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Le projet arganier, une stratégie bien huilée

Le projet arganier mené depuis 2003 par l'Agence de développement social (ADS), en partenariat avec l'Union européenne (UE), a porté ses premiers fruits. Ce programme sexennal consistait à réorganiser la filière de l'arganier dans le sud-ouest du pays afin d'en permettre la préservation et la gestion durable, tout en créant des activités génératrices de revenus.

Le projet arganier, une stratégie bien huilée
Le projet s'inscrit dans une véritable redynamisation des provinces et des communes reculées.
Cette politique régionale de l'arganier avait notamment pour objectif «d'encourager l'emploi de la femme rurale et sa participation active dans le développement économique et social de la région», affirme Mohamed Najib Guedira, directeur de l'Agence de développement social. Les résultats ne se sont pas fait attendre, alors que le contexte d'alors ne laissait pas présager une telle réussite. ''Les conditions naturelles étaient particulièrement difficiles'', rappelle Sadiq Idrissi, chef de l'Unité de gestion du projet arganier. Les sols étaient arides à cause des précipitations irrégulières, ajoutés à cela l'urbanisation effrénée, l'agriculture intensive et l'extension des droits d'usage, autant d'éléments d'entraves au développement et à la promotion de la filière». Ceci justifie, s'il en est, la longue déshérence de la région et la raréfaction alarmante de l'arganier, espèce endémique du sud- ouest marocain.

Fort heureusement, le financement et l'accompagnement empirique du projet arganier ont permis de mettre à niveau et de restructurer la filière et les coopératives locales. 120 millions de dirhams ont été injectés dans le projet, dont 60 millions investis par l'Union européenne et 42 millions par l'ADS, en plus de l'apport des bénéficiaires d'un montant de 18 millions de dirhams qui ont contribué à une véritable politique entrepreneuriale de toute la filière de l'arganier. Ainsi, 66 coopératives productrices d'huile d'argan sont aujourd'hui à pied d'œuvre et sont ''coiffées'' par 6 Groupements d'intérêts économiques (GIE) et 2 Unions, mises en place dans le cadre de ce projet. Véritables consortiums de coopératives, ces Groupements sont préposés essentiellement à la promotion et à la commercialisation de l'huile d'argan. A cet effet, quatre programmes transversaux basés sur l'alphabétisation et la formation ont été dispensés au profit de 1.800 femmes membres des coopératives et gestionnaires des groupements de coopératives afin de les doter, pour les unes des prérequis pédagogiques fonctionnelles adaptés au contexte des coopératives et pour les autres de compétences en gestion administrative financière et marketing. L'élaboration d'un cadre réglementaire de toute la filière ainsi qu'un guide de bonnes pratiques de fabrication de l'huile d'argan, en arabe et en français, à destination des coopératives et des GIE ont contribué dans une certaine mesure à optimiser le savoir-faire en matière de production et à élargir le marché de l'argan vers l'exportation en particulier par la certification Ecosert. Autre maillon fort de la chaîne, à l'initiative du projet arganier, l'ANCA (l'Association nationale des coopératives d'argan), qui vient chapeauter l'ensemble des coopératives et GIE en œuvrant à la promotion de leurs produits, à leur commercialisation vers l'étranger et à la défense de tous les membres par l'élaboration d'un cahier des charges.

Pour compléter ce circuit de production et de gestion, 9 projets de recherche ont été lancés sur la thématique de l'arganier, mais surtout 24 autres projets de préservation et de régénération de l'arganier financés et appuyés par le projet arganier ont également vu le jour en partenariat avec la région Souss Mass-Draâ, la Direction régionale des eaux et forêts du sud-ouest, l'INDH et les Associations de développement local (ADL). La mise à disposition de terrains en faveur de des populations et la gestion participative de ces derniers dans le suivi, le contrôle de l'exécution de ce processus ont permis de mener à bien un très grand nombre d'actions de régénération et de reboisement et rallié ainsi l'adhésion progressive de la population à cette opération. «Ainsi, 650 ha répartis sur 6 sites en 2008 ont été financés dans le cadre du projet arganier, alors qu'au démarrage, en 2005, on ne disposait que de 150 hectares répartis en 15 sites, ce qui constitue un taux de réussite global de 75 à 92% après une période de 2 ans à peine », se félicite Sadiq Idrissi.

