Menu
Search
Lundi 29 Décembre 2025
S'abonner
close
Lundi 29 Décembre 2025
Menu
Search

«L'histoire du passé éclaire le présent et… le futur»

Le grand historien avait accordé un entretien à notre consœur et qui reste d'une actualité brûlante.

«L'histoire du  passé éclaire le présent et… le futur»
Bernard Lugan, grand historien et spécialiste de l'Afrique
C'est en grande pompe et à sa manière que l'Algérie célèbre aujourd'hui l'anniversaire de la résolution 1415 adoptée le 14 décembre 1960 aux Nations unies qui avait permis à 80 pays de recouvrer leur indépendance. L'organisateur de cette rencontre, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahal, exclut bien sûr «tout lien entre cette rencontre et la question du Sahara occidental » alors même qu'une véritable stratégie diplomatique est menée contre l'intégrité du Maroc avec un échéancier extrêmement précis.

Et de rappeler «que l'ONU va adopter une résolution dans laquelle elle soulignera que les idées formulées il y a 50 ans sont toujours d'actualité». Il y a cependant une autre actualité, toute proche, qui est le référendum d'autodétermination, prévu le 9 janvier 2011 au Sud Soudan qui pourrait mettre fin à 22 années d'une guerre civile meurtrière, mais qui dans ce mouvement de l'histoire dont nous méconnaissons les tréfonds pourrait également constituer le début d'une contagion en Afrique. La remise en cause du principe de l'intangibilité des frontières ouvre en Afrique la boîte de Pandore dans de nombreux pays confrontés à des régimes autoritaires qui n'ont pas su se réformer et associer les forces vives. Mais aussi dans des pays aussi différents que le Congo, l'Angola, le Nigeria, le Tchad, Somalie, les Comores, le Sénégal, etc. L'Algérie portée par une histoire toujours vivante comme en témoigne l'historien Bernard Lugan dans un entretien que j'avais réalisé à New York, en mai 2004 toujours d'une grande actualité.

Si l'UE craint un chaos géostratégique, les Africains, eux-mêmes drapés dans leur sacro-saint principe de «l'intangibilité des frontières», craignent l'effet domino. Faute d'avoir anticipé sur les exigences de la mondialisation et constitué de grands pôles régionaux, à l'instar de l'UE, le régime algérien sème les graines d'une déstabilisation dans le Maghreb qui atteindra demain ses propres intérêts. Il faut lire et relire cet entretien, paru sur les colonnes d'un quotidien de la place, où l'historien présente le background historique du Sahara. «Ce que je dis, c'est qu'avant la période coloniale, le Sahara a toujours été économiquement lié au Maroc… ; Le Maroc est le moteur commercial de tout l'Ouest saharien…. Le Maroc étendait son rayonnement au-delà du Tagart et le long des pistes du Sahara depuis l'arc du cercle Agadir-Sijilmassa-Touat, englobant à la fois les villes du Nord du Maroc et les vallées des fleuves Sénégal et Niger.

Dans cette vaste région qui allait de Tanger à la Vallée du fleuve Sénégal, l'influence marocaine se manifestait par la circulation d'une monnaie unique et par un même système de poids et mesures. Les marchandises circulaient sans entraves douanières, car il s'agissait d'échanges internes pratiqués dans les limites d'un seul ensemble culturel et économique». Il rappelle aussi comment la France a donné à l'Algérie des territoires entiers aux dépens du Maroc par une série d'amputations notamment à la fin du XIXe siècle quand la conquête de l'Algérie entraîne les troupes françaises vers le grand Sud à Saoura, Goumara, Touat, Tide Kelt, Timimoun, Bechar tous territoires alors marocains». Sur la question du Sahara et de son développement, Bernard Lugan répond qu'il  il y a intérêt à éviter une question kurde dans la région. Après tout, les Rguibats marocains sont les cousins des Rguibats algériens. Un Etat indépendant du Sahara devra se prolonger jusqu'à inclure le Sahara algérien».
----------------------------------------------------------------------------

Voici
l'entretien avec Bernard Lugan, grand historien et spécialiste de l'Afrique


« Je suis historien et je travaille à la manière de Braudel, sur la longue durée, sur les siècles du passé qui éclairent l'histoire présente et l'histoire future ». Bernard Lugan, est l'auteur de « L'histoire du Maroc » publié en 2000.

