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Passion commune pour l'architecture musulmane

Ce sont des moments de partage et de complicité que nous offre l'exposition de Salma Meryem Chraibi et Mohamed Rachdi. Deux artistes qui semblent avoir des liens communs, du fait de leurs formations respectives dans le domaine de l'histoire et les sciences de l'art. Ce même lien les unie autour de la passion pour l'architecture musulmane, puis la présence permanente du corps dans leurs créations.

Passion commune pour l'architecture musulmane
Plus happée par sa formation architecturale, Salma Chraibi n'hésite pas de transformer son support pictural en un labyrinthe de formes et de couleurs où la géométrie n'échappe à aucun recoin de sa toile.
«La géométrie a une place importante dans mon imaginaire. Les formes géométriques sont la base des frises de zellige, de gebs et de bois sculpté et représentent le fondement de toutes les arabesques de l'art musulman. Tous ces éléments et bien d'autres issus de mes différentes formations se lisent en filigrane dans ma peinture grâce à la géométrie. Il n'y a presque pas de différence entre le moment où j'esquisse un bâtiment ou décore une demeure et celui où je réalise une toile », explique-t-elle. C'est bien clair chez l'artiste Meryem, également docteur en Histoire de l'art, de voir dans sa peinture une rencontre entre son métier d'architecte et sa passion pour la danse. Tous des éléments fondamentaux où elle puise son inspiration, auxquels s'ajoutent une forte affection pour la peinture qui a pris naissance dès son enfance. Pas étrange pour une fille de galeriste qui a côtoyé, de très près, de grandes figures marocaines tels Mellihi, Laâraj, Sadouk, Houssein Miloudi ou encore Aziz Abou Ali. « Dans ma peinture, je retrouve les empreintes de chacun de ces peintres et les réminiscences de tous ces jours de mon enfance où j'ai eu la chance de prendre part à une séance de coloriage auprès d'un des maîtres de la peinture marocaine», renchérit-elle avec émotion.

Son évolution dans cet univers est comme celle d'un poisson dans l'eau qui a mûri et grandi avec le temps, tissant une carrière qui promet d'être féconde. Ses compositions plastiques ne manquent pas de séduire professionnels et passionnés qui restent ébahis devant la complexité de ses œuvres, dont la finesse et la splendeur sont les maîtres mots de ses créations.
Parallèlement à la recherche méticuleuse de Meryem Chraibi, ce sont les Rosaces du Désir de Mohamed Rochdi que nous retrouvons avec plaisir. Celles-ci dénotent d'un amour profond de l'artiste pour sa région natale, d'où il se ressource pour créer ses rosaces, très connues dans l'art islamique est remodelées par M. Rachdi en un élément de langage.

«Une telle démarche est à plusieurs égards audacieuse. Elle donne vie à ce qui est demeuré pour longtemps l'expression figée d'une absence. Rappelons également que la rosace est géométriquement une construction stylisée qui peut être à base de cercles inachevés. Le cercle étant la figure de la perfection, l'on comprend bien que la rosace soit liée à cette inextricable forme de la plénitude. D'où certainement l'usage du cercle dans la forme même du tableau.

Un usage que l'artiste rattache à la lettre « O », ainsi qu'à toutes les ouvertures qui composent son imaginaire du puits, de l'oasis et d'autres lieux tant fictifs que réels. Techniquement parlant, le cadre du tableau épouse la circularité de la rosace », explique le critique d'art, Farid Zahi. Ce choix pour l'ornemental qui prend la surface de ses tableaux reflète bien le penchant de l'artiste pour l'art du jardin et de l'enchantement ; un art qu'il ressent optimiste célébrant la face joyeuse de la vie, la beauté et le jeu, le plaisir et le bonheur.

« Une telle posture esthétique permet de créer du visible et donc de corporaliser l'invisible. Elle explore la possibilité d'une relation plastique nouvelle entre le motif chargé d'une force érotique séculaire et des formes humaines spectrales.
Le jeu auquel se livre l'œuvre ici permet de transformer le corps en motif et le motif en corps. Afin peut-être de donner à ce jardin stylisé le sens original qui animait ceux qui les ont créés », souligne Faid Zahi. Ainsi, entre les Labyrinthe de Meryem Chraibi et les Rosaces de Mohamed Rachdi, le visiteur n'a que le plaisir de déambuler pour mieux apprécier ces créations et y trouver un refuge de plénitude et de rêve. Un beau mélange que nous offre la galerie Marsam 2, à Casablanca, jusqu'au 30 juin.

Deux artistes en parfaite harmonieLui, détentrice d'un doctorat en histoire de l'art et archéologie, dont la thèse a porté sur « Les mosquées alaouites des 17e et 18e siècles ». En parallèle de son exercice au sein de son cabinet destiné à l'architecture et à la décoration, Meryem Chraibi mène une carrière plastique qui s'annonce brillante et prometteuse.
Lui, docteur en Art et Sciences de l'Art (Paris I - Sorbonne) et chercheur universitaire. Outre son activité de commissaire d'expositions, Mohamed Rachdi expose ses propres œuvres, produit et diffuse celles des autres artistes, conçoit et coordonne des événements et rencontres autour de l'art, puis intervient dans des colloques et des rencontres-débats autour de l'art contemporain. Il est, aussi, auteur de livres sur l'art. Ses articles, préfaces et essais sur l'art sont régulièrement publiés dans des revues, des ouvrages collectifs et des catalogues. Mohamed Rachdi est fondateur du RARE (Réseau d'art, recherche et Essai).

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