Même satisfecit du côté de Miloud Azerhoune, secrétaire général du Réseau des Associations de la réserve de biosphère arganeraie (RARBA).
«En 2005, précise-t-il, on avait du mal à mobiliser des terrains pour la régénération tant la réticence et l'opposition aux actions de plantation de la population étaient grandes. Aujourd'hui, on plante sur des terrains privés et de 45 hectares, on est parvenu, en 2008, à 150 ha, soit le triple de la surface de plantation sur le seul site de régénération d'Al Assla à Taroudant. C'est dire le succès exponentiel de cette opération qui a une double dimension, environnementale et psychologique.
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Prise de conscience

L'écosystème a commencé à se régénérer, une prise de conscience s'est également opérée parmi la population qui a mesuré son rôle déterminant par rapport à la ressource arganière autant dans sa préservation que dans sa pérennisation pour les générations futures. «En tout état de cause, le développement de la filière et la gestion durable de l'arganeraie ne pourraient à eux seuls avoir un impact significatif sur le développement de la région et de la promotion de la condition des femmes rurales, en particulier, selon la conception de Mohamed Najib Guedira. Cette ‘'success story'' est, pour lui, le produit d'une approche participative de tous les acteurs de la filière et de tous les partenaires, entre autres, les instances administratives et politiques, les autorités provinciales, la Direction régionales des eaux et forêts, la société civile, la population locale...» Un projet bien huilé, donc, qui arrive malheureusement à son terme en ce début d'année 2010 mais dont les effets et les bénéfices sur le terrain sont incommensurables.
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Questions à: Yatribi Abdelghani • coordinateur régional de l'Agence de développement social pour la région Souss-Massa-Drâa

«Nous menons un programme d'Appui à la planification communale»

En dehors du projet arganier, quels sont les autres programmes menés par l'Agence de développement social en faveur de la région ?

Nous travaillons actuellement sur le programme APCO, un programme d'appui à la planification communale qui intervient dans le cadre de la Charte communale, en vigueur, en faveur du renforcement de la bonne gouvernance et de la démocratie locale. Dans le cadre d'un appui de proximité, le programme est issu d'une convention tripartite, dont l'ADS, la DGCL (Direction générale des collectivités locales) et le conseil provincial concerné. Actuellement, le programme APCO est appliqué à 3 provinces dont celle de Ouarzazate et de Zagora qui a démarré en mars 2009 et dernièrement à celle de Tiznit.

En quoi consiste concrètement cet appui ?

Le programme consiste en un diagnostic en amont du Plan communal de développement et en l'élaboration d'un rapport d'appui ad hoc. S'ensuit une aide aux collectivités locales dans leur politique de planification et de développement, en particulier dans le domaine de la formation des élus locaux, des services extérieurs concernés et quelques membres de la société civile qui participent à la gouvernance de la chose locale. Les agents de développement locaux qui ne sont autre que des cadres de l'ADS appuient également le montage et la réalisation des projets en fonction des axes stratégiques de développement provinciaux adoptés.

Le programme Takwiya participe aussi de cette approche territoriale ?

En effet, toutefois, ce programme est destiné aux coopératives et au tissu associatif. Il est issu d'une convention tripartite entre l'ADS, le Comité provincial de développement humain (CPDH) et le ministère de tutelle. Mis en place en 2009, sur une période de 2 ans, Takwiya porte sur le renforcement des capacités des membres d'associations nouvellement créées ou génératrices de revenus. Nous apportons à ces dernières notre appui en matière de formation et de gestion financière. Nous organisons des tables rondes, des formations, des échanges qui permettent aux acteurs associatifs de se doter des outils et de l'expertise nécessaires à la bonne marche de leur association. Sont concernées par ce programme depuis un an, les provinces de Zagora et la préfecture d'Inzegane-Aït Melloul et depuis le début de cette année, les provinces de Tiznit et de Sidi Ifni.

Propos recueillis par Samira Ezzel
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