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Comment le PAM veut renverser la vapeur

C'est un cas d'école et en même temps une bonne leçon de résilience politique. L'échec électorale du PAM aux législatives partielles de septembre 2008 a montré que le parti n'est pas ce rouleau compresseur qui aplatit tout sur son passage.

Comment le PAM veut renverser la vapeur
Hamid Narjisse propose de s'ouvrir sur le tourisme national et d'investir encore plus dans l'économie de l'eau.
A quelque chose malheur est bon, cet épisode lui a permis de calmer les ardeurs de ceux qui le soupçonnaient de collusions avec l'administration. Aujourd'hui, d'un bout à l'autre du spectre partisan, le PAM est reconnu comme étant un acteur politique à part entière. Son retour en force dans une région comme celle de Marrakech dénote de cette capacité de rebondir. Car, dans un temps où tout le monde doutait de sa capacité électorale dans la contrée, le voilà qui y règne en maître absolu. Il est aux commandes de la région de Marrakech-Tensift-El Haouz, du Conseil de la ville ocre, de trois arrondissements et du conseil provincial. De quoi lui donner toute la latitude nécessaire pour mener la partie et appliquer confortablement sa philosophie de développement. D'autant plus qu'il s'agit d'une région où les déficits s'accumulent et les horizons d'un développement harmonieux peinent à se dégager. Aujourd'hui et grâce à cette dynamique de débat sur la régionalisation, les choses se laissent découvrir sous une nouvelle lumière.

Le PAM avait annoncé que la régionalisation constitue le fondement même de son existence partant du principe que la région est le substrat par excellence du développement du pays. Mais en tant qu'institution, la région a été longtemps méconnue du citoyen, un organe chargé de tout et de rien avec des prérogatives larges et vastes, nous a expliqué Hamid Narjisse, président du conseil régional de Marrakech. Pour cette tête pensante du parti, discret mais pas moins pertinent, il est temps de changer la donne. Il a commencé par dresser un bilan de son expérience qui a débouché sur une vision qui consiste à ne plus réduire la région à son chef lieu. Le maitre mot : s'ouvrir sur son étendue territoriale. Le constat : quatre des six provinces les plus pauvres du pays se trouvent dans la région, d'où l'impératif d'un développement plus équitable. Le responsable estime qu'il faut commencer par maitriser les fragilités d'une économie régionale basée uniquement sur le tourisme et l'agriculture. Une situation que Narjiss qualifie de dangereuse puisqu'il s'agit de deux secteurs hautement dépendant des aléas extérieurs, à savoir la crise mondiale pour le tourisme et la pluvio-dépendance de notre agriculture. Le responsable propose ainsi de s'ouvrir sur le tourisme national et d'investir encore plus dans l'économie de l'eau. L'artisanat n'est pas en reste puisqu'elle emploie 30% de la population de Marrakech.

Idem pour l'agro-industrie qui peut être facilement boostée grâce à certains produits phares de la région comme l'oliveraie. Tout cela est bien beau à condition d'en trouver les moyens sachant que le budget de la région ne peut subvenir qu'à 5% des besoins en investissement. En fait, c'est aussi l'une des forces du parti. A Rhamna, il a montré qu'avec des petits moyens épars, il est toujours possible de dégager les fonds nécessaires grâce à la redistribution et l'implication de tous les acteurs locaux dans l'effort de développement. Il y a un mois, ce fut la seule région à pouvoir provoquer un débat avec la CGEM régionale. Avant cela, ce fut le rôle de l'IAM pour installer la connexion Internet 3G à Rhamna et tout récemment avec la CDG, pour un grand projet d'offshoring à Marrakech sur 80 hectares à Tamansourt. Cette dynamique qui consiste à mettre sur orbite plusieurs acteurs économiques autour de projets pointus est devenue le vrai fer de lance des responsables du parti. S'y ajoute le fait que le PAM s'est fait un point d'honneur de s'attaquer à des déficits que l'on croyait creusés dans la roche et dans des régions difficiles. Narjiss veut ainsi que les prestations de santé à Essaouira s'alignent à la moyenne nationale alors que la ville ne peut aujourd'hui en revendiquer que 50%. Il ambitionne aussi de lancer un programme de sauvegarde du patrimoine culturel de la ville de Marrakech aujourd'hui laissé en friche dans un état de dégradation qui ne sied nullement à la charge historique qu'il charrie.

