Au niveau du Moyen Atlas, la maladie reste concentrée dans la région d'Ifrane dont la superficie totale emblavée s'est révélée contaminée soit 2830 ha d'après un recensement effectué par les services de la protection des végétaux relevant de l'ONSSA du 3 au 24 mai et qui a touché quelque 978 producteurs. Prés de 1264 ha sont fortement touchés. Ils représentent 90% de la superficie cultivée de poirier et 100% de cognassier. Sur les 8 Communes rurales, 4 présentent des vergers sévèrement attaqués, en l'occurrence Tigrigra, Sidi Lmkhfi, Oued Ifrane et Ain Leuh (Poirier et cognassier 70 à 90 %, pommier 2 à 5 %). Les vergers de Beni Smim sont moyennement attaqués (15-30% selon le verger). D'autres foyers ont été aussi découverts cette année à Beni Mellal notamment la région Amghar, à Larache, à Midelt au niveau de la région du Rich. A cela s'ajoute les foyers repérés à Meknès, à El Hajeb, à Sefrou, à Khénifra et à Taounate.
Les producteurs d'arboriculture de ces régions touchés vont, par ailleurs, de mal en pis. Ali Fathi producteur de Boulemane indique avoir perdu cette année prés de 40% de sa production de pommes et que d'autres exploitants de la région ont perdu 100% de leur production. « Nous avons déclarés cela à nos représentants de la Chambre d'agriculture et aux agents du ministère de l'Agriculture. En attendant une aide de l'Etat qui tarde à venir, nous comptons sur nos propres moyens pour lutter contre ce fléau. Nous détruisons les arbres touchés par le feu bactérien. Il n y a aucun autre remède », ajoute t-il. L'apparition en fait, du feu bactérien dans certains vergers de rosacées à pépins pour la première fois en 2006 dans la province de Meknès à Ain Arma a poussée les autorités à la déclarer « zone en quarantaine » pour la campagne agricole 2007-2008.
Plusieurs plants de différents vergers, sévèrement attaqués ont été arrachés et incinérés et les autres présentant un début d'attaque, ont été assainis moyennant des traitements adéquats. Selon Hicham Saoud directeur régional à Meknès de l'ONSSA, de nombreuses mesures dont des actions réglementaires, prospection exhaustives avec des équipes spéciales pour les foyers, analyses bactériologiques en pépinière…ont été prises dés l'apparition des premiers foyers à l'époque par la Direction de la Protection des Végétaux des contrôles Techniques et de la Répression des fraudes (DPVCTRF) pour éviter sa dissémination.
Au niveau réglementaire, il y a eu la promulgation des arrêtés gubernatoriaux, rendant obligatoire la lutte contre le Feu bactérien dans les régions contaminées, des prospections et délimitation de la maladie dans les différentes régions productrices des rosacées à pépins notamment à El Hajeb, Ifrane, Khenifra, Fès, Sefrou, Khemisset et Marrakech, des campagnes d'assainissement des vergers contaminés (élimination des sources d'infection (les feuilles, les branches, les rameaux et les fruits attaqués), moyennant des opérations de taille sévères (30-50 cm pour le pommier, 1 m pour le poirier et le cognassier en dessous de la zone infectée), désinfection des outils de taille, élimination de la seconde floraison avant l'ouverture, etc. A cela s'ajoute l'organisation de réunions de sensibilisation avec les professionnels et les autorités locales, l'interdiction de la circulation des plants et de tout matériel végétal à partir des régions contaminées ainsi que l'interdiction de la circulation des ruches d'abeilles pendant la floraison à partir des régions contaminées.
Mais cela n'a pas empêché le feu bactérien de se propager et d'attaquer plusieurs ha de vergers dans différentes régions. « Les conditions climatiques favorables (pluie et grêle) ont contribué fortement à la propagation du feu bactérien et ont empêché les agriculteurs de procéder au nettoyage en hiver. La propagation de la maladie coïncide aussi avec la période de floraison. La chute de grêle cause de son côté des blessures aux tranches et facilite la contamination des arbres », indique Dr Benazzou, Directeur Général de l'Office National de Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires l'ONSSA lors d'une récente rencontre au siège de la province d'Ifrane avec les producteurs en présence du gouverneur et des autorités locales. Aussi, l'abondance de plantes-hôtes ainsi que le mouvement des ouvriers du matériel (boutures, greffons et portes greffes des arbres fruitiers à pépins et arbres et arbustes indigènes et ornementaux de la famille des rosacées) d'une exploitation à une autre, constituent des risques très élevés d'apparition du feu bactérien.
