Menu
Search
Jeudi 25 Avril 2024
S'abonner
close
Jeudi 25 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next L'humain au centre de l'action future

«C'est grâce à la diversité que notre cinéma pourra s'enrichir»

Grand adepte du film du genre, Talal Selhami est l'un de ces jeunes cinéastes marocains à oser une création originale et inhabituelle. Son dernier film «Mirages» représente le Maroc dans la compétition officielle de la dixième édition du Festival international du film de Marrakech.

«C'est grâce à la diversité que notre cinéma pourra s'enrichir»
LE MATIN : Vous représentez le Maroc dans la compétition officielle du 10e FIFM. Qu'est-ce que cela vous fait ?

Talal Selhami :
Cette sélection est pour moi et toute l'équipe de «Mirages» un grand honneur. On ne s'attendait absolument pas à cette sélection.
«Mirages» est un court métrage, on ne pensait pas qu'on pourrait avoir nos chances dans un festival aussi prestigieux que le FIFM. Je suis sincèrement fier de représenter le Maroc dans cette compétition.

Comment présentez-vous votre propre film ?

«Mirages» est à la fois un film d'aventures et un film fantastique. Le genre étant d'après moi un cinéma populaire par excellence. Produit par Nabil Ayouch via sa société de production Ali n'Productions, la SNRT. et Walpaper Produtions, «Mirages» raconte l'histoire de cinq personnes aux profils très différents qui se retrouvent en compétition pour décrocher un emploi important dans une multinationale qui vient de s'installer au Maroc. Suite à un entretien avec le PDG de la société, les candidats se voient proposer une ultime épreuve dans un lieu tenu secret afin de les départager. Ils acceptent et montent à bord d'un minibus dépourvu de vitres…

Vous êtes un grand amoureux du film du genre. Vous ne ferez que ce cinéma dans votre parcours ?

J'aime le cinéma du genre, mais aussi tous les cinémas. Je ne suis pas particulièrement fan de la distinction que l'on fait entre un cinéma dit du «genre » et un cinéma qui serait plus « d'auteur ». Un film est un film et dans l'idéal, encore une fois, tout film doit avoir des intentions. Pour l'instant, c'est un cinéma que j'ai envie d'explorer. Mais j'ai également d'autres envies. Je développe d'autres projets et on verra bien ce que cela donnera.

Le film du genre est souvent un genre oublié. Qu'est-ce que vous en pensez ?

Parce que beaucoup de gens sous-estiment la portée de ce cinéma, on utilise souvent le terme genre comme raccourci pour définir un cinéma de série B. Il existe des films intelligents et formidablement bien réalisés, on n'a qu'à regarder certains films italiens d'exploitation des années 70-80. C'est avant tout un cinéma de divertissement qui idéalement s'accompagne d'un fond, d'un propos. C'est un peu cette forme idéale que je recherche moi-même en tant que cinéphile. C'est ce qui fait la force d'un certain cinéma américain de qualité : on te raconte une histoire avant tout dans laquelle les intentions sont fondues dans une narration.
Le spectateur digère donc ton propos de façon inconsciente. C'est une des raisons pour lesquelles j'aime le cinéma fantastique, car tu peux traiter des sujets actuels et graves de façon complètement indirecte. C'est par exemple la force du cinéma de Paul Verhoeven ou celui de David Cronenberg.

Quel regard portez-vous sur l'avenir du cinéma marocain ?

Je suis très optimiste, car aujourd'hui il y a une vraie volonté de construire une véritable industrie cinématographique solide au Maroc. Effectivement, cela peut prendre du temps, mais j'ai l'impression que les choses avancent déjà très vite. J'ai le sentiment que la nouvelle génération de réalisateurs, de techniciens, de comédiens arrive avec d'autres envies de cinéma. Leur ambition n'est pas de faire uniquement du cinéma social ou de la comédie locale, mais surtout d'apporter une diversité. C'est grâce à cette diversité que notre industrie pourra s'enrichir. Le cinéma marocain aujourd'hui veut et doit s'ouvrir au monde, faire des films à portée universelle, tout en conservant des sujets qui sont propres à notre pays. Notre industrie étant jeune, je peux dire que c'est le moment ou jamais de prendre des risques et de se donner de l'ambition !

Quels sont vos projets?

Je prépare actuellement un nouveau long métrage. Ce sera un film d'action, d'aventure, un polar, avec un brin de surnaturel. Le projet s'appelle «L'Oasis». Il s'agit d'un film qui, si tout se passe bien, ne devra pas rougir techniquement face aux productions occidentales. Pourquoi allez voir des productions américaines lorsqu'on cherche des sensations fortes ? Je suis persuadé que l'on peut obtenir ce résultat chez nous. Le spectateur marocain le mérite bien.
------------------------------------------------------------------------

Le cinéma du genre

Talal Selhami l'a bien compris. Beaucoup de réalisateurs qui ont grandi avec l'expansion du cinéma américain des années 70 et 80 ont été bercés par le cinéma du genre. La majorité des films asiatiques qui franchissent les frontières sont principalement des films de genre. Le jeune cinéaste nous explique « C'est naturel que la nouvelle génération de réalisateurs qui arrivent aient, comme moi, l'envie de rendre justice à un type de films qui nous ont fait découvrir le Septième Art. Je pense à des réalisateurs comme Brahim Chkiri, Yassine Fennane, Ali El Mejboud ou Hicham Lasri, pour ne citer qu'eux. Ce sont des personnes qui ont beaucoup de talent et de nouvelles histoires à raconter. Pareil pour la nouvelle génération de comédiens marocains, ils ont beaucoup de talent et d'énergie à revendre ».
Lisez nos e-Papers