pas baisser les bras devant ce phénomène''. Conscients de cette situation, les pouvoirs publics ont créé des services de lutte contre la corruption. «Il existe des services spécialisés pour recevoir les plaintes
des citoyens», ont lancé ensemble les comédiens à l'attention du public.

Après la fin du spectacle, une conférence de presse a été organisée en présence des acteurs et des représentants de l'ambassade américaine qui a financé cette pièce de théâtre. «Pour nous, le problème de la corruption n'est pas seulement un phénomène marocain, mais il existe à l'échelle mondiale», a indiqué le chargé d'affaires américain. Quant à Nouzha Skalli, la ministre du Développement social, elle a demandé aux acteurs s'ils ne travaillent que sur commande... «Outre la création artistique de manière générale, nous travaillons aussi sur des projets commandés à titre d'exemple une pièce de théâtre qui traite des problèmes de la femme dans le travail qui sera financée par la coopération technique allemande (GTZ) vient de nous commander Cette œuvre sera présentée le 12 mars prochain au Théâtre Mohammed V à Rabat», lui a répondu la réalisatrice Naima Zitan.
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«Aquarium»

A Rabat, dans la médina, il existe un quartier pauvre appelé «Loubira» (prononciation dialectale du mot opéra). C'est dans ce quartier où il y a eu les premières réunions des jeunes pour discuter de la création et d'autres choses relevant de l'absurdité de la vie. Ainsi naîtra la troupe «Aquarium» qui représente un théâtre conçu comme moyen de sensibilisation et de prise de positions. Ainsi, en 1999, un groupe de jeunes monte la pièce «Histoires de femmes» pour sensibiliser le public et inciter au changement du statut des femmes qui existait à l'époque. En 2001, ce groupe des comédiens crée «Lif mayenkot» spécialement montée pour inciter la fille rurale à la scolarisation, c'est un plaidoyer contre l'analphabétisme et les idées reçues.

C'est un spectacle présenté une cinquantaine de fois dans les villages les plus reculés du pays où le taux de scolarisation des filles est faible. En 2003, le théâtre «Aquarium» réalise un autre travail: il s'agit de «Chaka'lk anou'man», une pièce pour vulgariser le code de la famille et de promouvoir une ''culture genre équilibrée'' et l'égalité des sexes. Cette pièce a été présentée une soixantaine de fois à travers tout le pays, dans les théâtres, mais aussi dans les universités, les écoles, les prisons d'hommes et de femmes, les hôpitaux, en plein air et au profit de la communauté marocaine en Europe. En 2006, il y a eu la réalisation de «Rouge + bleu= violet», une pièce qui traite du problème de la violence à l'égard des femmes.
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