Concernant l'appui de l'Etat, l'ONSS, de par ses prérogatives, est en charge désormais du dossier du feu bactérien et traite la maladie avec plus de vigilance. Le DG a proposé lors de la réunion d'Ifrane, un plan d'action de lutte contre le feu bactérien. Celui-ci consiste en l'arrachage et incinération in situ de 1216 ha de poirier (soit 90 % de la superficie totale prospectée) et de 48 ha de cognassier (soit 100 % de la superficie totale prospectée), l'assainissement des parcelles trouvées contaminées en hiver et l'interdiction de la commercialisation des plants issus des pépinières localisées dans la zone contaminée. A cela s'ajoute la sensibilisation des producteurs, pépiniéristes et des apiculteurs vis-à-vis de cette maladie et la vulgarisation des mesures de lutte, l'obligation des pépiniéristes à se déclarer auprès des services de la protection des végétaux relevant de l'ONSSA, la prospections et délimitation de la maladie dans les différentes régions productrices des rosacées à pépins, la mise en place d'un parc à bois en vue de mettre en œuvre le règlement technique relatif à la production et la commercialisation des plants certifiés de rosacées à pépins et la remplacement du poirier par d'autres espèces selon les communes rurales.
Pour la commune rurale de Oued Ifrane, l'ONSSA propose l'olivier à cause de sa bonne adaptation, à Sidi Lmkhfi, à Tigrigra et Ben Smim, il est proposé les rosacées à noyaux à cause de la disponibilité des ressources hydriques et le cerisier à Ain leuh. Outre l'instauration d'une prime à l'arrachage de 3000 DH par ha pour couvrir les frais d'arrachage et d'incinération des arbres de la parcelle reconnue contaminée, le ministère propose une prime de reconversion pour les producteurs de la région d'Ifrane ayant arraché et incinéré leurs plantations contaminées par le Feu bactérien et les ayant reconverties, dans un délai de deux années à partir de l'arrachage. Cette prime est de l'ordre de 12000 dhs/Ha pour la plantation de l'olivier et de 15000 dhs/Ha pour le cerisier, le prunier, le pêcher ou le nectarinier par hectare. Un appui que les producteurs d'Ifrane qualifient de dérisoire en comparaison aux pertes causées par le feu bactérien ainsi que par les conséquences notamment financières en cas de reconversion des cultures.
« Ce que propose le ministère de l'Agriculture est insuffisant. Nous espérons que les subventions soient revues à la hausse. Les producteurs se trouvent aussi à cause du feu bactérien très endettés envers le crédit agricole. Nous espérons l'intervention de l'Etat pour rééchelonner nos dettes », précise un représentant des producteurs lors de la réunion d'Ifrane. Ceci étant, la lutte pour Hicham Saoud, Directeur régional de l'ONSSA à Meknès, doit se poursuivre ainsi que le dialogue avec les producteurs pour éviter une dissémination rapide de ce fléau. L'enjeu aujourd'hui est de sauver l'arboriculture, un secteur qui pèse gros dans l'agriculture nationale.
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Questions à: Dr Hamid Ben Azzou • Directeur Général de l'Office National de la Sécurité Sanitaire des Aliments dresse un bilan de la situation du feu bactérien et présente les mesures prises pour lutter contre ce fléau.
La maladie a été détectée dans la région Meknès Tafilalet, avec cependant une forte attaque au niveau de la province d'Ifrane à cause de grandes concentrations de plantations des arbres fruitiers à pépins (poirier, cognassier et pommier) et des conditions climatiques particulières (précipitations, grêle..). La maladie a touché dans cette province presque l'ensemble des vergers de rosacées à pépins. C'est ainsi que nous y avons recensé notamment 1300 ha de poirier attaqués et 48 ha de cognassier. Les parcelles de poirier et de cognassier restent les plus sévèrement touchées alors que le pommier demeure faiblement contaminé.
• Est-ce qu'il y a une solution pour lutter contre ce fléau outre l'arrachage et l'incinération des arbres attaqués ?
Outre l'arrachage et l'incinération des espèces et variétés les plus sensibles, la surveillance régulière des vergers et l'application des mesures d'assainissement d'hiver pendant le repos végétatif, en éliminant les arbres portant les chancres bactériens, permet de casser le cycle de la bactérie et de réduire considérablement l'inoculum primaire dans le verger. Par la suite pendant la floraison, on applique des traitements phytosanitaires permettant d'augmenter les défenses naturelles des plantes. Tout ceci bien sûr sans oublier une application stricte des mesures de quarantaine prescrites dans les arrêtés goubernatoriaux, et qui concernent l'interdiction d'introduction des abeilles à partir de zones contaminées, les restrictions aux mouvements des ouvriers, les désinfections du matériel...
