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Une pratique en chute libre

Hier lundi était le premier jour dans la semaine nationale de promotion de l'allaitement maternel initiée par l'UNICEF et le ministère de la Santé sous l'intitulé «le choix d'allaiter mon enfant le protège et me protège».

Une pratique en chute libre
Cette semaine qui se poursuit jusqu'au 17 octobre s'adresse principalement aux mamans, aux professionnels de la santé et aux médias. Pour cette édition, elle mobilise une grande dame de l'humour marocain : Hanane El Fadili, qui est également ambassadrice de bonne volonté de l'UNICEF.
L'objectif étant de sensibiliser la société en général et les mamans tout particulièrement à l'importance d'allaiter son bébé au sein. Les organisateurs partent d'un constat alarmant : « La pratique de l'allaitement maternel au Maroc connaît un recul inquiétant », estiment-ils.

Les chiffres sont là pour en attester. Selon de récentes enquêtes, 51% des enfants marocains étaient nourris au sein durant les six premiers mois de vie en 1992. En 2004, ils n'étaient plus que 32% et en 2006, ce pourcentage a chuté à 15%. Curieusement, la pratique de l'allaitement maternel est moins répandue dans les familles urbaines à condition sociale élevée et disposant d'un haut niveau d'instruction. Une seule raison avancée pour expliquer ce refus de donner le sein à son bébé : l'insuffisance lactée. Mais d'après Hanane El Fadili, ce problème ne concerne qu'une faible minorité de femmes. Autant dire qu'il existe d'autres raisons non avouées derrière le déclin de cette pratique aux rangs des femmes marocaines.

Elles relèvent pour leur plupart de préjugés, d'idées reçues, plutôt que d'informations correctes et bien fondées.
Les organisateurs soulignent, dans la foulée, une perception qui persiste en milieux aisés de la nécessité, voire la supériorité du lait de pharmacie, l'allaitement au sein n'étant que « le lot des gens démunis ». En outre, nombreux sont les parents qui croient à tort que le lait de la femme en grossesse est nocif pour le bébé qui tète. Dès lors, plusieurs femmes, une fois enceintes, arrêtent définitivement l'allaitement de leur bébé, bien qu'il ait encore besoin du lait maternel. Last but not least, la peur que l'allaitement nuise au physique et particulièrement à la forme des seins décourage de nombreuses femmes d'allaiter leurs bébés au sein. La campagne vient donc faire la guerre à tous ces préjugés et sensibiliser aux vertus innombrables de cette pratique de plus en plus délaissée. «Cette campagne a pour objectif justement de donner les informations exactes afin que les mamans puissent adopter les bons comportements», indique Hanane El Fadili dans un entretien accordé au Matin.

Les constats de l'Organisation mondiale de la santé sont à cet égard édifiants.
Contrairement aux idées courantes, le lait maternel est largement suffisant pour subvenir aux besoins nutritionnels du bébé jusqu'à l'âge de 6 mois, et ce, en dehors de tout autre aliment ou boisson.

Le lait de la pharmacie ne saurait jamais remplacer le lait maternel qui est une véritable merveille et qui est tout simplement inimitable. L'allaitement au sein ne profite pas uniquement au bébé, à sa santé et à son bien-être. La maman elle aussi en tire des bénéfices sur tous les plans. Ayant elle aussi passée par l'expérience de la grossesse, Hanane El Fadili parle en toute connaissance de cause des bienfaits de l'allaitement au sein sur la santé et même le physique de la femme. «En effet, les professionnels de la santé assurent que le meilleur moyen pour la maman de retrouver sa forme initiale avant la grossesse et de perdre le poids accumulé durant les neufs mois de grossesse demeure bien l'allaitement maternel. Donc ce dernier contribue fortement à préserver leur physique mais aussi leur état de santé futur.

Selon le ministère de la Santé, les mères qui allaitent semblent être mieux protégées de certains cancers de l'appareil reproductif, tels que le cancer du sein et le cancer de l'ovaire». De quoi balayer toutes les fausses idées qui tendent à «diaboliser» l'allaitement au sein aux yeux des mères, le considérant comme la source d'interminables désagréments physiques.
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Questions à: Hanane El Fadili • Ambassadrice de bonne volonté de l'UNICEF.

«Réussir ce défi est une responsabilité collective»

• Pour quelles raisons vous vous êtes impliquée dans la campagne de promotion de l'allaitement maternel ? Quels sont vos motifs?

Les statistiques du ministère de la Santé et de l'UNICEF démontrent une chute inquiétante du taux de l'allaitement exclusif au sein au Maroc dans pratiquement toutes les couches sociales. En tant qu'ambassadrice de bonne volonté de l'UNICEF, je ne peux pas rester insensible à cette réalité qui menace la santé des bébés mais aussi celle des mamans. Il est de mon devoir et de celui de toutes les personnes qui sont en mesure de créer une différence de s'impliquer dans cette campagne afin de créer un changement dans les habitudes des parents et des familles. L'allaitement exclusif au sein jusqu'à l'âge de six mois doit devenir une pratique que toutes les mamans suivent pour le bien de leurs enfants et de leur famille.

• En quoi consiste concrètement votre rôle dans cette campagne ?

En tant qu'ambassadrice de bonne volonté, je participe à cette campagne de sensibilisation à plusieurs niveaux. J'ai offert mon image aux supports de communication et de sensibilisation qui vont être utilisés durant cette campagne. Je tiens à préciser que la photo que le public va voir sur ces supports est bien réelle. Au moment où cette affiche a été réalisée, j'étais à mon huitième mois de grossesse. En tant que jeune maman, je ne peux qu'être sensible à cette question et en être la porte-voix auprès du grand public. Je tiens à préciser que l'allaitement maternel n'est pas une question qui touche la maman toute seule. Elle implique aussi bien le papa que les autres membres de la famille qui doivent encourager la maman à le pratiquer et à l'aider à suivre les bons gestes. Les professionnels de la santé dans les maternités sont aussi encouragés à sensibiliser les mamans qui viennent accoucher chez eux et à les réconforter dans leurs décisions de donner le sein. Les pouvoirs publics, le secteur privé, les médias sont aussi des parties prenantes à ce défi à un niveau ou à un autre. C'est une responsabilité collective et nous devons tous assumer notre devoir.

• Outre les actions de sensibilisation limitées dans le temps. Quels sont, selon vous, les autres efforts qu'il faut engager pour promouvoir l'allaitement maternel au Maroc ?

Réussir ce défi est une responsabilité collective. D'autres actions d'accompagnement doivent être assurées pour que les mamans puissent pratiquer l'allaitement maternel dans des conditions normales. Je fais référence ici aux mamans qui travaillent. La législation indique que toute entreprise employant plus de 50 femmes doit mettre à la disposition des mères une « chambre d'allaitement » répondant à des critères précis d'hygiène et de surveillance.
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