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Silence, on salit l'espace public

Malgré les grands efforts des balayeurs, la place El Hansali, le marché Allal El Kasmi, le souk Bir Brahim et le marché Sâada sont très sales.

Silence, on salit l'espace public
Il est évident que la ville d'El Jadida a connu beaucoup de changements. Pourtant, il y a une chose qui ne change pas dans chaque quartier : c'est le balayeur qui est chargé d'entretenir un minimum d'hygiène sur une voie publique envahie par un "tsunami" d'ordures sans précédent dans l'histoire de cette ville.
Prenons par exemple le cas des balayeurs du marché Allal El Kasmi, la place El Hansali, le souk Bir Brahim et le marché Sâada qui ne se lassent jamais de leurs petits pas répétés pour débarrasser la poussière des rues. Ces hommes prennent plaisir jour après jour à exécuter leur tâche.

L'exemple le plus frappant est celui du balayeur du marché Allal El Kasmi. Le bonhomme, d'âge mûr, vêtu d'un uniforme bleu frappé du sigle de l'entreprise de nettoyage, se présente toujours à l"aurore, dans l'espace que sa hiérarchie lui a assigné. Poussant sa poubelle verte itinérante et arborant un balai rudimentaire quasi inusable, il entame chaque jour son labeur quotidien.
Sur son visage, on sent qu'il est fier de ses matins rythmés par le chant du muezzin de la mosquée Bel Hamdounia, de ses rencontres journalières, de ses attentes et de ses découvertes, de ses bonjours successifs aux commerçants. Il cale sa poubelle sur roues dans un coin, et sans lever la tête, il se met à balayer les trottoirs, les chaussées et les caniveaux pollués la veille par une population atteinte d'incivisme galopant. Il ne regarde ni à droite ni à gauche, ne fait nullement attention aux passants qui jettent un œil admiratif, reconnaissant ou méprisant sur celui qui va redonner un aspect présentable à ce marché souillé par une négligence généralisée.

Il pousse du bout de son balai usé les morceaux de papier, les pots jetables, les feuilles de journaux, les mégots, les emballes plastiques, les cartons, les sacs en plastique et toutes les saletés jetées chaque jour par ces commerçants et marchands de ce marché. Puis il en fait un petit tas qu'il ramasse de sa pelle et jette dans la poubelle noircie par la crasse, mais qui a dû être verte à l'origine. Qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il fasse un soleil écrasant, il accomplit toujours sa tâche avec la même régularité.

On lui a sûrement intimé l'ordre de nettoyer les caniveaux, les trottoirs, les chaussées et les allées. Mais il faut savoir que tous les coins et recoins de ce marché sont jonchés de détritus de toutes sortes à cause de l'incivisme des marchands et commerçants de ce marché à tel point que seuls une armada ou un commando de nettoyeurs pourraient assainir.

Et pendant que ce balayeur souffre le martyre, la saleté, elle, continue d'envahir le marché, d'avancer comme une fatalité, d'enlaidir un environnement déjà suffisamment laid, de nourrir les chats et les chiens errants qui ont envahi tous les espaces du marché, où ils se promènent parmi les gens sans la moindre inquiétude, aboyant parfois effroyablement après eux. Et malgré les grands efforts des balayeurs, la place El Hansali, le marché Allal El Kasmi, le souk Bir Brahim et le marché Sâada sont sales, très sales et les immondices sont là, exposées à la vue et au nez, et les gens et les responsables vaquent à leurs «occupations» comme si de rien n'était, nullement incommodés par les odeurs nauséabondes qui s'en dégagent.

Les sceptiques n'ont qu'à faire un tour dans la place El Hansali, le marché Allal El Kasmi, le souk Bir Brahim et le marché Sâada surtout la nuit à partir de 19 heures. Le matin, de bonne heure, des bougres bossent comme des mulets sous une poussière suffocante et infecte, et rentrent chez eux le soir, le corps esquinté, dans un foyer où il n'y a pas suffisamment d'eau pour se nettoyer convenablement, pour percevoir à la fin du mois une misère qui leur bousille les nerfs, tellement ils ne savent pas comment la gérer. Les responsables de la société de nettoyage et le conseil municipal, qui eux ne sont pas victimes de ces calculs qui détraquent les nerfs, devraient de temps en temps aller dans la place El Hansali, le marché Allal El Kasmi, le souk Bir Brahim et le marché Sâada et observer ces êtres humains.

Ceux-là ne parlent pas, ils triment. Quand ils parlent, les mots qu'ils prononcent font partie du travail. Ce qu'ils disent n'a rien à voir avec la langue de bois. Pourtant, on les méprise et ils savent que ces commerçants et marchands de cette place, de ce marché et de ce souk n'ont aucune pitié pour eux. Cependant, ils font leur devoir avec la même constance et ramassent tout. Et après leur départ, ils laissent leur "secteur" comme un sou neuf. Mais, ce soir encore et encore, la place El Hansali, le marché Allal El Kasmi, le souk Bir Brahim et marché Sâada retrouveront leur saleté quotidienne et demain tout sera à recommencer. Et, au lieu de sanctionner " ces incivils ", on applique ces derniers jours la politique de " la morve " en organisant une campagne de nettoyage, mais, une minute après, les saletés commencent à s'amonceler.

Messieurs les responsables et élus, il fut un temps, dans les années 60, des opérations de contrôle et de surveillance avaient été menées par de simples fonctionnaires de la municipalité pour sanctionner les fautifs (amende) et pour rendre aux citoyens le réflexe de défense de leur environnement. Aujourd'hui, on n'aime plus son quartier, son espace public, on souhaite le salir...
En somme, le Jdidi, qu'il soit un responsable ou un citoyen lambda, ne semble pas du tout gêné par les ordures qui s'amoncellent un peu partout dans toute la ville. Il paraît s'en accommoder.

C'est la preuve que les leçons de morale sur la propreté, qui foisonnent dans le discours politique, les prêches religieux, les spots publicitaires et les livres scolaires, ne sont que des mots. À El Jadida, on parle beaucoup. Et nous savons que l'abondance des paroles est inversement proportionnelle à l'action.

Une action à méditer

Beaucoup parmi les responsables de la société de nettoyage, qui sont payés grassement pour s'occuper soigneusement et rigoureusement de la propreté de cette pauvre ville El Jadida ne s'en soucient guère de la situation alarmante de la ville et surtout la cité portugaise et les quartiers populaires. De même, beaucoup d'élus qui prétendent qu'ils sont concernés par la chose publique s'en foutent carrément. Que font-ils au juste ? Ils produisent de jolis mots qui sonnent bien, mais creux. Il faut les écouter, quand ils se mettent à façonner le monde avec des mots, des gestes larges, ruisselants de passion et d'enthousiasme. Le problème, c'est qu'après avoir parlé, ils croient dur comme fer qu'ils ont travaillé et qu'ils ont changé les choses. Et ils le disent partout. Aussi, nous pouvons avancer deux choses: soit que ces responsables de cette société de nettoyage et ces élus sont incapables de produire des idées pour nettoyer cette ville, soit ils sont fascinés par autre chose qui les empêche de bosser et d'accomplir leur devoir consciencieusement. Mais peut-être qu'ils ne la voient pas cette saleté? Peut-être que nos responsables, nos élus et nos députés trouvent la chose normale ?
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