• Lors d'une rencontre en 2008 à l'ENA de Meknès, Jean-Pierre Paulin directeur de recherche à l'INRA Angers en France, a indiqué que l'éradication de la maladie du feu bactérien est impossible et elle n'a été obtenue dans aucun pays dans le monde. Qu'en pensez-vous?
Effectivement à ce jour aucun pays n'a réussi à éradiquer cette bactériose. C'est pourquoi la stratégie actuelle du MAPM (ONSSA), vise à éviter l'introduction de la maladie dans les régions non encore contaminées, tout en permettant aux producteurs touchés de produire en présence de la maladie, à l'instar des pays européens. Nous avons heureusement au Maroc des producteurs, dans certaines régions où la maladie existe depuis 2006, qui ont maitrisé parfaitement la gestion du feu Bactérien dans leurs vergers et qui continuent à produire convenablement en présence de la maladie.
• Le ministère a lancé des mesures d'appui aux agriculteurs possédant des exploitations touchées par la maladie. Comment ces derniers appréhendent la maladie et est-ce qu'ils acceptent les mesures du ministère sans difficulté ?
Les mesures d'appui aux agriculteurs lancées par le ministère à travers l'ONSSA (l'Office National de Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires) sont une première dans l'histoire de notre pays par rapport à des problématiques phytosanitaires. Les producteurs touchés, ont compris qu'ils seront vulnérables par rapport à la sensibilité variétale des espèces de poirier et de cognassier cultivées. C'est pourquoi ce package d'aide de l'état de 15000 à 1800 DH/ Ha à travers d'abord une prime à l'arrachage et incinération de 3000DH/ha pour ces cultures sensibles et en même temps une prime à la reconversion qui consiste en la plantation d'espèces adaptées aux conditions pédoclimatiques de la région comme :
-Olivier : 12.000 DH/ha
-cerisier, pêcher, nectarinier, prunier : 15.000 DH/ha
Sachant que ces nouvelles plantations feront l'objet d'un accompagnement particulier de la part de tous les services concernés ministère en matière d'encadrement continu de ces producteurs.
Les producteurs d'arboriculture de ces régions touchés vont, par ailleurs, de mal en pis. Ali Fathi producteur de Boulemane indique avoir perdu cette année prés de 40% de sa production de pommes et que d'autres exploitants de la région ont perdu 100% de leur production. « Nous avons déclarés cela à nos représentants de la Chambre d'agriculture et aux agents du ministère de l'Agriculture. En attendant une aide de l'Etat qui tarde à venir, nous comptons sur nos propres moyens pour lutter contre ce fléau. Nous détruisons les arbres touchés par le feu bactérien. Il n y a aucun autre remède », ajoute t-il. L'apparition en fait, du feu bactérien dans certains vergers de rosacées à pépins pour la première fois en 2006 dans la province de Meknès à Ain Arma a poussée les autorités à la déclarer « zone en quarantaine » pour la campagne agricole 2007-2008.
Plusieurs plants de différents vergers, sévèrement attaqués ont été arrachés et incinérés et les autres présentant un début d'attaque, ont été assainis moyennant des traitements adéquats. Selon Hicham Saoud directeur régional à Meknès de l'ONSSA, de nombreuses mesures dont des actions réglementaires, prospection exhaustives avec des équipes spéciales pour les foyers, analyses bactériologiques en pépinière…ont été prises dés l'apparition des premiers foyers à l'époque par la Direction de la Protection des Végétaux des contrôles Techniques et de la Répression des fraudes (DPVCTRF) pour éviter sa dissémination.
Au niveau réglementaire, il y a eu la promulgation des arrêtés gubernatoriaux, rendant obligatoire la lutte contre le Feu bactérien dans les régions contaminées, des prospections et délimitation de la maladie dans les différentes régions productrices des rosacées à pépins notamment à El Hajeb, Ifrane, Khenifra, Fès, Sefrou, Khemisset et Marrakech, des campagnes d'assainissement des vergers contaminés (élimination des sources d'infection (les feuilles, les branches, les rameaux et les fruits attaqués), moyennant des opérations de taille sévères (30-50 cm pour le pommier, 1 m pour le poirier et le cognassier en dessous de la zone infectée), désinfection des outils de taille, élimination de la seconde floraison avant l'ouverture, etc. A cela s'ajoute l'organisation de réunions de sensibilisation avec les professionnels et les autorités locales, l'interdiction de la circulation des plants et de tout matériel végétal à partir des régions contaminées ainsi que l'interdiction de la circulation des ruches d'abeilles pendant la floraison à partir des régions contaminées.
