Menu
Search
Jeudi 02 Mai 2024
S'abonner
close
Accueil next L'humain au centre de l'action future

La peinture figurative à l'honneur

Dans le but de mettre en exergue la valeur des artistes peintres qui ont tissé l'histoire des arts plastiques au Maroc, la Fondation ONA ne ménage aucun effort pour en choisir les plus réputés en leur organisant des expositions permanentes afin de donner l'occasion au large public de mieux apprécier leurs travaux et d'en savoir plus sur leur parcours.

La peinture figurative à l'honneur
Jilali Gharbaoui est désormais considéré comme une icône énigmatique dans notre conscience collective.
Cette fois-ci, c'est Jilali Gharbaoui, premier peintre non figuratif marocain, qui est à l'honneur à travers une collection inédite acquise par la Fondation ONA.
«Jilali Gharbaoui est désormais considéré comme une icône énigmatique dans notre conscience collective. La Fondation ONA a été consciente depuis sa création de la valeur esthétique et historique de l'œuvre de Gharbaoui et a procédé à la collection d'un grand nombre de ses travaux afin de les conserver et de les préserver. L'engagement de la Fondation en faveur de l'œuvre de Gharbaoui s'est traduit, par ailleurs, dans la publication d'un livre « Fulgurances » qui retrace la mystérieuse aventure de cet artiste martyr », soulignent les organisateurs de l'événement.

C'est la seconde exposition permanente après celle accrochée, depuis l'ouverture de la Villa des Arts de Rabat en décembre 2006, à la Villa du Parc (musée de la Fondation ONA) où nous nous trouvons en face d'un artiste qui a suscité beaucoup d'intérêt et de questions, dont celle que s'est posée le critique Azzouz Tnifess à propos du défunt Gharbaoui quant à sa qualification d'icône au lieu de simple peintre qu'il était.

«Dans la réponse il y a à découvrir ce qu'il a lui-même mis dans cette transformation et ce que nous avons fait pour le rendre ce qu'il est dans notre conscience collective : un artiste et un martyr. Et, jusqu'à aujourd'hui, certains s'acharnent sur sa dépouille, après le destin qu'il a subi, pour lui attribuer de faux tableaux et notre silence collectif aggrave encore le mal subi. Mais il est vrai aussi que d'autres ont, pour un peu nous disculper aux yeux de l'histoire, verbalisé et collectionné son oeuvre difficile et menacée, pour qu'elle reste visible et accessible aux générations actuelles et à venir», explique Azzouz Tnifess.

Et d'ajouter que jamais peintre, chez nous, n'a suscité autant de passions. En effet, sa vie pleine de rebondissements a éveillé la curiosité de plus d'un et ses voyages furent un enrichissement extraordinaire pour son oeuvre. Celle-ci qui a su conduire la peinture marocaine vers la modernité.
Le deuxième artiste choisi pour être accroché aux côtés de Gharbaoui est le peintre orientaliste, Louis Morère. Ce dernier a fait partie de toute une pléiade de plasticiens ayant été séduits par les richesses naturelles, traditionnelles et patrimoniales du Maroc.

Le public a le privilège d'apprécier la collection inestimable de ce peintre orientaliste qui met en avant une phase importante de l'histoire de la peinture, à savoir le volet orientaliste. Ayant passé une partie de son enfance en Tunisie, Louis Morère s'installe au Maroc en 1914. Subjugué par la nature marocaine, il peignait des huiles sur panneau. Dans ses 46 pièces exposées, le visiteur pourra s'émerveiller par la concordance particulière des couleurs, le rythme des plans et l'épaisseur charnelle des empâtements qui caractérisent la peinture de l'artiste. Sa belle collection, comptant 72 pièces, a fait l'objet d'une donation à la Fondation ONA en 2008 de la part de Mme Charlotte Monto, fille du peintre.

« Si un peintre est nourri des couleurs et de l'atmosphère d'Afrique du Nord, c'est bien Louis Morère. Bon dessinateur, ses croquis sont précis. Bon peintre, ses toiles s'attachent plus aux lumières qu'il traduit en de larges touches. Mais le plus important, c'est que Louis Morère, ne se laisse pas emporter par les tons violents et contrastés. Il peint la vie telle qu'elle se déroule en pays chaud et ensoleillé, c'est-à-dire aux heures plus calmes, celles durant lesquelles on sort des maisons. Il peint aussi les ombres, car les pays de soleil, sont des pays d'ombres, comme de lumières», avait écrit sur lui le critique Christian Germak dans Art Gazette International.

Gharbaoui, l'artiste voyageur

Natif de Jorf El Maleh en 1930, Gharbaoui se passionne très tôt pour l'art. Il étudie, de 1952 à 1958, à l'Ecole Nationale des Beaux Arts à Paris et à l'Académie Julian. Décrochant une bourse du gouvernement Italien en 1958, Gharbaoui passe deux années à Rome, puis revient s'installer à Rabat où il établit son atelier à Chellah.
Etant considéré comme le premier peintre marocain non figuratif, son espace visuel porte la marque d'un renouvellement dans la peinture marocaine. Ses œuvres violentes ne sont que le reflet du mal de vivre de l'artiste.
Artiste voyageur, Gharbaoui ne cesse de peindre son pays. Influencé par Kandisky, il s'agit pour lui de «donner un caractère concret à ses tableaux abstraits».
De la génération de Michaux, il ne cherche pas contrairement à lui «aucune négation, juste la volonté de sonder son moi le plus profond».
De 1960 à 1971, il effectue de nombreux voyages en Europe et décède en 1971 à Paris. Son corps est rapatrié au Maroc pour être enterré à Fès.
Lisez nos e-Papers