Préambule. «Les échappées plus ou moins saugrenues que je livre chaque trimestre à la revue Médium sous le titre « pense-bête » forment la matière de ce livre. Elles relèvent d'un mauvais esprit assez particulier qui consiste, quand un sage montre la lune, à regarder son doigt. Faire ainsi l'idiot, comme dans le conte chinois, est le vice propre au médiologue, dont il fait une vertu, et dont je fais mon miel, à tout bout de champ. Ces sauts et gambades en long et en large des travaux et des jours doivent leur air de famille à ce renversement du regard et de bonnes habitudes. C'est la marque distinctive d'une confrérie qui, rétive à la communication, se voue à l'étude des faits de transmission. » Le ton est donné pour le tout récent opus de Régis Debray l'inclassable. Nom de baptême : « Dégagements ». Un nouvel essai que l'on peut qualifie d' « inactuel » certes, mais qui respire l'actualité, la perce et en re-livre une autre, voire d'autres dimensions.
Tour à tour, il décortique, décrypte le monde autour. Surtout, bien entendu, celui de l'image. Pas n'importe laquelle. Celle, sous le regard du médiologue, qui « dirige » le monde. Ne dit-il pas, avec son incisive plume, que «les héros de la planète sont des professionnels de l'image.» pour enfoncer, un peu plus loin, le clou « les rapports de force sont devenus des rapports d'image. ». Dans un univers, aussi, où « le vu commande le lu ». D'ailleurs, justement, les propos, d'ordre conceptuel, sont accompagnés de cas de figure que l'auteur s'amuse à décortiquer. Cela nous fait des ouvertures infinies sur les significations de choses que, en leur temps d'occurrence, pourraient nous paraître relever du domaine de la banailité. Alors qu'elles sont fécondes de faisceaux de messages. Seulement, dans un monde envahi, submergé, subjugué par l'image, les images qui se suivent (même dans l'écrit où rien ne passe plus sans ce truchement iconique devenu d'une tyrannie telle que toutes formes de résistances semblent s'avérer vaines !) ne laissent pas de temps à l'arrêt sur image. On gobe, sans mâcher. La vache de Nietzsche est bel et bien morte. On ne mâche plus, on avale. Dans l'instantanéité. Sans plus. Régis Debray s'en défend et nous décline son mode d'emploi.
Rien ne passe. Dans ce livre, quelque part, il redonne ses lettres de noblesse au «raisonnant» face au «résonnant». Avec des allers-retours entre l'immédiat et l'historique. L'immédiat instantané et l'historique ancré et qui a de l'ancrage. La vitesse de quelques passages (pages 36 à 46) en donne la démonstration, avec Proust pour fil d'Ariane. Un fil qui campe plus le rôle de prétexte pour s'arrêter sur des actualités. Cela va de la sphère littéraire au monde économique, en passant par la politique, l'art, la mode, le théâtre, le cinéma, etc. Tout est bon prétexte pour « révéler » (dans le sens photographique) ce qui se niche dans les détails de notre quotidienneté. Une promenade qui, surtout, nous invite à voir les choses autrement. A se départir des modes de « quick consommations » de ce qui nous est donné à voir, pour épouser une certaine lenteur. C'est simple et compliqué, cela dépend des angles et des prédispositions, Debray nous invite à réfléchir.
D'aucuns y sont allés par la courte voie : le livre serait mélancolique ou encore nostalgique. Peut-être. Mais, trop vite dit. Il semble beaucoup plus relevant de poussée de colère saine. L'auteur suggère, propose des pistes et c'est au lecteur d'en dégager le reste.
Tour à tour, il décortique, décrypte le monde autour. Surtout, bien entendu, celui de l'image. Pas n'importe laquelle. Celle, sous le regard du médiologue, qui « dirige » le monde. Ne dit-il pas, avec son incisive plume, que «les héros de la planète sont des professionnels de l'image.» pour enfoncer, un peu plus loin, le clou « les rapports de force sont devenus des rapports d'image. ». Dans un univers, aussi, où « le vu commande le lu ». D'ailleurs, justement, les propos, d'ordre conceptuel, sont accompagnés de cas de figure que l'auteur s'amuse à décortiquer. Cela nous fait des ouvertures infinies sur les significations de choses que, en leur temps d'occurrence, pourraient nous paraître relever du domaine de la banailité. Alors qu'elles sont fécondes de faisceaux de messages. Seulement, dans un monde envahi, submergé, subjugué par l'image, les images qui se suivent (même dans l'écrit où rien ne passe plus sans ce truchement iconique devenu d'une tyrannie telle que toutes formes de résistances semblent s'avérer vaines !) ne laissent pas de temps à l'arrêt sur image. On gobe, sans mâcher. La vache de Nietzsche est bel et bien morte. On ne mâche plus, on avale. Dans l'instantanéité. Sans plus. Régis Debray s'en défend et nous décline son mode d'emploi.
Rien ne passe. Dans ce livre, quelque part, il redonne ses lettres de noblesse au «raisonnant» face au «résonnant». Avec des allers-retours entre l'immédiat et l'historique. L'immédiat instantané et l'historique ancré et qui a de l'ancrage. La vitesse de quelques passages (pages 36 à 46) en donne la démonstration, avec Proust pour fil d'Ariane. Un fil qui campe plus le rôle de prétexte pour s'arrêter sur des actualités. Cela va de la sphère littéraire au monde économique, en passant par la politique, l'art, la mode, le théâtre, le cinéma, etc. Tout est bon prétexte pour « révéler » (dans le sens photographique) ce qui se niche dans les détails de notre quotidienneté. Une promenade qui, surtout, nous invite à voir les choses autrement. A se départir des modes de « quick consommations » de ce qui nous est donné à voir, pour épouser une certaine lenteur. C'est simple et compliqué, cela dépend des angles et des prédispositions, Debray nous invite à réfléchir.
D'aucuns y sont allés par la courte voie : le livre serait mélancolique ou encore nostalgique. Peut-être. Mais, trop vite dit. Il semble beaucoup plus relevant de poussée de colère saine. L'auteur suggère, propose des pistes et c'est au lecteur d'en dégager le reste.