Mais cela n'a pas empêché le feu bactérien de se propager et d'attaquer plusieurs ha de vergers dans différentes régions. « Les conditions climatiques favorables (pluie et grêle) ont contribué fortement à la propagation du feu bactérien et ont empêché les agriculteurs de procéder au nettoyage en hiver. La propagation de la maladie coïncide aussi avec la période de floraison. La chute de grêle cause de son côté des blessures aux tranches et facilite la contamination des arbres », indique Dr Benazzou, Directeur Général de l'Office National de Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires l'ONSSA lors d'une récente rencontre au siège de la province d'Ifrane avec les producteurs en présence du gouverneur et des autorités locales. Aussi, l'abondance de plantes-hôtes ainsi que le mouvement des ouvriers du matériel (boutures, greffons et portes greffes des arbres fruitiers à pépins et arbres et arbustes indigènes et ornementaux de la famille des rosacées) d'une exploitation à une autre, constituent des risques très élevés d'apparition du feu bactérien.
Concernant l'appui de l'Etat, l'ONSS, de par ses prérogatives, est en charge désormais du dossier du feu bactérien et traite la maladie avec plus de vigilance. Le DG a proposé lors de la réunion d'Ifrane, un plan d'action de lutte contre le feu bactérien. Celui-ci consiste en l'arrachage et incinération in situ de 1216 ha de poirier (soit 90 % de la superficie totale prospectée) et de 48 ha de cognassier (soit 100 % de la superficie totale prospectée), l'assainissement des parcelles trouvées contaminées en hiver et l'interdiction de la commercialisation des plants issus des pépinières localisées dans la zone contaminée. A cela s'ajoute la sensibilisation des producteurs, pépiniéristes et des apiculteurs vis-à-vis de cette maladie et la vulgarisation des mesures de lutte, l'obligation des pépiniéristes à se déclarer auprès des services de la protection des végétaux relevant de l'ONSSA, la prospections et délimitation de la maladie dans les différentes régions productrices des rosacées à pépins, la mise en place d'un parc à bois en vue de mettre en œuvre le règlement technique relatif à la production et la commercialisation des plants certifiés de rosacées à pépins et la remplacement du poirier par d'autres espèces selon les communes rurales.
Pour la commune rurale de Oued Ifrane, l'ONSSA propose l'olivier à cause de sa bonne adaptation, à Sidi Lmkhfi, à Tigrigra et Ben Smim, il est proposé les rosacées à noyaux à cause de la disponibilité des ressources hydriques et le cerisier à Ain leuh. Outre l'instauration d'une prime à l'arrachage de 3000 DH par ha pour couvrir les frais d'arrachage et d'incinération des arbres de la parcelle reconnue contaminée, le ministère propose une prime de reconversion pour les producteurs de la région d'Ifrane ayant arraché et incinéré leurs plantations contaminées par le Feu bactérien et les ayant reconverties, dans un délai de deux années à partir de l'arrachage. Cette prime est de l'ordre de 12000 dhs/Ha pour la plantation de l'olivier et de 15000 dhs/Ha pour le cerisier, le prunier, le pêcher ou le nectarinier par hectare. Un appui que les producteurs d'Ifrane qualifient de dérisoire en comparaison aux pertes causées par le feu bactérien ainsi que par les conséquences notamment financières en cas de reconversion des cultures.
« Ce que propose le ministère de l'Agriculture est insuffisant. Nous espérons que les subventions soient revues à la hausse. Les producteurs se trouvent aussi à cause du feu bactérien très endettés envers le crédit agricole. Nous espérons l'intervention de l'Etat pour rééchelonner nos dettes », précise un représentant des producteurs lors de la réunion d'Ifrane. Ceci étant, la lutte pour Hicham Saoud, Directeur régional de l'ONSSA à Meknès, doit se poursuivre ainsi que le dialogue avec les producteurs pour éviter une dissémination rapide de ce fléau. L'enjeu aujourd'hui est de sauver l'arboriculture, un secteur qui pèse gros dans l'agriculture nationale.
