Menu
Search
Mardi 30 Décembre 2025
S'abonner
close
Mardi 30 Décembre 2025
Menu
Search

Ancien medina, sur la voie de la réhabilitation

L'association du Grand Casablanca Carrières Centrales réunit tous les acteurs de la ville pour des ateliers de réflexion fructueux.

Ancien medina, sur la voie de la réhabilitation
«L'Ancienne Médina, dense en lieux de culte et en édifices publics, est aujourd'hui dans un état de délabrement manifeste. Et pourtant autour de ses remparts s'est construit le Casablanca d'aujourd'hui, l'édification de la Grande Mosquée Hassan II et demain la Marina, l'Avenue Royale, de grands projets,…». Cette brève présentation de l'association du Grand Casablanca Carrières Centrales témoigne de l'amertume que portent les Casablancais et responsables de cette ville. «Nous devons agir immédiatement pour ne pas laisser se développer une véritable fracture communautaire dans une médina où il fait bon vivre», indique l'association Carrières Centrales. Toutes les forces de «Dar El Beïda» ont été ainsi impliquées dans ce grand projet de réhabilitation. Associations civiles, institutions publiques, Casablancais de souche, amoureux de la ville et bien sûr la préfecture d'arrondissements Casablanca Anfa,… chacun de ces protagonistes a apporté un peu de son enthousiasme, de son savoir-faire et de ses compétences pour revaloriser l'Ancienne Médina.

Après 5 mois de réflexion, un rapport final a été élaboré et des actions précises ont été identifiées et budgétisées. Ces changements devraient toucher aux volets social, économique et culturel ainsi que tout ce qui concerne la santé, le patrimoine et la sécurité. Bref, rien n'est laissé au hasard. Les responsables de ce projet de mise à niveau sont décidés à «accorder à Casablanca l'attention nécessaire pour affirmer son identité en tant que grande métropole africaine et méditerranéenne». Réuni le 8 juin à la coupole avec l'ensemble des acteurs de la ville, le comité de réflexion a ainsi présenté son premier projet de mise à niveau. Il s'agit d'une action structurante à moyen et long terme, intitulée : «Réhabilitation de l'Ancienne Médina de Casablanca» ainsi que d'une action de solidarité à court terme, «Ramadanyates Al Madina Al Qadima».

Analyse thématique

Pour redonner une âme à l'Ancienne Médina, tous les acteurs locaux ont commencé par établir un diagnostic général afin de déterminer les principaux maux de cette partie mythique de la ville. Ils ont constaté un grand déficit en matière d'équipements publics sociaux, des moyens financiers, techniques et humains, en plus des espaces verts mal entretenus et la dégradation des 16 points d'eau existants. Par ailleurs, le réseau de l'eau et d'assainissement est dans un état vétuste. Même constat pour la quasi-totalité des lanternes d'éclairage public et de la voirie. S'ajoutent à cela l'étroitesse des ruelles, les constructions menaçant ruine et le problème de vandalisme. Les ateliers de réflexion ont également porté sur les problèmes d'embouteillage, la quasi-absence d'espaces de stationnement et la concurrence déloyale des grands taxis et transport clandestin. S'agissant du volet touristique, l'Ancienne Médina n'est pas mieux servie. Sa muraille et ses portails sont en état de dégradation avancé. Ses hôtels sont également mal entretenus et manquent de restauration ou d'animation de qualité.

Chose qui n'encourage pas les touristes à s'y installer. En outre, les 3.025 commerces existants sur place sont mal structurés et loin de représenter les meilleures conditions de travail. Preuve en est l'état dégradé du marché de Bab Marrakech. De même, les 1.385 artisans de l'Ancienne Médina souffrent de l'étroitesse des locaux de production et de l'absence des conditions de sécurité et d'hygiène. Sur le niveau social, la pauvreté influence négativement la vie des ménages et le niveau de scolarité des étudiants.
En effet, cette partie de la métropole enregistre un taux de redoublement élevé en 1re année de l'enseignement fondamental (13%). Pis, les jeunes ont tendance à virer vers la violence et la délinquance à cause des difficultés d'intégration sociale et du manque de qualification professionnelle, notamment chez les chômeurs.La commercialisation et consommation de psychotropes, de boissons alcooliques ainsi que le proxénétisme, la prostitution et le vagabondage encouragent également les agressions et le manque de sécurité surtout à côté des établissements scolaires. L'ensemble de ces facteurs font que les femmes sont souvent victimes de violence. Bref, l'Ancienne Médina croule sous une montagne de problèmes à caractère social, technique et financier.