LE MATIN : Vous êtes connu comme étant un grand spécialiste de l'histoire de l'Afrique. Après la parution de «Histoire de l'Afrique du Sud», «Histoire du Rwanda », «Histoire d'Egypte», vous publiez «Histoire du Maroc». Quel intérêt portez-vous au Maroc et pourquoi ?

BERNARD LUGAN :
J'ai un lien affectif très fort avec le Maroc, puisque j'y suis né, à Meknès plus précisément. Mais je suis aussi spécialiste de l'histoire de l'Afrique Noire et je me suis rendu compte que tout l'ensemble sahélien, sur lequel je travaille, était un ensemble rattaché par des bandes verticales au monde méditerranéen. Il y avait en fait deux ensembles de rattachement. L'Egypte avec la vallée du Nil et, à l'Ouest, le Maroc avec le Sahara et les grandes pistes du commerce transsaharien. En travaillant sur ces deux ensembles et sur une longue durée historique de douze siècles, j'ai réalisé que tout le monde ouest-africain était tourné vers la Méditerranée.
Il était tourné vers le cône du détroit de Gibraltar puisqu'au XVe siècle, il était partie prenante dans les affaires de la Méditerranée occidentale. Al-Andalous existait et le commerce transsaharien franchissait le détroit de Gibraltar et était ventilé vers la péninsule ibérique et une partie de l'Europe occidentale. Du fleuve Sénégal jusqu'à Tolède, on avait un même ensemble autour du Maroc.

Revenons, si vous le voulez bien, à ces bandes verticales qui relient le monde sahélien au monde méditerranéen et qui représentent pour beaucoup d'historiens et d'observateurs une clef qui permet de comprendre le dossier du Sahara. Comment s'exerçait l'influence de l'Etat marocain ?

Dans trois directions. Vers le Nord, durant sept siècles, le Maroc fut directement acteur dans la question d'Al-Andalous, nom donné à l'Espagne musulmane. Au XVe siècle, une ligne d'influence partait de la vallée du fleuve Sénégal au Sud pour atteindre les Pyrénées au Nord.
La deuxième direction, c'est vers l'Est. Aux XIe, XIIe et XIIIe siècles, avec les Almoravides et les Almohades, le Maroc a dominé tout le Maghreb. La troisième direction, c'est le Sud, en direction de l'Ouest africain ou Bilad Al-Sudan, la souveraineté marocaine est effective. Elle est illustrée par la levée de l'impôt et par la nomination d'autorités administratives, c'est-à-dire des caïds, des pachas et gouverneurs. D'autre part, la prière du vendredi est dite au nom du sultan du Maroc.

Au début de notre entretien, vous précisiez que vous êtes historien, que vous travaillez sur la longue durée et non sur l'actualité immédiate. Quelle analyse, quelles constantes retirez-vous de l'observation de cette domination du Maroc dans ce large espace ?

J'ai compris que cette longue durée était favorisée par un élément fondamental. Le seul Etat-nation existant en Afrique du Nord, à l'exception de l'Egypte, c'est le Maroc. Tous les liens économiques, politiques, culturels, religieux qui se faisaient entre ce Nord sahélien du Lac Tchad à l'Atlantique, étaient projetés jusqu'à la façade méditerranéenne et passaient obligatoirement par le Maroc. La seule permanence historique sur douze siècles, c'est le Maroc. Et l'exemple que je prends pour illustrer cette réalité, c'est qu'en 987, Hugues Capet, le premier souverain capétien, monte sur le Trône de France. A cette date, le Maroc, qui est né au VIIIe siècle de l'ère chrétienne, sous la dynastie des Idrissides, a déjà deux siècles d'existence.

Venons-en au Sahara. Vous êtes intervenu, à New York invité par le Council Foreign relations et l'American Moroccan Institute pour intervenir à un colloque consacré à ce dossier. Quel a été le sens de votre intervention ?