L'une des plus dangereuses maladies des poiriers
Provoqué par la bactérie «Erwinia amylovora», le feu bactérien est l'une des plus dangereuses maladies des poiriers, des pommiers et des autres espèces de rosacées, des fruits à pépin et des plantes ornementales. Les bactéries envahissent la plante-hôte par les fleurs ou par les parties encore herbacées des jeunes rameaux. Elles progressent par le rameau, puis les branches pour atteindre le tronc et les racines. Les fleurs et les feuilles des bouquets floraux flétrissent et noircissent. Le Feu bactérien est largement présent aux Etats-Unis, Canada, Mexique, Guatemala, Nouvelle-Zélande, Egypte, Liban, Israël, Turquie, Arménie, Jordanie. En Europe, on retrouve cette bactérie en Allemagne, Autriche, Belgique, Bosnie, Bulgarie, Croatie, Chypre, Danemark, Espagne, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Pologne, République de Macédoine, République Tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Slovaquie, Suède, Suisse et Yougoslavie.Questions à: Dr Hamid Ben Azzou • Directeur Général de l'Office National de la Sécurité Sanitaire des Aliments dresse un bilan de la situation du feu bactérien et présente les mesures prises pour lutter contre ce fléau.
«Les mesures d'appui aux agriculteurs lancées par le ministère sont importantes»
• Le feu bactérien se propage et attaque plusieurs ha de vergers de rosacées à pépins. Quelle est la situation aujourd'hui ?La maladie a été détectée dans la région Meknès Tafilalet, avec cependant une forte attaque au niveau de la province d'Ifrane à cause de grandes concentrations de plantations des arbres fruitiers à pépins (poirier, cognassier et pommier) et des conditions climatiques particulières (précipitations, grêle..). La maladie a touché dans cette province presque l'ensemble des vergers de rosacées à pépins. C'est ainsi que nous y avons recensé notamment 1300 ha de poirier attaqués et 48 ha de cognassier. Les parcelles de poirier et de cognassier restent les plus sévèrement touchées alors que le pommier demeure faiblement contaminé.
• Est-ce qu'il y a une solution pour lutter contre ce fléau outre l'arrachage et l'incinération des arbres attaqués ?
Outre l'arrachage et l'incinération des espèces et variétés les plus sensibles, la surveillance régulière des vergers et l'application des mesures d'assainissement d'hiver pendant le repos végétatif, en éliminant les arbres portant les chancres bactériens, permet de casser le cycle de la bactérie et de réduire considérablement l'inoculum primaire dans le verger. Par la suite pendant la floraison, on applique des traitements phytosanitaires permettant d'augmenter les défenses naturelles des plantes. Tout ceci bien sûr sans oublier une application stricte des mesures de quarantaine prescrites dans les arrêtés goubernatoriaux, et qui concernent l'interdiction d'introduction des abeilles à partir de zones contaminées, les restrictions aux mouvements des ouvriers, les désinfections du matériel...
• Lors d'une rencontre en 2008 à l'ENA de Meknès, Jean-Pierre Paulin directeur de recherche à l'INRA Angers en France, a indiqué que l'éradication de la maladie du feu bactérien est impossible et elle n'a été obtenue dans aucun pays dans le monde. Qu'en pensez-vous?
Effectivement à ce jour aucun pays n'a réussi à éradiquer cette bactériose. C'est pourquoi la stratégie actuelle du MAPM (ONSSA), vise à éviter l'introduction de la maladie dans les régions non encore contaminées, tout en permettant aux producteurs touchés de produire en présence de la maladie, à l'instar des pays européens. Nous avons heureusement au Maroc des producteurs, dans certaines régions où la maladie existe depuis 2006, qui ont maitrisé parfaitement la gestion du feu Bactérien dans leurs vergers et qui continuent à produire convenablement en présence de la maladie.
• Le ministère a lancé des mesures d'appui aux agriculteurs possédant des exploitations touchées par la maladie. Comment ces derniers appréhendent la maladie et est-ce qu'ils acceptent les mesures du ministère sans difficulté ?
Les mesures d'appui aux agriculteurs lancées par le ministère à travers l'ONSSA (l'Office National de Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires) sont une première dans l'histoire de notre pays par rapport à des problématiques phytosanitaires. Les producteurs touchés, ont compris qu'ils seront vulnérables par rapport à la sensibilité variétale des espèces de poirier et de cognassier cultivées. C'est pourquoi ce package d'aide de l'état de 15000 à 1800 DH/ Ha à travers d'abord une prime à l'arrachage et incinération de 3000DH/ha pour ces cultures sensibles et en même temps une prime à la reconversion qui consiste en la plantation d'espèces adaptées aux conditions pédoclimatiques de la région comme :
-Olivier : 12.000 DH/ha
-cerisier, pêcher, nectarinier, prunier : 15.000 DH/ha
Sachant que ces nouvelles plantations feront l'objet d'un accompagnement particulier de la part de tous les services concernés ministère en matière d'encadrement continu de ces producteurs.
