«La littérature, c'est notre affaire à tous - De la Nahda à la Nayda» est le thème débattu, mardi dernier, à la Villa des Arts de Rabat, par le Magazine littéraire du Maroc Café L21, en partenariat avec la Fondation ONA. Que signifie ce mot Nayda ? Quand et comment ce mouvement s'est-il développé? Quelle est l'analogie lexicale entre Nayda et Nahda? Ce sont autant de questions posées , lors des débats, sur ce mouvement musical.
La Nayda, mot de la darija qui désigne communément la musique urbaine et qui veut dire en arabe classique Nahda, a fait l'objet de beaucoup de réflexions contradictoires. Elle a été rejetée par certains, mais acceptée et encouragée par d'autres.
Pour Dominique Caubet, Professeure d'arabe maghrébin à l'Inalco, actuellement en délégation au Centre Jacques Berque de Rabat, «cette Nayda a tout de suite posé des limites. Car autant on a été optimiste par le mouvement ces quelques dernières années, autant aujourd'hui on est au creux de la vague. Les gens commencent à se poser la question de savoir s'il y a vraiment un mouvement ou pas : Nayda ou Manaydache».
Dominique Caubet a situé le début de cette Nayda vers le premier semestre 2003. Une date clé, marquée par l'arrestation des 14 jeunes musiciens de Rock accusés de pratiquer des rites sataniques (avant cette date, il y avait une scène underground, comme il s'en trouve partout ailleurs). «Un fait qui a suscité une mobilisation extrêmement diverse pour appuyer ces jeunes. Les langues se sont, ainsi, déliées et on a commencé à évoquer plus facilement des sujets considérés avant comme tabous. Donc, petit à petit, ce mouvement a pris de l'ampleur.
On l'a appelé, pendant longtemps, la Movida à la marocaine, par comparaison au mouvement né en Espagne. Une comparaison à tort car en Espagne, ce mouvement a été accompagnée d'un changement de régime, d'une démocratie, d'un développement économique... D'où le mot "Nayda" qui a surgi dans le milieu des jeunes pour remplacer celui de la Movida et pour dire que ça bouge et ça se lève. "Nayda" devient tout à coup le substantif du mouvement. En tout cas, il y a des choses qui ont changé. A travers ce mouvement, on sentait un véritable esprit d'indépendance, un attachement au pays, la nouvelle identité marocaine est revisitée. On s'est véritablement demandé ce que c'était que d' être Marocain ? C'est là qu'on a commencé à accepter la pluralité (dans la langue, la religion…) et la vivre comme une richesse et non un handicap», ajoute Dominique Caubet. Ce mouvement ne s'est pas limité à l'univers musical, mais a touché, également, le domaine de la mode, menant vers l'auto-dérision (avec l'exemple frappant du tee shirt portant le slogan « Hmar ou Bikhir») et, entre autres, les sports de glisse, le cinéma à petit budget.
Par ailleurs, et même avec un public de jeunes qui le supporte, le mouvement Nayda connaît, selon ses acteurs, beaucoup de problèmes, dont l'inexistence de maisons de production, la rareté de concerts et d'autres difficultés qui font souffrir ces groupes de la scène urbaine, comme le cas du rappeur Younes Taleb, connu sous le nom de Moby Dick. « J'ai commencé très jeune à rapper en français, parce que je n'ai jamais pensé qu'on aurait un jour un rap marocain. J'ai trouvé que ce genre musical nous permettait de parler de nos problèmes et de notre quotidien. Ce n'est qu'après que je me suis mis à la darija pour toucher un public plus large. C'est vrai, on était mal vus au départ, aucun média ne nous acceptait, on ne comprenait pas nos messages. On était banni de la TV. Mais on a tenu jusqu'à ce que les radios aient commencé à s'intéresser à nous et nous ouvrir leurs portes. Nous sommes un repère pour les jeunes. On est arrivé à briser beaucoup de tabous dans notre comportement, nos habits, les sujets traités… Ceux qui ont vu qu'on ne leur ressemblait pas, nous ont, du coup, refusé ».
Quant à Zohair Abdellaoui du groupe ZWM (Zla9 wella Moot), qui fait du rap pour le plaisir et de l'argent, celui-ci n'a pas mâché ses mots pour souligner que son groupe n'a pas trouvé de maison de production au Maroc pour le soutenir.
«On a essayé de survivre avec des moyens très médiocres, qui donnent un produit de mauvaise qualité, jusqu'à notre voyage à Toulouse où on a enregistré pour un petit label mais avec un matériel mille fois meilleur. Nous avons eu pour une fois un bon enregistrement. Mais, malheureusement, on a eu des difficultés à promouvoir notre CD au Maroc ». Aujourd'hui, tous ces groupes n'arrivent pas à mener leur barque (sauf quelques rares exceptions) et continuent à végéter, alors que le talent est bel et bien là.
C'est pour cela que les rappeurs marocains ont mis plusieurs années à transformer le rap occidental en rap marocain (fusion entre musiques traditionnelles marocaines et rap occidental) et pour trouver le phrasé adéquat (mélange d'arabe marocain dit darija, français et anglais). Toutefois, lors de son l'explosion dans le champ musical du pays, le rap allait subir des critiques affligeantes, le comparant à une musique décadente, une musique de sauvages, de voyous… Cependant, avec le temps, ce style musical est arrivé à s'imposer auprès d'un grand public de jeunes et de certains médias.