J'ai été avant ce colloque invité par l'Université Columbia pour intervenir sur le génocide du Rwanda sur lequel j'ai écrit un ouvrage, car j'ai eu accès à toutes les archives du Tribunal pénal international. J'étais en même temps invité par l'Université Yale où enseigne Mokhtar Ghambo, fondateur de l'American Moroccan Institute (AMI) qui, avec le Council Foreign relations, un institut américain de renom, qui a organisé le colloque sur le Sahara. J'ai présenté toute la partie du background historique du Sahara. Ce que je dis, c'est qu'avant la période coloniale, le Sahara a toujours été économiquement lié au Maroc. Très tôt, Sijilmassa fut la métropole de l'Ouest saharien et son influence est relayée par les marchés de Goulimine et de Tindouf. Le Maroc est le moteur commercial de tout l'Ouest saharien et le point d'écoulement des marchandises, en provenance de l'Ouest africain, échangées contre ses productions artisanales ou agricoles.
Le Maroc étendait son rayonnement au-delà du Tagart et le long des pistes du Sahara depuis l'arc du cercle Agadir-Sijilmassa-Touat, englobant à la fois les villes du Nord du Maroc et les vallées des fleuves Sénégal et Niger. Dans cette vaste région qui allait de Tanger à la vallée du fleuve Sénégal, l'influence marocaine se manifestait par la circulation d'une monnaie unique et par un même système de poids et mesures. Les marchandises circulaient sans entraves douanières, car il s'agissait d'échanges internes pratiqués dans les limites d'un seul ensemble culturel et économique. C'est dans la seconde partie du XIXe siècle que le Maroc connut de graves événements politiques et vit le pouvoir royal s'affaiblir. Le pays est alors dépecé par la France et l'Espagne. Le Sahara n'échappe pas à ce mouvement.

Ce qui nous fait penser que des pays comme la France et l'Espagne sont ceux qui connaissent le mieux les tenants et aboutissants historiques et politiques de ce dossier. Pourquoi l'Espagne s'est-elle tant intéressée au Sahara ?

A cause de ses potentialités halieutiques. Grâce aux eaux salines des Iles Canaries qui permettaient la conservation et l'exportation du poisson, l'Espagne a eu rapidement une position régionalement dominante. Dès le XVe siècle, les Espagnols furent attirés par le littoral. Leur premier établissement sur cette partie du littoral saharien date de 1476 quand Don Diego De Herrera, seigneur de Lanzarote aux Canaries, fit édifier un fortin (qu'il baptisa du nom de Santa Cruz de Mar Pequena) qui fut détruit par la suite par le sultan El Wartassi en 1527. En 1860, la guerre hispano-marocaine se termine à l'avantage des Espagnols qui s'emparèrent de Tétouan et qui, dans le traité de paix, firent insérer l'article n° 8 qui leur permit de mettre la main sur le Sahara.

Il est notamment connu que la France a territorialement favorisé l'Algérie qui était à l'époque française aux dépens du Maroc. Vous avez beaucoup travaillé sur cette période de l'Histoire. Que pouvez-vous en dire ?

La France a donné à l'Algérie des territoires entiers aux dépens d'un Etat historique qui est le Maroc. La première amputation date des débuts de la présence française en Algérie. Le 14 août 1844, l'armée française avait remporté la bataille d'Isly. Le traité de Tanger fut signé le 16 septembre 1844 et le 18 mars 1845, le traité de Lalla Maghnia fixe théoriquement la frontière algéro-marocaine. Des parties du territoire marocain seront rattachées à l'Algérie. La deuxième amputation territoriale du Maroc date de la fin du XIXe siècle quand la conquête de l'Algérie entraîne les troupes françaises vers le grand Sud à Saoura, Goumara, Touat, Tide Kelt, Timimoun. Tous ces territoires sont historiquement marocains.
En 1903, le colonel Lyautey occupe Béchar en territoire marocain qui est une position importante puisqu'elle permet de contrôler le Haut Guir, les Oasis du Touat et les pistes du Soudan. Béchar, région marocaine détachée du Maroc, est rattachée à l'Algérie par la colonisation française. Le 27 juin 1900, une convention fut signée, délimitant et séparant les possessions françaises qui allaient constituer la Mauritanie et le futur Sahara espagnol. Une autre convention franco-espagnole sera signée en 1904, mais elle demeurera secrète jusqu'en 1912, date de l'établissement du protectorat français sur le Maroc. Elle permettra le partage du Royaume en deux zones d'influence, l'une française au Sud et l'autre espagnole au Nord. Quant aux régions d'Ifni et de la Saquia El Hamra, elles seront attribuées à l'Espagne. La troisième amputation du Maroc se produisit quand la France fixa les frontières sahariennes au profit de l'Algérie qui reçoit en héritage la plus grande partie du Sahara sur lequel elle n'avait, par définition, jamais exercé la moindre souveraineté. L'Algérie a récupéré le Sahara que la France a réunifié et rattaché à son occupation.

