Fatima Regragui, la grande dame du théâtre

C'est avec un large sourire qu'elle nous reçoit dans sa chambre d'hôtel à Zagora où elle reçoit un vibrant hommage à l'occasion de la Rencontre internationale du film transaharien. «C'est toujours un plaisir de recevoir un hommage, surtout quand la personne atteint un certain âge et se voit consacrer pour l'ensemble de sa carrière. Je ressens encore un plus grand plaisir quand cela vient de jeunes festivals, comme celui-ci, qui oeuvrent activement pour la promotion du cinéma», déclare l'actrice.

Nul besoin de jeter un coup d'oeil sur le parcours impressionnant de Fatema Regragui qui a inscrit en lettres d'or son nom dans les annales des théâtres marocain et arabe. Cela fait plus de 50 ans que cette artiste dans le corps et dans l'âme a embrassé les planches. Elle a été l'une des premières femmes à rayonner dans un domaine réservé exclusivement aux hommes. Quel souvenir en garde-t-elle ? « Le meilleur souvenir de ma carrière, je le vivais au quotidien, après chaque représentation. A la fin, quand les spectateurs m'applaudissaient et se levaient pour saluer. A ce moment-là, c'est vraiment le comble. Il n'y a rien de plus fort pour un artiste que de sentir l'amour du public et son respect», se souvient Fatema avec un regard nostalgique. Malgré cet amour grandissant de la part du public, le parcours de Fatema Regragui et de ses anciennes camarades qu'elle appelle avec humour «les anciens combattants de la scène» n'a pas été facile. Lalla Fatema a dû braver les préjugés de toutes sortes et les différentes embûches semées sur son chemin.

Elle partage avec nous son pire souvenir: « Je me rappelle que j'ai trop souffert en 1975 quand ils ont décidé de disperser la troupe Al Maâmora qui a réuni les pionniers du théâtre national. On était plus qu'une famille et ça m'a trop marquée». Même si Fatima Regragui demeure une grande passionnée des planches, elle a joué de nombreux rôles devant les caméras de télévision et de cinéma. Elle nous déclare sa grande flamme pour le théâtre: « Je ne me suis jamais vraiment sentie comme une actrice de cinéma. J'ai été formée pour le théâtre et j'ai commencé en interprétant les grands classiques de cet art mais cela n'empêche pas le fait que j'ai apprécié mes rôles et je m'y suis investie». Que ce soit sur les planches, sur le petit ou le grand écran, Fatima Regragui a pu gagner les cœurs des Marocains. Cette grande comédienne a transmis des sentiments nobles à son public, de la sincérité à ses personnages, du professionnalisme et son savoir-faire indélébiles dans le temps et l'espace aux jeunes générations qui veulent suivre les pas de leurs précédents. Fatima Regragui a tenu à donner un dernier mot dans ce cadre: «Je les apprécie énormément. Il y en a certains qui réussiront sans doute. Je leur conseille de rester les mêmes, de ne pas prendre la grosse tête et de persévérer».

Des élèves heureux …

Vendredi 9h. C'est un jour ordinaire pour les écoliers de Zagora à l'exception de ceux de l'école Tansita 2. Les petits de cette institution reçoivent aujourd'hui les stars marocaines. «On les voit à la télévision. Mais maintenant, on les voit en vrai», lance de joie une petite fille. Dès l'entrée des acteurs et des réalisateurs marocains, des cris de joie et de surprise se répandent dans la classe. Les enfants ne cachent pas leur bonheur à la vue de Mohamed Ben Brahim, de Latefa Ahrare ou encore d'autres noms qui font le cinéma et la télévision marocaines. Rien que pour eux, ils font un show de costumes traditionnels. En effet, les hôtes, tous aussi créatifs que leurs invités, jouent le jeu et offrent un défilé de mode improvisé pour leurs stars préférées. Les organisateurs ont prévu cette année des visites quotidiennes dans les écoles, collègues et lycées de la ville. « Nous avons voulu accorder à cette septième édition une dimension socio-éducative, étant donné notre conviction de l'importance de l'ouverture des établissements scolaires sur leur entourage. L'objectif étant de contribuer à l'intégration des moyens audiovisuels dans les cursus scolaires, le renforcement de la culture de l'image et l'acquisition aux élèves des techniques de lecture cinématographique», explique le directeur de l'évènement, Mohamed Ali Al Hilali.