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Trio Joubran, un talent et un oud trois fois

Quand le oud est effleuré par trois mains en même temps, quand trois mélodies tressées et liées par les forces du sang donnent une ambiance magique à l'espace, quand les notes de musique dépassent les limites du temps et de l'espace pour traverser les cœurs et les esprits, c'est le trio Joubran qui est sur scène. Le groupe palestinien a enchanté le public de Mawazine.

Trio Joubran, un talent et un oud trois fois
Les trois frères ont joué dimanche au Chellah. Par la magie de leurs ouds à la musique intime, ils inventent un monde sans frontières où la musique, telle une brise, passe d'un cœur à l'autre en caressant les émotions, sans heurter les murs ou les frontières. Ils considèrent leur musique comme le meilleur passeport pour atteindre les cœurs des gens. Samir, Wissam et Adnan sont les trois frères à l'origine de ce rêve qui voit le jour sur scène, le temps d'un spectacle. Leur quatrième frère n'est autre que l'instrument pour qui ils vivent, ils s'inspirent et se consacrent avec amour et passion. Cette relation d'amour si fervente a commencé il y a exactement dix ans. Samir, l'aîné de la troupe, démarre sa carrière solo à travers deux premiers albums avant d'être rejoint par son frère Wissam puis finalement en 2005, Adnan. Ils forment alors le premier et unique trio de oud connus à ce jour. Samir explique l'origine de cette aventure: « C'est vrai que c'est difficile d'allier trois ouds dans un même morceau mais j'avais plusieurs avantages pour réussir cette première. Je compose la musique des trois instruments.

En plus, le fait qu'on soit frères est un avantage génétique évident. » L'homme et le oud, dans cette histoire, forment un ensemble inséparable où l'un parle à l'autre. Les musiciens et leurs instruments communiquent, se parlent et rivalisent de créativité. Leur création est une compilation de savantes improvisations qui pleurent d'émotions en racontant la Palestine. Le répertoire du trio est fait de créations personnelles et de magnifiques improvisations reposant sur la connaissance de l'imposante culture des maqâms traditionnels et leurs subtiles relectures. Le trio Joubran exprime harmonie, profondeur, extase et douceur. Sur scène, leurs regards se croisent, leurs instruments communiquent et disent ce que le verbe ne sait dire. Leur art sillonne le monde et demeure unique. Grande révélation du festival des Nuits Atypiques de Langon, nominé aux Django d'Or 2004, et sélectionné du Womex 2004 ainsi que du Strictly Mundial 2005, le trio vit une aventure musicale qui les conduit dans les quatre coins du globe. Quelle que soit la nationalité du spectateur, sa langue parlée, il demeure possédé par cette musique si riche et si unique. Les cordes de leurs ouds ensorcèlent tandis que leur forte présence captive le public qui aime et redemande davantage.

Plus fort qu'une simple musique, l'œuvre de Trio Joubran est un combat au quotidien. Au fil de chaque corde pincée et de chaque note jouée, les frères palestiniens pensent à leur peuple et espèrent sa libération. Cependant, Wissam nie que sa musique est politique. Il déclare « la musique restera toujours un bon moyen pour donner de l'amour aux gens », avant de conclure « ces histoires de frontières, de nations et de drapeaux ne riment à rien. On devrait pouvoir avoir le droit d'être fier de son drapeau quelle que soit sa couleur ». Unis par le sang et par la complicité de leur talent respectif, Samir, Wissam et Adnan comptent déjà trois albums. Le dernier « Majâz » est sorti en 2007. Majâz est sans conteste l'album où la lumière est mise sur la maturité musicale du trio. Entre notes envoûtantes, saisissantes secousses musicales et brûlants silences, le Trio Joubran nous invite au voyage.
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