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L'environnementalisme, facteur d'unité?

*Joseph Mayton, Rédacteur en chef de l'organisme de presse Bikya Masr (bikyamasr.com).

L'environnementalisme, facteur d'unité?
Rédacteur en chef de l'organisme de presse Bikya Masr (bikyamasr.com).
Fin mars dernier, des monuments planétaires, tels que le pont de la Baie de Sydney, la Tour CN de Toronto, le Golden Gate Bridge de San Francisco, le Colisée de Rome et les Pyramides d'Egypte, ont été plongés dans l'obscurité, et ce fut aussi le cas de plus de 4.000 villes de différents pays, qui ont officiellement coupé le courant pour témoigner de leur engagement en faveur de la planète. L'Heure de la Terre 2010 fut la plus importante initiative au monde en matière de changement climatique.
Fondé non sur l'action politique mais sur une responsabilité environnementale, ce désir de créer une nouvelle communauté planétaire rassemble des experts, des organisations et des militants de l'environnement d'Occident et du Moyen-Orient. "Nous vivons tous sur la même planète", comme me l'a dit un défenseur de l'environnement, à l'occasion d'une conférence sur l'émergence de l'énergie solaire qui s'est tenue, il n'y a pas longtemps, au Caire.

Défense, sécurité, économie, telles sont, en général, à nos yeux, les questions-clés des rapports entre l'Occident et le Moyen-Orient. Mais la préservation et la protection de notre planète pourraient bien s'avérer être le véritable lien qui nous rassemble.

Un exemple : la forte présence de l'Egypte pendant l'Heure de la Terre de cette année, avec des centaines de personnes marchant vers les pyramides pour
promouvoir une activité en faveur de l'environnement face au changement climatique. A l'heure dite, l'éclairage des pyramides s'éteignit, et dans tout le pays, les gens s'arrêtèrent un instant, le temps de penser ''aux initiatives internationales pour le salut de la planète, et à se demander combien d'entre nous les tiennent
wpour acquises''.

S'agissant d'environnement, les objectifs, aisément définissables, sont très largement les mêmes : combattre le changement climatique, réduire les émissions de C02 responsables de l'effet de serre, protéger les écosystèmes et la vie marine, mettre un terme à la dépendance au pétrole et sanctionner les entreprises qui refusent d'intégrer les nécessités internationalement reconnues en matière d'environnement.

Et voici que l'environnementalisme réussit là où le militantisme politique était apparu largement incapable de surmonter les divisions entre les nations. À preuve, le Moyen-Orient, où la religion n'a que trop servi à provoquer désunion et conflits, notamment quant à son rôle controversé dans la politique.

Au contraire, l'environnementalisme - ici, au Moyen-Orient, comme en Occident -fonctionne beaucoup plus souvent comme un facteur d'unité : si un musulman parle de la nécessité de trouver des solutions alternatives, et durables, au problème de l'énergie, un chrétien ou un juif n'aura aucun mal à le suivre.

Voilà pourquoi, sans doute, un certain nombre de militants politiques, uniquement préoccupés, jusque-là, de changement politique, de démocratie et des droits de l'Homme, sont devenus depuis peu des environnementalistes.

Ils n'avaient pourtant pas perdu de vue leur mission, mais leur frustration dans la recherche de solutions et de consensus dans ce domaine était devenue insupportable. Renonçant, donc, à des manifestations de rues, ils oeuvrent désormais, avec la même vigueur, à la création d'un lieu de vie meilleur pour tous.
Ziad Hussein est de ceux-là. Après avoir soutenu de nombreuses causes politiques dans son Liban natal, il sera désormais un militant de l'environnement. Il vit actuellement en Californie et y travaille avec des organisations de base comme Greenpeace, organisation planétaire indépendante, qui mène campagne pour la protection de l'environnement et pour la paix afin de protéger les forêts de la destruction.

Son travail, assure-t-il, sera transposé au Liban dans un proche avenir. Il a l'espoir de pouvoir y galvaniser - et unifier - ses concitoyens autour de la protection des écosystèmes libanais.
Il s'est signalé à l'attention de ses amis et collègues au Liban qui ont, eux aussi, entendu l'appel de la planète. Le cèdre, emblème de ce pays, est en train de mourir. Si l'on ne fait rien pour protéger et sauver ces arbres, ils pourraient bien mourir de la belle mort du dodo.

Selon Hussein, ses conversations avec des leaders et militants libanais l'autorisent à espérer qu'il pourra susciter une mobilisation de masse en vue d'instruire les responsables gouvernementaux locaux et nationaux de la nécessité de faire adopter de nouvelles lois et règlements favorables à l'environnement.
Et il ajoute : "Beaucoup disent qu'il y a un fossé énorme entre l'Orient et l'Occident, pourtant, j'ai toujours l'expérience du travail fait en Californie.
Nous avons tous les mêmes objectifs, et il n'est pas difficile de les transposer au Moyen-Orient."

A l'occasion de l'Heure de la Terre, un rapide coup d'œil sur les participants suffisait à démontrer que des gens de toutes nationalités et cultures se sentent liés par le souci d'un monde qui leur est commun.

Le mouvement environnementaliste a ceci d'exceptionnel : il est digne de devenir un objectif commun - un mouvement transcendant véritablement les frontières, les cultures et les populations - au Moyen-Orient, en Occident et au-delà.
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