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«ABC», miroir d'une hargne appelée Maroc

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Sur le mode d'une dérision désuète et anachronique, le journal espagnol «ABC» vient de commettre, dans ses éditions du 13 août dernier, un articulet sur le Maroc et sur Sa Majesté Mohammed VI en particulier. Publié sous forme de tribune, il est signé Ignacio Camacho et respire la hargne que l'extrême-droite espagnole a constamment nourrie et témoignée à l'égard de notre pays et de ses institutions. Sans doute, devrait-on replacer ce «papier» dans le contexte de crise qui a marqué dernièrement les relations entre les deux gouvernements, suite aux dérives xénophobes dont la police des frontières espagnole a fait preuve contre des citoyens marocains et subsahariens et qui ont, peu s'en faut, suscité l'ire des autorités marocaines, voire espagnoles. Sans doute aussi, devrait-on rappeler pour mémoire que, fidèle à une irascible tradition, le titre ABC ne rate aucune opportunité pour s'en prendre à notre pays, dénigrer ses responsables et au-delà son peuple. Quitte à mélanger les dossiers, Sebta et Mellilia, Iles des Jâafarines et Ilôt de Leila, le Sahara et autres sujets en suspens, il n'a jamais de mots assez forts ou viles pour dénigrer le Maroc.

Non content de ruer dans les brancards de certains dirigeants hostiles au Maroc, il s'ingénie à se faire l'avocat d'un gouvernement socialiste et à être « plus royaliste que le Roi », alors que l'idéologie qu'il colporte, les valeurs conservatrices qu'il véhicule sont aux antipodes absolues du pouvoir socialiste en place. Fondé par le célèbre marquis conservateur  Luca de Tena, « ABC » s'est fait une spécialité : cultiver la critique pamphlétaire, s'en prendre aux faciès, être le porte-parole des conservateurs et de l'héritage franquiste. Or, il convient de mettre en exergue le tropisme qui a constamment nourri l'imaginaire de l'extrême droite espagnole et de son hostilité, celui de l'empire espagnol en Afrique dont la nostalgie remonte aux sombres moments de l'Inquisition, à Isabelle de Castille, dite la Catholique et à son tristement célèbre confesseur, Thomas Torquemada qui vouaient une haine sans limites aux « Moros » (Maures), à ce qu'il appelait non sans brutalité les « infidèles musulmans ». Le journal ABC, fidèle héritier d'un ignominieux legs, caressant le rêve d'un 2 janvier 1492, ne fait plus dans la dentelle. Pour peu que l'on prête attention à ses campagnes, on se croirait en pleine « Reconquista ». Quand ce ne sont pas la gauche et les progressistes espagnols, comme Felipe Gonzales, ce sont les Africains et les Arabes qui, sans ménagement, servent de cibles privilégiées et – comme disait François Mitterrand après le suicide de son Premier ministre Pierre Bérégovoy – « leur honneur » est livré à la meute de « chiens » déguisés en journalistes plumitifs. Nulle dignité, aucun symbole ne sont épargnés par les folliculaires du journal qui se fendent d'articles acidulés, plus que contraires à la simple déontologie.

Le journal ABC exprime en somme les ressentiments de certains cercles espagnols, aussi bien au pouvoir qu'indépendants. Certes, ses réactions ne représentent que lui-même, et ne traduisent sans doute pas la position officielle de Madrid. Il reste que la propension fielleuse de ses écrits, le choix du moment et l'inopportunité des sujets relèvent d'autant plus d'une volonté délibérée de nuire qu'elle n'est pas le simple fait de la liberté de la presse à laquelle nous n'attentons nullement ici. Journal à sensation qui rappelle par bien des traits un certain « Rivarol » ou « Minute » en France, il respire l'anti-démocratie, l'antisémitisme, le racisme et la xénophobie. Cependant, la parution de cette tribune libre, commise par le sieur Ignacio Camacho qui porte le même prénom qu'un certain Sombrero et, probablement loge à la même enseigne, traduit à coup sûr la volonté de nuire aux bonnes relations maroco-espagnoles et s'inscrit, de toute évidence, dans la campagne anti-marocaine, illustrée par le boycott de la conférence de presse de Mustapha Selma Ould Sidi Mouloud et des autres aménités dont l'opinion internationale est aujourd'hui témoin.

Ignacio Camacho est-il en service commandé ? On ne s'interroge pas ici, on pose la question du pourquoi et de l'objectif non avoué d'une « tribune libre » qui en dit apparemment long sur les tenants et aboutissants de ses commanditaires et du soupir inquiet d'une extrême droite qui, la bassesse brandie comme un glaive,  transpire la haine et fait feu de tout bois contre le Maroc, son Roi, son peuple et ses institutions. Sebta et Mellilia servent de réflexe de crispation anachronique et pavlovien aux parangons du franquisme. On en est là encore ! En somme, « ABC » ne se résout pas à ce que le Roi Juan Carlos intercède dans la crise patente qui , faute de dialogue responsable, est en train de se loger dans les relations entre l'Espagne et le Maroc et mine une amitié séculaire , aujourd'hui prise d'assaut en Espagne même par les ennemis de la diversité, de la Différence, de la liberté et de la démocratie.
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