La jubilation était alors générale parmi la communauté amazighe qui prédisait de beaux jours pour le Tamazight au Maroc.
Au fil des années, cet optimisme perdait progressivement de l'ampleur et le désenchantement s'est petit à petit installé. Et pour cause, il semble, de l'avis de plusieurs activistes amazighs, que l'Etat n'a pas pris trop au sérieux le «défi» de mettre la langue amazighe dans la place qui lui revient dans le paysage éducatif marocain.
Si le principe en soi fait l'unanimité, les mesures de contrôle, de suivi et même de sanction font toujours défaut. Encore de nos jours, rien n'astreint les enseignants à dispenser des cours d'amazigh, ni les élèves à y assister. Du coup, l'anarchie totale règne en cette matière, et ce au mépris du «curriculum de l'enseignement de la langue amazighe» (Al Minhaj). Ce curriculum élaboré en 2003 par le ministère de l'Education nationale en concertation avec l'Institut Royal de la culture Amazighe fixe les modalités de l'intégration de l'amazigh dans le cursus scolaire des élèves marocains.
Quatre principes cardinaux transcendent ce «guide» de l'enseignement de la langue amazighe. De prime abord, il s'agit de généraliser l'enseignement de cette langue à tous les établissements scolaires du Maroc. Ensuite, cet enseignement doit se faire à titre obligatoire et non pas optionnel. C'est là, à vrai dire, un acquis de taille dans la mesure où la charte de l'Education stipule que l'amazigh ne sera enseigné qu'«à titre d'accompagnement». Finalement, les deux derniers principes veulent que la langue amazighe enseignée dans les écoles soit «standardisée» et que le «Tifinagh» soit retenu comme caractère officiel d'écriture de l'amazigh.
Cela dit, ces principes plébiscités par les autorités politiques demeurent une pure utopie, et il en va tout autrement sur le terrain. L'état des lieux, à vrai dire, est peu réjouissant. «La langue amazighe est aujourd'hui enseignée dans seulement 7% des établissements scolaires marocains», déplore Ahmed Assid, de l'Observatoire Amazigh des droits et des libertés, un organisme qui place la promotion de l'enseignement de l'amazigh au cœur de ses préoccupations.
A ce rythme là, le projet (trop) ambitieux de généralisation d'ici à 2012 part en fumée. Abordant les causes de cette tergiversation, M. Assid ne mâche pas ses mots : «sur le papier, tout est parfait, bien élaboré. Mais c'est du côté du suivi et de l'application que le bât blesse. A titre d'exemple, le cours d'amazigh doit se faire à raison de 3 heures par semaine. Or, pour ce qui est de la pratique, on rogne souvent sur ces heures pour faire d'autres cours. Aussi, les sessions de formation à l'amazigh ne se font pas à large échelle. Sur l'ensemble de 16 académies régionales, 7 seulement dispensent ces formations», clame-t-il.
Et d'ajouter que les académies ne prennent pas au sérieux la question de l'intégration de l'amazigh dans le cursus scolaire des élèves. «Les circulaires du ministère de l'Education nationale en la matière sont tout bonnement ignorées. Je trouve que cela revient au fait qu'on continue à percevoir l'enseignement de la langue amazighe comme quelque chose de facultatif, de superflu, alors qu'il s'agit bel et bien d'une langue nationale qui doit occuper la place qu'elle mérite dans le système éducatif», précise M. Assid.
Si ce dernier dénonce le laisser-aller dans les académies régionales qui fait que l'enseignement de l'amazigh reste encore à son stade embryonnaire, les professionnels, eux, mettent en cause d'autres facteurs objectifs. M. Ouadich, inspecteur de la langue amazighe au niveau de la région de Rabat-Salé-Zemmour Zaër souligne deux carences substantielles qui retardent le projet de généralisation. «Les manuels de l'amazigh à l'usage des enseignants et des élèves sont une denrée rare dans les librairies marocaines. Les enseignants bien formés ne sont pas, non plus, disponibles. Et même quand il y en a quelques-uns, ils ne sont pas souvent spécialisés.
Il arrive fréquemment qu'on sollicite le professeur d'amazigh pour faire le cours à la place d'un professeur d'arabe, de français ou de mathématiques qui s'est absenté pour une raison ou une autre. Cette situation ne doit pas durer. Il faut que l'enseignant de l'amazigh se consacre corps et âme à sa matière et qu'il en ait la charge exclusive», considère M. Ouadich, et de rappeler que l'AREF de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër a été pionnière en matière d'institution de cette spécialisation, ainsi qu'en matière d'extension de la base d'enseignement de la langue amazighe dans ses écoles. «Actuellement, ce sont près de 17.000 élèves appartenant à 155 établissements scolaires de la région qui étudient le Tamazight. Toujours au niveau de la région, on dénombre quelque 153 enseignants de cette langue. Chaque année, l'académie forme un contingent d'enseignants dans la perspective de la généralisation de l'enseignement de l'amazigh à tous les établissements de la région», renseigne M. Ouidach.
Décidément, ce n'est pas la bonne volonté qui manque pour instituer la langue amazighe comme une matière à part entière dans les programmes scolaires marocains. Mais au-delà de la bonne volonté, il faut fournir les manuels, former les enseignants qu'il faut et activer des mesures drastiques de suivi du processus d'intégration. Autrement, les promesses de promotion de l'enseignement de la langue amazighe resteraient de simples déclarations de bonne intention.