Comment a réagi le Maroc ?

La reconnaissance par le général de Gaulle du caractère algérien du Sahara créa de vives tensions. Pour le Maroc, il était clair que l'indépendance à venir de l'Algérie devait permettre de régler l'ensemble des problèmes frontaliers entre les pays frères. Or, une fois indépendante, l'Algérie se posera en héritière territoriale de la France, refusant de reconnaître la réalité.

Comment expliquer l'apathie du Maroc ?

Le Roi Mohammed V avait tenté auprès du GPRA de faire entendre raison aux Algériens. Pour moi, politiquement, les Marocains n'avaient pas les mêmes méthodes que les Algériens. Les Marocains, de vieille civilisation, de vieille culture, avec des traditions, pensaient que l'engagement et la parole donnée étaient importants. Peut-être, mais pas avec des pays neufs. On ne négocie pas avec des pays neufs comme avec des pays de tradition politique. Le général de Gaulle était parfaitement conscient des problèmes créés par cette frontière totalement inacceptable. De Gaulle a alors proposé au Maroc, nous étions en 1960, une rectification des frontières. Il voulait discuter avec le Maroc de la récupération de ses territoires que la France avait rattachés à l'Algérie. Les Marocains ont dit non. Ils ne voulaient pas, ont-ils expliqué, donner un coup de poignard dans le dos de leurs frères algériens. Après l'indépendance, ont-ils souligné, nous traiterons avec un gouvernement algérien souverain. Un document a été signé entre le GPRA et l'Etat marocain. Au lendemain de l'indépendance, les Algériens n'ont tenu aucun compte de ce document et de cet engagement. Le GPRA est remplacé et les gens qui arrivent au pouvoir en 1962 ne s'estiment pas tenus par les accords passés avec le Maroc.

Là encore, les Marocains ont manqué de lucidité politique ?

Non, les Marocains n'ont pas voulu de guerre pour récupérer leurs territoires. Pour le Roi Hassan II, une guerre qui n'assure pas au moins un siècle de paix ne doit pas être menée. Il va accepter les choses et demander à l'Algérie son soutien pour récupérer le Sahara.
Et une deuxième fois, l'Algérie va poignarder le Maroc. L'Algérie, soutenue par l'Espagne et par la voix de Boumedienne, veut un Etat sahraoui indépendant.

Alors que le Maroc s'était fermement opposé à la scission du Sahara algérien de l'Algérie, on sait même que Hamza Boubaker avait été pressenti pour diriger le Sahara algérien, l'Algérie allait tout faire pour contrer le Maroc dans sa politique de réunification du pays. Pourquoi ?

Il y a trois raisons. La première est géopolitique. Prenez et observez une carte. L'Algérie est un gros ventre avec une petite tête qui débouche sur la Méditerranée. La Méditerranée, c'est le détroit de Gibraltar, c'est une mer fermée. Le Maroc est totalement ouvert vers l'Atlantique. Avec le Sahara, le Maroc élargit encore plus son littoral et s'ouvre davantage au grand large. L'Algérie est riche mais enclavée, le Maroc n'a pas les richesses de l'Algérie, mais il est ouvert. Deuxième raison : l'exportation des richesses, notamment de Gara Jdiblet vers le Nord nécessite des coûts considérables. Un Etat vassal sahraoui est intéressant pour l'Algérie. Troisième raison : il y a en permanence une animosité de l'Algérie envers le Maroc, vieux pays à traditions.