Actions de mise à niveau

Pour affronter cette situation, le projet de «Réhabilitation de l'Ancienne Médina de Casablanca» propose de lancer une étude approfondie de renouvellement urbain sur l'ensemble de ce territoire. La synthèse présentée par l'association Carrières Centrales envisage également un développement d'activités économiques qui englobe la requalification et modernisation du commerce, de l'artisanat et des services en plus de l'installation de plusieurs circuits touristiques ainsi que la création d'une agence de réhabilitation et formalisation des modalités d'intervention.
La mise à niveau des équipements publics n'est pas en reste. Cette dernière concernerait les lieux de culture et de culte, les centres de santé, les équipements de proximité, les espaces publics et les établissements scolaires.
En outre, les orientations de l'équipe de réflexion soulignent la nécessité de réhabiliter l'ensemble des infrastructures de base.

Cette opération concernera le renouvèlement de 900 points lumineux, l'organisation du secteur de transport, l'investissement de 135 MDH dans les réseaux d'eau et assainissement liquide. Par ailleurs, le territoire de la médina sera découpé en 3 séquences à savoir le bord de mer, le centre médina et les grands boulevards. Et bien sûr, on a prévu plusieurs actions d'intervention sociale pour lutter contre l'échec scolaire, la violence, la délinquance,… Compte tenu de ces orientations, il a été mis en avant qu'il serait souhaitable de définir un programme d'intervention réaliste et compatible avec les ressources existantes et mobilisables, de viser des actions ciblées, circonscrites géographiquement et maîtrisables financièrement.
A titre d'exemple, la mise en place d'un circuit touristique aménagé, bien équipé, sécurisé, propre et animé, nécessite de débloquer une somme de 101.400.000 DH. Ce montant ne comprend pas le coût de réhabilitation du marché de Bab Marrakech, dont le montant global de réhabilitation y compris les aménagements extérieurs est estimé à 217.160.000 DH.

De nombreux autres projets sont également à l'étude au sein de l'Association. L'Association Carrières Centrales a, par ailleurs, décidé d'engager au sein de l'Ancienne Médina, des actions porteuses de valeur de solidarité, préalable pour toute démarche de reconstruction. Le mois de Ramadan prochain est propice à de telles actions et de nombreuses associations intervenant dans l'enceinte de la muraille vont se joindre à l'opération «Ramadanyates Al Madina Al Qadima Li Dar AlBaida».
Au programme : la distribution de repas, des activités sportives, des ateliers pour enfants et des projections et spectacles en plein air.

Un peu d'histoire

Centre du petit royaume des Berghwatas et connue depuis le 6e siècle, la cité d'Anfa fut prospère jusqu'en 1468. Ce fut Sidi Mohammed Ben Abdallah qui lui redonna une nouvelle impulsion vers 1770 en édifiant la médina de Casablanca à l'emplacement de la cité médiévale d'Anfa. Dès 1880, Casablanca devint la capitale économique du Maroc . A la fin du 19e siècle, Casablanca constituait le point de passage obligé des puissances européennes. Sa population passa de 6 000 habitants en 1865 à 20 000 au début du 20e siècle.
Mais étant un centre de passage commercial et en l'absence de souks traditionnels, la médina de Casablanca ne fut jamais une ville d'artisanat ce qui explique l'absence d'une bourgeoisie qui donna aux médinas de Fès et de Marrakech leur prestige et leur rayonnement. Formant un polygone irrégulier d'une superficie de 47 ha, limitée par ses remparts, la médina forme un quartier essentiellement d'habitat et de petits commerces. Son tracé en fait une médina traditionnelle avec ses rues étroites à largeur variable, démunie d'espaces publics hormis quelques placettes mais avec une forte densité allant jusqu'à 3 000 habitants à l'hectare.

Exposition de Mohamed Tangi

A l'occasion de la présentation du projet de réhabilitation de l'Ancienne Médina, Mohamed Tangi a présenté une exposition de photos inédites de Dar El Beïda d'antan. Ce collectionneur a exposé une série de photographies rares qui remontent au début du siècle dernier, montrant plusieurs sites de l'Ancienne Médina de Casablanca. Cette exposition retrace l'histoire et les orientations architecturales de la cité. C'est une façon de faire revivre une étape marquante de l'histoire de la ville.La mise en scène de cette exposition est spécialement conçue par Mohamed Tangi, grand amoureux de la ville, qui collectionne depuis toujours les photographies de «Dar El Beïda».
La sélection des tableaux est guidée par le pedigree historique de chaque site exposé. Tout au long de sa visite, le spectateur se plonge dans l'histoire de «Dar El Beïda» à travers des sites, aujourd'hui, peu connus par l'ensemble des Casablancais.
Lisez nos e-Papers