Au fil des années, cet optimisme perdait progressivement de l'ampleur et le désenchantement s'est petit à petit installé. Et pour cause, il semble, de l'avis de plusieurs activistes amazighs, que l'Etat n'a pas pris trop au sérieux le «défi» de mettre la langue amazighe dans la place qui lui revient dans le paysage éducatif marocain.
Si le principe en soi fait l'unanimité, les mesures de contrôle, de suivi et même de sanction font toujours défaut. Encore de nos jours, rien n'astreint les enseignants à dispenser des cours d'amazigh, ni les élèves à y assister. Du coup, l'anarchie totale règne en cette matière, et ce au mépris du «curriculum de l'enseignement de la langue amazighe» (Al Minhaj). Ce curriculum élaboré en 2003 par le ministère de l'Education nationale en concertation avec l'Institut Royal de la culture Amazighe fixe les modalités de l'intégration de l'amazigh dans le cursus scolaire des élèves marocains.
Quatre principes cardinaux transcendent ce «guide» de l'enseignement de la langue amazighe. De prime abord, il s'agit de généraliser l'enseignement de cette langue à tous les établissements scolaires du Maroc. Ensuite, cet enseignement doit se faire à titre obligatoire et non pas optionnel. C'est là, à vrai dire, un acquis de taille dans la mesure où la charte de l'Education stipule que l'amazigh ne sera enseigné qu'«à titre d'accompagnement». Finalement, les deux derniers principes veulent que la langue amazighe enseignée dans les écoles soit «standardisée» et que le «Tifinagh» soit retenu comme caractère officiel d'écriture de l'amazigh.
Cela dit, ces principes plébiscités par les autorités politiques demeurent une pure utopie, et il en va tout autrement sur le terrain. L'état des lieux, à vrai dire, est peu réjouissant. «La langue amazighe est aujourd'hui enseignée dans seulement 7% des établissements scolaires marocains», déplore Ahmed Assid, de l'Observatoire Amazigh des droits et des libertés, un organisme qui place la promotion de l'enseignement de l'amazigh au cœur de ses préoccupations.
A ce rythme là, le projet (trop) ambitieux de généralisation d'ici à 2012 part en fumée. Abordant les causes de cette tergiversation, M. Assid ne mâche pas ses mots : «sur le papier, tout est parfait, bien élaboré. Mais c'est du côté du suivi et de l'application que le bât blesse. A titre d'exemple, le cours d'amazigh doit se faire à raison de 3 heures par semaine. Or, pour ce qui est de la pratique, on rogne souvent sur ces heures pour faire d'autres cours. Aussi, les sessions de formation à l'amazigh ne se font pas à large échelle. Sur l'ensemble de 16 académies régionales, 7 seulement dispensent ces formations», clame-t-il.
Et d'ajouter que les académies ne prennent pas au sérieux la question de l'intégration de l'amazigh dans le cursus scolaire des élèves. «Les circulaires du ministère de l'Education nationale en la matière sont tout bonnement ignorées. Je trouve que cela revient au fait qu'on continue à percevoir l'enseignement de la langue amazighe comme quelque chose de facultatif, de superflu, alors qu'il s'agit bel et bien d'une langue nationale qui doit occuper la place qu'elle mérite dans le système éducatif», précise M. Assid.
Si ce dernier dénonce le laisser-aller dans les académies régionales qui fait que l'enseignement de l'amazigh reste encore à son stade embryonnaire, les professionnels, eux, mettent en cause d'autres facteurs objectifs. M. Ouadich, inspecteur de la langue amazighe au niveau de la région de Rabat-Salé-Zemmour Zaër souligne deux carences substantielles qui retardent le projet de généralisation. «Les manuels de l'amazigh à l'usage des enseignants et des élèves sont une denrée rare dans les librairies marocaines. Les enseignants bien formés ne sont pas, non plus, disponibles. Et même quand il y en a quelques-uns, ils ne sont pas souvent spécialisés.
Il arrive fréquemment qu'on sollicite le professeur d'amazigh pour faire le cours à la place d'un professeur d'arabe, de français ou de mathématiques qui s'est absenté pour une raison ou une autre. Cette situation ne doit pas durer. Il faut que l'enseignant de l'amazigh se consacre corps et âme à sa matière et qu'il en ait la charge exclusive», considère M. Ouadich, et de rappeler que l'AREF de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër a été pionnière en matière d'institution de cette spécialisation, ainsi qu'en matière d'extension de la base d'enseignement de la langue amazighe dans ses écoles. «Actuellement, ce sont près de 17.000 élèves appartenant à 155 établissements scolaires de la région qui étudient le Tamazight. Toujours au niveau de la région, on dénombre quelque 153 enseignants de cette langue. Chaque année, l'académie forme un contingent d'enseignants dans la perspective de la généralisation de l'enseignement de l'amazigh à tous les établissements de la région», renseigne M. Ouidach.
Décidément, ce n'est pas la bonne volonté qui manque pour instituer la langue amazighe comme une matière à part entière dans les programmes scolaires marocains. Mais au-delà de la bonne volonté, il faut fournir les manuels, former les enseignants qu'il faut et activer des mesures drastiques de suivi du processus d'intégration. Autrement, les promesses de promotion de l'enseignement de la langue amazighe resteraient de simples déclarations de bonne intention.