Une vision qui comporte aussi la mise en place d'un musée des sites historiques de la ville. Pour qu'enfin ces deux composantes essentielles de l'âme de Marrakech entrent en ligne d'une politique touristique haut de gamme. Le responsable y croit dur comme fer, c'est cette harmonie avec les différents responsables locaux de la ville combinée à une bonne communication avec les autorités et les services extérieurs de l'Etat qui sont à même de faire aboutir les choses. «Notre stratégie d'action est participative. Seule la région en tant que collectivité locale ne pourra pas arriver aux résultats escomptés. Nous avons pu jeter les bases d'une concertation élargie entre différents acteurs pour l'élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques», explique Narjiss.

L'expérience de la Fondation Rhamna pour le développement durable est un peu l'illustration de cette synergie qui met à contribution services de l'Etat, ONG et corps élus. Agissant en pôles, l'une regroupant plusieurs communes, l'autre plusieurs services de l'Etat, ces structures s'érigent ainsi en relais et interlocuteurs valables pour les bailleurs de fonds. C'est ce qui fait entre autres la force d'une formation politique qui a eu d'abord l'effet d'un électrochoc, mais qui a fini par s'imposer comme un acteur politique à part entière.
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Questions à:Hamid Narjisse • président de la Région de Marrakech-Tensift-El Haouz

«Nous ne sommes pas dans une démarche électoraliste et politicienne»



• Jusqu'où êtes-vous prêt d'aller pour corriger ou faire face aux dysfonctionnements ayant longtemps entaché la gestion locale dans la région?

Hamid Narjisse : Il est clair que la gestion des affaires locales au Maroc souffre de certains dysfonctionnements, d'où la pertinence des Hautes orientations Royales qui insistent sur la nécessité de jeter les bases d'une gouvernance locale. Pour combattre ces dysfonctionnements, il faut être armé d'un sens de l'audace, du courage mais tout en restant réaliste et pragmatique. Les moyens pour arriver à notre objectif sont multiples. En vue de combattre les dysfonctionnements qui plombent la gestion de notre collectivité, deux outils sont nécessaires : la moralisation et la responsabilité. La moralisation de la vie publique locale passe d'abord par l'exemple qu'on donne par notre action. Elle passe également par la fermeté envers les personnes qui dilapident les deniers publics, qui ne respectent pas les règles ou qui prennent à la légère ses responsabilités. Un esprit de responsabilité passe par la clarification des tâches et des missions. Nous sommes dans une logique de responsabilisation. Chaque acteur a désormais des comptes à rendre.

• Comment vous vous préparez aux échéances électorales 2012 ?

Il est encore un peu tôt pour évoquer les préparatifs aux élections. Nous sommes concentrés sur notre mission. Nous ne sommes pas dans une démarche électoraliste et politicienne. Nous avons l'intention de rompre avec les pratiques du passé et qui, malheureusement, ont parfois la peau dure. Ces pratiques consistent à utiliser le mandat électif en cours comme un tremplin pour un succès électoral. Les politiques publiques ont un unique objectif, à savoir l'intérêt général. Elles ne vont pas être détournées pour augmenter nos chances lors des échéances de 2012. Nous sommes même prêts à prendre des décisions qui peuvent s'avérer coûteuses sur le plan politique si elles permettent d'améliorer les choses dans l'intérêt général.

• Quelle évaluation faites-vous de ces premières rencontres-débats sur la régionalisation ?

Nous sommes sur la bonne voie. Les acteurs politiques, associatifs et académiques ont pris conscience de l'importance capitale de ce chantier. Cette prise de conscience se reflète dans le foisonnement des rencontres et conférences de haute teneur sur la question. Nous avons tenu 14 ateliers thématiques sur la régionalisation un peu partout au Maroc. A travers ces débats publics, nous avons relevé un vrai enthousiasme chez les populations pour le sujet. J'émets toutefois le vœu d'une implication de plus en plus forte des jeunes dans ce processus qui ne devra absolument pas rester prisonnier des seules élites politiques.
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