Reste que les exigences de l'heure nous condamnent à rechercher une entente. Le Conseil de sécurité, où siègent l'Algérie et l'Espagne, a voté une résolution qui préconise une solution politique mutuellement acceptable. Quelle analyse faites-vous de cette résolution?

D'une manière ou d'une autre, l'Algérie veut être intéressée. Le Roi Hassan II avait proposé plusieurs solutions, notamment celle d'une voie ferrée ou d'une zone franche. L'Algérie a toujours refusé. Le jour où le Maroc aura récupéré le Sahara, les rapports politiques vont totalement changer au Maghreb. Le Maroc sera le pont géographique entre l'Ouest africain et l'Europe. L'Algérie n'a aucune vocation à avoir des accords proches avec l'Europe. Le Maroc va avoir plus que des accords d'association et de partenariat. En récupérant son Sahara, avec l'autoroute tracée, le Maroc redeviendra le pont naturel qu'il était dans son histoire entre l'Afrique et l'Europe. Et là, nous revenons à la raison profonde de ce conflit du Sahara, à savoir la volonté laborieuse, tenace de couper le Maroc de ses racines africaines en créant un dossier artificiel, celui du Sahara.

Nous revenons au début de notre entretien et de la réalité fondamentale historique.

Les Anglais ont un terme significatif : c'est, disent-ils, le bed rock de la question, la « roche en place » de la question. Je ne suis pas politicien mais historien. Je ne fais pas de prospective, mais je regrette beaucoup le président Mohamed Boudiaf, qui était un homme d'Etat qui avait une vision pour la région fondée sur la paix et la démocratie des peuples et qui a été assassiné pour cela. Mais je reviens à mon métier d'historien qui me permet sur de longues périodes d'expliquer des faits. Il est certain que tant que la question du Sahara n'est pas réglée, il y aura un abcès.

Reste l'autre question : l'Algérie a-t-elle intérêt à régler ce problème ?

Certainement. Si l'on revient au plan OCRS que la France voulait remettre sur les rails, il y a intérêt à éviter une question kurde dans la région. Après tout, les Rguibat marocains sont les cousins des Rguibats algériens. Un Etat indépendant du Sahara devra se prolonger jusqu'à inclure le Sahara algérien.

Que pensez-vous de ce projet OCRS ?

C'est le projet de Khaddafi. Géographiquement, le projet est tout à fait viable. Cet Etat serait un tampon entre l'Afrique du Nord et l'Afrique Noire. Il voulait redonner vie à ce projet pour affaiblir ses voisins. Il est évident que quand on regarde le Sahara, ce n'est pas un désert. Dans la partie centrale et orientale, il y a un ensemble saharien, mais par le fait de ce pont historique dont je parlais, l'influence du Maroc est rattachée par les foires, les mouvements de commerce jusqu'à la vallée du Sénégal.
L'histoire et le passé sont des éléments fondamentaux. Contrairement à ce que l'on croit, l'histoire est prégnante. Et c'est là où les Américains ont perdu. A la fin de la guerre, les Américains ont dit « l'histoire est terminée.
Nous allons imposer notre civilisation et notre mode de vie ». Au Moyen-Orient, en Irak, ils échouent sur quoi ? Sur la tradition, sur l'Histoire.
Le projet fou de redessiner la carte du Moyen-Orient bâtie sur l'Histoire et sur le mouvement de résistance nationale. En Irak, les Américains ont réussi à faire rapprocher les baathistes, les chiites, les sunnites qui se rendent compte qu'ils appartiennent à une même nation. Tous les échecs de la mondialisation butent sur la réalité historique.
La question du Sahara ne peut être comprise que si l'on regarde ce passé que les Algériens veulent nier. L'histoire explique tout, légitime tout. Et toutes les crises sont fondées sur la discussion de l'histoire.
Lisez nos e-Papers