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Un chantier vert d'une portée stratégique

C'est parti! Le débat national sur la charte de l'environnement et du développement durable (CNEDD) vient de démarrer avec le début cette semaine des concertations régionales. La concertation nationale à travers les 16 régions du Royaume, devrait se poursuivre jusqu'au mois de février. Les résultats permettront, en mars prochain, d'élaborer le projet final de la Charte alors que son adoption officielle est prévue le 22 avril prochain.

Un chantier vert d'une portée stratégique
La fragilité des ressources naturelles et leur tendance, plus ou moins rapide, à la dégradation, affectent de plus en plus la qualité de vie de la population.
Plus qu'une simple initiative pour la préservation de l'environnement au Maroc, la Charte nationale de l'environnement est un projet stratégique… une lueur d'espoir et un exemple à suivre dans la région alors que la sonnette d'alarme a déjà été sonnée par les écologistes à l'échelle mondiale sur les périls auxquels l'écosystème de la planète fait face et qui devraient s'accentuer dans l'avenir si rien n'est entrepris.
Dans ce sens, l'un des objectifs majeurs de ce projet est de créer une dynamique nouvelle pour placer la préservation de l'environnement au cœur des préoccupations de tous les Marocains dans le processus de développement durable du pays. La charte vise ainsi à définir les devoirs mais également et surtout les responsabilités individuelles et collectives dans tous les secteurs d'activités.

L'anticipation de la conférence de Copenhague sur les changements climatiques, qui n'a malheureusement pas tenu toutes ses promesses, montre bien que le Maroc est déterminé à poursuivre et renforcer les actions qui visent à préserver l'environnement.
Même si du chemin reste encore à faire, le Royaume a depuis plusieurs années choisi de contribuer activement aux efforts déployés en matière d'environnement et de développement durable par la communauté internationale, notamment en participant à la mise en œuvre de la déclaration de Rio, et à la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement définis par les Nations unies.
Le Maroc a, pour rappel, signé et ratifié les principaux protocoles et conventions internationaux, notamment ceux issus du Sommet de Rio. Il s'agit du programme Action 21, de la Convention Cadre des Nations unies sur les Changements Climatiques, de la Convention Cadre des Nations Unies sur la Diversité Biologique, de la Convention Cadre des Nations unies de lutte contre la Désertification, de la Convention Ramsar, etc. Ces textes et conventions serviront certainement de base pour la Charte nationale.

Défis
L'adoption de cette dernière émane certes d'une volonté mais elle traduit également une réelle prise de conscience des défis environnementaux et ceux du développement durable. Le contexte actuel pose ainsi d'importants défis qui nécessitent la mobilisation de tous les acteurs au pays pour les relever. Projet sociétal d'une grande portée, la CNEDD a pour objectif de contenir les conséquences de l'accroissement de la population, les problèmes liés aux grands chantiers d'infrastructures, les besoins en matière de santé publique et les contraintes éducationnelles grandissantes. Pour les responsables, elle constitue le meilleur outil pour garantir l'essor et l'exploitation du «patrimoine commun de la nation» dans un concept de développement durable.
L'enjeu est donc de taille. En effet, la fragilité des ressources naturelles nationales, leur rareté par rapport à une population en constante augmentation et leur tendance, plus ou moins rapide, à la dégradation, affectent de plus en plus la qualité de vie des populations en milieu urbain et rural et portent préjudice au processus du développement économique et social. Cette situation, conjuguée aux aléas climatiques qui touchent les ressources en eau et l'agriculture, accentue les problèmes socio-économiques, notamment pour la population rurale. Pour satisfaire ses besoins vitaux, celle-ci a recour à la surexploitation des sols, des ressources en eau, des forêts, etc. Par ailleurs, le développement qu'a connu le Maroc durant les dernières décennies dans les secteurs socio-économiques vitaux, notamment l'agriculture, l'industrie, la pêche, le développement urbain, les infrastructures et le tourisme, n'a pas manqué d'induire des répercussions négatives sur la qualité de l'environnement nécessitant pour leur correction de lourdes charges financières. Selon les dernières évaluations, les tendances de dégradation de l'environnement sont estimées à 13 milliards de DH, soit 3,7 % du PIB. L'eau représente l'un des principaux défis de ce siècle partout dans le monde.