La Nayda, mot de la darija qui désigne communément la musique urbaine et qui veut dire en arabe classique Nahda, a fait l'objet de beaucoup de réflexions contradictoires. Elle a été rejetée par certains, mais acceptée et encouragée par d'autres.
Pour Dominique Caubet, Professeure d'arabe maghrébin à l'Inalco, actuellement en délégation au Centre Jacques Berque de Rabat, «cette Nayda a tout de suite posé des limites. Car autant on a été optimiste par le mouvement ces quelques dernières années, autant aujourd'hui on est au creux de la vague. Les gens commencent à se poser la question de savoir s'il y a vraiment un mouvement ou pas : Nayda ou Manaydache».
Dominique Caubet a situé le début de cette Nayda vers le premier semestre 2003. Une date clé, marquée par l'arrestation des 14 jeunes musiciens de Rock accusés de pratiquer des rites sataniques (avant cette date, il y avait une scène underground, comme il s'en trouve partout ailleurs). «Un fait qui a suscité une mobilisation extrêmement diverse pour appuyer ces jeunes. Les langues se sont, ainsi, déliées et on a commencé à évoquer plus facilement des sujets considérés avant comme tabous. Donc, petit à petit, ce mouvement a pris de l'ampleur.
On l'a appelé, pendant longtemps, la Movida à la marocaine, par comparaison au mouvement né en Espagne. Une comparaison à tort car en Espagne, ce mouvement a été accompagnée d'un changement de régime, d'une démocratie, d'un développement économique... D'où le mot "Nayda" qui a surgi dans le milieu des jeunes pour remplacer celui de la Movida et pour dire que ça bouge et ça se lève. "Nayda" devient tout à coup le substantif du mouvement. En tout cas, il y a des choses qui ont changé. A travers ce mouvement, on sentait un véritable esprit d'indépendance, un attachement au pays, la nouvelle identité marocaine est revisitée. On s'est véritablement demandé ce que c'était que d' être Marocain ? C'est là qu'on a commencé à accepter la pluralité (dans la langue, la religion…) et la vivre comme une richesse et non un handicap», ajoute Dominique Caubet. Ce mouvement ne s'est pas limité à l'univers musical, mais a touché, également, le domaine de la mode, menant vers l'auto-dérision (avec l'exemple frappant du tee shirt portant le slogan « Hmar ou Bikhir») et, entre autres, les sports de glisse, le cinéma à petit budget.
Par ailleurs, et même avec un public de jeunes qui le supporte, le mouvement Nayda connaît, selon ses acteurs, beaucoup de problèmes, dont l'inexistence de maisons de production, la rareté de concerts et d'autres difficultés qui font souffrir ces groupes de la scène urbaine, comme le cas du rappeur Younes Taleb, connu sous le nom de Moby Dick. « J'ai commencé très jeune à rapper en français, parce que je n'ai jamais pensé qu'on aurait un jour un rap marocain. J'ai trouvé que ce genre musical nous permettait de parler de nos problèmes et de notre quotidien. Ce n'est qu'après que je me suis mis à la darija pour toucher un public plus large. C'est vrai, on était mal vus au départ, aucun média ne nous acceptait, on ne comprenait pas nos messages. On était banni de la TV. Mais on a tenu jusqu'à ce que les radios aient commencé à s'intéresser à nous et nous ouvrir leurs portes. Nous sommes un repère pour les jeunes. On est arrivé à briser beaucoup de tabous dans notre comportement, nos habits, les sujets traités… Ceux qui ont vu qu'on ne leur ressemblait pas, nous ont, du coup, refusé ».
Quant à Zohair Abdellaoui du groupe ZWM (Zla9 wella Moot), qui fait du rap pour le plaisir et de l'argent, celui-ci n'a pas mâché ses mots pour souligner que son groupe n'a pas trouvé de maison de production au Maroc pour le soutenir.
«On a essayé de survivre avec des moyens très médiocres, qui donnent un produit de mauvaise qualité, jusqu'à notre voyage à Toulouse où on a enregistré pour un petit label mais avec un matériel mille fois meilleur. Nous avons eu pour une fois un bon enregistrement. Mais, malheureusement, on a eu des difficultés à promouvoir notre CD au Maroc ». Aujourd'hui, tous ces groupes n'arrivent pas à mener leur barque (sauf quelques rares exceptions) et continuent à végéter, alors que le talent est bel et bien là.
Les rappeurs marocains
Le rap marocain est un genre musical hérité du rap et de la culture hip-hop. Il se distingue néanmoins du rap américain ou français par ses variantes locales et par sa proximité de la jeunesse marocaine, ainsi que par la relative influence de la culture marocaine qu'il subit. Les débuts du hip-hop et des arts urbains au Maroc remontent au milieu des années 80. Ce sont les jeunes marocains issus de l'immigration (vivant en Europe) qui font entrer le rap au pays lors de leur retour saisonnier au Maroc.C'est pour cela que les rappeurs marocains ont mis plusieurs années à transformer le rap occidental en rap marocain (fusion entre musiques traditionnelles marocaines et rap occidental) et pour trouver le phrasé adéquat (mélange d'arabe marocain dit darija, français et anglais). Toutefois, lors de son l'explosion dans le champ musical du pays, le rap allait subir des critiques affligeantes, le comparant à une musique décadente, une musique de sauvages, de voyous… Cependant, avec le temps, ce style musical est arrivé à s'imposer auprès d'un grand public de jeunes et de certains médias.