En dépit d'une bonne politique adoptée par le Maroc, le pays sera également affecté. Les ressources hydrauliques sont aujourd'hui au centre des préoccupations. En effet, une comparaison entre la demande actuelle en eau et celle des ressources en eau mobilisables, sans prendre en considération l'impact des changements climatiques, conduirait à un écart de l'ordre de 2 milliards de m3 à l'horizon 2030 entre les ressources disponibles et les besoins.
Dans un autre registre, la pollution de l'air est devenue aujourd'hui un sujet hautement sensible puisqu'elle touche aussi bien la santé des personnes que les intérêts économiques. Cette pollution atmosphérique concerne surtout les grandes agglomérations qui regroupent à la fois des sources mobiles et fixes de pollution à savoir: les transports et les installations industrielles et énergétiques, qui ont été responsables de plusieurs maladies notamment à Safi, Casablanca et Mohammedia. Aussi, le parc automobile marocain a connu une grande croissance durant cette dernière décennie (près de 2 millions de véhicules en 2004 dont environ 52% sont concentrés dans les Régions Rabat-Casablanca). Ce parc est considéré comme vétuste et manque d'entretien et de contrôle. La qualité des carburants (essence riche en plomb et gasoil riche en soufre) a aussi joué un rôle déterminant dans l'augmentation des pollutions dues aux automobiles jusqu'à fin 2008, où est intervenu le changement de réglementation des carburants.

Pour sa part, l'industrie marocaine est constituée de plus de 7714 unités dont 37% sont localisées dans le Grand Casablanca, soit 2874 établissements. Ces installations industrielles incluent notamment les industries chimiques et para-chimiques ainsi que les industries métalliques et métallurgiques. Il est à noter également que le littoral marocain est soumis à des agressions multiformes d'origine terrestre et/ou marine. De même, l'occupation du domaine public maritime, en concession et sous d'autres formes, ne manque pas d'avoir des effets néfastes sur le patrimoine littoral national.

Les établissements littoraux de pêche, quant à eux, constituent un autre phénomène subi par les rivages de mer. C'est donc dans ce contexte que l'appel royal est venu pour doter le pays d'une charte ambitieuse qui devrait affirmer le droit de chacun de vivre dans un environnement sain et consacrer les notions de devoirs envers l'environnement qu'il s'agisse de ceux des citoyens, de ceux des acteurs économiques et sociaux ou de ceux des pouvoir publics. Même si la réalisation des objectifs de la charte incombe avant tout aux pouvoirs publics, toutes les composantes de la société marocaine sont invitées aujourd'hui à s'impliquer dans le débat et surtout prendre conscience de leurs devoirs et responsabilités. L'exercice des celles-ci devrait s'inscrire dans la promotion du développement durable alliant le progrès social et la prospérité économique avec la protection de l'environnement et ce, dans le respect des droits, devoirs, principes et valeurs prévus à la charte dont l'aboutissement devrait oxygéner l'environnement dans notre pays.
C'est donc un grand chantier écologique d'une valeur stratégique que le Maroc entame cette deuxième décennie du 21 siècle.
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Premières recommandations

Après un premier débat régional organisé dans la région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaer entre les 18 et 19 janvier, c'était au tour de la région de Tanger-Tétouan pour avoir son propre débat.
A l'issue de cette rencontre régionale animé par Mohand Laenser et Nizar Baraka, respectivement ministre d'Etat et ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Affaires économiques et générales, les participants ont formulé plusieurs recommandations relatives notamment à la promotion du conseil national de l'environnement au rang d'un conseil supérieur, la détermination des responsabilités, la création d'une instance chargée du suivi de l'application des dispositions de la charte de l'environnement et la prise en considération des conclusions de la commission consultatives de la régionalisation.
Pour leurs parts, les participants au débat régional tenu les 20 et 21 janvier à Dakhla, ont préconisé le renforcement du rôle des collectivités territoriales dans les domaines de l'environnement et la santé public, l'intensification des campagnes de sensibilisation, et la réalisation d'études scientifiques ayant pour objet la détermination des sites et réserves écologiques. Aujourd'hui, un autre débat régional va démarrer dans la région de Taza-Al Hoceima-Taounate.
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Site web

Pour une meilleure interactivité, les responsables ont lancé récemment un site web dédié à la Charte nationale de l'environnement et du développement durable. Ce site Internet a été voulu comme un outil interactif d'appui à la concertation nationale et à la sensibilisation de la population sur la nécessité de participer au processus d'élaboration de la charte. Tous les citoyens sont donc appelés à donner leurs avis et à participer au forum de discussions sur la charte. Par ailleurs, le portail comprend des articles d'informations, des contributions des différentes institutions étatiques et une web TV destinée à la couverture des travaux et ateliers de concertation. Le site est lui-même subdivisé en trois sites: un site principal et deux sites pour jeunes et enfants.
Ces derniers seront sensibilisés sur les bons gestes à adopter pour préserver l'environnement à travers des articles et des jeux. Le site principal s'adresse à tous les acteurs de la société.
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